Touche pas à ma bite !

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  • Prostitution : « L’Etat n’a pas à légiférer sur l’activité sexuelle des individus »
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/11/19/prostitution-l-etat-n-a-pas-a-legiferer-sur-l-activite-sexuelle-des-individu

    L’interview est en #pay_wall et c’est tant mieux car l’accroche choisie par #le_monde est vraiment ahurissante

    Pour la philosophe féministe Elisabeth Badinter, punir les clients serait « une déclaration de haine à la sexualité masculine ».

    #prostitution #misandrie #feminisme_liberal #essentialisme

    • Houla, punir l’achat de plaisir sexuel serait une manifestation de haine à l’égard de la sexualité masculine ? C’est plutôt un tel raccourci qui est insultant pour la sexualité masculine... :-)

      Et donc plus sérieusement, sans avoir lu le reste du sujet, il semble que Badinter accepte la manifestation de mépris à l’égard de la sexualité féminine (la prostitution) pour éviter une manifestation de haine contre la sexualité masculine.
      Chacun ses priorités en effet...

      Je reste sur la conclusion d’un billet de Charlie Hebdo, citant Françoise Héritier, qui résume finalement bien dans quel camp se situe la haine
      http://seenthis.net/messages/196695

      L’anthropologue Françoise Héritier a parfaitement résumé le problème : « Dire que les femmes ont le droit de se vendre, c’est cacher que les hommes ont le droit de les acheter. »

    • J’ai pas encore lu l’article de Politis à ce sujet, mais partout, on découvre des articles « pénaliser les clients, c’est contre-productif », et c’est aussi l’accroche de Politis... J’ai peur de ce que je vais lire... Pas que j’ai un avis clairement en faveur de la pénalisation... mais peur des justifications que je vais découvrir à ce sujet dans ce journal précis...

    • Il y a pour le juriste quelque chose d’étrange : si l’acte de vente est légal, on ne peut pas pénaliser l’acte d’achat. On ne peut donc pénaliser le client que si la vente elle-même est illégale, pénalisable. Sinon, suis d’accord avec les remarques très pertinentes de @petit_ecran_de_fumee
      On retrouve le même type de remarque que la mienne chez Elisabeth Badinter :

      Je n’arrive pas à trouver normal qu’on autorise les femmes à se prostituer, mais qu’on interdise aux hommes de faire appel à elles. Ce n’est pas cohérent et c’est injuste.

      C’est clair que ce n’est pas cohérent du tout, sur ce point, elle a raison

    • @sylvain :
      pourquoi « injuste » ?
      Incohérent je suis d’accord, ça touche un argument que j’utilisais il y a quelques années à peine, quand j’étais plutôt contre la pénalisation du client quand ça commençait à être évoqué. J’étais contre parce que ça me semblait un pis-aller contre-productif, du genre le truc mal ficelé qui permet aux « bourreaux » (les prostituteurs) de se poser en victimes.

      Aujourd’hui je navigue mais c’est vrai que cette idée de pénaliser le client ne m’enchante guère d’un point de vue intellectuel, mais dans la pratique vu la réalité de la consommation prostitutionnelle, je ne veux pas faire la fine bouche.

      Pour revenir à l’incohérence, l’argument fallacieux était pour moi, dans cette idée de pénaliser le client, que cela flattait un peu trop à mon goût l’utopie néolibérale, où le consommateur est responsable de tout et le marchand responsable de rien, ce qui revient à dire au marchand que tant que le client achète, le vendeur a droit de tout vendre. C’est ainsi qu’on bouffe des steacks de vache folle, des frites à l’huile de vidange, des lasagnes au cheval, et des prestations sexuelles dans la rue, « parce qu’on trouvera toujours des clients pour consommer ça ».
      Non, tout ne se vend pas. Un acte de vente est une transaction économique, qui utilise un outil social, la monnaie, bref c’est un acte social, qui ne relève pas de l’espace privé, mais de l’espace public, où on doit assumer ses actes vis à vis de l’ensemble de la collectivité, et en premier lieu vis à vis de soi même.
      Un professionnel a une responsabilité civile. Ce doit être réglementé, car même entre deux adultes consentants, ils doivent garantir que leur transaction ne nuit à personne.

