• #Economie

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    –Naufrage de l’orthodoxie économique, par Paul Ormerod (Le Monde diplomatique, juillet 1996)
    http://www.monde-diplomatique.fr/1996/07/ORMEROD/5629

    Police de la pensée économique à l’Université, par Laura Raim (Le Monde diplomatique, juillet 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/07/RAIM/53196

    Gilles RAVEAUD Blog : L’Association française d’économie politique réagit au délire de Pierre Cahuc et d’André Zylberberg
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2016/09/07/lassociation-francaise-deconomie-politique-reagit-au-delire

    "deux économistes parés des plus hauts titres universitaires et de recherche, viennent de publier un ouvrage intitulé… “Le négationnisme économique, et comment s’en débarrasser”.

    Faut-il mettre fin aux débats en sciences économiques ? | Les Économistes Atterrés
    http://www.atterres.org/article/faut-il-mettre-fin-aux-d%C3%A9bats-en-sciences-%C3%A9conomiques

    « Si le procédé consistant à frapper d’anathèmes les analyses contestant l’orthodoxie économique est connu, jamais l’attaque n’a été d’un aussi bas niveau. »

    Principaux courants et théories économiques (Le Monde diplomatique, juillet 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/courantseco

    –L’économie comme on ne vous l’a jamais expliquée, par Renaud Lambert & Hélène Richard (Le Monde diplomatique, septembre 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/09/LAMBERT/56201

    "D’ordinaire, augmenter le taux des prélèvements obligatoires accroît les recettes de l’État. Sous le climat néoclassique, au contraire, cela revient… à les réduire, puisque toutes sortes de mécanismes d’évasion et de niches fiscales permettent aux contribuables de refuser des impôts qu’ils jugent soudain trop élevés. La sagesse locale milite donc pour la plus grande prudence en la matière."

    "Mais la Grèce appartient au monde réel, et la recette néoclassique a fait bondir la dette. Pouvait-on vraiment s’en étonner, lorsque les mêmes prescriptions avaient conduit aux mêmes afflictions trente ans plus tôt en Amérique latine ?"

    "Infalsifiable, leur modèle n’échoue jamais — un privilège qui garantit une confortable légitimité. À charge pour la réalité de s’adapter."

    "Conclusion stratégique du très optimiste père de cette théorie, Robert Lucas : il fallait déréguler toujours davantage les marchés financiers. En 2003, Lucas considérait que ses appels avaient été entendus et déclarait devant l’American Economic Association que le problème des dépressions était « résolu, et pour de nombreuses années »."

    "Au cœur de la tempête, le dogme néolibéral ressemble parfois au roseau de la fable : il plie, et les « experts » aménagent leurs convictions. Quand la foudre a menacé l’euro, la Banque centrale européenne (BCE) a levé le tabou monétariste qui la guidait en rachetant massivement des obligations d’État."

    "c’est qu’il s’agissait de sauver l’essentiel : maintenir les affaires économiques à l’abri d’une démocratie jugée trop versatile. (...) Le sabir économique (qui recèle des trésors d’euphémismes) parle de « crédibilité » des politiques menées. Entendre : l’abdication par les élus de leur pouvoir de décision au profit de règles préétablies, comme les traités européens. Les capitaux sont autorisés à déstabiliser un pays (...). À la liberté dont ils jouissent répond désormais le carcan appliqué à la démocratie (...) dont les fondements théoriques surprennent parfois par leur désinvolture. Ainsi, un étrange plafond limite les déficits publics à 3 % du produit intérieur brut (PIB) au sein de la zone euro.

    Et, lorsque la potion du Fonds monétaire international (FMI) n’a pas donné les résultats escomptés en Grèce, c’est qu’Athènes s’est montré trop timoré, comme le suggère la directrice du FMI Christine Lagarde, sourde aux revirements du département de la recherche de sa propre institution : « Une des raisons pour lesquelles le programme grec a été beaucoup moins réussi [que ceux de la Lettonie ou de l’Irlande], c’est qu’il y a eu une résistance des gouvernements successifs (1).  »"

    Quand Messieurs Cahuc et Zylberberg découvrent la science | AlterEco+ Alterecoplus
    http://www.alterecoplus.fr/quand-messieurs-cahuc-et-zylberberg-decouvrent-la-science/00012139

    "la thèse qui est au cœur du livre : « depuis plus de trois décennies, l’économie est devenue une science expérimentale dans le sens plein du terme comme la physique, la biologie, la médecine ou la climatologie. »"

    "Je signale ce point parce qu’une des conclusions centrales du livre est que « Pour ne pas se faire abuser par des informations pseudo-scientifiques, en économie comme dans tout autre domaine, il y a quelques principes à respecter ». Quels sont-ils ? « Une précaution minimale consiste à s’assurer que ces informations sont extraites de textes publiés par des revues scientifiques reconnues »."

    "Vous chercherez en vain dans l’ensemble de leurs travaux le moindre article consacré à la méthode expérimentale en économie. Ils n’ont jamais rien publié sur ce sujet. Ce livre est leur première incursion dans ce domaine de telle sorte que, si l’on suit leurs propres critères, leurs analyses doivent être rejetées. Nous sommes face à un livre qui contient sa propre réfutation ! Et nous verrons, en effet, dans ce qui suit qu’il y a tout lieu d’être plus que sceptiques quant aux capacités de nos deux auteurs en matière d’épistémologie."

    "à savoir Pierre Cahuc lui-même. J’ai consulté ses quinze derniers articles, de 2002 à aujourd’hui, et j’ai eu la surprise de constater que jamais il n’a employé cette méthode révolutionnaire ! "

    "Messieurs Cahuc et Zylberberg se montrent fort habiles à manipuler la notion de « méthode expérimentale ». Dans le but de recueillir les puissants bénéfices réputationnels que produit l’identification aux sciences exactes"

    "La suite du livre est des plus étonnantes. Il s’agit essentiellement pour nos auteurs de faire savoir que l’économie orthodoxe n’ignore pas la détresse sociale et qu’elle n’est pas du côté des nantis."

    "La suite est du même tonneau : « Les pourfendeurs de la science économique ignorent [qu’il existe des approches expérimentales étudiant l’impact des programmes éducatifs sur les milieux défavorisés] ». Comprenne qui pourra"

    "Il faut dire que le débat est affreusement mal posé, ne serait-ce que parce que nos auteurs confondent les travaux économiques à proprement parler et les travaux des autres disciplines portant sur l’économie en tant qu’institution sociale. Il est clair que nos auteurs ne voient pas ces derniers d’un bon œil."

    "Mais ce qui frappe, c’est à quel point il s’agit d’une discussion économique traditionnelle. Je ne vois pas où seraient ces vérités expérimentales si bruyamment convoquées par les auteurs."

    "Il suffit d’imaginer ce qu’est pour un économiste hétérodoxe d’avoir comme « pairs » Messieurs Cahuc et Zylberberg, avec l’ouverture d’esprit qu’on leur connaît. Le lecteur pense-t-il, en son âme et conscience, que ces deux-là sont aptes à juger équitablement les travaux de collègues qu’ils n’hésitent pas à assimiler à des négationnistes ?"

