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  • Les candidats des inégalités | Attac France
    Pour Attac, la réélection d’Emmanuel Macron serait dramatique, alors que le quinquennat a été marqué par l’injustice fiscale, sociale et environnementale, et une inquiétante restriction des libertés.

    https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports/article/rapport-les-candidats-des-inegalites

    Marine Le Pen, Eric Zemmour, Valérie Pécresse et Emmanuel Macron... Certes, ces personnalités ont des parcours et des sensibilités différentes. Marine Le Pen et Eric Zemmour prônent des thèses nationalistes, identitaires et xénophobes tandis que Valérie Pécresse est issue d’une droite écartelée entre une aile traditionaliste, et une aile libérale aujourd’hui davantage incarnée par Emmanuel Macron. Pour autant, en matière de politique fiscale et budgétaire, tou·tes portent des propositions comparables dans une forme de surenchère sidérante et dangereuse. Attac, avec l’Observatoire de la justice fiscale, dresse ainsi le portrait de quatre programmes, qui communément, marquent une offensive sans précédent contre le « modèle social ».

    La synthèse du rapport de 30 pages (fichier pdf à disposition) :

    Une fiscalité en faveur des plus riches

    Aucun-e des candidat-es ne veut revenir sur le prélèvement forfaitaire unique (PFU) et l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui remplace l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et ne propose de procéder à une « revue des niches fiscales ». Tou-tes proposent de prolonger voire d’aggraver l’affaiblissement de la progressivité du système fiscal. Valérie Pécresse veut ainsi doubler le crédit d’impôt pour emploi d’un-e salairié-e à domicile, ce qui ne bénéficierait pas aux classes moyennes mais seulement aux plus aisés. Eric Zemmour veut doubler le quotient familial au profit des familles riches, les deux voulant aussi renforcer l’abattement sur la résidence principale à l’IFI. Un IFI que Marine Le Pen veut remplacer par un impôt sur la fortune financière. Ceci se traduirait par un report des placements sur l’immobilier, remplaçant la rente financière qu’Emmanuel Macron, Valérie Pécresse et Eric Zemmour proposent de favoriser par la rente immobilière.

    Les 4 candidat-es veulent aussi baisser les droits de donation et de succession, plus ou moins fortement selon les propositions. Aucun-e ne précise qu’il existe des abattements utilisés par les plus riches pour transmettre une part de leur patrimoine sans payer d’impôt et que les pauvres et les classes moyennes ne paient pas ces impôts, à de rares exceptions près (succession d’un parent lointain par exemple). Ces propositions auraient pour conséquence une explosion des inégalités de revenus et de patrimoines, celles-ci étant déjà en hausse.

    Une fiscalité en faveur des grandes entreprises

    Aucun-e des candidat-es ne veut remettre en cause les mesures d’Emmanuel Macron que constituent la baisse du taux nominal de l’impôt sur les sociétés (IS) et la baisse des impôts dits « de production » (soit les impôts locaux et sociaux des entreprises). Aucun-e ne souhaite remettre en cause les « niches fiscales » (qui bénéficient essentiellement aux grandes entreprises) de l’IS. Tou-tes veulent poursuivre la baisse des impôts de production, comme le réclame le Medef, voire renforcer des niches fiscales applicables à l’IS, comme le crédit d’impôt recherche dont le coût budgétaire record de 7,4 milliards d’euros est inversement proportionnel à son impact en matière de recherche...
    Mieux vaut être riche pour frauder (fort avec les faibles, faible avec les forts)

    Ces candidat-es ne veulent pas renforcer la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales mais préfèrent s’attaquer à la « fraude sociale », notamment la fraude aux prestations sociales. Celle-ci est estimée à 3 milliards d’euros, contre 20 milliards d’euros pour la fraude aux cotisations sociales (travail et revenus non déclarés) et 80 milliards d’euros pour la fraude fiscale. Tous les quatre omettent aussi de rappeler que le montant du non recours aux prestations sociales est bien supérieur à celui des fraudes aux prestations sociales : chaque année, plus de 10 milliards d’euros d’aides sociales ne sont pas réclamés par leurs potentiels bénéficiaires. Fort avec les faibles, faible avec les forts : voici l’orientation proposée.

    Pouvoir d’achat : l’illusion par le sous-financement de la protection sociale

    Aucun-e des candidat-es des inégalités ne propose de revaloriser le SMIC ni les salaires. Mais tou-tes promettent d’augmenter le pouvoir d’achat en réduisant les cotisations sociales salariales dans un tour de passe-passe synonyme de baisse des ressources de la Sécurité sociale. Il s’agit simplement de prendre d’une main ce qu’on fait semblant de donner de l’autre, pour éviter toute réelle revalorisation salariale.

    Vers un autre modèle social

    Aucun-e des 4 candidat-es ne veut revenir sur la réforme de l’assurance chômage d’Emmanuel Macron qui a pénalisé 1,2 million de demandeur-ses d’emploi. Valérie Pécresse veut même la durcir avec, entre autres, la suspension de l’indemnisation en cas d’un seul refus d’emploi ou de formation, ce qui reviendrait à forcer les chômeurs et chômeuses à accepter n’importe quel emploi.

    Tou-tes refusent de rehausser la part des dépenses de retraites dans le PIB. En proposant de « travailler plus longtemps », compte tenu des réalités démographiques et du taux d’emploi des plus de 55 ans, cela signifiera tout à la fois une période plus longue avec des revenus faibles, une pension de retraite plus basse et une période de retraite en bonne santé plus courte.

    En matière de politique familiale, si Emmanuel Macron est discret, les trois autres ne cachent pas des penchants traditionalistes voire xénophobes. Valérie Pécresse et Eric Zemmour veulent notamment l’universalité des allocations familiales, ce qui ne bénéficierait qu’aux familles riches, tandis que Marine Le Pen dit vouloir soutenir les « familles françaises » avec une subvention au troisième enfant.

    Une politique d’affaiblissement des services publics

    La réduction du périmètre et des moyens de l’action publique répond à la logique profonde d’ensemble des propositions de ces candidat-es. En affaiblissant le système de protection sociale et les services publics, ce seraient principalement les personnes pauvres et les classes « moyennes » qui en pâtiraient. Ce sont en effet essentiellement la protection sociale et les services publics qui permettent de diminuer les inégalités : par conséquent, en les affaiblissant, les inégalités ne pourraient qu’augmenter plus rapidement.

    Malgré leurs divergences, Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Eric Zemmour mèneraient une politique qui renforcerait l’injustice fiscale et sociale : elles et ils sont les « candidats des inégalités ».

    https://blogs.mediapart.fr/attac-france/blog/030322/macron-pecresse-le-pen-zemmour-qui-creusera-le-plus-les-inegalites

  • « Pour un retour de l’#honneur de nos gouvernants » : 20 #généraux appellent Macron à défendre le #patriotisme

    (attention : toxique)

    À l’initiative de #Jean-Pierre_Fabre-Bernadac, officier de carrière et responsable du site Place Armes, une vingtaine de généraux, une centaine de hauts-gradés et plus d’un millier d’autres militaires ont signé un appel pour un retour de l’honneur et du #devoir au sein de la classe politique. Valeurs actuelles diffuse avec leur autorisation la lettre empreinte de conviction et d’engagement de ces hommes attachés à leur pays.

    Monsieur le Président,
    Mesdames, Messieurs du gouvernement,
    Mesdames, Messieurs les parlementaires,

    L’heure est grave, la #France est en #péril, plusieurs #dangers_mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.

    Nos #drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d’étoffe, ils symbolisent la #tradition, à travers les âges, de ceux qui, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leurs confessions, ont servi la France et ont donné leur vie pour elle. Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d’or les mots « #Honneur_et_Patrie ». Or, notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du #délitement qui frappe notre #patrie.

