Mélenchon… La grande illusion !

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  • #Stéphane_Guillon : "#Mélenchon… La grande illusion !"

    C’est toujours triste lorsqu’on a connu un artiste au sommet de son art de le voir péricliter. La scène, les applaudissements, les vivats du public sont une drogue dure. Rares sont les stars qui ont su raccrocher à temps. Pour ma part, j’éprouve une certaine tendresse pour ces êtres qui jusqu’au bout cherchent la chaleur des projecteurs. Dès lors, comment en vouloir à Jean-Luc Mélenchon d’avoir bidouillé son intervention au journal télévisé dimanche dernier. Alors qu’il nous avait promis « la foule des grands jours » pour sa marche en faveur d’une révolution fiscale, le chef du Front de gauche se trouvait quasiment seul, avenue des Gobelins, quelques minutes avant son direct sur TF1. Branle-bas de combat, panique à bord, il a fallu trouver à la hâte une vingtaine de militants afin que le vieux leader paraisse entouré. Pour que l’illusion soit parfaite, TF1, complice de cette mascarade, avait filmé Jean-Luc en plan serré et Claire Chazal, toujours bienveillante, déclarait : « On aperçoit derrière vous des drapeaux et des gens qui se massent. » La grande illusion.

    Seulement voilà, pour réussir son coup, Méluche fut bien obligé de s’entendre avec la chaîne du capitalisme, de Bouygues et « des patrons voyous », copiner avec des journalistes, « cette sale corporation voyeuriste et vendeuse de papier », et tout ça pour la bonne cause : sauver à tout prix les apparences, déguiser la vérité.

    Oui, mais manque de bol, un journaliste d’Euronews habitant dans l’immeuble d’en face immortalisa la scène en la photographiant : devant la caméra, un Jean-Luc Mélenchon, seul, perdu au milieu de l’avenue des Gobelins, avec en arrière plan, tel un décor de carton-pâte, un dernier carré de supporteurs fidèles… cliché dévastateur !

    On pense à Sarkozy convoquant des figurants habillés en ouvrier lors de la visite d’un chantier ou au film de Patrice Leconte Tandem lorsque Rochefort, animateur has been, continue de présenter son émission de radio alors que celle-ci n’est plus diffusée depuis des semaines. Son ingénieur du son, Gérard Jugnot, ayant préféré lui cacher la vérité. Alors, comment expliquer ce désamour si soudain du public ? Comment un homme qui, il y a deux ans, rassemblait 120 000 personnes, peine-t-il aujourd’hui à en réunir 7 000 ? Y a-t-il une malédiction des Jean-Luc ? Jean-Luc Lahaye et aujourd’hui… Mélenchon. Comme toute vedette qui ne remplit plus ses salles, Jean-Luc tente des come-back désespérés, multiplie les provocations : « Cuba n’est pas une dictature ; Pierre Moscovici ne pense pas français mais finance internationale ; le Petit Journal est la vermine du FN ; les Normands sont des alcooliques et des Français arriérés. »

    A gauche comme à droite, les critiques pleuvent, ses anciens camarades parlent « de vocabulaire des années 30, de relents antisémites ». Méluche n’en a cure et s’enferre dans la surenchère.

    Qu’est-il arrivé au truculent Jean-Luc, cet ancien prof de lettres qui jadis nous réjouissait de sa verve picaresque et de ses mots d’esprit ? Où est passé celui qui nous avait tous fait rire en qualifiant Hollande de « capitaine de pédalo » ?

    On évoque le syndrome Dieudonné, cet ancien humoriste, aujourd’hui révisionniste, abonné désormais aux jeux de mots nauséabonds.

    Pour revenir dans la lumière, Jean-Luc est prêt à tout, n’hésitant pas à renier les raisons pour lesquelles son public l’a aimé. Quand le porte-parole des oubliés, des laissés-pour-compte déclare lors d’une visite au Bourget : « Ne voyager qu’en classe affaires… avoir passé l’âge d’aller se briser le dos en classe économique », on crut d’abord à une énième boutade, Jean-Luc n’avait pas les moyens de s’offrir un tel luxe : 6 000 euros pour un Paris-Pékin sur Air France, plusieurs mois de Smic… impossible ! Puis, le patrimoine de nos élus étant consultable, on s’amusa à vérifier. Avec une indemnité totale de 144 108 euros par an en tant que député européen (exonéré de CSG et de CRDS) plus les droits d’auteur de ses livres et ses biens personnels estimés à 800 000 euros, Jean-Luc peut effectivement s’offrir la classe affaires. De là, à vouer aux gémonies les salauds de riches tout en s’affalant dans le siège inclinable d’un jet au Bourget… On peut comprendre que dimanche dernier, certains militants aient préféré économiser le prix d’un ticket de métro plutôt que d’aller l’applaudir.

    Malheureusement, le pire est à venir car le vieux cabot de la politique ne supporte pas la relève. Ainsi les Bretons qui lui ont volé sa révolution sont « des esclaves manifestant pour les droits de leur maître ». Jean-Luc, à l’instar d’une Chantal Goya, saura-t-il trouver un second souffle, une deuxième jeunesse ?

    Sur le modèle d’Age tendre et tête de bois, pourquoi ne pas envisager une tournée des idoles, une croisière en compagnie d’anciennes gloires de la politique : « Antoine Waechter, Michel Noir, Arlette Laguiller, François Léotard ». Eviter à tout prix le combat de trop car, un jour, celui qui amuse encore les médias, l’imprécateur des émissions de variétés ne fera plus d’audimat… la surenchère ne suffira plus et les sunlights s’éteindront définitivement.

    Stéphane GUILLON