• Emmanuel Todd chez Harper’s magazine - Le bondosage
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    Emmanuel Todd chez Harper’s magazine

    Notre démographe préféré a été très prolixe en matière de conférence vidéo cette année. Après une conférence très intéressante dans ma bonne ville de Montpellier consacré à ses travaux sur les structures familiales et une conférence donnée sur l’euro au Cera. Le voici maintenant en bonne compagnie aux USA dans une conférence organisée par le très sérieux Harper’s Magzine. Une réunion consacrée à l’Europe et à la monnaie unique. Une discussion à laquelle a d’ailleurs participé l’économiste James Kenneth Galbraith fils du célèbre économiste keynésien John Kenneth Galbraith. Une conférence très sérieuse donc même si comme à l’accoutumée Todd a fait rire ses interlocuteurs par ses désormais célèbres formules-chocs remplies d’ironie.

    https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=asPsJagGgAY

    L’argumentation toddienne ici en anglais ne change guère de ses apories habituelles à ceci près que je constate avec curiosité que Todd semble à nouveau s’illusionner cette fois sur nos amis anglo-saxons. Il se peut cependant que le fait qu’il côtoie ici des Anglo-saxons ait altéré un peu ses propos. Après ses erreurs sur le Hollandisme révolutionnaire dont il a reconnu tout de même qu’il avait maintenant peu de chance de se produire le voici qui s’acoquine avec le monde anglo-saxon présenté en quelque sorte comme moins fou que l’Europe pangermanique actuelle. S’il est notablement vrai que l’Allemagne a une part importante dans la situation actuelle et que l’euro joue à court terme dans ces intérêts. Peut-on pour autant qualifier l’Allemagne d’hégémonique ? D’autant que Todd lui-même admet que la France peut casser le système. C’est une hégémonie extrêmement fragile si la France ou même l’Italie peuvent la briser simplement en sortant de l’euro. Mais il est vrai que Todd est un habitué des formules fracassantes. Je dois dire que si cela permet d’attirer l’attention des spectateurs sur les propos en question et de soulever certaines questions. Il est possible aussi que cela desserve grandement l’argumentation toddienne qui est évidemment bien plus complexe que ce que ces formules-chocs peuvent exprimer. Il est vrai aussi que si Todd arrive souvent à se faire inviter dans les médias c’est grâce à ces formules fracassantes dont les médias accros à l’audience sont friands.

    Cependant, revenons au fond de la nouvelle lubie toddienne d’un monde anglo-saxon qui à nouveau serait ce refuge de la raison et de l’équilibre qui fait tant défaut à la folle Europe embrigadé par l’Allemagne dans un nouveau suicide collectif monétaire et commercial cette fois-ci. Je tiens à préciser ici qu’effectivement l’Europe se suicide tant démographiquement qu’économiquement, les deux phénomènes sont d’ailleurs liés comme je l’ai montré avec quelques statistiques à l’appui l’année dernière. On vient d’ailleurs de s’apercevoir que la crise provoque un effondrement démographique dans les pays du sud à l’image de l’Espagne qui a perdu l’année dernière 0,9% de sa population. Ce qui est énorme dans un pays à la natalité déjà catastrophique et qui baisse à nouveau avec la crise. Bref je suis tout à fait d’accord avec Todd sur l’Europe. Mais pas du tout sur l’image qu’il a d’un monde anglo-saxon qui irait bien. Je crois là que Todd se fit un peu trop à ses données démographiques données qui auraient d’ailleurs besoin d’être mises à jour.

    Todd définit ainsi les pays qui vont bien et ceux qui vont mal par la question de la natalité. En effet en dessous de 2 enfants par femme à long terme l’on peut considérer le système comme non viable. Ce qui est vrai. Sans immigration la population allemande baisserait de façon naturelle. Là où Todd se trompe, c’est sur la réalité du dynamisme démographique aux USA qu’il considère comme un système qui marche. Une société de joyeux bordel chaotique, mais qui fait des enfants contrairement au Japon ou à l’Allemagne. Le fait est pourtant que la natalité aux USA n’a cessé de baisser depuis le début de la crise. C’est un fait connu, en 2012 il y a eu 63 naissances pour 1000 femmes contre 67 en 2007. Preuve de l’impact de la crise sur les naissances. D’autre part la bonne tenue des naissances aux USA devait surtout à la présence des latinos en grand nombre sur le sol américain. C’est la forte natalité des Mexicains et des latinos immigrés qui a longtemps permis à l’Amérique de s’affirmer plus dynamique que l’Europe ou le Japon. Affirmer comme Todd le fait que la natalité US est meilleure que celles des autres pays développés en oubliant ce détail est un peu malhonnête. Pour définir un système qui marche, on doit en exclure les importations compensatrices. À l’image de ce qu’il dit sur l’Allemagne d’ailleurs. Les Américains ayant un droit du sol, les latinos font gonfler la natalité moyenne nationale depuis les années 70. Or les chiffres montrent que les Mexicains s’alignent en fait sur la natalité US moyenne. C’est un signe d’intégration, mais cela montre aussi que le soi-disant modèle bordélique ne sera pas forcément plus fécond et équilibré à long terme que les systèmes japonais ou allemands. Peut-être moins déséquilibré avec un taux de natalité à 1,7 1,8 mais pas équilibré.

