• USA : alarmes sur le Canal de Suez ... en vue de favoriser la voie maritime de l’Arctique ? - Le Blog Finance
    http://www.leblogfinance.com/2014/03/usa-alarmes-sur-le-canal-de-suez-en-vue-de-favoriser-la-voie-maritime

    Le nombre de personnes accédant au blog via une recherche avec pour mot clé « canal de Suez » et pétrole m’a laissé entrevoir que quelque chose se tramait de ce côté du monde. Bonne pioche …

    Le Bureau de liaison maritime des États-Unis (Marlo) à Bahreïn a mis en garde contre les menaces proférées contre des membres d’équipage US par des employés du port du Canal de Suez. Selon le Marlo, plusieurs incidents entraînant une violation de la sécurité sur des navires américains auraient été observés.

    Un employé du port aurait ainsi mis le feu à des outils de nettoyage en guise de représailles pour ne pas avoir reçu des cigarettes de la part de l’équipage. Parallèlement, deux employés du port auraient accédé illégalement à un vaisseau US après avoir terminé une opération de mouillage en vue d’obtenir des cigarettes. Leurs demandes n’ayant pu être satisfaites, ils ont par la suite menacé l’équipage et le navire.

    Selon le Bulletin d’Information de la Sécurité Maritime (BISM ou MSIB), dans les deux cas, les auteurs se sont identifiés comme étant des employés de l’Administration portuaire du canal de Suez.

    Toujours selon le Bulletin, si les enquêteurs des Gardes-côtes ont certes noté que ce type de requête était tout à fait commune, le gouvernement égyptien n’a pas pris ces incidents au sérieux jusqu’à présent, suite au manque de réactivité pour remonter ces informations.

    Désormais, le BISM indique que des rapports publiés en temps opportun devraient faciliter la tenue d’une enquête conjointe approfondie entre les deux pays, en vue de prévenir de futurs incidents.

    A noter que ces événements surviennent alors que la ministre fédérale des Transports du Canada vient récemment de refroidir les ardeurs de certaines entreprises se réjouissant d’avance de pouvoir emprunter prochainement le mythique passage du Nord-Ouest, à la « faveur » du réchauffement climatique. Nouvelles routes du pétrole qui pourraient le cas échéant remettre en cause des voies maritimes telles que le Canal de Suez, le Canal de Panama et le Détroit de Malacca.

    En visite à Washington le 25 mars, Lisa Raitt a affirmé que selon toute vraisemblance, les discussions entourant la « voie maritime de l’Arctique » ne devraient pas se concrétiser à court terme.

    Devant les membres du Conseil des affaires USA/Canada, Mme Raitt a invoqué une série de motifs pour justifier sa prudence, et parmi elles, les inquiétudes des compagnies d’assurances. « Ce sont elles qui ont le dernier mot lorsque vient le temps de déterminer si un navire est autorisé ou non à emprunter cette voie maritime » a ainsi déclaré la ministre.

    Certains passages peu profonds et le manque de balises de navigation sont aussi problématiques, a par ailleurs ajouté la ministre, soulignant que l’avantage d’un trajet plus court serait forcément annulé si le navire devait rester bloqué en cours de route.

    Lisa Raitt a également tenu à rappeler que les risques d’une marée noire devaient être considérés. A cette occasion, elle a fait part de sa hâte à consulter un rapport de recommandations sur le transport maritime au nord du 60e parallèle, lequel doit être déposé l’automne prochain.

    Les gouvernements canadiens, et plus particulièrement le gouvernement Harper, se sont souvent servis de l’occupation du territoire de l’Arctique pour mettre en avant leur patriotisme. Le dossier a même parfois donné lieu à des tensions quant aux prétentions d’autres pays frontaliers – dont les États-Unis – quant à la souveraineté sur ce nouveau tracé.
    Mme Raitt a également laissé entendre que le statut de la Russie au Conseil de l’Arctique serait peut-être révisé, affirmant que son ministère avait coupé les ponts depuis le début de la crise en Ukraine. Elle a toutefois refusé de s’exprimer davantage sur le sujet, soulignant que le dossier était géré par sa collègue à l’Environnement, la ministre Leona Aglukkaq.

    « Je suis passionnée par ce dossier. Mais je ne crois pas que ce soit une panacée, et je ne pense pas que le canal de Panama ou le canal de Suez soient menacés par la compétition du passage du Nord-Ouest actuellement », a au final indiqué Mme Raitt, qui fut notamment directrice du Port de Toronto.
    Affaire à suivre, indéniablement alors que l’Egypte est de nouveau secouée par d’importantes tensions politiques … voire géopolitiques, à la « faveur » des enjeux pétroliers liés à ses richesses en hydrocarbures, ses relations avec Israël (liées notamment elles-aussi aux ressources en gaz de la zone), et l’importance économique et financière des voies maritimes qu’elle contrôle.