    – Délitement qui, à travers un certain #antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une #haine entre les communautés. Aujourd’hui, certains parlent de #racialisme, d’#indigénisme et de #théories_décoloniales, mais à travers ces termes c’est la #guerre_raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa #culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s’en prennent-ils, par le biais de statues, à d’anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles.

    – Délitement qui, avec l’#islamisme et les #hordes_de_banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des #dogmes contraires à notre #constitution. Or, chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l’Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la #République ne s’appliquent pas.

    – Délitement, car la haine prend le pas sur la #fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les #forces_de_l’ordre comme agents supplétifs et boucs émissaires face à des Français en #gilets_jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre. Pourtant, ces dernières ne font qu’appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, gouvernants.

    Les #périls montent, la #violence s’accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or, nous, serviteurs de la #Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement – comme l’exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements des spectateurs passifs.

    Aussi, ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l’#éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d’appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà. N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos #silences coupables.

    Comme le disait le #cardinal_Mercier, primat de Belgique : « Quand la #prudence est partout, le #courage n’est nulle part. » Alors, Mesdames, Messieurs, assez d’atermoiements, l’heure est grave, le travail est colossal ; ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la #sauvegarde_de_la_nation.

    Par contre, si rien n’est entrepris, le #laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une #explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de #protection de nos #valeurs_civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.

    On le voit, il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce #chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la #responsabilité, se compteront par milliers.

    Les généraux signataires :

    Général de Corps d’Armée (ER) Christian PIQUEMAL (Légion Étrangère), général de Corps d’Armée (2S) Gilles BARRIE (Infanterie), général de Division (2S) François GAUBERT ancien Gouverneur militaire de Lille, général de Division (2S) Emmanuel de RICHOUFFTZ (Infanterie), général de Division (2S) Michel JOSLIN DE NORAY (Troupes de Marine), général de Brigade (2S) André COUSTOU (Infanterie), général de Brigade (2S) Philippe DESROUSSEAUX de MEDRANO (Train), général de Brigade Aérienne (2S) Antoine MARTINEZ (Armée de l’air), général de Brigade Aérienne (2S) Daniel GROSMAIRE (Armée de l’air), général de Brigade (2S) Robert JEANNEROD (Cavalerie), général de Brigade (2S) Pierre Dominique AIGUEPERSE (Infanterie), général de Brigade (2S) Roland DUBOIS (Transmissions), général de Brigade (2S) Dominique DELAWARDE (Infanterie), général de Brigade (2S) Jean Claude GROLIER (Artillerie), général de Brigade (2S) Norbert de CACQUERAY (Direction Générale de l’Armement), général de Brigade (2S) Roger PRIGENT (ALAT), général de Brigade (2S) Alfred LEBRETON (CAT), médecin Général (2S) Guy DURAND (Service de Santé des Armées), contre-amiral (2S) Gérard BALASTRE (Marine Nationale).

    https://www.valeursactuelles.com/politique/pour-un-retour-de-lhonneur-de-nos-gouvernants-20-generaux-appellen

    La une :

    #appel #généraux #valeurs_actuelles #lettre #lettre_ouverte #armée #soldats

    ping @isskein @karine4

    • 2022 : « l’étrange défaite » qui vient

      Pour Marc Bloch, auteur de L’Étrange défaite, la cause de la débâcle de juin 1940 n’était pas seulement militaire mais d’abord politique. De la même façon, le désastre annoncé de printemps 2022 n’est pas seulement de nature électorale. La débâcle de la démocratie se construit depuis des mois par une sorte de capitulation rampante et générale face à l’extrême droite.

      « Un jour viendra, tôt ou tard, où la France verra de nouveau s’épanouir la liberté de pensée et de jugement. Alors les dossiers cachés s’ouvriront ; les brumes, qu’autour du plus atroce effondrement de notre histoire commencent, dès maintenant, à accumuler tantôt l’ignorance et tantôt la mauvaise foi, se lèveront peu à peu . »

      Ainsi s’ouvre L’Étrange défaite écrite par Marc Bloch au lendemain de la capitulation de l’armée française en juin 1940. « À qui la faute ? », se demande-t-il. Quels mécanismes politiques ont conduit à ce désastre et à l’effondrement d’une République ? Si les militaires, et surtout l’état-major, sont aux premières loges des accusés, nul n’échappe à l’implacable regard de l’historien : ni les classes dirigeantes qui ont « préféré Hitler au Front Populaire », ni la presse mensongère, ni le pacifisme munichois, ni la gauche qui n’a pas eu besoin de ses adversaires pour ensevelir ce Front populaire qui fit si peur aux bourgeois.

      Les « brumes », l’aveuglement et la soumission passive aux récits des futurs vainqueurs ont conduit inexorablement à une #capitulation_anticipée. Comment ne pas y reconnaître la logique des moments sombres que nous vivons sidérés.

      La banalisation de la menace factieuse

      Sidérés, nous le sommes à coup sûr quand il faut attendre six jours pour qu’une menace de sédition militaire (http://www.regards.fr/politique/societe/article/lettre-des-generaux-un-texte-seditieux-qui-menace-la-republique) signée le 21 avril 2021 par une vingtaine de généraux en retraite, mais aussi par de nombreux officiers, commence à faire un peu réagir.

      Sidérés, nous le sommes par la légèreté de la réponse gouvernementale. Un tweet de la ministre des Armées (https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/04/25/la-gauche-s-insurge-contre-une-tribune-de-militaires-dans-valeurs-actuelles-) ne parle que « d’#irresponsabilité » de « généraux en retraite ». Pour #Florence_Parly le soutien que leur apporte Marine Le Pen « reflète une méconnaissance grave de l’institution militaire, inquiétant pour quelqu’un qui veut devenir cheffe des armées ». N’y aurait-il à voir que de l’irresponsabilité militaire et de l’incompétence politique ?

      Il faut attendre le lundi 26 avril pour que Agnès Runacher secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances s’avise (https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/un-quarteron-de-generaux-en-charentaises-la-tribune-de-militaires-dans-v) que le texte a été publié jour pour jour 60 ans après l’appel des généraux d’Alger. En parlant de « quarteron de généraux en charentaises », elle semble considérer que la simple paraphrase d’une expression de l’allocution de De Gaulle, le 23 avril 1961 suffira à protéger la démocratie. Ce dernier, plus martial, en uniforme, parlait surtout de « putsch » et d’un « groupe d’officiers ambitieux et fanatiques ».

      Sidérés, nous le sommes par le #silence persistant, cinq jours après la publication du texte factieux, de l’essentiel les leaders de la droite, du centre, de la gauche et des écologistes.

      Sidérés, nous sommes encore de l’isolement de ceux qui appellent un chat un chat tels Éric Coquerel, Benoît Hamon ou Jean Luc Mélenchon. Ce dernier rappelle au passage que l’article 413-3 du code pénal prévoit cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende pour provocation à la désobéissance des militaires.

      Sidérés, nous le sommes enfin, pendant une semaine, de la #banalisation de l’événement par des médias pourtant prompts à se saisir du buzz des « polémiques ». Le 25 avril (https://rmc.bfmtv.com/emission/tribunes-de-militaires-les-gens-n-ont-pas-confiance-dans-les-politiques-m), RMC/BFM, dans les Grandes Gueules, n’hésite pas à présenter l’appel sur fond de Marseillaise, à moquer « la gauche indignée » en citant Jean Luc Mélenchon et Éric Coquerel, et à débattre longuement avec l’initiateur du texte, Jean-Pierre Fabre-Bernadac. Jack Dion, ancien journaliste de L’Humanité (1970-2004), n’hésite pas à écrire (https://www.marianne.net/agora/les-signatures-de-marianne/malgre-ses-relents-putschistes-la-tribune-des-ex-generaux-met-le-doigt-la-) dans Marianne le 28 avril : « Malgré ses relents putschistes, la tribune des ex généraux met le doigt là où ça fait mal. » Il faut croire donc que cet appel factieux et menaçant ne fait pas polémique après l’appel à l’insurrection de Philippe de Villiers dont on oublie qu’il est le frère aîné d’un autre général ambitieux, Pierre de son prénom, chef d’état-major des armées de 2010 à 2017.