    #Sciences_épistémologie #Universités #Bêtisier

    L’économie « pure », nouvelle sorcellerie, par Samir Amin (Le Monde diplomatique, août 1997)
    https://www.monde-diplomatique.fr/1997/08/AMIN/4886

    "En imputant d’office le chômage au coût prétendument élevé du travail, les économistes « purs » ignorent superbement que, dans la logique même de leur système, une quelconque modification des salaires transforme toutes les données de l’équilibre général.

    Dans la même veine, le monétarisme, dernier cri de l’économie « pure », décrète que le montant de l’offre de monnaie peut être fixé librement par la banque centrale. Une analyse élémentaire de l’émission monétaire montre pourtant que la monnaie n’est pas une marchandise comme les autres, dans la mesure où son offre est déterminée par sa demande, laquelle dépend, en partie, des taux d’intérêt.

    D’ailleurs les banques centrales, dont on souhaite alors une gestion « indépendante » (de qui ?), au prétexte qu’elles auraient le pouvoir magique de fixer l’offre de monnaie, se révèlent bien incapables de tenir ce rôle. Tout simplement parce qu’il est hors de leur portée : par le choix du taux d’intérêt, elles peuvent seulement agir — et encore de manière partielle et indirecte — sur la demande de monnaie, et non pas sur son offre. Mais alors, comment ignorer que ce choix réagit à son tour sur le niveau de l’activité (par les investissements, les consommations différées, etc.), et donc sur toutes les données de l’équilibre ?"

    "« Dis moi ce que tu veux, et je te fabriquerai le modèle qui le justifie. » Sa force est de fournir un paravent derrière lequel un pouvoir peut cacher ses objectifs réels — subis ou choisis —, tels l’aggravation du chômage et l’inégalité grandissante dans la répartition des richesses. Comme de semblables objectifs ne sauraient être affichés, il importe de « démontrer » qu’ils constituent seulement les moyens d’une transition conduisant à la croissance, au plein emploi, etc. Demain on rase gratis..."

    Guerre des économistes : dernières nouvelles du front | AlterEco+ Alterecoplus
    http://www.alterecoplus.fr/gilles-raveaud/guerre-des-economistes-dernieres-nouvelles-du-front/00012243

    Les Économistes atterrés démasqués par Messieurs Cahuc et Zylberberg | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/eric-berr/blog/301016/les-economistes-atterres-demasques-par-messieurs-cahuc-et-zylberberg
    #Médias

    "Et reconnaissons enfin que la libéralisation financière orchestrée par les économistes sérieux a conduit à une plus grande stabilité, a permis d’éviter des crises de grande ampleur tout en réduisant les inégalités.

    Afin de « sortir de cette opposition caricaturale et stérile », nos deux éminents collègues suggèrent aux journalistes de cesser « de faire systématiquement appel aux mêmes intervenants, surtout lorsqu’ils n’ont aucune activité de recherche avérée tout en étant néanmoins capables de s’exprimer sur tous les sujets. Ils devraient plutôt solliciter d’authentiques spécialistes »"

    "Enfermés dans leur approche sectaire et idéologique, les Économistes atterrés entendent continuer à saturer l’espace médiatique avec leurs analyses partisanes et non scientifiques relayées complaisamment par des médias acquis à leur cause et détenus par leurs amis, Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Serge Dassault, etc."

    Théorème de la soumission, par Hélène Richard (Le Monde diplomatique, octobre 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/10/RICHARD/56430

    Idée reçue : « ce sont les entreprises qui créent l’emploi », par Frédéric Lordon (Le Monde diplomatique, septembre 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_economie_critique/a57222


    Crise de la “science économique” ? (1/2), Par Gaël Giraud, économiste en chef de l’Agence Française de Développement (AFD), directeur de la Chaire Energie et Prospérité, et directeur de recherche au CNRS. | Édition | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/edition/au-coeur-de-la-recherche/article/291115/crise-de-la-science-economique-12

    Attention, hérésie !

    « Il est vrai que de nombreux phénomènes contemporains remettent largement en cause les doctrines économiques conventionnelles. Ainsi, selon l’analyse traditionnelle, le déluge monétaire orchestré par presque toutes les Banques centrales de l’hémisphère nord –la quantité de monnaie émise par les Banques centrales double tous les trois ans en moyenne depuis 2007— aurait dû provoquer de l’inflation. Rien de tel n’a été observé, au contraire. De même, l’explosion de la dette publique des Etats-Unis (supérieure à 125% du PIB américain) aurait dû induire une hausse des taux d’intérêt auxquels cet Etat emprunte sur les marchés : les taux ont baissé. Ou encore : l’augmentation depuis trois décennies de la part des profits dans le PIB de la plupart des pays industrialisés aurait dû provoquer une augmentation de l’investissement : celui-ci est constamment en baisse depuis lors. Enfin, les programmes d’austérité budgétaire dans les pays du sud de l’Europe auraient dû conduire à un assainissement de leurs finances publiques et donc à une reprise de la croissance : on constate, à l’inverse, que les pays qui sont allés le plus loin dans l’austérité (relativement à leur budget) sont exactement ceux dont le PIB a chuté le plus vite depuis 2008. Quant à l’explosion des inégalités de patrimoine dans les pays riches, elle provient essentiellement des bulles liées aux rentes immobilière et financière, et non pas d’une logique tragique, immanente au capitalisme. »

    N.., non, il faut arrêter monsieur. Virez moi ça du plateau, vite !!

    « Il serait faux d’imaginer que cette mise à l’épreuve de l’économie par le réel est récente : l’inflation des années 1970 n’a été aucunement provoquée par une explosion des dépenses publiques, contrairement à ce qui est si souvent répété, mais évidemment par les chocs pétroliers. L’arrivée de la NSDAP au pouvoir en 1933 n’a rien à voir avec l’hyperinflation allemande, puisque cette dernière date de 1923. Et l’on pourrait multiplier les exemples… »

    Génie orthodoxe :

    "ces modèles sont ceux d’économies de troc où changer d’unité de compte monétaire ne devrait pas y avoir plus d’effet que de troquer des degrés Kelvin contre des Celsius en thermodynamique. Ou encore : multiplier par deux la quantité de monnaie en circulation ne devrait pas avoir d’autre impact que de multiplier exactement par deux tous les prix et les salaires. (...) Il est vrai que la prise au sérieux de la “non-neutralité” de la monnaie obligerait à reconsidérer certains dogmes politiques majeurs comme l’indépendance des Banques centrales. Car, si la monnaie n’est pas neutre, disjoindre la politique monétaire de la politique budgétaire n’a plus aucun sens."