    Sources : Seatrade Communications, lesaffaires.com

    Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 30 mars 2014

    A lire également :

    . Octroi du port de Gwadar à la Chine : accord stratégique pour pétrole et gaz

    . Pétrole : menace terroriste dans le détroit de Malacca

    . Ukraine : rivalité Russie / Etats-Unis pour aides financières … et marché du gaz européen ?

    #arctique
    #canada
    #canal-de-suez
    #Malacca
    #pétrole
    #réchauffement-climatique
    #Russie
    #voie-maritime
    #Usa
    #Suez

    • Rien a voir avec le seenthis, très intéressant du reste, mais juste une remarque méthodologique qui m’ennuie un peu : deux cartes, aucune n’est sourcée... On ne sait pas d’où elles viennent, qui les a produites, à quelle date surtout, et d’où elles ont été prélevée. C’est ennuyeux que les docs ne soient pas traçables (comme les vaches, théoriquement)

    • Merci @odilon :) et c’est intéressant. Voilà un rapport commis en 2012 par une instance aussi « sérieuse » que le sénat. Ils y publient des cartes, dont une seule porte une marque : Nathalie Fau dont une recherche google rapide nous apprend qu’elle est maître de conférences à l’Université Paris 7 et chercheur au laboratoire SEDET. La carte qu’elle a apparemment conçu sinon réalisée date de 2004.

      Mais ce n’est pas une source. Or Aucun des documents n’a dfe sources. Les rapporteurs du Sénat ne citent aucune sources, aucun crédit, rien, rien de rien. On ne sait rien de ces documents que ce qu’ils montrent : des continents, des points, des carrés, des cercles des lignes dont on ne sait strictement rien de la manière dont ils on été choisis, et sur la base de quelles sources ils ont été dessinés.

      On a presque l’impression que les auteurs ont chercher sur Internet des images pour faire joli plus ou moins en rapport avec leur sujet, pour pas que le truc soit trop sec. Comme cette journaliste de RFI qui un jour m’appelle pour me demander une interview sur un sujet que j ne connaissais pas et à qui j’avais dit non, et qui me suppliait : « s’il vous plait, je vous en pris, je dois être prête dans 45 minutes, je n’ai personne, faite moi un son 20, 30 secondes, je vous en prie ».

      Dans le rapport du Sénat, d’autres éléments sont fort bien sourcés. C’est peut-être ici une certaine approche de la carte qui transparait : illustration mais pas informations, donc pas besoin de références ni d’auteur. Les cartes ne sont pas des idées, mais des jolis paysages :)

      A suivre :)

    • Et donc grâce à @odilon que je remercie, on se demande d’où le blog finance a repris les les cartes qu’elle publie : du rapport du sénat d’autre part ? comme le sénat a repompé les cartes d’ailleurs (on ne sait où), le blog finance pense que le sénat c’est du sérieux et donc repompe les cartes du rapport sans même le citer. Il faut juste imaginer que cette opération en chaîne se répète à l’infini pour comprendre l’étendue des dégâts et la validité des documents produits dans de nombreux médias, sites, blogs etc...

    • L’article initial semble être celui-ci. Nathalie Fau, 29/11/2004

      Le détroit de Malacca : porte océane, axe maritime, enjeux stratégiques — Géoconfluences
      http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/Mobil/MobilScient4.htm

      Le détroit de Malacca : porte océane, axe maritime, enjeux stratégiques

      La carte y figure avec un titre :
      Situation du détroit de Malacca dans le système de transport mondial (qu’il a conservé au Sénat)

    • Attends !

      La deuxième carte est une version très légèrement modifiée d’une carte d’un certain Philippe Recacewicz


      qui figure en annexe d’un article du Diplo du 1er novembre 2008
      http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/oceanindien
      comme étant la version d’octobre 1995 de la carte qui illustre l’article.

      Les modifications portent sur la typographie et la disposition des noms (et quelques corrections d’orthographe (Golfe (Persique) au lieu de Golf)

      (version du Sénat, pour comparaison)

    • Et pour finir (?) la carte (version Sénat) figure sur un site RPDéfense qui en donne une origine sur euro-synergies
      http://rpdefense.over-blog.com/2013/11/“brève-marine”-présence-française-en-océan-indien.html

      Lequel site, Forum des résistants européens, http://euro-synergies.hautetfort.com est, semble-t-il d’extrême droite. Son dernier billet dit le plus grand bien de la nouvelle revue dirigée par Pascal Gauchon, ancien rédacteur en chef de Défense de l’Occident

      La carte est l’illustration d’ouverture de la reprise le 28/11/2008 d’un article de mai 1986 de Robert Steuckers
      http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2008/11/28/geopolitique-de-l-ocean-indien-pour-une-doctrine-de-monro
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Steuckers

    • #simplicissimus_mon_héros

      Mille mercis pour ce travail d’orfèvre qui montre ce que je voulais dire : en ce monde bourré de rapports et d’informations, on est peu de chose. Quelques vérifications ici et là montre que deux auteurs peuvent publier sans que personne ne s’en émeuve, un rapport illustrés de documents qui ont 20 ans ou 30 ans d’âge. Ceci sans mentionner ni la date, ni les auteurs, ni les sources, ni le lieu de prélèvement, ces auteurs ayant sans doute pensé que la présence de @simplicissimus sur seenthis allait amplement suffire à lever toute ambiguïté :)

      La recherche et les trouvailles de @simplicissimus montrent qu’il est possible aujourd’hui dans la plupart des cas, via quelques outils efficaces, de retrouver les traces des documents non sourcés. C’est parfois plus difficile et plus long, mais on finit toujours par tomber sur des indices. Et avec du temps et de l’intérêt, on finira toujours par retrouver les publications originales, les sources, etc...

