Tout le problème aujourd’hui est que les résultats communiqués sont fragmentaires. Ceux du rapport desRusses d’abord. Mi-octobre 2013, Vladimir Ouïba, le directeur de l’Agence fédérale d’analyses biologiques, cité par l’agence Interfax, exclut l’hypothèse du polonium. « Les experts russes qui ont mené l’analyse n’ont pas trouvé trace de cette substance », a-t-il dit. Interrogée ensuite par l’AFP, l’Agence fédérale des analyses biologiques a plus ou moins démenti : « Nous n’avons publié aucun résultat officiel. […] Nous n’avons pas non plus confirmé ou infirmé les informations de presse sur la présence de polonium sur la dépouille d’Arafat ». Bref, on n’est pas tellement avancé côté russe.
En novembre sort le rapport des Suisses (108 pages d’abord mises en ligne par Al-Jezira). Là encore, les conclusions ne sont pas claires : « Les résultats soutiennent modérément l’hypothèse que la mort a été la conséquence d’un empoisonnement au polonium-210. » Les experts de l’Institut de radiophysique de Lausanne (IRSN) confirment des traces inhabituelles de polonium mais ne disent pas pour autant que c’est la source de la mort.
Mardi 4 décembre, le rapport des Français fuite à son tour. Il conclut à l’absence d’un empoisonnement au polonium-210. Les Français ont bien, comme les Suisses, trouvé une quantité anormale de polonium. Mais ils l’expliquent par la présence d’un gaz radioactif naturel présent dans l’atmosphère, le radon, dans l’environnement extérieur. Le radon est un gaz utilisé en radiothérapie. Les Suisses, eux, avaient écarté cette hypothèse.
« Il y a ceux qui disent : "C’est le polonium qui est à l’intérieur du corps d’Arafat qui a contaminé l’extérieur", c’est les Suisses. Et il y a ceux qui disent au contraire : "C’est ce radon qui est à l’extérieur qui a contaminé l’intérieur", c’est les Français », a résumé Pierre-Olivier Sur, l’avocat français de Souha Arafat, lors d’une conférence de presse. Là encore, en l’absence de publication du rapport français, soumis au secret de l’instruction, on manque de précisions.