    -"Krugman divise les économistes en deux tribus : les “économistes d’eau douce” (par allusion à ceux qui travaillent dans des universités nord-américaines situées près des Grands Lacs, à l’instar de Chicago) et les “économistes d’eau salée” (en référence aux universités de la Côte Est, comme Princeton)" ;

    –"qu’ils soient d’eau douce ou d’eau salée, les modèles que je décris ici relèvent tous d’un paradigme “néo-classique” hérité de travaux initiés en 1870. Ce paradigme est d’inspiration fondamentalement psychologique : chaque individu (salarié, employeur, consommateurs, épargnant…) y est supposé ajuster son comportement à la maximisation d’une certaine mesure de son “bonheur” ou de son profit[11] ---et cela dans un monde régi par de vastes enchères sans monnaie et sans ressources naturelles (et sans banques, ni système financier comme on va le voir bientôt). Un tel paradigme n’a connu aucun bouleversement majeur au vingtième siècle, même s’il a été partiellement et temporairement remis en cause par le courant keynésien durant les Trente glorieuses. C’est là sans doute une autre originalité de la “science économique” : ce que Walras, Jevons ou Menger enseignaient à la fin du dix-neuvième siècle s’enseigne encore aujourd’hui, quasiment sans modification de substance. Aucune autre science ne peut se prévaloir d’une telle “constance”…" ;

    –"Ainsi, même quand ils tiennent compte de la non-neutralité de la monnaie, ces modèles n’incorporent presque jamais le rôle des banques, c’est-à-dire d’institutions financières capables de créer de la monnaie. La plupart du temps, les banques y sont assimilées à de purs intermédiaires financiers supposés prêter à long-terme ce que les déposants leurs prêtent à court terme" ;

    –"Faut-il s’étonner, dès lors, si la profession des économistes néo-classiques est si démunie pour proposer des réformes pertinentes du secteur bancaire européen hypertrophié [17] ? Un tel secteur n’existe pas, tout simplement, dans ses modèles de prédilection. Il en va malheureusement de même des marchés financiers. Lorsque ceux-ci sont explicitement modélisés (ce qui est très rare au sein des modèles macro-économiques qui incorporent le marché des biens et le “marché” du travail), ils sont généralement caricaturés dans le style “eau douce”. Autrement dit, ils sont réputés “parfaits”, allouant de manière optimale et instantanée le risque et le capital sur l’ensemble de la planète. Et même lorsque l’on s’accorde à reconnaître qu’ils exhibent à intervalle régulier des bulles spéculatives (i.e., des prix dont les variations sont sans rapport avec les fondamentaux réels et qui ne peuvent donc pas transmettre de “bons signaux”), les conséquences n’en sont presque jamais tirées " ;

    –"Qu’aujourd’hui les marchés d’actifs financiers dérivés représentent 12 fois le PIB de l’ensemble de la planète Terre, et que seulement 7% des transactions sur ces marchés mettent en jeu un acteur économique de la sphère réelle (i.e., hors marché financier) est impossible à appréhender dans de tels modèles" ;

    –"Le constat est malheureusement accablant : pas de chômage, pas d’énergie, ni de ressources naturelles, pas de monnaie, pas de secteur bancaire, pas de système financier. Le monde que décrivent la plupart de nos modèles est un monde hors sol. (...) La découverte ébahie que nous pourrions ne plus avoir de croissance du PIB pour les siècles à venir pourrait bien faire partie de ce retour du refoulé."

    Crise de la science économique ? (2/2) | Édition | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/edition/au-coeur-de-la-recherche/article/011215/crise-de-la-science-economique-22

    -"“théorème d’équivalence ricardienne” (...) Conclusion ? L’euro injecté par l’Etat-cigale est aussitôt retiré du circuit par les fourmis prévoyantes. Cette prétendue corrélation entre dépense publique et épargne est évidemment invalidée empiriquement. Mais nous avons déjà vu que la falsification empirique, même la plus massive, n’est pas un obstacle pour les théories néo-classiques. La conséquence politique ? Un discrédit jeté sur la dépense publique (et qui est aujourd’hui bien ancré jusque dans la tête de certains de nos hauts fonctionnaires), l’idée que toute dépense est un pur coût (puisqu’elle est sans effet sur l’économie réelle) et qu’il convient de borner supérieurement a priori tout déficit public et toute dette publique. Bien entendu, remettre en cause une telle idée au motif que la théorie qui la sous-tend est indigne d’un collégien conduirait à reconnaître, par exemple, le caractère arbitraire des 3% de déficit et des 60% de dette publique maximale autorisés par les Traités européens." ;

    –"dans le monde néo-classique d’eau douce comme d’eau salée, un cataclysme comme celui de 2007-2009 est tout bonnement impossible ---et c’est la raison pour laquelle, même lorsque l’existence de bulles spéculatives est admise (voir plus haut), elle ne conduit pas, le plus souvent, à une analyse des crises que de telles bulles engendrent. En effet, dans un tel monde, si la bulle des dérivés de crédit subprime avait dû crever un jour (ce qui est advenu en 2007), cet événement aurait été parfaitement anticipé par les investisseurs, lesquels n’auraient par conséquent jamais investi dans de tels dérivés. De sorte que ladite bulle n’aurait même pas pu se former (sic !)5. En outre, pour qu’un tel krach financier puisse provoquer la faillite d’une banque comme Lehman Brothers, il eût fallu qu’existât un secteur bancaire dans les modèles économiques. Et pour que cette faillite (qui eut lieu le 15 septembre 2008) puisse provoquer une récession mondiale majeure, il eût fallu que la monnaie fût non-neutre (à court terme). Plutôt que de reconnaître qu’aucun de ces enchaînements logiques n’est compatible avec la plupart des modèles en vigueur, nous avons préféré se réfugier derrière l’idée que 2007-2009 avait été un “cygne noir” : un événement qui ne survient qu’une fois par siècle (ou par millénaire), et dont il serait extravagant d’exiger de la communauté des économistes qu’elle fût capable de l’anticiper. Autrement dit, nous avons troqué l’éthique scientifique contre celle des « astrologues ». Car, depuis le début des années 1980 (qui coïncident avec le début de l’expérience de déréglementation financière), le monde connaît une crise financière grave tous les 4 ans en moyenne…" ;

    Eux, simplistes ?!

    -" c’est alors la “complexit锑 (au sens contemporain du terme) de l’agrégation de millions de comportements partiellement coordonnés qui est entièrement esquivée par ce type d’approche." ;

    –"Au passage, une telle hypothèse a des conséquences déterminantes pour l’intelligence des phénomènes économiques : elle implique, par exemple, que le secteur des ménages n’a jamais de dette (privée). Comment, en effet, un unique ménage (représentatif !) pourrait-il avoir des dettes vis-à-vis de lui-même ? Pour qu’il y ait dettes, il faut un créancier et un débiteur distincts. Cela explique pourquoi, dans la plupart de ces modèles, les dettes privées ne sont jamais un problème. (Et nous avons vu plus haut pourquoi la dette publique, elle, en est toujours un, cf. le “théorème d’équivalence ricardienne”.)" ;

    –"Ensuite, que répondent les économistes eux-mêmes ? Le plus souvent, ils ne répondent rien. L’ouvrage de Steve Keen, que l’un de mes doctorants et moi avons traduit8, et qui contient une partie des critiques formulées ci-dessus n’a suscité rigoureusement aucun débat contradictoire entre économistes, sinon une table ronde aux Rendez-vous de l’histoire de Blois (11 octobre 2014). Enfin, les économistes néo-classiques qui consentent à discuter évoquent souvent le même genre d’argument : prises isolément, certaines des critiques qui précèdent ont été envisagées dans un cadre néo-classique." ;

    –"De même, à l’issue de la querelle des deux Cambridge sur le capital au cours des années 1960, les économistes néo-classiques nord-américains, au premier rang desquels Paul Samuelson, ont reconnu que leurs contradicteurs britanniques avaient raison12. Les premiers défendaient une définition englobante du capital, ne permettant pas de distinguer entre différents secteurs d’infrastructures, immobilier, capital financier... Les seconds défendaient l’idée que ces distinctions sont vitales pour la compréhension de l’économie. Cette querelle, pourtant fondamentale, n’est presque jamais enseignée. L’aveu final des Nord-américains reconnaissant leurs erreurs l’est encore moins. "