      Qui sont donc les ennemis que ces militaires appellent à combattre pour sauver « la Patrie » ? Qui sont les agents du « délitement de la France » ? Le premier ennemi désigné reprend mot pour mot les termes de l’appel des universitaires publié le 1 novembre 2020 sous le titre de « #Manifeste_des_100 » (https://manifestedes90.wixsite.com/monsite) : « un certain antiracisme » qui veut « la guerre raciale » au travers du « racialisme », « l’indigénisme » et les « théories décoloniales ». Le second ennemi est « l’islamisme et les hordes de banlieue » qui veulent soumettre des territoires « à des dogmes contraires à notre constitution ». Le troisième ennemi est constitué par « ces individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre » dont ils veulent faire des « boucs émissaires ».

      Chacune et chacun reconnaîtra facilement les islamo-gauchistes, les séparatistes et les black blocs, ces épouvantails stigmatisés, dénoncés, combattus par le pouvoir comme par une partie de l’opposition. Ce texte a au moins une vertu : il identifie clairement la nature fascisante des diatribes de Jean-Michel Blanquer, Gérald Darmanin ou Frédérique Vidal. Il renvoie à leur responsabilité celles et ceux qui gardent le silence, organisent le débat public autour de ces thématiques sur la scène médiatique, s’abstiennent à l’Assemblée sur des textes de loi à la logique islamophobe – quand ils ne votent pas pour –, signent des tribunes universitaires pour réclamer une police de la pensée. Il renvoie à ses responsabilités le Bureau national du Parti socialiste qui, dans sa résolution du 27 avril (https://partisocialiste92.fr/2021/04/27/resolution-du-bureau-national-a-la-suite-dune-tribune-de-militaire), persiste à affirmer « qu’il serait absurde de chercher à nier ces sujets qui nous font face » comme « ces #minorités_agissantes » qui prônent la « #désaffiliation_républicaine ».

      Baromètre incontesté des dérives intellectuelles, l’omniprésent #Michel_Onfray, aujourd’hui obsédé par la décadence de la France, ne partage-t-il pas le diagnostic des factieux ? Sa sentence du 27 avril dans la matinale d’Europe 1 (https://www.europe1.fr/societe/sur-le-terrorisme-la-parole-presidentielle-est-totalement-devaluee-estime-on), « l’intérêt de l’#islamo-gauchisme est de détruire la nation, la souveraineté nationale, la France, l’histoire de France, tout ce qui constitue la France », est immédiatement reprise par Valeurs actuelles (https://www.valeursactuelles.com/politique/pour-michel-onfray-linteret-de-lislamo-gauchisme-est-de-detruire-l). Quelques jours plus tôt, dans une envolée digne de Gérald Darmanin, il assénait au Point (https://www.lepoint.fr/debats/michel-onfray-on-a-un-seul-probleme-en-france-c-est-que-la-loi-n-est-pas-res) : « On a un seul problème en France, c’est que la loi n’est pas respectée ». Mais de quelle loi parle Michel Onfray quand il ajoute, à propos du verdict en appel du procès des jeunes de Viry-Châtillon : « Il y a des gens à qui on dit : […] peut-être que vous faites partie de ceux qui auraient pu tuer, mais la preuve n’est pas faite, on est pas sûr que c’est vous, allez, vous pouvez rentrer chez vous. L’affaire est terminée pour vous. » Pour Michel Onfray, le scandale n’est pas la mise en accusation délibérée d’innocents par une police en quête désespérée de coupables mais un principe de droit : la présomption d’innocence elle-même !

      La capitulation rampante

      Voilà où nous en sommes. Voilà pourquoi il est pour beaucoup si difficile de se scandaliser d’un appel factieux quand les ennemis désignés sont ceux-là même qui sont désignés à longueur d’antenne et de déclaration politique dans ce désastreux consensus « républicain » réunissant l’extrême droite, la droite et une partie de la gauche.

      Chacune et chacun y va de sa surenchère. #Anne_Hidalgo (https://www.nouvelobs.com/edito/20201125.OBS36577/derriere-la-gueguerre-entre-hidalgo-et-les-ecolos-la-pomme-de-discorde-de) enjoint les Verts « d’être au clair avec la République » à propos de la laïcité alors même que #Yannick_Jadot (https://www.lepoint.fr/politique/loi-contre-le-separatisme-la-gauche-denonce-un-texte-qui-ne-regle-rien-07-02) demande de « sortir de toute naïveté et de toute complaisance », pour « combattre l’islam politique », proposant de « contrôler les financements des associations » et de « renforcer tous les dispositifs sur le contrôle des réseaux sociaux ».

      La discussion et le vote de la loi sur le « séparatisme », puis les débats hallucinants sur l’organisation de « réunions non mixtes » au sein du syndicat étudiant Unef nous en a fourni un florilège. Pour le communiste #Stéphane_Peu (http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2021/02/separatisme-une-loi-equilibree-se-serait-attachee-a-renforc) comme pour le socialiste #Olivier_Faure (https://www.europe1.fr/politique/projet-de-loi-contre-les-separatismes-olivier-faure-craint-une-surenchere-40), la question n’est pas de combattre sur le fond la notion de « #séparatisme » mais de rester dans une « loi équilibrée » qui « renforce la #République » (Peu) et d’éviter « la surenchère » (Faure). L’un comme l’autre et comme nombre de députés de leurs groupes, s’abstiendront lors du vote à l’Assemblée nationale. Seule La France insoumise a sauvé l’honneur et dénoncé, notamment par la voix de #Clémentine_Autain (https://www.lepoint.fr/politique/loi-contre-le-separatisme-la-gauche-denonce-un-texte-qui-ne-regle-rien-07-02) dès le 16 février, une loi qui « ouvre la boîte de Pandore pour des idées qui stigmatisent et chassent les musulmans » et « nous tire vers l’agenda de l’extrême droite ».

      Si le débat parlementaire gomme un peu les aspérités, l’affaire des réunions « non mixtes » au sein de l’Unef est l’occasion d’un déferlement de sincérité imbécile. On n’en attendait pas moins de #Manuel_Valls (https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-22-mars-2021) qui s’empresse de poser l’argument clef de la curée : « Les réunions "racialisées" légitiment le concept de race ». Le lendemain #Marine_Le_Pen (https://www.francetvinfo.fr/politique/marine-le-pen/video-il-faut-poursuivre-l-unef-un-syndicat-qui-commet-des-actes-racist) le prend au mot et réclame des poursuites contre ces actes racistes. Anne Hidalgo (https://www.europe1.fr/politique/reunions-non-mixtes-a-lunef-cest-tres-dangereux-juge-anne-hidalgo-4032954) apporte sa voix contre une pratique qu’elle considère comme « très dangereuse » au nom de « ses convictions républicaines ». Olivier Faure (https://www.youtube.com/watch?v=rifRSrm7lpU

      ), moins « équilibré » que sur la loi contre le « séparatisme » renchérit comme « une dérive incroyable ».

      Quelle « dérive » ? Tout simplement « l’idée que sont légitimes à parler du racisme les seules personnes qui en sont victimes », alors que « c’est l’inverse qu’il faut chercher ». Dominés restez à votre place, nous parlerons pour vous ! Aimé Césaire dans sa lettre à Maurice Thorez (https://lmsi.net/Lettre-a-Maurice-Thorez), dénonçait ce qu’il nommait le « #fraternalisme » : « Un grand frère qui, imbu de sa supériorité et sûr de son expérience, vous prend la main pour vous conduire sur la route où il sait se trouver la Raison et le Progrès. » Or, ajoutait-il, « c’est très exactement ce dont nous ne voulons plus » car « nous ne (pouvons) donner à personne délégation pour penser pour nous. »

      Olivier Faure revendique un « #universalisme » que ne renierait pas le candidat communiste à la présidentielle, #Fabien_Roussel pour qui « les réunions segmentées selon la couleur de sa peau, sa religion ou son sexe, ça divise le combat ». Le PCF (https://www.pcf.fr/actualite_derri_re_les_attaques_contre_l_unef_une_d_rive_autoritaire_et_antid_mo) n’hésite pas à défendre en théorie l’Unef tout en se joignant cœur réactionnaire des condamnations de ses pratiques.