      Je crois que la meilleure solution pour moi, intellectuellement parlant, ça reste l’Etat proxénète, qui recrute les volontaires sur dossier (attention un vrai recrutement : les candidats à la prostitution ne doivent pas être là par hasard, ni par contrainte), qui administre également la clientèle sur un fichier public (si on « consomme », on assume), et tous ceux qui veulent malgré tout faire ça sous le manteau tomberont sous le coup d’une accusation de proxénétisme ou de complicité de proxénétisme. Dans ce schéma là tout le monde assume ses responsabilités il me semble.

    • Oui @aude_v, c’est une drôle d’idée, une solution par défaut, conditionnée par le fait que je ne sais pas quelle autorité peut dire à un individu masculin ou féminin ce qu’il a le droit ou non de vendre à un autre individu sans nier son libre-arbitre, si par ailleurs on ne peut pas prouver que la transgression a un impact socialement parlant (autre que le préjudice moral, la violence symbolique). Pour résumer plus simplement, je me dis que si j’interdis à quelqu’un de se prostituer sous prétexte que la violence symbolique de cette action nuit aux autres femmes, j’ai peur que du coup d’autres personnes puissent interdire à des femmes d’avorter en prétextant que la violence de l’acte leur nuit, à eux, leurs curés, leur conscience ou je ne sais quoi.

      Pour le contrôle étatique, oui, là aussi, moindre mal. Mais n’est-ce pas le rôle de l’Etat d’intervenir justement là où l’auto-organisation n’est pas possible (trop de prédation inter-humaine).
      Je parle en gestionnaire sans doute finalement très libéral, l’activité doit engendrer une collecte de ressources pour permettre à l’Etat d’administrer cette activité sans faire supporter cette tâche à l’ensemble des contribuables, sauf à considérer qu’on est dans le service public, et là à part pour le registre médical (cf film the sessions), c’est niet pour moi...

    • Une idée que j’entends trop peu souvent formulée, et qui pourrait mettre d’accord les abolitionnistes (en leur évitant les rigidités croissantes ce certain.e.s d’entre elleux) et les légalistes, c’est la #dotation_inconditionnelle_d'autonomie (ou #revenu_de_base) comme solution d’urgence. Bien qu’imparfaite comme l’a par ailleurs détaillé @aude_v, cette dotation aurait quand-même le mérite de mettre à l’abri toutes celles qui n’ont actuellement d’autre option que de se prostituer pour bouffer et y laissent leur intégrité physique et psychologique.
      EDIT : suppression du terme « sex-positive » inadéquat

    • oui @koldobika j’y ai pensé aussi mais c’est pas proposé dans la loi en discussion actuellement. Les prostituées ont le droit au RSA (quant elles ont 25 ans) et je ne sais pas si un #revenu_de_base serait suffisant pour faire baisser la prostitution car les sommes en jeu dans la prostitution sont très importantes et produisent un rapport particulier à l’argent (grosses sommes au quotidien mais difficulté à épargné et planifier ses dépenses). Les prostituées étrangères ont souvent de lourdes dettes à remboursé à leur passeurs/proxénètes et une #dotation_inconditionnelle_d'autonomie ne suffirait pas pour elles. Les prostituées transexuelles femmes ont aussi souvent de grosses sommes à réunir pour payer leur transition et le revenu de base n’est pas adapté. Cette dotation ne permettra pas non plus aux prostituées toxicomanes à payer leur drogue...
      Je ne rejette pas l’idée de la #dotation_inconditionnelle_d'autonomie mais il me semble qu’elle ne suffirait pas à reglé le problème.

      @sylvain, c’est plutot l’achat de l’accès a des orifices corporels qu’un service à proprement dit. C’est comme si je payait un SDF pour l’achat du service de lui cassé la gueule. Ca serait injuste de traiter le SDF « volontaire vendeur de service » de la même manière que l’acheteur de ce « service ».

    • @mad_meg on me souffle dans l’oreillette qu’un revenu de base pourrait ouvrir un droit au crédit bancaire pour les sommes à rembourser dans le cas de trans/immigrées.
      Salomée sur son blog y voit aussi un certain potentiel http://melange-instable.blogspot.fr/2013/10/prostitution-ces-campagnes.html

      Aucun ne semble décidé à l’instauration d’une revenu universel, qui mettrait pourtant fin à des milliers de situations d’abandons, de prise à la gorge, de désespoir, de pauvreté, de précarité et de misère, et ainsi directement, mettrait fin à des milliers de recours à la prostitution.