Les gens sont tous restés polis, mais j’ai été profondément blessée par les petits sourires en coin au sujet du cubi. C’était comme si elle avait reposé un pack de patates pour s’arrimer au fameux écran plat dont sont censés se gaver les pauvres trois fois par jour. Sauf que c’était juste un cubi de gros rouge à 7€ et que personne ne connaissait assez sa vie pour juger de son choix. S’il faut, ce n’était même pas pour elle, s’il faut, le gnon qu’elle affichait venait de ce qu’elle n’avait rapporté le cubi la dernière fois, putain, qu’est-ce qu’on en sait ? S’il y avait eu moins de monde, si je n’avais pas été éloignée au point qu’une intervention se serait forcément vue... Après, c’est chiant aussi, les coups de main. Des fois, c’est plus humiliant encore que les ricanements des dames patronnesses qui vont te faire la leçon des 5 fruits et légumes par jour alors qu’il n’y a que le gros rouge qui te réchauffe dans ton putain d’appart sans chauffage. D’un autre côté, j’ai l’impression qu’elle avait l’humilité extensible.
Et tout ça, c’est quoi ? C’est le résultat d’une politique de compression permanente des minimas sociaux, bien en-dessous du seuil de pauvreté, juste scotché à celui de la misère, qu’on préfère ne pas calculer. En tout cas, je ne vois pas en quoi de crever la bouche ouverte aide les gens au bout de tout à décrocher un boulot même pas mieux payé.
Et si, en plus, il leur faut être des bons pauvres !
Cette femme n’était pas une pauvre méritante. Elle n’en avait qu’encore plus besoin d’aide.