      #Audrey_Pulvar (https://www.lci.fr/politique/demander-a-une-personne-blanche-de-se-taire-dans-une-reunion-non-mixte-pulvar-cr) cherchant peut-être un compromis dans la présence maintenue mais silencieuse d’un blanc dans une réunion de personnes racisées, se prend une volée de bois vert du chœur des bonnes âmes universalistes. La « dilution dans l’universel » est bien « une façon de se perdre » comme l’écrivait encore Aimé Césaire en 1956.

      Ce chœur hystérisé, rien ne le fera taire, ni le rappel élémentaire d’#Eric_Coquerel (https://www.facebook.com/watch/?v=773978356575699) que les #groupes_de_parole sont « vieux comme le monde, comme le mouvement féministe, comme les alcooliques anonymes », ni la prise du conscience de l’énormité morale, politique et juridique des positions prises ainsi dans une émotion révélatrice.

      Refuser de comprendre que la parole des dominées et dominés a besoin de se constituer à l’abri des dominants, c’est nier, de fait, la #domination. Ce déni de la domination, et de sa #violence, est une violence supplémentaire infligée à celles et ceux qui la subissent.

      Au passage, une partie de la gauche a par ailleurs perdu un repère simple en matière de liberté : la liberté de réunion est la liberté de réunion. Elle n’est plus une liberté si elle est sous condition de surveillance par une présence « hétérogène ». À quand les réunions de salariés avec présence obligatoire du patron ? Les réunions de femmes avec présence obligatoire d’un homme ? Les réunions d’étudiants avec présence obligatoire d’un professeur ? Les réunions de locataires avec présence obligatoire du bailleur ? Les réunions d’antiracistes avec présence obligatoire d’un raciste ?

      Ces héritiers et héritières d’une longue tradition politique liée aux luttes sociales révèle ainsi leur déconnexion avec les mobilisation d’aujourd’hui, celles qui de #MeToo à Black Lives Matter ébranlent le monde et nous interrogent sur quelle humanité nous voulons être au moment où notre survie est officiellement en question. Ces mouvements de fond martèlent, 74 ans après Aimé Césaire, que « l’heure de nous-mêmes a sonné. »

      Nul doute, hélas, que ce qui fait ainsi dériver des femmes et des hommes issus de la #gauche, c’est le poids pas toujours avoué, mais prégnant et souvent irrationnel, de l’#islamophobie. Cette adhésion générale à un complotisme d’État (https://blogs.mediapart.fr/alain-bertho/blog/041220/l-etat-t-il-le-monopole-du-complotisme-legitime) touche plus fortement les espaces partisans, voire universitaires, que le monde associatif. On a pu le constater lors de la dissolution du #Collectif_contre_l’islamophobie_en_France (#CCIF) fin 2020 quand la fermeté les protestations de la Ligue des droits de l’Homme (https://blogs.mediapart.fr/gabas/blog/031220/ldh-dissolution-politique-du-ccif) ou d’Amnesty international (https://www.amnesty.fr/presse/france-la-fermeture-dune-association-antiraciste-e) n’a eu d’égale que la discrétion de la gauche politique. La palme du mois d’avril revient sans conteste à #Caroline_Fourest (https://twitter.com/i/status/1384567288922259467) qui lors du lancement des États Généraux de la Laïcité a pu déclarer sans frémir que « ce mot islamophobie a tué les dessinateurs de Charlie Hebdo et il a tué le professeur Samuel Paty ».

      Oui voilà ou nous en sommes. La menace d’une victoire du #Rassemblement_national ne se lit pas que dans les sondages. Elle se lit dans les #renoncements. Elle s’enracine dans la banalisation voire le partage de ses thématiques disciplinaires, de ses émotions islamophobes, de son vocabulaire même.

      L’évitement politique du réel

      Il faut vraiment vivre dans une bulle, au rythme de réseaux sociaux hégémonisés par l’extrême droite, loin des réalités des quartiers populaires, pour considérer que l’islam et les réunions non mixtes sont les causes premières du délitement des relations collectives et politiques dans ce pays.

      Quelle République, quelle démocratie, quelle liberté défend-on ici avec ces passions tristes ? Depuis plus d’un an, la réponse gouvernementale à l’épreuve sanitaire les a réduites à l’état de fantômes. L’#état_d’urgence sanitaire est reconduit de vague en vague de contamination. Notre vie est bornée par des contrôles, des interdictions et des attestations. Les décisions qui la règlent sont prises par quelques-uns dans le secret délibératif d’un Conseil de défense. Nous vivons suspendus aux annonces du président et de quelques ministres et, de plus de plus en plus, du président seul, autoproclamé expert omniscient en gestion de pandémie. Nous n’avons plus prise sur notre vie sociale, sur nos horaires, sur notre agenda, sur notre avenir même très proche. Nous n’avons plus de lieu de délibération, ces lieux qui des clubs révolutionnaires de 1789 aux ronds-points des gilets jaunes, en passant par la Place Tahrir et la Puerta Del Sol en 2011 sont l’ADN de la #démocratie.

      La violence de la menace létale mondiale que font peser sur nous le Covid et ses variants successifs nous fait espérer que cette épreuve prendra fin, que la parenthèse se refermera. Comme dans une période de guerre (https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/070221/stephane-audoin-rouzeau-nous-traversons-l-experience-la-plus-tragique-depu), cet espoir toujours déçu se renouvelle sans fin à chaque annonce moins pessimiste, à chaque communication gouvernementale sur les terrasses jusqu’à la déception suivante. Cette #précarité sans fin est un obstacle collectif à la #résistance_démocratique, à la critique sociale, idéologique et opératoire de cette période qui s’ouvre et sera sans doute durable. C’est bien dans ce manque politique douloureux que s’engouffrent tous les complotismes de Q-Anon à l’islamophobie d’État.

      Depuis le printemps 2020 (www.regards.fr/politique/societe/article/covid-19-un-an-deja-chronique-d-une-democratie-desarticulee), les partis d’opposition ont cessé d’être dans l’élaboration et la proposition politique en lien avec la situation sanitaire. Le monologue du pouvoir ne provoque plus sporadiquement que des réactions, jamais d’alternative stratégique ni sur la réponse hospitalière, ni sur la stratégie vaccinale, ni sur l’agenda des restrictions sociales. Même l’absence de publication, des semaines durant début 2021, des avis du Conseil scientifique n’émeut pas des politiques beaucoup plus préoccupés par les réunions non mixtes à l’Unef.