    "Qui plus est, quand bien même ces aménagements partiels du paradigme néo-classique ne seraient pas tout simplement ignorés, il est aisé de comprendre que la réalité systémique de l’économie exige de traiter ensemble les différents problèmes soulevés dans cet article13. (...) Car, si la moitié des jeunes Espagnols sont aujourd’hui au chômage, ce n’est évidemment pas parce qu’ils aiment prendre des vacances sans solde. Mais c’est bel et bien parce que l’Espagne, criblée de dettes privées (et non pas publiques), en particulier bancaires, entre lentement mais sûrement dans la déflation monétaire, et donc la récession. Quant à cet excès d’endettement privé, il provient lui-même de la bulle immobilière (andalouse notamment) qui, aidée par des opérations financière de titrisation massive, a gonflé en Espagne au début des années 2000, pour éclater durant la crise de 2008.14 On le voit : ne fût-ce que pour rendre compte du chômage espagnol contemporain, ce sont presque toutes les réformes analytiques évoquées supra qui doivent être mises en œuvre simultanément. A moins de cela, les aménagements à la marge permettront au mieux aux économistes de ressembler à ces savants aveugles cherchant à deviner à tâtons ce qu’est un éléphant…

    Un argument ultime est parfois invoqué : “certes, toutes ces critiques sont fondées mais, que voulez-vous, il n’existe malheureusement pas d’alternative. Alors, faute de mieux…” Argument irrecevable : les alternatives sont nombreuses."

    http://www.dailymotion.com/video/x2bpm8f_gael-giraud-les-economistes-orthodoxes-n-ont-pas-du-tout-intere

    –Quand les économistes font l’économie du débat, PAR MATHIEU BLARD | Bondy Blog
    http://bondyblog.liberation.fr/201512180001/quand-les-economistes-font-leconomie-du-debat

    "en décembre 2014, Jean Tirole, célèbre économiste, envoie une lettre à Geneviève Fioraso, alors secrétaire d’état chargée de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour faire retirer « une réforme qui avait pour seul but de reconnaître dans l’université un espace de d’expérimentation en rupture avec la pensée économique dominante ». La secrétaire d’état s’exécute. Les auteurs y voient un soutien politique aux penseurs « mainstream » de la science économique."

    #Université #Recherche

    En hommage à Bernard Maris
    Vérités et mensonges du discours économique. Par Philippe Frémeaux
    Veblen Institute
    http://www.veblen-institute.org/Nouvel-article,291?lang=fr

    -"L’organisation des rédactions continue d’opposer service politique et service économique. L’information économique y est généralement considérée comme une matière spécifique, destinée aux décideurs ou épargnants, ou comme un domaine très technique, qui peut être traitée objectivement. Or, les analyses et les recommandations que formulent journalistes spécialisés et experts devraient toujours être mises en débat puisqu’ils passent leur temps à nous expliquer ce qui est possible et surtout, ce qui ne l’est pas !

    Tout l’enjeu aujourd’hui est donc de remettre l’économie – et son traitement – à la place qui devrait être la sienne : un moyen au service de la société et non une fin en soi à laquelle celle-ci doit se soumettre." ;

    –"le premier grand reproche qui peut être fait au discours économique dominant, c’est de prétendre pouvoir dire quel temps il fait ou fera demain avec autorité, quitte à expliquer avec la même autorité, après que la réalité l’ai contredit, pourquoi ça ne s’est pas passé comme prévu." ;

    –"certains économistes critiques avaient parfaitement prévu la crise des subprime à l’inverse de la vulgate dominante. Pour autant, si leurs prévisions se sont révélées justes a posteriori, ils n’étaient pas non plus en situation de dire exactement quand et où la crise se déclencherait, et il a fallu un enchainement spécifique de comportements humains en partie imprévisibles pour qu’elle prenne la dimension qui a été la sienne." ;

    –"Les modèles, par nature, reposent toujours sur une hypothèse de fixité de toutes les variables qu’ils n’intègrent pas : la plupart des économistes travaillent " toutes choses égales par ailleurs". C’est pourquoi les faits viennent régulièrement contredire les prévisions même les plus sophistiquées." ;

    –"Tout le problème vient d’ailleurs quand le recours à l’outil mathématique se transforme en un artifice destiné à assimiler l’économie à une science dite exacte." ;

    –"Un article récent a ainsi montré que près de cinquante pour cent des articles publiés dans les revues économiques les plus prestigieuses sont fondés sur des séries statistiques souvent introuvables, ou très contestables, les faits venant contredire la thèse défendue étant passé à la trappe." ;

    –" il se voit reconnu comme un scientifique énonçant une parole incontestable, alors que les recommandations qu’il formule reflètent toujours, au moins pour partie, ses propres préférences personnelles, et que, lorsqu’il décrit le champ des contraintes dans lequel nous sommes placés, il tend à leur donner l’apparence de la nécessité. Ce faisant, il ferme l’espace où le débat public devrait pouvoir se déployer." ;

    –"le discours économique entretient un rapport complexe au politique : il se défend d’en faire, alors qu’il est au cœur même de ce qui fait son objet : le discours des économistes ne consiste-t-il pas à nous expliquer, à longueur de temps, ce qui est possible et, serait-on tenté de dire, surtout ce qui ne l’est pas ! Soyons clair : les contraintes sont une réalité, non pas comme contraintes absolues, mais comme effets induits de telle ou telle décision. De fait, le discours des économistes dominants pare trop souvent de l’apparence de la nécessité l’acceptation du monde tel qu’il est - l’économiste parle alors de "contraintes incontournables" – sachant que cette acceptation du monde ne lui interdit pas de nous inviter à mieux nous adapter - l’économiste parle alors de la nécessité de conduire des "réformes courageuses". En clair, flexibiliser encore plus l’emploi, ou réduire le champ de la protection sociale." ;

    –" le discours économique objective très souvent le discours politique quand celui-ci affirme mener "la seule politique possible" ou répète qu’’’il n’y a pas d’alternative"." ;

    –"on peut reprocher à nombre d’économistes, quand ils interviennent dans les médias, de préférer mettre en avant leurs activités d’enseignement ou de recherche plutôt que d’annoncer la couleur sur l’origine principale et le montant de leurs revenus." ;

    –"Le discours convenu tenu par une large majorité des économistes est d’autant plus problématique qu’il est peu questionné par ceux dont ce devrait être le travail : les journalistes. (...) du fait des intérêts défendus par les médias qui les emploient, ou des « ménages » qu’ils assurent et qui leur permettent d’arrondir leurs revenus de manière significative." ;

    –"la plupart des journalistes politiques n’ont pas de compétences sur le fond des dossiers économiques et sociaux. Ils se concentrent sur les rivalités de personnes, les petites histoires d’appareil, et quand une question économique s’impose dans l’agenda politique, elle n’est que très rarement traitée sur le fond, en s’efforçant de comprendre ce qu’il en est, en analysant ce que seraient les implications de tel ou tel choix. Au contraire, l’angle retenu privilégie une analyse en termes de choix tacticiens : si le président choisit telle solution, c’est pour se démarquer de X, ou pour concurrencer Y." ;

    –" les économistes dominants proposent une vision hors sol de la réalité qui les conduit quand les faits sociaux viennent contredire leur modèle, à considérer que c’est la réalité qui a tort puisqu’elle se refuse à se plier au fonctionnement optimal décrit dans la théorie."

