vous avez dit « sages » ?, par Anne-Cécile Robert (avril 2013)

#message193332

  • Projet » Réinventons notre modèle social
    http://www.revue-projet.com/articles/2013-12-reinventons-notre-modele-social

    Cette dégradation des formes d’#emploi et des conditions de #travail, assortie d’un discours dominant guerrier et culpabilisateur, trouve ses origines dans la #financiarisation de l’#économie. Celle-ci a modifié la fonction de l’#entreprise, devenue l’outil de #rémunération des #actionnaires. La priorité à la #rentabilité immédiate influence le choix des productions et des services. Elle provoque la compression des coûts du travail et réduit le pouvoir de négociation des travailleurs pour réclamer de meilleures conditions d’emploi et un meilleur #salaire. En sécurisant le retour sur investissement des actionnaires à des niveaux élevés, l’entreprise reporte les risques de son activité sur les salariés. Les conséquences en termes de transferts sociaux (assurance chômage, assurance maladie, minima sociaux), dont le financement est intrinsèquement lié au travail, sont supportées, en fin de compte, par l’ensemble de la société.

    Les politiques, y compris les partisans d’une économie régulée, semblent impuissants face à cette tendance de fond. Pourtant, comment ne pas voir, dans la déferlante des crises depuis 2008, l’incapacité du #marché à structurer, par sa dynamique propre, l’ensemble de l’organisation matérielle de nos sociétés ? Comment ne pas voir, dans la persistance et l’approfondissement de ces crises, une invitation à cesser de regarder le travail comme le carburant d’une consommation qui, en réalité, détruit la planète ? Une incitation à imaginer des solutions originales à la dégradation des situations et des conditions du travail ? Quelques jalons permettent d’ores et déjà d’esquisser ce new deal dans une économie de #modération et de #partage.

    • En sécurisant le retour sur investissement des actionnaires à des niveaux élevés, l’entreprise reporte les risques de son activité sur les salariés.

      oui, et à ma grande stupeur le Conseil Constitutionnel a entériné ce principe en 2002 en affirmant que la liberté d’entreprendre mentionné dans la Constitution française autorisait un entrepreneur à licencier un salarié à titre préventif pour rester financièrement performant
      http://seenthis.net/messages/193260#message193332
      Comment a-t-on pu accepter cela ?

      Les conséquences en termes de transferts sociaux (assurance chômage, assurance maladie, minima sociaux), dont le financement est intrinsèquement lié au travail, sont supportées, en fin de compte, par l’ensemble de la société.

      Autre question justement : qu’attend-on pour décorréler les transferts sociaux des dépenses salariales, pour les indexer aux résultats des entreprises ? Vu que c’est à l’ensemble de la société de supporter les conséquences du chômage de masse, vu que les résultats des entreprises ne sont pas proportionnels à leur masse salariale, appliquons le principe constitutionnel de « chacun contribue à l’impôt à hauteur de ses moyens » en prélevant les cotisations sociales sur le résultat des entreprises, et non sur leur masse salariale trop facilement dégraissable, délocalisable...
      J’ai soumis cette idée à Filoche sur son blog, mais pas d’écho. Je ne comprends pas pourquoi la gauche ne défend pas cette idée..

  • 40 000 suppressions d’emplois en 2014 : ce plan social invisible qui frappe le secteur associatif
    http://www.bastamag.net/article3518.html
    Ce que j’observe sur le terrain, en plus de l’état des lieux très intelligent de Basta !, c’est aussi la contamination des associations par les méthodes de management des entreprises, avec tout ce que cela comprend comme dégradation des conditions de travail, d’anéantissement du sentiment d’œuvre utile propre aux salariés du secteur.
    J’ai un cousin qui a démissionné en 2008 de la direction d’un centre de loisirs associatif. Sous la pression des règlements et de la nouvelle course à la #rentabilité, son association, qui avait un véritable rôle social d’accueil des enfants des parents des milieux populaires, s’est retrouvée effectivement prestataire de service en concurrence avec tout le monde : donc inflation d’activités plus attractives pour les enfants (et surtout pour leurs parents bourgeois : équitation, voile, etc.) et donc inflation des droits d’inscription, jusqu’à jarcler tous les petits pauvres qui n’ont plus qu’à aller zoner dans leurs quartiers pendant que les parents triment, le tout dans une optique de compression salariale et de management « moderne » des salariés.

    Pendant longtemps, les salariés du milieu associatif étaient invités à la modération salariale sous prétexte d’œuvre sociale. Maintenant, c’est juste dans une logique de rentabilité maximum, avec, en plus, le chantage au bénévolat « volontaire » qui s’assimile de plus en plus, pour moi, à du travail au black sous couvert de bons sentiments. Bref, une catastrophe sociale à tous points de vue.

    D’où vient cette #restructuration ? En juin 2008, le rapport « Pour un partenariat renouvelé entre l’État et les associations » est remis à Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative. « Ce dernier propose de rompre avec la culture de la subvention et suggère que la distribution des subventions laisse désormais la place à un système de commande publique », expliquent Viviane Tchernonog et Jean-Pierre Vercamer, auteurs d’une étude sur le sujet [2]. En janvier 2010, la circulaire Fillon enfonce le clou : elle affirme que la grande majorité des activités exercées par les #associations peuvent être considérées comme des « activités économiques » et entrent donc dans le champ concurrentiel. En clair, une association devient une banale #entreprise, prestataire de services.

    Fini le collectif, place au Social Business

    Après la « modernisation » de l’État, qui s’inspire des modèles de gestion pratiqués au sein des grandes entreprises privées (et dont la révision générale des politiques publiques – RGPP – a marqué le commencement), c’est au tour des associations de devoir se convertir au modèle de gestion anglo-saxon, au « lean management » et à la performance chiffrable. « C’est l’idée selon laquelle les associations sont certes sympathiques, mais souffrent d’amateurisme, analyse le chercheur Jean-Louis Laville. Elles doivent donc moderniser leur fonctionnement en empruntant les formes de management des grandes entreprises privées. Pour être modernes, les associations doivent se convertir en ce que Mohamed Yunus a désigné comme “Social business”, c’est-à-dire des entreprises à but social fonctionnant comme des entreprises, adossées à de grands groupes privés qui vont leur permettre de gagner en performance. »

    #marchandisation