      Attac (https://france.attac.org/spip.php?page=recherche&recherche=covid) n’est pas beaucoup plus proactif malgré la publication sur son site en novembre 2020 d’un texte tout à fait pertinent de Jacques Testard sur la #démocratie_sanitaire. En général les think tanks sont plutôt discrets. L’Institut Montaigne est silencieux sur la stratégie sanitaire tout comme la Fondation Copernic qui n’y voit pas l’occasion de « mettre à l’endroit ce que le libéralisme fait fonctionner à l’envers ». Si le think tank Économie Santé des Échos déplore le manque de vision stratégique sanitaire, seule Terra Nova semble avoir engagé un véritable travail : une cinquantaine de contributions (https://tnova.fr/ckeditor_assets/attachments/218/terra-nova_dossier-de-presse_cycle-coronavirus-regards-sur-une-crise_2020.pdf), des propositions (https://tnova.fr/revues/covid-19-le-think-tank-terra-nova-fait-des-propositions-pour-limiter-les-conta) sur l’organisation de la rentrée scolaire du 26 avril 2021, des propositions sur la stratégie vaccinale…

      Pourquoi cette #inertie_collective sur les choix stratégiques ? Ce ne sont pas les sujets qui manquent tant la stratégie gouvernementale ressemble à tout sauf à une stratégie sanitaire. Sur le fond, aucun débat n’est ouvert sur le choix entre stratégie de cohabitation avec la maladie ou d’éradication virale. Ce débat aurait eu le mérite d’éclairer les incohérences gouvernementales comme la communication sur le « tester/tracer/isoler » de 2020 qui n’a été suivie d’aucun moyen opérationnel et humain nécessaire à sa mise en œuvre. Il aurait permis de discuter une stratégie vaccinale entièrement fondée sur l’âge (et donc la pression hospitalière) et non sur la circulation active du virus et la protection des métiers à risque. Cette stratégie a fait battre des records vaccinaux dans des territoires aux risques faibles et laissé à l’abandon les territoires les plus touchés par la surmortalité comme la Seine-Saint-Denis.

      Pourquoi cette inertie collective sur la démocratie sanitaire ? Les appels dans ce sens n’ont pourtant pas manqué à commencé par les recommandations du Conseil Scientifique dès mars 2020 : le texte de Jacques Testard (https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-25-automne-2020/debats/article/la-covid-la-science-et-le-citoyen), un article de The Conversation (https://theconversation.com/debat-quelles-lecons-de-democratie-tirer-de-la-pandemie-140157) au mois de juin 2020, l’excellent « tract » de #Barbara_Stiegler, De la démocratie en pandémie, paru chez Gallimard en janvier 2021 et assez bien relayé. Des propositions, voire des expérimentations, en termes de délibération et de construction collective des mesures sanitaires territorialisées, des contre expertises nationales basées sur des avis scientifiques et une mobilisation populaire auraient sans doute mobilisé de façon positive la polyphonie des exaspérations. On a préféré laisser réprimer la mobilisation lycéenne (https://blogs.mediapart.fr/alain-bertho/blog/181120/sommes-nous-aux-portes-de-la-nuit) pour de vraies mesures sanitaires en novembre 2020.

      Bref la construction de masse d’une alternative à l’incapacité autoritaire du pouvoir aurait pu, pourrait encore donner corps et usage à la démocratie, aujourd’hui désarticulée (https://blogs.mediapart.fr/alain-bertho/blog/160321/covid-un-deja-chronique-d-une-democratie-desarticulee), qu’il nous faut essayer de défendre, pourrait incarner la République dans des exigences sociales et une puissance populaire sans lesquelles elle risque toujours de n’être qu’un discours de domination.

      Une autre élection est-elle encore possible ?

      Entre cet étouffement démocratique de masse et l’immensité des choix de société suggérés au quotidien par la crise sanitaire, le grain à moudre ne manque pas pour des courants politiques héritiers d’une tradition émancipatrice. Leur responsabilité est immense quand l’humanité est mise au pied du mur de sa survie et de l’idée qu’elle se fait d’elle-même. Mais ces partis préfèrent eux aussi considérer la situation sanitaire comme une simple parenthèse à refermer, se projetant sur les échéances de 2022 comme pour oublier 2020 et 2021. Il est ahurissant de penser que, après 14 mois de pandémie, la politique sanitaire ne soit pas au centre des élections territoriales de ce printemps, sinon pour une question d’agenda.

      En « rêvant d’une autre élection » comme d’autres ont rêvé d’un autre monde, la gauche permet tout simplement au président en exercice de s’exonérer de son bilan dramatique : un système de santé et des soignantes et soignants mis en surchauffe des mois durant, une mise en suspens de milliers de soins parfois urgents, des dizaines de milliers de Covid longs, plus de 100.000 morts, des territoires et des populations délibérément sacrifiés, des inégalités devant la mort et la maladie largement calquées sur les inégalités sociales et les discriminations, une vie sociale dévastée, une démocratie en miettes, une faillite biopolitique structurelle.

      Comment lui en faire porter la responsabilité si on ne peut lui opposer aucune alternative ? Le pouvoir s’en réjouit d’avance et, renversant la charge de la preuve, semaine après semaine, somme chacune et chacun de présenter un bilan sur l’agenda qu’il déroule sans rencontrer beaucoup de résistance : les politiques sécuritaires et l’islamophobie d’État. Or, ce concours électoraliste du prix de la « laïcité », de la condamnation de l’islamisme, de la condamnation des formes contemporaines de lutte contre les discriminations, nous savons qui en sera la championne incontestée : elle en maîtrise à merveille les thématiques, le vocabulaire comme la véhémence.

      Voici ce que les sondages, jour après jour, mesurent et nous rappellent. Dans ces conditions, l’absence de dynamique unitaire à gauche n’est pas la cause de la défaite annoncée, elle est déjà le résultat d’une perte majoritaire de boussole politique, le résultat d’une sorte d’évitement du réel, le résultat d’un abandon.

      « L’étrange défaite » de juin 1940 a pris racine dans le ralliement des classes dirigeantes à la nécessité d’un pouvoir policier et discriminatoire. Nous y sommes. « L’étrange défaite » s’est nourrie de la pusillanimité d’une gauche désertant les vrais combats pour la démocratie, de la défense de l’Espagne républicaine au barrage contre un racisme aussi déchaîné qu’expiatoire. Nous y sommes sur les enjeux de notre temps. « L’étrange défaite » a été la fille du consensus munichois et de la capitulation anticipée. Nous y sommes. « L’étrange défaite » a été suivie de la mort d’une République. L’appel militaire du 21 avril en fait planer la menace.

      À l’exceptionnalité de la période traumatique qui bouleverse depuis 14 mois en profondeur nos repères politiques, sociaux et vitaux, s’ajoute l’exceptionnalité de l’échéance institutionnelle du printemps 2022. Il est dérisoire d’y voir la énième occasion de porter un message minoritaire, dérisoire de donner le spectacle d’une querelle d’egos, dérisoire de jouer à qui sera responsable de la défaite. Le salut ne sera pas dans un compromis défensif sans principe mais dans un sursaut collectif d’ambition.

      Il est temps de prendre la mesure du temps que nous vivons, car il est toujours temps de résister. Comme concluait Marc Bloch en septembre 1940, « peut-être est-ce une bonne chose d’être ainsi contraints de travailler dans la rage », car « est-ce à des soldats qu’il faut, sur un champ de bataille, conseiller la peur de l’aventure ? » Il ajoutait que « notre peuple mérite qu’on se fie à lui et qu’on le mette dans la confidence ».

      http://www.regards.fr/idees-culture/article/2022-l-etrange-defaite-qui-vient
      #non-mixité

  • [Note] L’indécent enrichissement des milliardaires français pendant la pandémie - Attac France
    https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports/article/note-l-indecent-enrichissement-des-milliardaires-francais-pendant-la-p

    Les dernières données publiées début avril par le magazine
    Forbes permettent de se faire une idée de l’évolution
    de la santé financière des ultra-riches depuis le début de
    la crise du Covid-19. De mars 2020 à mars 2021, la fortune
    des milliardaires français a augmenté de 170 milliards
    d’euros. Dans cette courte note, Attac France et Oxfam
    France analysent cet indécent enrichissement.

  • Émancipation et culture numérique - Attac France
    https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-27-printemps-2021/dossier-numerisation-et-transformation-des-rapports-sociaux/article/emancipation-et-culture-numerique

    Par Hervé Le Crosnier

    Le terme de « culture numérique » est de plus en plus largement employé, souvent avec des sens différents, ou pour des contextes divers. Il sera envisagé ici comme une forme de « critique numérique », ce qui est loin de vouloir dire qu’on n’aime pas le numérique ou qu’on le rejette. Un « critique de cinéma » doit aimer le cinéma, quitte à refuser de parler de certains films qu’il juge désastreux. Un « critique de science », dans le sens que lui donne Jacques Testart, est quelqu’un qui croit en la science, mais refuse les dérives de la technoscience. L’approche proposée ici pour la culture numérique est celle d’un regard critique porté à la fois comme une réflexion sur les structures du numérique et une réflexivité sur le positionnement de chacun et chacune par rapport aux usages.