    #Epistémologie #Economie #Sciences_humaines #Médias #Discours_orthodoxes #Orthodoxie #Conflits_d'intérêts

    –- <http://seenthis.net/messages/12237#message16063>

    –Dans nos archives. Erythrée, Maroc, Côte d’Ivoire… les dragons du XXIe siècle | Courrier international
    http://www.courrierinternational.com/article/dans-nos-archives-erythree-maroc-cote-divoire-les-dragons-du-

    « Le monde en 2040. En novembre, Courrier international a fêté ses 25 ans. A cette occasion, nous republions des articles qui résonnent avec l’actualité de 2015. Aujourd’hui : les futurs géants de l’économie mondiale. Enfin presque !
    [Article paru initialement dans Courrier international le 8 décembre 1994]

    Certains pays parmi les plus pauvres du monde d’aujourd’hui deviendront les puissances économiques de demain – à l’image de Singapour ou de la Corée du Sud. La clé du miracle : une économie diversifiée et libéralisée, profitable aux investissements des étrangers. » ;

    –"Pour qu’un bébé dragon grandisse bien, il faut en fait – d’après les économistes – respecter les grands principes : favoriser l’épargne et l’investissement, tout en maîtrisant l’inflation. Pour cela, la seule solution est un puissant cocktail de réformes, essentiellement à base de libéralisation des prix et des tarifs douaniers, à quoi s’ajoute l’ouverture aux capitaux étrangers."

    –« Les inégalités de revenus nuisent à la croissance »

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/15/les-inegalites-de-revenus-nuisent-a-la-croissance_4654546_3234.html "Les inégalités de revenus nuisent à la croissance" http://www.monde-diplomatique.fr/2014/03/VERGOPOULOS/50204 "La croissance des inégalités explique-t-elle la stagnation économique ?

    Eloge des syndicats, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique, avril 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/04/HALIMI/52834

    L’affreux doute des libéraux américains, par Kostas Vergopoulos (Le Monde diplomatique, mars 2014)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2014/03/VERGOPOULOS/50204
    #Libéralisme #Orthodoxie #Discours_orthodoxes #FMI #Economie #Libre_échange

    Le temps des colères, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique, mars 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/03/HALIMI/54932
    #FMI #OCDE #Médias #Discours_orthodoxes #Orthodoxie
    #Conflits_d'intérêts #Ploutocratie

    -"La chose s’étant faite à bas bruit, la droite, la gauche libérale et les grands médias peuvent feindre de n’avoir rien remarqué et continuer à suivre l’étoile du Berger qui guide leurs pas chaque fois que tout autour d’eux se déglingue : à crise du marché, remèdes de marché (1). Toutefois, l’inefficacité de leurs talismans habituels — baisse des impôts et des cotisations sociales, précarité plus grande, extension du libre-échange — est devenue patente. Et la démystification d’éléments centraux de ce credo a désormais recruté des ennemis de l’intérieur.

    Affaiblir les syndicats, démanteler le code du travail devaient libérer l’esprit d’entreprise et permettre la flexibilité. Deux économistes du Fonds monétaire international (FMI) ont récemment admis que le résultat de cette politique — longtemps défendue par le FMI — a surtout été de creuser les inégalités (2). Voilà qui est tout de même gênant au moment où la question d’un apartheid social occupe les esprits au point que les dirigeants occidentaux font mine périodiquement de s’en préoccuper." ;

    –"Eh bien, pas de chance là non plus. L’an dernier, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a calculé que l’enrichissement des plus riches (un groupe qui compte au moins autant d’intermédiaires parasites que de « patrons entreprenants ») avait compromis « la croissance économique à long terme » là où, au contraire, une amélioration des revenus des plus pauvres l’aurait accélérée" ;

    –"Las, l’hebdomadaire britannique The Economist, bible du libéralisme mondial, vient de concéder, un peu piteux tout de même, que « les prévisions selon lesquelles la réduction des impôts générerait assez de croissance pour être autofinancée semblent un peu irresponsables aujourd’hui (5) ». Trente ans de matraquage néolibéral flanqués par terre…" ;

    –"même ce principe fondateur du libéralisme économique (la théorie des avantages comparatifs et de la spécialisation internationale) vacille à son tour (lire « La révélation de saint Jean-Baptiste »). La concurrence des produits chinois sur le marché américain aurait ainsi entraîné la perte de deux millions et demi d’emplois aux Etats-Unis." ;

    –"En 2007-2008, la chute des banques s’expliquait par l’effondrement de leurs actifs immobiliers ; aujourd’hui, leur surexposition au secteur pétrolier les menace des mêmes désagréments. Et, avec elles, bien des pays que ces banques continuent de tenir en otage." ;

    –"Nul besoin en effet que la droite soit au pouvoir pour que ceux-ci contrôlent les ministères-clés (M. Macron). Des banques ou des fonds spéculatifs recrutent par ailleurs d’anciens dirigeants socialistes dans leurs conseils d’administration (MM. Blair, Schröder, Strauss-Kahn), sans négliger pour autant de financer les campagnes de candidats démocrates. Comme celle de Mme Hillary Clinton en ce moment."

    La révélation de saint Jean-Baptiste, par Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, mars 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/03/RIMBERT/54928

    Prenez garde à la jeune garde du libéralisme, par Antoine Schwartz 
    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/12/SCHWARTZ/64142

    Pour les vrais libéraux, la meilleure défense, c’est l’attaque, Eric Dupin
    https://www.monde-diplomatique.fr/2009/02/DUPIN/16832

    • #IFI #PAS #Austérité

      Un rapport accablant
      Bonnet d’âne pour le #FMI
      https://www.monde-diplomatique.fr/2011/08/RIMBERT/20857

      FMI : la mondialisation financière nourrit les inégalités, par CHRISTIAN CHAVAGNEUX | AlterEco+ Alterecoplus
      http://www.alterecoplus.fr/en-direct-de-la-recherche/fmi-la-mondialisation-financiere-nourrit-les-inegalites-201512100600-00

      -"Pour les experts du Fonds monétaire international (FMI), il n’y a aucun doute : quand un pays ouvre son économie aux grands vents de la finance mondiale, il voit croître ses inégalités sociales. C’est la conclusion d’une étude empirique menée sur 149 pays pour la période 1970-2010." ;
      –"la libéralisation accroît les chocs liés aux crises financières. Les turbulences de la finance mondiale n’ont cessé de se répéter et de prendre de plus en plus d’amplitude depuis les années 1970. " ;
      –"par la réalité ou la menace de délocalisation des investissements, la libéralisation financière conduit à un rapport de force favorable aux employeurs et à une baisse de la part des salaires dans la répartition des revenus. L’effet est non seulement important mais durable." ;
      –"plus un pays libéralise sa finance, plus les effets sur les inégalités sont importants ; mais s’il décide ensuite de refermer un peu ses frontières, l’effet sur la réduction des inégalités n’est pas statistiquement significatif"


      Contre le FMI : le triomphe des insoumis (1) Par Antoine Dumini, François Ruffin, 30/06/2013 - FAKIR | Presse alternative | Edition électronique
      http://www.fakirpresse.info/Contre-le-FMI-le-triomphe-des.html

      -"Tout se passe comme si les recommandations du FMI servaient de programme au gouvernement. Il faut se préparer, alors, comme le préconise l’institution internationale, à « revoir les allocations chômage », à une « déréglementation des services », à une nouvelle « révision du régime des retraites qui devra reposer sur une augmentation de l’âge du départ à la retraite », etc.

