La France arabo-orientale, au carrefour de nos histoires

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  • La France arabo-orientale, treize siècles de présence, sous la direction de Pascal Blanchard, Naïma Yahi Yvan Gastaud, Nicolas Bancel (Paris, Ed La Découverte, octobre 2013).
    Préfacé par Benjamin Stora
    http://blogs.mediapart.fr/blog/benjamin-stora/161113/la-france-arabo-orientale-au-carrefour-de-nos-histoires


    #livre #histoire

    Les bibliothèques sont pleines à craquer d’« Histoire de France », de récits de grands historiens, et les archives de cette histoire nationale ont été fouillées, triturées jusqu’à plus soif. Tout a été dit, vraiment ? Les visages d’une autre France restent pourtant à découvrir, ceux de femmes et d’hommes en provenance des anciennes colonies, d’Orient et du pourtour méditerranéen.

    Ils commencent à apparaître aujourd’hui, portés par les nouvelles générations de chercheurs et de jeunes citoyens qui partent à la rencontre de leurs ancêtres, de leur histoire. Il faut pourtant une bonne dose d’audace, et même un peu d’inconscience, pour s’attaquer, dans le cadre général des recherches sur l’histoire coloniale, à l’écriture d’une histoire de France… arabo-orientale, pour monter à l’assaut d’une rationalité qui se dérobe, dès qu’il est question de la place des « hommes du Sud » pour reprendre la belle expression de Camus, « Orientaux », « Arabes » ou « musulmans » dans la longue histoire de France. Avec la volonté d’inscrire cette narration dans la durée, et pas simplement en accompagnant dans l’urgence les soubresauts et les violences des XIXe et XXe siècles.

    Écrits d’une plume vive, tout jargon banni, les dix chapitres de ce livre nous entraînent dans cette France si peu connue. Des Arméniens aux Maghrébins, des Turcs aux Marocains, des Libanais aux Touaregs et, à partir de l’histoire algérienne si singulière, des harkis aux juifs d’Algérie, des immigrés aux pieds-noirs… Tous ces groupes, qui ont participé à la « fabrication » de l’histoire de France, peuvent désormais disposer de leurs propres récits pour pouvoir trouver leur place dans un vaste roman national déjà établi. Plongées successives dans chacun d’eux, mais aussi entrecroisement de ces récits pour proposer une trame jusqu’alors inédite, à la fois audacieuse et en fin de compte banale. Car cette histoire est notre histoire.