    Sommaire

    1 - Définir la culture numérique
    2 – Internet et les mouvements sociaux
    3 – Des méga-corporations
    4 – Géopolitique du numérique
    5 – Comprendre pour agir
    6 – Penser l’écosystème numérique

    #Hervé_Le_Crosnier #Culture_numérique #Emancipation

  • La fraude à la TVA, socle du commerce en ligne
    https://www.mediapart.fr/journal/france/031220/la-fraude-la-tva-socle-du-commerce-en-ligne

    Une étude réalisée par l’organisation Attac met en lumière la fraude à la TVA qui accompagne les grandes places de marché en ligne, dont Amazon. Une pratique massive qui met en péril le commerce français. Ce 4 décembre aura lieu le « Black Friday », décalé d’une semaine en France pour cause de deuxième confinement. Ce décalage a été négocié par Bercy après la réouverture des commerces dits « non essentiels » pour ne pas trop pénaliser les commerçants français au regard des géants du numérique. Car, durant le (...)

    #bénéfices #Amazon #domination #fiscalité #fraude #consommation #ATTAC #CDiscount #eBay (...)

    ##fiscalité ##Wish

    • L’organisation non gouvernementale Attac avait, l’an passé, dévoilé que 57 % du chiffre d’affaires d’Amazon en France était logé dans des paradis fiscaux. Elle publie aujourd’hui une autre étude que Mediapart a pu se procurer et qui permet de mieux comprendre la logique prédatrice à l’œuvre et sa mécanique. Cette étude, disponible ici https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports/article/note-amazon-cdiscount-ebay-wish-fraude-massive-a-la-tva-sur-les-places, concerne la fraude à la TVA dans les places de marché du commerce en ligne.

      En principe, la TVA qui, rappelons-le, est l’impôt qui rapporte le plus aux recettes publiques (environ 126 milliards d’euros) doit être payée, dans l’Union européenne, dans le pays d’arrivée du bien vendu. Amazon, quoique formellement basée au Luxembourg, doit donc s’acquitter de la TVA française pour les produits vendus en France. Mais Amazon est aussi une plate-forme de marché où des vendeurs du monde entier proposent des produits au public français. Dans le cas des vendeurs de pays extérieurs à l’Union européenne, la législation prévoit qu’ils doivent s’enregistrer dans le pays d’arrivée pour acquitter la TVA lorsque les ventes dépassent 35 000 euros hors taxes par an. Mais cet enregistrement est obligatoire dès la première vente et lorsque le produit passe par un entrepôt français. C’est le cas de la plupart des produits vendus sur Amazon et expédiés par cette entreprise.

      Or l’étude d’Attac, qui s’appuie beaucoup sur un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) de 2019, rappelle que 98 % des vendeurs étrangers actifs sur les plate-formes n’étaient pas immatriculés à la TVA en France et donc ne versait pas cet impôt. Si cette obligation n’est jamais ou presque respectée dans l’e-commerce, c’est parce qu’elle est très difficile à contrôler compte tenu du flux de transactions générées par ces plate-formes. Ainsi, l’IGF a estimé que 538 vendeurs étaient immatriculés sur 24 459 au 31 décembre 2019…

      Il est donc très difficile d’évaluer les pertes pour les finances publiques. Attac a réalisé trois évaluations que Raphaël Pradeau, le porte-parole de l’organisation, qualifie lui-même de « prudentes ». La première utilise une méthode dite « descendante » qui consiste à appliquer le taux global de perte de recettes de TVA au commerce électronique. Cela amène à un chiffre compris entre 790 millions et 1,2 milliard d’euros. Mais c’est un chiffre plancher car, comme on vient de le voir, la pratique de la fraude à la TVA est beaucoup plus répandue dans ce secteur du commerce en ligne. La deuxième méthode, dite « mixte », part de la proportion de l’activité des places de marché dans l’activité globale des grands acteurs du commerce en ligne. Selon la Cour des comptes, cette proportion est en moyenne de 29 % (mais ce chiffre atteint 60 % pour Amazon). Cette méthode permet d’estimer une fraude minimale de 1,1 milliard d’euros. Là aussi, c’est une donnée « plancher » selon Attac.

      La dernière méthode pourrait être la plus proche de la réalité. Elle est qualifiée par Attac de méthode « ascendante » et consiste à extrapoler à partir des quelques données du contrôle fiscal rendues publiques par la Cour des comptes. Ces éléments permettent de construire une fourchette allant de 2,6 à 5,98 milliards d’euros annuels. Pour Attac, cela prouve que les calculs précédents représentent réellement des « montants planchers », une sorte de minimum absolu. L’organisation considère donc qu’il faut s’en tenir à une fourchette de 2 à 5 milliards d’euros par an de manque à gagner même si un chiffre de 4 à 5 milliards d’euros semble plus réaliste « au regard des spécificités du secteur » et du caractère systématique de la fraude à la TVA par les acteurs hors UE.

  • Amazon, Cdiscount, eBay, Wish… Fraude massive à la TVA sur les places de marché des acteurs du e-commerce
    https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports/article/note-amazon-cdiscount-ebay-wish-fraude-massive-a-la-tva-sur-les-places

    Une note d’Attac sur ces milliards qui échappent aux finances publiques et alimentent une concurrence déloyale. Alors que les confinements ont permis aux géants du commerce en ligne et à leurs marketplaces de voir leur chiffre d’affaires exploser, ces grandes entreprises (dont Amazon, Cdiscount, eBay ou encore Wish) sont accusées de profiter de fraudes massives à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Dans une note publiée ce jeudi 3 décembre, veille de Black Friday, Attac révèle l’ampleur de cette (...)

    #Amazon #CDiscount #eBay #Wish #domination #fiscalité #fraude #bénéfices #consommation (...)

    ##fiscalité ##ATTAC

  • Pour réfléchir à « l’après », une typologie des socialismes par l’économiste Thomas Coutrot :

    Dans cet article, Thomas Coutrot revient sur les modèles de socialisme et tente d’en faire un état de l’art. Il les discute et estime que la voie autogestionnaire est la plus conséquente.
    Marx n’a pas laissé le mode d’emploi de la société de producteurs librement associés qu’il envisageait comme futur de l’humanité. D’une certaine façon, le modèle de la planification centralisée soviétique ne découle pas plus directement de Marx que celui du capitalisme monopoliste de Smith : c’est l’évolution des faits économiques et des stratégies politiques qui a façonné à la fois ces régimes économiques et les théories qui ont accompagné leur développement. Depuis longtemps, des auteurs marxistes ont contesté que le modèle soviétique soit la seule, la meilleure, ou même une manière de réaliser l’idéal socialiste. Le débat entre partisans et adversaires du socialisme, mais aussi entre marxistes, s’est focalisé tout au long du XXe siècle sur l’opposition entre plan et marché. Alors que les adversaires du socialisme condamnaient celui-ci à l’inefficacité parce qu’il supprimait le marché, certains de ses défenseurs ont repris le flambeau du marché pour montrer qu’on pouvait le mettre au service du socialisme.
    [...]

    https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-23-printemps-2020/dossier-la-planification-pour-la-transition-sociale-et-ecologique/article/socialisme-marches-autogestion-un-etat-du-debat?pk_campaign=Infolettre

    #socialisme #économie #alternatives #marché

  • [Nouveau rapport] Impunité fiscale, sociale et environnementale : immersion dans le modèle Amazon - Attac France
    https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports/article/nouveau-rapport-impunite-fiscale-sociale-et-environnementale-immersion

    Évasion fiscale massive, développement d’entrepôts entièrement robotisés, livraisons par drones, repas fournis en moins de 30 minutes, salarié·e·s sous surveillance, reconnaissance faciale, destruction d’invendus... Le monde selon Amazon, première capitalisation boursière au monde, semble s’inspirer d’une science-fiction. C’est pourtant une réalité chaque jour plus concrète. Découvrez le nouveau rapport d’Attac, des Amis de la Terre et de l’Union syndicale Solidaires.