      En France, le FMI agit en sous-main. Il influence, oriente les ministres, participe d’un climat libéral – parmi d’autres institutions : la Commission, les agences de notation, la Banque centrale européenne, le Médef, etc., dont les voix accordées fixent la norme économique. Y déroger réclame du courage politique. Mais ailleurs en Europe, le FMI ne recommande plus : il tient les commandes. En Grèce, évidemment. Mais au Portugal, en Espagne, en Irlande, à Chypre également." ;

      –" Le gouvernement espagnol, socialiste à l’époque, a aussitôt approuvé : « L’analyse du FMI correspond à la nôtre (…) Le gouvernement ne doit pas retarder les réformes structurelles annoncées. »" ;

      –"Ça coince en 2011, avec le chômage, la récession, les déficits ? « Cela signifie que les réformes menées doivent être renforcées » ! Et de le faire « courageusement », avec une négociation collective plus flexible, des indemnités de licenciement diminuées, etc. Ça empire en 2012, avec un taux de chômage de 24,4 %, le plus élevé du monde industrialisé ? Réponse : « Le FMI exige plus d’austérité en Espagne » !(...)et ce « pour aider à rétablir la confiance et remettre l’économie sur le chemin de la croissance ». Le triomphe n’a pas tardé : le chômage s’établit désormais à 26,2 %..." ;

      –"Seul hic : le Portugal va connaître sa troisième année de récession. Le chômage crève tous les mois un plafond, il est au-dessus de 16 % désormais.
      Sa jeunesse fuit, 100 000 Portugais quittent leur pays chaque année. Et même, l’endettement public grimpe encore : 93 % du PIB fin 2010, 107 % fin 2011, 118 % en vue pour 2013." ;

      –"Un jour viendra où l’on se moquera de la novlangue du FMI comme de la Pravda soviétique : quels que soient le taux de chômage, l’endettement, les désaveux électoraux, voire les suicides, le « programme reste globalement sur la bonne voie », notent granitiquement les chefs de mission." ;

      –"Et bien sûr, la privatisation des terres, de l’eau, du sous-sol.
      Le FMI et la Banque mondiale sont ravis : un élève modèle.
      Deux décennies durant, le Ghana suit les consignes à la lettre. Et à la place de retrouver « la voie de la croissance, de l’emploi », comme le promettaient les experts, il s’enfonce dans le marasme." ;

      –"Comme les institutions internationales ont délivré à peu près les mêmes conseils aux nations alentours, tout miser sur l’exportation, le Nigeria, le Cameroun, et surtout la Côte d’Ivoire se sont lancés à fond, à leur tour, dans le cacao, les cours ont encore été divisés par deux. Mais les compagnies du nord peuvent se fournir en chocolat à bas coût… " ;

      –"L’eau, même à la pompe, est devenue payante." ;

      –"Cette jeune femme, elle, est retenue prisonnière. Elle vient d’accoucher de deux jumeaux, dont l’un est décédé. Elle doit payer pour les journées d’hospitalisation, pour les soins, pour les médicaments. Et comme elle n’a pas un sou, elle est retenue en otage. Son mari, au chômage, est parti depuis cinq jours pour quémander un prêt à son oncle, ses cousins. « Quand j’étais petit, se souvient le médecin, je n’ai jamais payé pour des frais médicaux. Pourtant, j’ai été admis plusieurs fois à l’hôpital universitaire. »
      Tout ça va néanmoins dans le bon sens, estime le FMI : « Le libre-échange, et tout ce qui contribue au libre-échange, est juste », assène son représentant." ;

      –"epuis trois ans que la récession s’est installée, l’Argentine suit, au mieux, les conseils du FMI et des États-Unis, d’un « plan de rigueur » à un « programme de privatisations ». C’est un échec patent. Malgré cette déconfiture (...) le Fonds demeure droit dans ses certitudes" ;

      –"Durant tout ce temps, évidemment, les loups de Washington ont hurlé au « populisme ». Avant de, sur le tard, adresser un satisfecit à l’Argentine pour son redressement : entre 2003 et 2011, son PIB a triplé. "

      Contre le FMI : le triomphe des insoumis (2) - FAKIR | Presse alternative | Edition électronique
      http://www.fakirpresse.info/Contre-le-FMI-le-triomphe-des-600.html

      -"Sept jours ont suffi, néanmoins, aux experts du FMI pour, en décembre 1997, appréhender cette longue histoire, saisir ses particularités, établir un diagnostic, et dresser leur feuille de route. C’est simple : tout le passé est à balayer. Eux le raient d’un trait de plume : le marché du travail à flexibiliser, les flux financiers à libéraliser, les conglomérats à restructurer…" ;

      –" Avec quels brillants résultats ? Un marasme : la fuite des capitaux s’accélère, le taux de croissance passe de + 5 % à – 6 %, et le chômage triple, de 2,5 % à 8,5 %. En un an de direction par le FMI !" ;

      –"Chan Keun Lee, dresse un réquisitoire fort bien argumenté, qui mérite d’être cité longuement :

      « Premièrement, le FMI est incapable de prévoir les crises financières (...) Deuxièmement, le FMI n’a absolument pas su gérer la crise. (...) Troisièmement, le FMI outrepasse ses statuts (...) Si le FMI s’arroge autant de domaines régaliens, en quoi un état-nation reste-t-il nécessaire ? (...) » ;

      –"Le FMI lui-même s’est senti un peu péteux. Dès janvier 1999, dans un rapport, ses conseilleurs admettent des « erreurs », notamment en sousestimant la « sévérité des revers économiques ». Mais que dire lorsque l’ « erreur » se reproduit dix fois ?" ;

      –"en Malaisie, au sommet de l’État, ne règne pas le consensus. Deux thèses s’affrontent – et Camdessus veut soutenir son favori : ici comme ailleurs, le ministre des Finances et Vice-Premier ministre, Ibrahim Anwar, souhaite « moderniser » le pays, main dans la main avec le FMI. Mais le président Mahathir, un archaïque, dénonce au contraire les organisations internationales, qui déstabiliseraient les « structures saines » du pays. Il limoge son dauphin et l’accuse de corruption. Tandis que le viré lance un « mouvement de la réforme », bien sûr soutenu par l’Occident." ;

      –"Le président Mahathir prend alors, en ce mois de septembre, des mesures « désastreuses », complètement dépassées (...) Les experts ricanent, du n’importe quoi, des recettes d’un autre temps (..) Sauf que l’inverse se produit. (...) Même, le FMI doit faire amende honorable (...) Juste un oubli, dans ces textes : comment, en Malaisie, cette « gestion de la crise a été bien conduite » ? En désobéissant aux recommandations du FMI, qui emmenait les pays alentours dans le mur !" ;

      –"« La Grèce a mené à bien 60 % des réformes qui lui étaient demandées, relève l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. Quelques 20 % sont encore en discussion au sein du gouvernement, et les autres restent à programmer. » Voilà un pays plutôt obéissant, donc." ;

