La « blanche fureur » de Pierre Péan

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  • Des analyses sur le livre La « blanche fureur » de Pierre Péan - Les mots sont importants (lmsi.net)

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    Ce billet date de 2006, il a été signalé par le bougnoulosophe que je remercie, cela m’a permis de redécouvrir l’analyse de Colette Braeckman. Ces contributions sont à relire attentivement, dans quatre mois, ce sera le 20e anniversaire du début du génocide au Rwanda. A cette époque, Saint-Ex était encore journaliste au Figaro.

    Rwanda, l’enquête inachevée (Par Colette Braeckman) [6]

    Autant être clair : le génocide des Tutsis au Rwanda, d’avril à juillet 1994, n’est pas un sujet de polémique. C’est une réalité, confirmée par d’innombrables témoignages, enquêtes et rapports, par des récits, des accusations, des aveux. Les faits sont précis, concordants, vérifiés : plus de 800 000 Tutsis ont été mis à mort en trois mois, de manière systématique, grâce à des listes, des dénonciations, des chasses à l’homme, avec des armes à feu et des machettes qui avaient été depuis longtemps distribuées à des miliciens formés pour tuer.

    [...]

    Lorsque, en décembre 1993, le contingent français se retire, cédant la place aux 500 casques bleus censés faire appliquer les accords de paix d’Arusha, il laisse au Rwanda des « coopérants militaires » en civil (25 officiellement et sans doute le double) dont on ignore à quoi ils s’occupent aux côtés de leurs alliés hutus.

    Malgré l’embargo, les livraisons d’armes se poursuivent, non seulement jusqu’à la veille du génocide, mais bien après qu’il a commencé : des observateurs onusiens relèvent que les avions de l’opération Amaryllis, venus pour évacuer les expatriés, déposent des caisses d’armes sur le tarmac de l’aéroport.

    Même lorsque ses alliés hutus se lancent dans le massacre systématique des Tutsis et que les corps s’amoncellent, enlevés dans les rues de Kigali par les bennes de la voirie, la coopération militaire française ne désavoue pas ses alliés : en mai encore, six semaines après le début du génocide, le général Huchon promet à un émissaire rwandais, le colonel Ephrem Rwabalinda, de lui livrer non seulement des munitions, mais des postes sécurisés, afin d’assurer les communications directes entre l’état-major français et ses alliés, dont les troupes passent plus de temps à massacrer et à piller qu’à se battre.

    Rappeler tout cela, ce n’est pas adopter une position antifrançaise : c’est aligner des faits réels, observés sur le terrain, c’est s’interroger sur la pertinence et les raisons d’un tel soutien. Ces questions n’occultent en rien le fait qu’en face, la guerre menée par le FPR fut impitoyable, qu’elle charria des crimes et des massacres dont l’ampleur ne se révéla qu’au fil du temps.

    Et voilà. Heureusement qu’on a Colette.

    #rwanda #génocide

  • Mourir de rire avec Canal +

    « Ah ce qu’on allait rire ! C’était sur Canal +, vendredi 20 décembre. Ça s’appelait le Débarquement. Tous ceux qui font rire étaient là. Le grand soir du rire. Tous les rieurs qui avaient payé leur abonnement étaient, dans leur canapé, bien décidés à mourir de rire. Alors a-t-on de quoi rire ? Voyons, voyons : pourquoi pas un génocide ? C’est ce qui fait encore le plus rire en ces temps de déprime. Pour la Shoah, c’est trop tard, il y a quelqu’un qui s’y colle. Heureusement, il reste le Rwanda. C’est loin le Rwanda, c’est en Afrique, un petit génocide, tout juste un petit million de morts.

    Mais attention, chers téléspectateurs, ne croyez pas que sur Canal + on ose se moquer d’un génocide même africain. Vous n’y êtes pas. On se moque gentiment d’une de ces émissions où une vedette ou assimilée comme telle va passer un week-end chez les sauvages, des primitifs, quoi ! des peuples premiers si vous préférez ! La vedette ou son équivalent habite leurs cases inhabitables,mange leur nourriture immangeable… A la fin, les sauvages sont devenus bien sympathiques et la vedette bien courageuse… »

    http://www.liberation.fr/monde/2013/12/29/canal-a-mourir-de-rire_969525