Le plan #secret de l’Europe pour sécuriser la #Libye | Mediapart, Carine Fouteau, 22 novembre 2013
▻http://www.mediapart.fr/journal/international/221113/le-plan-secret-de-leurope-pour-securiser-la-libye?onglet=full
Quelques initiatives sont prévues pour encourager les autorités à prendre en compte les droits de l’homme dans leurs procédures, mais l’approche générale est militaro-sécuritaire, dans la mesure où l’interpellation des trafiquants et des migrants « illégaux » est la priorité. En ce sens, les opérations menées par EUBAM sont complémentaires de celles de #Frontex (89 millions d’euros en 2012) et d’Eurosur (244 millions entre 2014 et 2020), le tout nouveau système de #surveillance des #frontières. Chacun à leur manière, ces trois dispositifs visent à renforcer les contrôles.
Dans le cadre de relations bilatérales, divers États prennent leur part dans ce verrouillage. L’Italie, pour des raisons historiques (liées à l’histoire coloniale) et géographiques (découlant de la proximité), est sur la brèche, avec au moins 280 millions d’euros dégagés sur une année. En plus de l’achat de matériel et des formations nécessaires à son utilisation et son entretien, ce pays se propose de restaurer les patrouilles maritimes libyennes, d’aider au « management » des migrants et d’apporter son appui aux garde-côtes, aux douaniers et aux policiers chargés de la vérification des documents de séjour et des activités anti-drogues.
La France, de son côté, cible ses actions sur les douanes, la protection des personnalités, la Marine, l’aviation et le déminage. Cela passe par des cours aux agents des services des douanes en partenariat avec l’Institut français de Tripoli, des entraînements pris en charge par le ministère de l’intérieur français au métier de “garde privé” de VIP et des formations de pilotes à l’École de l’air de Salon-de-Provence (pour des durées de quatre ans), d’officiers de la Marine à Toulon (seize mois) et d’officiers à l’École de guerre à Paris.
Hors UE, d’autres pays participent. En raison de sa connaissance des enjeux migratoires avec le Mexique, le département d’État américain contribue à différentes opérations à hauteur de 20 millions de dollars. La Turquie, la Jordanie, le Qatar et les Émirats arabes unis mettent au pot, soit en formant des policiers ou des militaires libyens, soit en envoyant des équipements spécifiques. Le site EUobserver.com, qui a également eu accès au rapport émanant du SEAE, souligne que ces investissements ne sont pas « philanthropiques ». Les États sont en compétition pour placer leurs entreprises. Les ressources pétrolières libyennes ainsi que les possibles débouchés technologiques aiguisent la concurrence.
Cf. ►http://blog.mondediplo.net/2013-11-29-Et-la-frontiere-devint-un-marche-prospere-et et ►http://www.monde-diplomatique.fr/2012/10/HAIMZADEH/48258