      Cela me mène à penser qu’il faut désormais changer fondamentalement d’attitude pour ce qui concerne deux aspects de notre métier : d’abord repenser très profondément l’intention cartographique, et donc la vision du monde qu’on veut transmettre, et justifier la démarche cartographique en publiant en même temps sources et origines (primaires ou secondaires) des informations qu’on utilise, y compris quand ces informations sont simplement « des perceptions et des lectures qu’on peut faire d’une situation à travers notre savoir, notre niveau de connaissance ». Ensuite, redoubler d’efforts et renforcer notre regard critique face aux rapports, articles et analyses qui nous arrivent tous les jours via les médias souvent via les réseaux sociaux.

      Vous me direz qu’il en arrivent tellement que ça sera très fatiguant... Et vous aurez raisons. C’est impossible. Il faudra alors compter sur les autres, sur le collectif, sur la confiance. Mais la confiance est une dimension qui est assez longue à construire.

    • Merci à toi @uston de signaler si souvent des analyses intéressantes ! il s’agit moins ici du papier lui même, assez bien mené, que du choix « non-pensé » des documents qui accompagne le papier. Mais je me dis qu’en voyant la façon dont on traite, le document, l’image, la carte, on peut légitimement douter de la façon dont l’auteur du papier s’est documenté pour écrire son papier.

      Les sources, les sources, rien que les sources :) [enfin, aussi la méthode, un peu...]

  • Les fossoyeurs de l’antiracisme

    "A la fin des années ’70, une victoire majeure a été obtenue sur le champ des idées. Elle n’a pas été saluée à sa juste valeur. Comme le monde est oublieux. Elle concerne le racisme et son invention. Et c’est à la Nouvelle Droite (et tout particulièrement au GRECE) qu’on la doit.

    Une Nouvelle Droite allée à l’Ecole de Lévi-Strauss. Une victoire lourde de sens et de conséquence. Mais en quoi consistait-elle ? En une « transmutation » et en un art consommé du détournement et de l’inversion. Alain de Benoist et ses amis avaient réalisé un coup de maître en remplaçant habilement le racisme biologique et inégalitaire (grevé par l’aventure génocidaire nazie) par un racisme culturel et se voulant non-hiérarchique (appelé aussi racisme différentialiste ou racisme sans race).

    Cela nécessitait pour ce faire de s’accaparer et de retourner deux notions clé : le « droit à la différence » et le « relativisme culturel ». Notions qui, malgré leur ambiguïté, avaient été à l’origine des conquêtes remportées de haute lutte sur le discours de la « mission civilisatrice » du temps béni des colonies. Et cette trouvaille avait de l’avenir. Puisqu’elle devint la doxa d’aujourd’hui.

    Le génie de la démarche, à l’évidente ironie, résidait dans le fait qu’elle singeait au plus près l’antiracisme (traditionnel) qui se voulait une réponse au racisme biologique. Et par un jeu de renversement et de symétrie, elle y instalait la confusion.
    Depuis Lévi-Strauss, on distingue un racisme de type universaliste, fondé sur un déni d’identité, et un (néo)racisme de type différentialiste, fondé sur un déni d’humanité ; le premier est dit « hétérophobe » tandis que le second est défini comme « hétérophile »(1).

    L’ironie pouvait se poursuivre, puisque la réplique qu’on trouva à ce nouveau racisme différentialiste n’était autre que l’universalisme, dans sa version nationale républicaine. C’est-à-dire l’autre forme de racisme, celui par le déni d’identité.
    Trois ouvrages ont ponctué et popularisé les « moments » clé de ce passage paradoxal. « La force du préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles. » de Pierre-André Taguieff (le péri-situationniste passé à l’ennemi et aficionado des notes de bas de page), « La défaite de la pensée » d’Alain Finkielkraut (le philosophe contrarié et mentor de Breivik) et enfin « La France de l’intégration. Sociologie de la nation en 1990. » de Dominique Schnapper (la fille à papa qui continue la boutique).

    Trois Moments qu’on peut résumer par trois formules lapidaires : 1. la crise de l’antiracisme (Taguieff) , 2. l’antiracisme est un racisme (Finkielkraut) et 3. le salut par la République universelle (Schnapper etc.). "

    http://bougnoulosophe.blogspot.be/2011/10/les-fossoyeurs-de-lantiracisme.html

    Un exemple : http://www.polemia.com/antiracisme-identitaire-versus-antiracisme-egalitaire