      –"À l’arrivée, le pays est en lambeaux. La récession s’installe, avec un PIB en chute de 12 % depuis 2008. Du coup, l’endettement s’accroît plus qu’il ne se résorbe : 158 % en 2011, 175 % en 2012, 190 % prévu en 2013 (hors banqueroute). Le chômage dépasse les 20 %. Le taux de suicide a triplé, devenant le plus important de toute son histoire. Et sans même des chiffres, c’est une société, avec ses hôpitaux, sa solidarité, son espoir, qui s’écroule." ;

      –"Quelle solution propose alors le FMI dans un énième audit ? « La Grèce va devoir encore mener à bien 150 nouvelles réformes de son économie » ! Et en échange, on lui accordera « deux ans de plus pour ramener son déficit sous la barre des 3 % en 2016 – au lieu de 2014 comme prévu jusque-là »." ;

      –"ils mettent un pays genoux, à feu et à sang, et parlent de quoi ? De quelle priorité ? Un déficit sous les 3 % ! (...) Et le FMI n’en démord pas : « Le programme peut placer la dette grecque dans une trajectoire viable. »" ;

      –"Et à quoi est dû ce relatif succès ? Parce que l’Islande n’a pas adopté les recettes traditionnelles du FMI ! Elle a même fait tout le contraire !"

      #Austérité #Discours_orthodoxes #Orthodoxie #PS #FMI #IFI #Espagne #PSOE #Espagne_PSOE #Portugal #Novlangue #Afrique #Amérique_du_Sud #Asie #Grèce #Islande

      Comme quoi, même un petit pays ayant la folie de "s’isoler" en refusant le bonheur et l’avancée civilisationnelle que représentent l’appartenance à l’UE et ses "réformes structurelles" peut naviguer hors des ténèbres promises à ceux qui voudraient quitter la belle union.
      Ah oui c’est vrai, "petit pays", "petite population", "pas comparable" etc.

      Miracle à l’islandaise : à Reykjavik, le taux de chômage est tombé à 1,9%. Par Pierre Magnan
      http://geopolis.francetvinfo.fr/miracle-a-l-islandaise-a-reykjavik-le-taux-de-chomage-est-tomb

      -"Selon le Premier ministre, « nous n’aurions pu sortir de la crise si nous avions été menbre de l’Union européenne », avait-il dit en novembre 2015. Sigmundur Davíð Gunnlaugsson avait même été plus loin en affirmant que ne pas être membre de la zone euro avait été une chance pour l’Islande : « Si toutes ces dettes avaient été en euros, et si nous avions été obligés de faire la même chose que l’Irlande ou la Grèce et de prendre la responsabilité des dettes des banques en faillite, cela aurait été catastrophique pour nous sur le plan économique. »" ;
      –"Le pays a mené une politique mêlant contrôle des capitaux (une idée mal vue en Europe), austérité budgétaire mais aussi hausse des impôts et surtout dévaluation importante de sa monnaie (60%) qui a entraîné une importante inflation, aujourd’hui maîtrisée... et une reprise de la croissance. Résultat, Reykjavik n’a pas sacrifié sa politique sociale et le FMI a été totalement remboursé de ses avances financières."

      "L’Islande a laissé ses banques faire faillite, et jeté des banquiers en prison. Et voici ce qui s’est produit"
      http://www.express.be/business/fr/economy/lislande-a-laisse-ses-banques-faire-faillite-et-jete-des-banquiers-en-prison-et-voici-ce-qui-sest-produit/214182.htm
      #Islande #UE #Finance

      CADTM - Belgique : 50 milliards d’austérité en 5 ans, pour quels résultats ?
      http://www.cadtm.org/Belgique-50-milliards-d-austerite
      #UE_Belgique_Austérité

      "Les plans d’austérité prescrits aujourd’hui aux pays européens ressemblent à s’y méprendre aux plans d’ajustement structurel imposés depuis trente ans par la Banque mondiale et le FMI aux pays dits pauvres, avec les résultats que l’on connaît : une dette impayable et des peuples entiers dépossédés de leur souveraineté et plongés dans une pauvreté extrême. Plusieurs études, et les chiffres d’Eurostat, le montrent sans détour : plus les pays européens ont appliqué d’austérité, plus leur dette a augmenté |10|"

      "Tout citoyen-ne est en droit de se demander pourquoi, malgré le fait que ces politiques ont prouvé leur inefficacité partout sur la planète, et alors que des institutions comme la Commission européenne ou le FMI ont elles-mêmes reconnu leurs erreurs à plusieurs reprises |12|, nos gouvernements persistent et signent dans cette orientation. Une bonne partie de la réponse se trouve dans le fait que ce n’est pas le bon sens qui dirige le monde, mais bien les rapports de force. Or, lorsqu’on analyse les politiques d’austérité sous cet angle, on se rend très vite compte que celles-ci servent les intérêts des « 1% »."

      "- 13.000 entreprises belges ont envoyé 62 milliards au Luxembourg en 2014 |16| ;
      – Les quelques 732 citoyens qui ont fondé des sociétés offshores dans des paradis fiscaux (affaire Panama Papers) ne seront apparemment pas inquiétés ;
      – Le gouvernement décide d’aller en appel contre la décision de la Commission européenne demandant à la Belgique de récupérer 700 millions d’euros indûment octroyés à des multinationales dans le cadre du système des rulings fiscaux."

      –"« Vivre avec la dette » : le conseil d’experts du FMI aux pays riches" « Bonnet d’âne pour le FMI »…

      http://www.liberation.fr/economie/2015/06/02/vivre-avec-la-dette-le-conseil-d-experts-du-fmi-aux-pays-riches_1321651 "« Vivre avec la dette » : le conseil d’experts du FMI aux pays riches"
      http://www.monde-diplomatique.fr/2011/08/RIMBERT/20857 « Bonnet d’âne pour le FMI »

      « Certains pays riches peuvent se permettre de « vivre avec leur dette » et doivent se garder de rembourser en avance leurs créanciers au prix de cures d’austérité « néfastes », indique une étude publiée mardi par des experts du FMI. »  ; « cette recommandation ne concerne toutefois qu’une certaine catégorie de pays, ceux disposant d’une marge de manoeuvre budgétaire et qui se financent à bas coûts sur les marchés, précise cette étude. » ; « « Le coût de mesures visant à délibérément réduire le stock de dette a des chances d’excéder les bienfaits d’une dette plus faible en termes d’assurance contre les crises », assure l’étude, qui a été validée par l’économiste en chef du FMI Olivier Blanchard mais ne représente pas la position officielle de l’institution. »

      http://zinc.mondediplo.net/messages/2775#message13076
      #FMI #Dette #Dette_publique #Discours_orthodoxes #Novlangue

      Quand le FMI critique... le néolibéralisme : "Ses bienfaits ont été exagérés" - Politique Economique - Trends-Tendances.be
      http://trends.levif.be/economie/politique-economique/quand-le-fmi-critique-le-neoliberalisme-ses-bienfaits-ont-ete-exageres/article-normal-507041.html
      #FMI #IFI #Grèce #Austérité #Discours_orthodoxes

      L’institution qui a inventé l’#Amérique_latine
      par Baptiste Albertone & Anne-Dominique Correa
      https://www.monde-diplomatique.fr/2022/02/ALBERTONE/64336
      #Organisations_internationales_CEPALC