    La petite carte ci-dessous montre les états ou la natalité a le plus baissé. Ce sont les états où les latinos représentent la plus forte proportion de la population. La natalité moyenne aux USA est donc quelque chose de très trompeur tant ce pays fait appel à l’immigration qui n’a rien de comparable avec les niveaux en France par exemple. Mais même en prenant la fécondité moyenne actuelle des USA ont obtient 1,88 enfant par femme. Les USA ne sont donc plus un système qui marche pour reprendre les termes de Todd

    Proportion de la population latino aux USA

    L’agonie économique des USA

    L’autre problème qu’il y a dans la vision idyllique de l’oncle Sam est économique. Todd sait pertinemment que les grands équilibres ne sont pas retrouvés. Le déficit commercial des USA est toujours aussi énorme et le chômage de longue durée commence à s’installer dans ce pays qui n’en a pas l’habitude. À y regarder de plus près j’ai même plutôt l’impression que les USA s’alignent sur les standards de la vielle Europe chômage élevé, natalité basse et pessimisme généralisé. Sans oublier les inégalités délirantes bien plus grandes qu’en Europe de l’Ouest malgré l’euro et la crise. Et que dire de ces millions d’Américains qui vivent des bons de nourriture. Dans l’OCDE il n’y a que deux pays qui souffrent plus de la faim que les Américainsc’est la Hongrie et l’Estonie. L’Europe d’ailleurs ne fait qu’appliquer en grande partie les politiques inventés et défendus par les USA. Le monétarisme délirant est une invention américaine. La plus grande souplesse des Américains sur la question monétaire ne doit pas faire oublier l’origine du dogme libre-échangiste. Les politiques d’expansion monétaire n’ont d’ailleurs fait que relancer une croissance par le gonflement des actifs financiers et du patrimoine immobilier. Il n’y a pas de vraie croissance créatrice d’emplois qualifiés. Et pour cause le libre-échange est toujours là.

    Plus grave Todd présente l’Amérique comme un ilot de bon sens alors qu’elle attise les flemmes de la guerre en Europe et soutient la Pologne et l’Ukraine dans leurs délires face à la Russie. Ajoutons à cela le traité de libre-échange entre l’UE et les USA et l’on voit à quel point Todd se trompe sur le rôle des USA en cette année 2014. Bush n’est plus là, mais la folie est toujours présente. L’empire continue d’aggraver les déséquilibres mondiaux pour maintenir son existence et son sacro-saint dollar. Todd était un peu plus clairvoyant pendant la deuxième guerre d’Irak. À moins qu’il ne se raccroche à l’Amérique pour ne pas sombrer dans le désespoir, ce que je peux tout à fait comprendre en cette période sombre. L’Europe est une catastrophe, mais l’Amérique ne va pas mieux.

    Todd reste cependant extrêmement intéressant à lire et à écouter. Il énerve d’autant plus quand il se trompe. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore vue voici les différentes conférences vidéo de Todd récentes :..

    https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=ky-GP7GgW_4

    Todd à Montpellier sur l’évolution des structures familliales

    https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=BkrQkH5pA4A

    Todd au CERA sur l’Europe et l’euro.

    https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=a8Nk5rT0_nM

    Extrait mémorable de la conférence du CERA : personne ne comprend la monnaie.

    #Emmanuel-Todd
    #Harper's-magazine

  • De l’Ukraine au dollar - Le bondosage
    http://lebondosage.over-blog.fr/article-de-l-ukraine-au-dollar-123407905.html

    Nous conviendrons avec Philippe Grasset, qui vient d’inaugurer sur son site la première vidéo en ligne, que l’histoire s’accélère. L’accumulation d’événements apparemment disparates peut soudain éclairer le sens de notre temps et surtout nous révéler ce qui se cache parfois derrière l’apparence des choses. Si l’on convient maintenant que les événements d’Ukraine ont été promulgués par l’UE et les USA, il ne faut pas pour autant penser que ces groupes aient une réflexion profonde sur l’impact des actions qu’ils mènent. Comme je l’ai déjà dit sur ce blog l’individualisme délirant qui mène l’esprit des élites occidentales, couplées au mécanisme de la communication empêche de voir dans l’action qu’elles mènent un sens profond, une stratégie. Nous avons plus affaire à une action désordonnée et incohérente mue par des intérêts multiples et divergents. Ce que Philippe Grasset nomme le chaos est le résultat de cette propension des élites occidentale à se laisser happer par le présent et la pression externe. Ce sont les événements qui les mènent plutôt que l’inverse. Mais pour prendre conscience de l’importance des événements actuels, et notamment du fait que la Russie et la Chine commencent sérieusement à vouloir se passer du dollar. Encore faut-il peut-être réexpliquer pourquoi, cette question du dollar est fondamentale.

