Si Dan Gilbert impressionne, il laisse certains sceptiques. « Deux Détroit coexistent aujourd’hui, le premier qui s’étend sur 5 % du territoire est fréquenté par la même #classe moyenne entrepreuneuriale et créative que celle de San Francisco, explique Brent Ryan, spécialiste du développement urbain au Massachusetts Institute of Technology. Dan Gilbert a bien compris ce qu’elle voulait et a les moyens de prendre le risque financier, faible, pour lui proposer des lofts, des restaurants et des espaces de vie… Mais ce n’est pas encore assez pour modifier l’avenir de l’autre Détroit, celui qui concentre tous les problèmes : absence de services publics, chômage, pauvreté, violence… »
Pour Détroit, qui a vu sa population passer de 1,8 million à 700 000 en trente ans, la solution choisie par les pouvoirs publics est de concentrer les populations dans certains quartiers et de supprimer les dizaines de milliers de maisons en ruine. Des fonds ont été alloués et un conseil a été nommé pour gérer cet effort de plusieurs années. On y retrouve… Dan Gilbert.
« Les infrastructures d’eau, d’électricité sont en place. Si l’on libère ces terrains des ruines, que l’on réinstalle des écoles, un commissariat de police et que l’on reconstruit des maisons, on peut y arriver, assure Dan Gilbert. Dans cinq à sept ans, la #ville aura changé complètement. Je le sens ! »
Je pense que ce qui arrive à Détroit préfigure ce qui est vraiment voulu aujourd’hui : la privatisation d’espaces privilégiés et bien irrigués en service, à destination d’une élite argentée et le reste voué à l’abandon et la destruction. Bien sûr, on ne parle QUE d’immeubles, jamais des gens, surtout quand il s’agit de raser les quartiers pauvres pour faire « place nette ».
Et, à mon sens, tout est dans ce silence.