Ça m’intéresse beaucoup ce questionnement de ni tanxxx ni Mathilde sur l’outil, la technique, l’identité ...
Il me semble qu’il y a la question du système, la maîtrise de la technique peut nous enfermer dans une identité « génétique » qui nous fait perdre notre être comme l’explique Benasayag. Dans mon travail j’utilise très peu d’outils, papier, bic et encre de Chine à la plume. Je pense souvent à ce risque d’enfermement dans le « beau dessin » et je m’y complaît certainement d’un certain point de vue. Il y a une citation de Hokusai qui m’a beaucoup influencée et guidée :
« Depuis l’âge de cinq ans, j’ai la manie de recopier la forme des choses et depuis près d’un demi siècle, j’expose beaucoup de dessins ; cependant je n’ai rien peint de notable avant d’avoir soixante-dix ans. A soixante-treize ans, j’ai assimilé légèrement la forme des herbes et des arbres, la structure des oiseaux et d’autres animaux, insectes et poissons ; par conséquent à quatre-vingt ans, j’espère que je me serai amélioré et à quatre-vingt-dix ans que j’aurai perçu l’essence même des choses, de telle sorte qu’à cent ans j’aurai atteint le divin mystère et qu’à cent dix ans, même un point ou une ligne seront vivants. Je prie pour que l’un de vous vive assez longtemps pour vérifier mes dires. »
On peu y voire du « toujours plus », toujours plus de maîtrise, mais il me semble qu’elle n’est pas une quête en soi, ce n’est pas le but de « avoir de la technique » mais se débarrasser des contraintes technique pour avoir la possibilité de s’occuper à l’être des êtres. Je sais plus ou j’avais lu ou entendu ça mais dessiner est une quête de compréhension, pour dessiner il faut avoir en tête qu’on observe de la lumière réfléchit, que la chose dessiner est un volume de telle ou telle nature et que le fait de chercher à dessiner ces choses demande de comprendre cette nature. Comme je pense ne jamais être capable de comprendre la « vrai nature » de quoi ou qui que ce soit puisque les choses et les êtres ne sont pas fixes, la nature est de fait insaisissable mais en même temps cette recherche ne me semble pas vaine. C’est plutôt une tentions vers qui me semble le moteur (un truc vivantes mouvement) plutôt que l’arrivée a des objectifs qui me paraît un truc de mort, quant on arrive au but, c’est quant on arrête de bouger soi même et que les vers peuvent passer à table.
Bon d’un autre côté j’ai aussi souvent des doutes par rapport à ce risque de système, de recettes. Des moments ou la lenteur de la technique me décourage ou me paralyse. Je suis de plus en plus lente parceque je m’enfonce de plus en plus dans des petits détails. Il y a la contrainte de vouloir faire du beau qui me bloque, la peur de gâcher du papier me paralyse encore. D’un côté je légitimé ma quête du beau dessin dans une idée qu’elle est une politesse faite aux regardeureuses, mais d’un autre côté je déteste les œuvres que je qualifie de décoratives et je pense aussi que mon côté bourgeoise doit intervenir pour beaucoup dans mon goût pour le « beau dessin bien fait techniquement ». J’ai l’impression d’être toujours sur le fil du paradoxe. Il y a aussi le fait que la technique est un moyen de me protéger des attaques du style Mermet a la Fiac « un gosse de 5 ans pourrait faire mieux ». Truc qui fait que même si une personne n’aime pas mon travail elle ne m’agresse pas en me traitant de nulle.
Il y a quelques années lors de la dernière édition du festivals periscopage il y avait un dessinateur dont j’ai oublier le nom qui a fait une conférence hyper intéressante et surtout très décomplexante sur cette question du beau dessin ou de la technique. Il expliquait que la quête de beauté graphique et technique est un frein à la créativité, une idée élitiste et discriminante. Je pense qu’il a tout à fait raison, la maîtrise technique est réservée à celleux qui disposent du temps, et elle exclue celleux qui n’en ont pas pour s’entraîner. D’une part on exclue celleux qui n’ont pas ce temps, mais on s’exclue puisque pendant qu’on travail sur la technique on oublie que le principal c’est ce qu’on veux exprimer et ressentir. Pendant qu’on lutte avec son crayon, on perd le plaisir immédiat d’être en train de dessiner. On travail alors qu’on devrait jouir.
J’ai l’impression d’enfiler des évidences, désolé si c’est le cas.