    Cette position invasive et omnipotente, Amazon a pu l’acquérir en s’affranchissant d’une série de règles et de lois. Jeff Bezos, multimilliardaire à la tête de la firme, a su construire sa suprématie au détriment du respect des normes les plus élémentaires.

    Dans ce rapport, Attac France, les Amis de la Terre et l’Union syndicale Solidaires démontrent, chiffres et données à l’appui, l’impunité fiscale, sociale et environnementale dont jouit Amazon depuis de trop nombreuses années. Cette étude présente une série d’indicateurs qui éclairent sur l’impact écologique et économique sur les territoires.

    Enfin, il met enfin en évidence une série de pratiques illégitimes de la multinationale : du chantage à l’emploi sur des élu·e·s jusqu’à l’organisation de la gentrification de quartiers entiers à Seattle.

    Dans ce rapport il est notamment démontré que :

    Amazon dissimule 57% de son chiffre d’affaires réalisé en France, selon nos estimations, ce qui lui permet de pratiquer une évasion fiscale massive en déplaçant une grande partie de ses bénéfices vers l’étranger. Cela a bien sûr des impacts négatifs sur les recettes fiscales des États où est présent Amazon, mais ce recours massif aux paradis fiscaux renforce également la position prédominante d’Amazon vis-à-vis de ses concurrents, plus petits, qui paient en proportion de leur activité davantage d’impôts.

    Le monde selon Amazon n’est pas viable : d’après nos calculs, Amazon Web Services a émis 55,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre en 2018, soit l’équivalent des émissions du Portugal ; les pratiques de la firme occasionnent un gaspillage considérable : 3 millions de produits neufs ont été détruits par Amazon en France en 2018.

    #Amazon développe sa présence en France en faisant travailler majoritairement des personnes ayant des contrats précaires, notamment en intérim, qui s’épuisent dans des entrepôts gigantesques. En mesurant l’impact net d’Amazon sur l’emploi aux États-Unis où la multinationale est implantée depuis plus longtemps, on constate que pour 1 emploi créé par Amazon, 2 emplois sont détruits.

    Mais parce que la marche d’Amazon n’est pas inéluctable, ce rapport s’attache aussi à présenter plusieurs luttes inspirantes, qui, partout autour du globe, s’opposent aux méfaits de la multinationale, avec à la clef, quelques victoires.

    https://france.attac.org/IMG/pdf/amz-pap.pdf
    #vente_en_ligne #consommation #consumérisme

    • Sorry We Missed You - Mon blog sur l’écologie politique
      http://blog.ecologie-politique.eu/post/Sorry-We-Missed-You

      À mesure que la vente en ligne se massifie, les camionnettes se multiplient dans les villes pour livrer ces petits colis. Aujourd’hui on considère que sur la somme des véhicules en ville, 20 % sont occupés à faire des livraisons, qu’ils occupent 30 % de la voirie et émettent 30 % des gaz à effet de serre. C’est un chiffre qui concerne aussi les livraisons pour les magasins et les véhicules de la Poste, des activités logistiques indispensables. Alors que les livraisons aux particuliers, en pleine croissance, répondent à des besoins discutables, sont inefficaces (la camionnette de Ricky est surdimensionnée) et reposent sur deux ressources bradées : le pétrole et le travail prolétaire. Les emplois sont occupés par des hommes de classes populaires mais les client·es qui achètent en deux clics sont n’importe qui – y compris les classes aisées de centre-ville qui réclament les rues pour des usages plus sympathiques (vélo et transports doux).

  • Total : les quatre chiffres qui résument sa toxicité pour les gens et pour la planète
    https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports/article/total-les-quatre-chiffres-qui-resument-sa-toxicite-pour-les-gens-et-po

    Au moment même où se tient le Sommet sur le climat de l’ONU à New York, le groupe pétrolier français Total organisait son « Investors’ Day », une journée d’information dédiée aux marchés financiers. Coïncidence ou provocation ? Le PDG Patrick Pouyanné a profité de cette occasion pour annoncer une nouvelle hausse des dividendes versés par son groupe à l’avenir, alors que Total est déjà le champion toutes catégories dans ce domaine, et continue d’ouvrir de nouveaux gisements de pétrole et de gaz partout dans le monde. Le message est clair : les profits auront toujours la priorité sur la préservation du climat. Quatre chiffres, extraits du rapport : « CAC40 : le véritable bilan annuel », publié par l’Observatoire des multinationales, mettent en évidence le lourd fardeau économique qu’une multinationale comme (...)

  • La “taxe GAFA”, une fausse solution à l’évasion fiscale
    https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports/article/la-taxe-gafa-une-fausse-solution-a-l-evasion-fiscale

    Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) [1] sont aujourd’hui les plus grandes entreprises du monde par leur capitalisation boursière, mais il est de notoriété publique qu’elles sont aussi les championnes de l’évasion fiscale. Les géants du numérique parviennent d’autant mieux à délocaliser leurs profits dans les paradis fiscaux qu’ils exercent des activités immatérielles, dont il est difficile d’évaluer le (...)

    #Apple #Google #Microsoft #Amazon #Facebook #bénéfices #taxation #ATTAC

  • Manifeste contre la géo-ingénierie : bas les pattes ! - Attac France
    https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports/article/manifeste-contre-la-geo-ingenierie-bas-les-pattes

    Plus de 110 organisations du monde entier, provenant de 5 continents, dont Attac France, publient à l’occasion de la réunion du GIEC en Corée du Sud un manifeste exigeant l’arrêt immédiat des expériences de géo-ingéniérie actuelles et prévues dans les mois à venir et l’interdiction pure et simple de la géo-ingéniérie. Cet ensemble de solutions techniques à grande échelle visant à bloquer une partie des rayons du soleil, réfléchir la lumière du soleil ou capturer les émissions de gaz à effet de serre, avec des effets dévastateurs sur l’environnement, les écosystèmes et les communautés du monde entier. A l ’occasion de la publication du rapport du GIEC sur le 1.5°C, cette coalition d’organisation appelle à déployer les solutions déjà éprouvées et moins risquées, mais qui restent marginalisées dans les délibérations sur le changement climatique.

    #Géoengineering #Hubris_scientifique

    • L’auteur, Maxime Combes, sur FB

      Bon, ce soir, c’est l’halu complète après avoir vu mon tableau rapidement fait sur les propositions alternatives à la baisse de l’APL dans le Zapping de FRANCE 2 après avoir été diffusé par TéléMatin. L’halu car :

      – toute l’année tu t’évertues (pas tout seul, avec tes collègues, ami.e.s, etc) à rédiger des notes ou des rapports précis, documentés, argumentées, en prenant du temps et en vérifiant 10 fois toutes les infos, et ça passe généralement quasi inaperçu ;

      – un dimanche de juillet, après 130 km de vélo dans le Pilat (donc physiquement assez naze) (poke Jean-Baptiste Combes Benoit Kubiak Seb Lepoulpe ou Michael Sarkissian :-) ), en regardant les infos, tu fais un tableau sur un coin de table, vite fait (vraiment - tu écartes même des options possibles et parlantes car tu ne souhaites pas passer la soirée à trouver les bonnes stats récentes), que tu envoies à tes collègues d’attac, qui ne sont pas trop en ligne et réactifs sur le fond (normal, mois de juillet, dimanche soir, tout ça) et, le lundi matin venu, tu le postes sur Twitter, vite fait, et sur Facebook ; et là tout s’enchaîne : des milliers de RT et de partage en quelques heures (comme jamais eu), des articles de presse (que les journalistes t’appellent ou pas) jusqu’à être repris dans le Zapping de France2 (sans mention de l’auteur, mais rien que le fait de voir le tableau avec ton vert moche issu d’open office => halu) ; (entre temps, des vieux potes de primaire, de collège, de lycée, ou de vélo, etc. te recontactent :-) )

