Le précariat contre le salariat.

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  • Licenciée d’un établissement scolaire à la suite d’un statut Facebook (La Montagne)
    http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/2015/01/12/licenciee-d-un-etablissement-scolaire-a-la-suite-d-un-statut-facebook_112

    Le lundi suivant, elle est de nouveau convoquée pour se voir recevoir une convocation pour un entretien préalable de licenciement. » Trois jours plus tard, Christelle est licenciée pour faute grave. Une semaine seulement après l’épisode Facebook. « Sans période de préavis et sans respecter le délai de cinq jours ouvrés après avoir reçu la convocation pour l’entretien préalable au licenciement. Je n’ai même pas pu négocier un licenciement en rupture conventionnelle. »

    #éducation #salariée_précaire #réseaux_sociaux #précariat #contrat_aidé #syndicats

    • Mais aussi :
      « Charlie Hebdo » : Un prof de philo suspendu pour ne pas avoir respecté la minute de silence
      http://www.20minutes.fr/societe/1524723-20150124-charlie-hebdo-prof-philo-suspendu-avoir-respecte-minute-s

      « Je suis sonné, je m’attendais à tout sauf à ça. Ce fameux jeudi, j’ai organisé des débats avec mes six classes de terminale. Le but était de comprendre les causes du terrorisme en sortant autant que possible de la passion et de l’émotion du moment »

    • Au détour d’une conversation, elle entend des choses choquantes, selon elle. « Ils parlaient d’une certaine classe en se moquant des élèves, les traitant de bulots et d’huîtres. Ils allaient trop loin. Je me suis dit, on confie nos gamins à des gens comme ça ? »

      Combien en ai-je entendu des commentaires aussi abjects de la part de collègues. Ne nous voilons pas la face : certains profs (même dans le primaire) n’aiment pas les pauvres.

      #apartheid

    • Je ne suis pas surpris par ce licenciement, et je ne pense pas qu’il ait le moindre rapport avec un effet « nous sommes des charlots » ou même tant que ça avec la seule propension à la délation encouragée par les réseaux sociaux - même si une délation et un propos publié ainsi se trouvent au coeur de celui-ci.

      A propos des emplois « aidés ».

      Je suis sorti il y a peu de deux ans de « contrat aidé » (CUI). J’en retire qu’un employeur (même une association) est très peu enclin à porter la moindre considération, le moindre respect à des salariés non seulement maintenus ainsi au dessous du seuil de pauvreté (temps partiels au smic horaire, incompatible ou très peu avec un second emploi) mais qui ne lui coûtent quasiment rien (quelques % de salaire lui reviennent, le reste payé par le conseil général). Quelques soient leurs compétences et le travail qu’ils effectuent. J’ai vu des licenciement abusifs, pour des broutilles.

      Quant au volet « formation », « accès à l’emploi » que ce type de contrat prévoit, si l’employeur s’en contrefiche, ça tombe bien : pôle emploi, qui a son mot à dire dans ce type de contrat, flique les chômeurs, pas les employeurs. Coincé par le loyer, et le reste, on y regarde à deux fois avant de lâcher son RSA et demi de salaire, et de retourner galérer plus avec moins.

      Comme ne le dit pas le slogan, « Dans le monde marchand, il vaut mieux être un produit qu’un employé gratuit »

    • Oui, j’ai aussi été des deux côtés de la barrière et ces dispositifs ne grandissent ou n’émancipent personne, absolument personne. C’est juste de la gestion de file d’attente pour les chômeurs et de la privatisation des esprits dans les structures « accueillantes ».

      Et dès mes premiers boulots, j’ai appris ma leçon : « grouillot un jour, grouillot toujours ».

      J’ai grandi avec le mythe de la valeur qui se prouve en gravissant tous les barreaux de l’échelle.
      C’est du total bullshit à destination des gueux, pour les laisser marner toute leur vie dans l’espoir de sortir du sous-sol après avoir prouvé leur totale soumission au système.
      Mais j’ai bien vite compris que la façon et le statut avec lequel tu arrives dans une boîte conditionnent bien plus ta carrière et ton avancement que toutes tes compétences et quelque soit la qualité de ton travail.

      Une gourde parachutée sur le perron des postes de direction s’en sortira toujours mieux qu’une bosseuse consciencieuse exploitée engagée pour son manque de prétention salariale.

      Bref, les emplois aidés, c’est de la merde qui te maintient dedans sans jamais t’offrir la moindre possibilité d’en sortir.

      Des contrats sans avenir : http://blog.monolecte.fr/post/2007/11/15/des-contrats-sans-avenir
      Et surtout : le précariat contre le salariat http://blog.monolecte.fr/post/2007/01/03/le-precariat-contre-le-salariat

    • Issus du FN le collectif Racine-Les enseignants patriotes
      http://www.collectifracine.fr
      « QUI SOMMES-NOUS ?
      Enseignants du primaire, du secondaire ou du supérieur, de l’enseignement général et technologique comme professionnel, du public aussi bien que du privé, nous nous engageons, dans le cadre du Rassemblement Bleu Marine, pour le redressement de l’Ecole de la République. »

      https://www.facebook.com/CollectifRacine?fref=ts

  • CUI-CAE : un contrat d’"insertion" dans la précarité durable - AC ! Réseau - Agir contre le chômage et la précarité
    http://www.ac.eu.org/spip.php?article2202

    Aujourd’hui, nous sommes très nombreux à être embauchés en CUI-CAE : en effet, ce contrat peut être proposé à l’ensemble des allocataires des minima sociaux , plusieurs millions de personnes, donc. Avec des compétences et des expériences très variées.

