Voilà, je l’ai vu.
– Sur le fond, sur les gens qu’il montre, la vie du camp, rien à dire, c’est intéressant et humain.
– C’est la forme qui me chagrine. L’aspect « webdocu », grosso modo, ici, revient à présenter une collection de courtes interviews réparties sur une poignée d’endroits que tu lances toi-même dans l’ordre que tu veux.
Du coup, je ne vois pas bien l’intérêt de cliquer pour obtenir la même chose que ce qu’une vidéo bien montée aurait certainement fait de manière plus efficace. Parce que, du coup, on ne gagne pas grand chose grâce au support web (la partie « infos » est trèèèèès réduite), mais on perd beaucoup de ce que permet de reportage vidéo classique :
+ pas de progression de la narration (à un moment, tu te demandes tout de même « où ils veulent aller » ; comme l’ordre est libre et qu’il n’y a pas de progression, ça ne va jamais dépasser la tranche de vie) ;
+ peu d’empathie apportée par le regard du documentariste (puisque ce sont de courtes vidéos que tu lances toi-même) ;
+ manque le dynamisme qu’apporte un montage efficace, qui permet d’alterner les points de vue, de laisser souffler avant d’attaquer une autres séquence, de créer par le montage des dialogues de situations, des personnages récurrents... là, si tu n’as pas vraiment vraiment envie d’aller au bout, il n’y a pas grand chose pour te retenir.
Bref, je bute sur ce manque de narration/progression. (Le contraire de Prison Machin, dans lequel la narration est particulièrement présente.)
– Après, c’est sans doute aussi juste moi : j’aime l’écrit. La vidéo et l’audio, chez moi, ça induit une forme de passivité, pas d’interactivité. Avec la vidéo, j’aime qu’on me raconte le truc ; sur le Web-texte, j’aime interagir.
Du coup, j’ai trouvé le blog associé au webdoc beaucoup beaucoup plus agréable, convaincant, personnel, efficace :
►http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/Blogue/Refugies_palestiniens_au_Liban
Regarde ce court paragraphe :
Mais au-delà de tous ces témoignages poignants et généreux, nous avons connu la grande hospitalité des réfugiés palestiniens. Combien de fois, des portes, derrière lesquelles se cachent pourtant d’insondables misères, nous ont été ouvertes pour nous proposer de partager un déjeuner, de siroter un café ou tout simplement de nous reposer après avoir usé nos semelles dans les ruelles infâmes.
C’est important, ce point, pour faire partager ce que le journaliste a perçu de son séjour dans le camp. Cette générosité est la marque première de la dignité de ces gens : ils n’ont rien, mais ils ont leur générosité. Dans le blogue-écrit, c’est ce petit paragraphe : c’est sobre, clair, et important. Dans ce webdocu, en revanche, je trouve que ce genre de détail humain ne passe pas vraiment.
Dans le webdocu, on sent que le gars aime les gens qu’il rencontre, j’ai trouvé assez remarquable le respect visible dont il fait preuve, la mise en scène est vraiment attentive à ne pas être vulgaire. C’est très bon. Mais je ne peux m’empêcher de trouver le blog-écrit bien supérieur.