    L’étalon dollar, Keynes avait raison

    Le rôle du dollar en tant qu’étalon date de l’accord de Bretton Woods en 1944. C’est malheureusement le plan américain de Harry Dexter White qui sera préféré à la stratégie de Keynes. Un plan dont nous voyons aujourd’hui qu’il a conduit l’Amérique et le monde dans une impasse même si à court terme il pouvait sembler cohérent. L’accumulation par les USA d’une grande quantité d’or pendant la Seconde Guerre mondiale grâce aux excédents commerciaux du pays ayant asséché le reste du monde, l’idée de faire en sorte que le dollar devienne une monnaie garantie par l’or n’était pas dénuée de sens. Le dollar était effectivement à l’époque aussi solide que l’or, car les USA étaient la nation la plus productive. Les effets nocifs que Keynes avait bien vus venir ne se sont fait sentir que quelques années après. Les pays se mirent en effet à accumuler des dollars dans leur banque centrale grâce à leurs excédents commerciaux. L’Europe reconstruite et le Japon connurent des gains de productivité qui les firent rattraper rapidement les USA. De sorte que dès les années 60 les USA eurent des déficits commerciaux permanents avec ces deux zones. C’est à ce moment-là que le Général de Gaulle (1965) eut ce discours mémorable demandant l’abandon du dollar comme monnaie de référence mondiale. Le seul problème est que de Gaulle qui était influencé par Jacques Rueff en la matière n’imaginait comme seul recours qu’un retour à l’étalon or. Un étalon qui s’il avait la qualité de mettre toutes les nations à égalité commerciale avait aussi la fâcheuse tendant à la stagnation de la masse monétaire. C’est le Bancor de Keynes que de Gaulle aurait dû prôner, mais c’était aussi un homme de son temps. Une monnaie internationale indépendante de tous les états nations qui aurait permis une égalité dans l’échange comme l’or, mais qui aurait pu suivre les besoins mondiaux d’une augmentation de la masse monétaire. Parce qu’il n’y a aucune raison que la croissance de la masse monétaire soit inutilement limitée par l’évolution de l’extraction d’un métal précieux. Petite remarque si l’euro avait été une monnaie commune, il aurait pu devenir une espèce de Bancor. Mais là encore l’idéologie l’a emporté sur le bon sens.

    http://www.dailymotion.com/video/xj9uqj_general-de-gaulle-l-imposture-du-dollar_webcam

    Quoi qu’il en soit, il est évident que la possibilité pour les USA d’émettre une monnaie internationale est un avantage considérable dont ils usent et abusent en permanence. L’on remarquera tout de même que le cadeau que la communauté internationale fait aux USA est un cadeau empoisonné pour le peuple américain. Car les grandes inégalités qui traversent ce pays sont aussi dues en partie à cet avantage. Car si le prolétaire américain est devenu inutile à cause du libre-échange ce n’est pas uniquement pour cela. La nature internationale du dollar permettant à ce pays d’acheter gratuitement comme le disait de Gaulle des marchandises partout dans le monde le système de production local est devenu inutile. Le couplage de la liberté de circulation des marchandises avec le rôle du dollar a probablement été l’arme fatale qui a tué le système industriel américain. Une arme qui a transformé les USA en un système capitaliste patrimonial comme l’a si bien décrit le site criseusa. Un système dont on voit mal comment les USA pourraient sortir sans de graves problèmes macro-économiques. La défense du dollar et sa nature internationale font donc partie de la priorité absolue pour le gouvernement US. Comment en effet continuer à étendre les bases militaires américaines et à financer le colossal déficit extérieur du pays si les étrangers n’acceptent plus votre papier monnaie comme paiement ? ...

    #économie
    #Ukraine
    #dollar
    #UE
    #USA
    #Keynes
    #Bretton-Woods en 1944.

  • La retraite par capitalisation - Le blog de Yann
    http://lebondosage.over-blog.fr/article-la-retraite-par-capitalisation-59300607.html

    Après ma critique des manifestations, je me devais tout de m’exprimer sur ce que je pense d’un système de retraite pensé pour durer. Il faut aussi expliquer pourquoi les modèles anglo-saxons, profondément individualistes, sont des imbécilités collectives, je parle bien sûr ici du système de retraite par capitalisation. Car il n’y a pas plus déconnecté de la réalité économique que ce système qui prétend gelé la valeur des actifs dans le temps, voir les faire croitre. Ici je vais essayer d’être le plus concis et clair possible. Je ne parlerais pas ici du bien fondé ou non de tel ou tel partage de la richesse mais simplement de la validité intellectuel d’un système qui prétend à l’efficacité économique alors qu’il n’est qu’une escroquerie sur le long terme.

    #économie #retraite #for:rezo.net #for:l.serisgers.cci.fr #for:twitter