    Les employeurs privés et public ont toutes les raisons de choisir ce mode d’emploi : le salaire peut-être subventionné jusqu’à 90% et pour une durée allant jusqu’à cinq ans. Désormais les personnels en CUI-CAE sont aussi bien présents dans les usines que dans les écoles, dans les associations que dans les commerces.

    En « contrepartie » des avantages pour les employeurs, et de la précarité imposée aux salariéEs, les pouvoirs publics nous vantent l’existence d’une prétendue « insertion », d’un « sas vers l’emploi stable et durable » constitué par ces contrats.

    Mais comment pourraient-ils être un sas vers quelque chose qui existe de moins en moins...parce que l’existence de contrats précaires supprime sans arrêt les emplois stables.

    Deux exemples concrets ont récemment été repris dans la presse régionale.

    • Les contrats précaires et la faiblesse des rémunérations brouillent la frontière entre salariat et bénévolat, instaurant un flou dans la relation entre travailleur aidant et usager aidé. « On ne peut pas être plus précaires que le public qu’on accueille », résume un membre de l’intersyndicale d’Emmaüs. Le consentement au travail pas ou peu rémunéré au nom d’un engagement militant s’explique par la conviction de faire vivre une « autre économie ». Or cette croyance s’avère de moins en moins fondée. De nombreuses enquêtes (7) font ainsi apparaître l’importation des pratiques du management privé au sein de l’ESS, à travers le recrutement de jeunes diplômés généralement issus d’écoles de commerce.

      Article de l’ordre du constat et non de l’analyse des causes. Or, le glissement du fonctionnement des associations d’un truc gentiment social à un truc méchamment marchand ne doit rien au hasard ou à l’air du temps, c’est une stratégie délibérée de mise en concurrence, de marchandisation et de laboratoire de la précarisation de la main d’œuvre par le glissement des subventions de fonctionnement, éliminées pour être remplacées par des subventions à la précarité croissante des salariés : http://blog.monolecte.fr/post/2007/01/03/le-precariat-contre-le-salariat

      Donc, privées du soutien des subventions des collectivités, les associations doivent trouver le fric ailleurs : sur le dos des salariés, en consommant des emplois aidés et par définition jetables et en « montant en gamme dans les prestations », afin d’être rentables. Ainsi, des associations jeunesse ou culture qui avaient pour vocation d’ouvrir de nouveaux horizons aux familles défavorisées ont lentement augmenté leurs tarifs, jusqu’à se retrouver prestataire de la classe moyenne, en concurrence directe avec le secteur marchand !

  • 40 000 suppressions d’emplois en 2014 : ce plan social invisible qui frappe le secteur associatif
    http://www.bastamag.net/article3518.html
    Ce que j’observe sur le terrain, en plus de l’état des lieux très intelligent de Basta !, c’est aussi la contamination des associations par les méthodes de management des entreprises, avec tout ce que cela comprend comme dégradation des conditions de travail, d’anéantissement du sentiment d’œuvre utile propre aux salariés du secteur.
    J’ai un cousin qui a démissionné en 2008 de la direction d’un centre de loisirs associatif. Sous la pression des règlements et de la nouvelle course à la #rentabilité, son association, qui avait un véritable rôle social d’accueil des enfants des parents des milieux populaires, s’est retrouvée effectivement prestataire de service en concurrence avec tout le monde : donc inflation d’activités plus attractives pour les enfants (et surtout pour leurs parents bourgeois : équitation, voile, etc.) et donc inflation des droits d’inscription, jusqu’à jarcler tous les petits pauvres qui n’ont plus qu’à aller zoner dans leurs quartiers pendant que les parents triment, le tout dans une optique de compression salariale et de management « moderne » des salariés.

    Pendant longtemps, les salariés du milieu associatif étaient invités à la modération salariale sous prétexte d’œuvre sociale. Maintenant, c’est juste dans une logique de rentabilité maximum, avec, en plus, le chantage au bénévolat « volontaire » qui s’assimile de plus en plus, pour moi, à du travail au black sous couvert de bons sentiments. Bref, une catastrophe sociale à tous points de vue.

    D’où vient cette #restructuration ? En juin 2008, le rapport « Pour un partenariat renouvelé entre l’État et les associations » est remis à Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative. « Ce dernier propose de rompre avec la culture de la subvention et suggère que la distribution des subventions laisse désormais la place à un système de commande publique », expliquent Viviane Tchernonog et Jean-Pierre Vercamer, auteurs d’une étude sur le sujet [2]. En janvier 2010, la circulaire Fillon enfonce le clou : elle affirme que la grande majorité des activités exercées par les #associations peuvent être considérées comme des « activités économiques » et entrent donc dans le champ concurrentiel. En clair, une association devient une banale #entreprise, prestataire de services.

    Fini le collectif, place au Social Business

    Après la « modernisation » de l’État, qui s’inspire des modèles de gestion pratiqués au sein des grandes entreprises privées (et dont la révision générale des politiques publiques – RGPP – a marqué le commencement), c’est au tour des associations de devoir se convertir au modèle de gestion anglo-saxon, au « lean management » et à la performance chiffrable. « C’est l’idée selon laquelle les associations sont certes sympathiques, mais souffrent d’amateurisme, analyse le chercheur Jean-Louis Laville. Elles doivent donc moderniser leur fonctionnement en empruntant les formes de management des grandes entreprises privées. Pour être modernes, les associations doivent se convertir en ce que Mohamed Yunus a désigné comme “Social business”, c’est-à-dire des entreprises à but social fonctionnant comme des entreprises, adossées à de grands groupes privés qui vont leur permettre de gagner en performance. »

    #marchandisation