      – après tu réfléchis deux secondes et tu t’interroges : pourquoi tant d’emballement pour un tableau finalement très sommaire, pas sourcé, avec quelques approximations (les avez-vous toutes trouvées ? :-) ), une grosse faute d’orthographe dans le titre et surtout, alors que je ne suis ni spécialiste des APL ou de la politique du logement, et guère plus des politiques fiscales (la preuve, j’ai oublié de mentionner plein de choses très frappantes : niches fiscales, etc) ; tu t’interroges aussi pour savoir si c’est ton rôle alors qu’il y a des ONG spécialistes des politiques de logement (Emmaüs France, Fondation Abbé Pierre DAL - Droit Au Logement etc, avec plein de gens qui maîtrisent le sujet comme l’ami Manuel Domergue) ou d’autres maîtrisant mieux les enjeux de fiscalité (même si là, j’ai prétention à une petite expertise) ; tu t’interroges aussi sur le fonctionnement des médias, sur le rôle « d’expert » et de l’expertise (comme s’il fallait dépolitiser toute expertise pour avoir droit de citation), sur l’importance de cette période particulière de l’été où les rédactions sont moins fournies et les « experts » moins disponibles ; tu te demandes également pourquoi tant de gens te remercient pour ce tout petit tableau (alors que, par exemple, le rapport Rendez l’argent de Attac France (Officiel) n’avait pas généré tant d’emballement : https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports/article/rendez-l-argent ) comme s’il suffisait de trois chiffres pour se donner de l’air et avoir les outils nécessaires (ce qui n’est pas le cas) pour répondre sur les réseaux sociaux aux décisions du gouvernement ;

      – et finalement, tu restes avec toutes ces questions, sans les avoir résolues, assez déstabilisé (y compris parce que tu réfléchis à ce moment-là à ton propre avenir perso et à l’inflexion donner à tes propres engagements et ton avenir professionnel), et convaincu d’une seule chose : si les réseaux sociaux amplifient nécessairement de tels phénomènes d’emballement, ce moment bizarre confirme qu’une grande partie de notre tâche collective n’est pas seulement de produire de l’expertise et montrer que des propositions alternatives existent, mais d’en faire la base d’un engagement collectif pour qu’elles n’existent pas seulement dans le monde des idées (ou celui hypertrophié des medias et des réseaux sociaux) mais qu’elles existent comme des faits sociaux, comme des propositions portées par des sujets collectifs qui soient en mesure de renverser ce que nous avons un temps appelé la pensée unique. Vaste programme.

      Au final, si vous avez vu ce tableau ailleurs que sur France2, Capital, Le Figaro, Libé ou Le Huff, n’hésitez pas à me le signaler (juste pour ma gouverne et essayer de comprendre ce qu’il s’est passé).

      Le plus important (Nicolas Haeringer Wilfried Maurin Ed Ouard Amélie Canonne Julien Rivoire Alix Mazounie Raphaël Pradeau Guillaume Durin Frédéric Lemaire Anabella Rosemberg Juli Chan Victor Vauquois et les autres) : si vous avez des remarques, des réponses à mes questions, des propositions (y compris pour mon venir professionnel :-) ), surtout n’hésitez pas :-). Notamment si ça permet d’éclaircir les idées sur les priorités que l’on doit se donner les prochains mois.

      Et d’ici à ce que je vous croise ici ou là, passez un bel été.

  • [Paris] Réunion d’information et de débat
    « Le revenu universel d’un point de vue féministe :
    Progrès ou régression pour les femmes ? »
    Jeudi 2 mars à 19 h
    https://paris.demosphere.eu/rv/53354

    Dans le contexte actuel de chômage, de montée des inégalités et de la précarité - qui concernent particulièrement les femmes -, on observe un intérêt croissant pour la proposition de revenu universel (ou revenu d’existence, ou revenu de base). Cette idée séduit à gauche comme à droite, même si dans les faits, il y a de vraies divergences entre les différents projets, portant sur le montant du revenu, sur son mode de financement, sur les prestations de solidarité nationale et de protection sociale qu’il remplacerait.

    Se déclarer en faveur d’un revenu d’existence sans conditions - ni de ressources, ni d’emploi, ni de démarche d’insertion dans l’emploi - apparaît progressiste et séduit y compris les milieux militants de gauche. Il est en effet indispensable de répondre à l’urgence des situations de pauvreté et de précarité : le revenu universel est-il la réponse ?

    Enfin - et c’est ce sur quoi nous souhaitons plus particulièrement mettre l’accent lors de cette réunion -, alors que les propositions de revenu universel ne sont pas neutres du point de vue du genre, le point aveugle des discussions sur ce sujet reste la question des femmes :

    un revenu universel serait-il neutre pour l’autonomie des femmes et pour leur émancipation ?

    La Commission Genre d’Attac, le Collectif national pour les droits des femmes, Osez le féminisme vous proposent de venir en débattre avec nous :
    Jeudi 2 mars à 19 h
    Bourse du travail (la salle sera précisée ultérieurement)
    3 Rue du Château d’Eau, 75010 Paris

    Avec

    Christiane Marty (Fondation Copernic),
    Céline Piques (Osez le Féminisme !),
    Stéphanie Treillet (Commission Genre d’Attac)

    La réunion sera présidée par Suzy Rojtman (CNDF)

    #RdB #féminisme

  • La démocratie, une philosophie paysanne - Attac France

    Mettre en relation les paysans et l’essor des démocraties dans le monde, c’est donner du relief à diverses perplexités souvent occultées. C’est d’abord constater que les paysans ont été exclus de l’histoire, qui a progressivement mené à l’établissement des démocraties libérales et des pratiques qui s’inspirent des valeurs de liberté, d’égalité, d’individualité, d’indépendance, ou encore d’auto-gouvernement. Pourquoi ? Deuxièmement, c’est rechercher dans le fait même de cultiver la terre ce qui est aussi culture de soi et culture de la communauté, « civilisation ». Et c’est enfin affirmer que sans les paysans, sans leur face-à-face avec la terre cultivée et les solidarités qui s’en dégagent, l’écologie qui est aujourd’hui un programme urgent à réaliser, ne pourra pas être pleinement démocratique.

    #démocratie #paysannerie #philosophie #culture #écologie

    https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-10-ete-2016/dossier-droits-justice-et-democratie/article/la-democratie-une-philosophie-paysanne

  • Petit guide pour contrer la propagande en faveur du CETA / AECG - Attac France
    https://france.attac.org/nos-publications/brochures/article/petit-guide-pour-contrer-la-propagande-en-faveur-du-ceta-aecg?pk_campa

    Entre mai 2009 et septembre 2014, l’Union européenne (UE) et le Canada ont négocié un accord de libre-échange, l’Accord économique et commercial global (AECG, en anglais « CETA »). Au même titre que le projet de « Partenariat » transatlantique actuellement en cours de négociation entre les États-Unis et l’UE (TAFTA/PTCI) [1] , et que l’Accord de partenariat transpacifique (PTP/TPP), le CETA/AECG est un accord commercial et d’investissement dont les négociations se sont déroulées dans une parfaite opacité.

    Loin des regards des peuples européens et canadien, la Commission européenne, au nom des 28 États membres de l’UE, et le gouvernement canadien sont sur le point de sceller cet accord. Conformément aux vœux des lobbies des multinationales qui en sont à l’origine, il vise à démanteler toute forme de « barrière au commerce et à l’investissement » afin de « fluidifier » les échanges entre les deux rives de l’Atlantique.

    La ratification pourrait aller très vite et il faut être vigilant au sujet de ce traité, moins médiatiquement connu que le TAFTA mais au contenu tout aussi dangereux !