    • Gilles RAVEAUD » Blog Archive » Baisses d’impôts, déficits et dette : ce que dit le rapport Carrez (2010)
      http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2013/06/17/impots-deficits-et-dette-ce-que-dit-le-rapport-carrez-2010/#comment-25052

      Depuis vingt ans, la France diminue les charges des entreprises. Par Samuel Laurent
      http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/11/08/depuis-vingt-ans-la-france-diminue-les-charges-des-entreprises_1786486_82344
      Depuis vingt ans, la France diminue les charges des entreprises
      http://mobile.lemonde.fr/politique/article/2012/11/08/depuis-vingt-ans-la-france-diminue-les-charges-des-entreprises_178648

      Non, les entreprises ne sont pas écrasées par les « charges ». Par SANDRINE FOULON ET GUILLAUME DUVAL | AlterEco+ Alterecoplus
      http://www.alterecoplus.fr/Medef-Gattaz-Bezieux-non-les-entreprises-ne-sont-pas-ecrasees-par-les-c

      À combien étaient imposés les plus riches lorsque l’économie allait bien ? | La socioéconomie, pour mettre un peu de social dans l’économie
      https://socioeconomie.wordpress.com/2011/11/27/a-combien-sont-imposes-les-plus-riches

      30 ans d’injustice fiscale : L’impôt, est-ce que ça marche ? Par François Ruffin - FAKIR | Presse alternative | Edition électronique
      http://www.fakirpresse.info/30-ans-d-injustice-fiscale-L-impot.html

      Non, Pierre Gattaz, la France n’a pas le Smic le plus élevé d’Europe. Par Pauline Moullot - Libération
      http://www.liberation.fr/desintox/2016/01/15/non-pierre-gattaz-la-france-n-a-pas-le-smic-le-plus-eleve-d-europe_142641

      « En Allemagne, qui l’a introduit le 1er janvier 2015, contrairement à ce que ses opposants prévoyaient (ils tablaient sur la suppression de 900 000 emplois), le chômage n’a jamais été aussi bas depuis la réunification en 1990. Un résultat contredisant l’idée selon laquelle le coût du salaire minimum empêche la création d’emplois. »

      #Fiscalité

      La richesse mondiale a doublé depuis 2000 (et 9 autres chiffres révoltants) - Rue89 - L’Obs
      http://rue89.nouvelobs.com/2013/10/10/richesse-monde-crise-europe-choc-deux-rapports-246485
      #Stats

      Les 10 plus grosses multinationales au monde pèsent davantage, financièrement, que 180 États. 13 SEPTEMBRE 2016 PAR OLIVIER PETITJEAN - Observatoire des multinationales
      http://multinationales.org/Les-10-plus-grosses-multinationales-au-monde-pesent-davantage-finan

      « Il n’en reste pas moins dans un monde de plus en plus dominé par une froide logique comptable et financière, y compris au niveau de la gestion des États, les chiffres mis en avant par Global Justice Now parlent d’eux-mêmes. »

      #France , éternelles "réformes"
      #Macron #PS #LR
      Intouchables entreprises privées, épisode I : quand le contribuable paye pour le MEDEF
      https://www.frustrationmagazine.fr/intouchables-entreprises-privees-episode-i-quand-le-contribuable

    • #DataGueule S4E11 - Le #PIB, cette fausse boussole IRL
      http://irl.nouvelles-ecritures.francetv.fr/datagueule-S4E11-1.html

      L’Insee intègre le trafic de drogues au calcul du PIB
      http://www.boursorama.com/actualites/l-insee-integre-le-trafic-de-drogues-au-calcul-du-pib-22034855797384a449
      http://s.brsimg.com/static-1517407988/cache/i/content/images/e/3/5/e35aac3fc2a42646b0b72255abc20302-300x170.jpg

      « La décision de l’Insee fait suite à un long débat lancé par Eurostat en 2013. L’institut statistique européen avait alors demandé aux États membres d’intégrer le trafic de drogue et la prostitution dans leurs statistiques nationales, estimant qu’il s’agissait de transactions commerciales consenties librement. L’objectif était d’harmoniser les données, ces activités étant considérées comme légales dans certains États (Pays-Bas), ce qui gonfle leur PIB. Après la demande d’Eurostat, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Italie ont intégré ces données. Ce nouveau système s’est à chaque fois traduit par une révision à la hausse de leur PIB. »

      Chasse aux dogmes économiques - Chroniques de l’Anthropocène
      https://alaingrandjean.fr/points-de-repere/chasse-dogmes-economiques

      Réformer la comptabilité privée pour réformer le capitalisme - Alain Grandjean. Chroniques de l’Anthropocène.
      https://alaingrandjean.fr/2016/01/26/reformer-la-comptabilite-privee-pour-reformer-le-capitalisme/#_ftnref


      #Alternatives

      -"La comptabilité d’entreprise, telle que nous la connaissons aujourd’hui a été codifiée au Moyen-Age" ;
      –" On peut dire dès lors que la nature ne compte pas pour le décideur qui se base sur ces comptes-là puisqu’elle n’est pas comptée" ;
      –" la comptabilité est la base de la représentation qu’on a de ce qu’est la richesse, de ce qu’est le profit et donc est bien au cœur du système économique. Sujet stratégique mais ignoré parce qu’il ennuie presque tout le monde, à l’exception de ceux qui en vivent, les experts comptables et les commissaires au compte…" ;
      –"Dans les entreprises de ce secteur-là, en théorie, le profit n’est pas le moteur de la décision. Dans la pratique, elles sont néanmoins soumises aux même règles comptables. De très grandes mutuelles d’assurance font partie de l’ ESS ; elles sont sans doute gérées un peu différemment des groupes privés mais la représentation comptable de leur activité et de leur impact sur l’environnement est construite de la même manière.
      Il s’agit donc de réformer la comptabilité de manière très profonde de sorte que la nature se retrouve au cœur de la comptabilité et pas à l’extérieur." ;
      –"Dans cette vision anglo-saxonne, incarnée dans l’institution gardienne du temple, l’IASB, c’est le marché qui fixe la « juste » valeur de tous les actifs de comptabilité. Ce mode d’enregistrement des comptes de l’entreprise a évidemment un inconvénient majeur : il est très court-termiste." ;
      –"Jacques Richard (...) pousse à adopter en particulier le référentiel CARE. « La comptabilité adaptée aux Renouvellement de l’Environnement (CARE) est une méthode comptable qui rend compte de l’engagement réel de l’entreprise en matière de développement durable La méthode CARE tend à éliminer les clivages entre la gestion financière et la gestion environnementale Elle tente de raisonner en coût de restauration (coût historique) et permet, via le mécanisme de l’amortissement, la conservation par l’entreprise des trois capitaux – financier, naturel et humain (comme proposé par la Banque mondiale). »"

  • Minima sociaux : Le rapport Sirugue, inquiétante boussole du gouvernement
    https://blogs.mediapart.fr/seelebrn/blog/061116/minima-sociaux-le-rapport-sirugue-inquietante-boussole-du-gouverneme

    L’article 49 de la loi de finance 2017, intitulé « réforme des #minima_sociaux », détaille une série de mesures d’économies réalisées sur le dos des allocataires, principalement en alignant par le bas les droits auxquels peuvent prétendre différentes catégories. Ces mesures sont présentées comme une première étape dans un plan plus vaste de restructuration des minima sociaux. Si les détails de ce plan ne sont pas encore connus, les grandes lignes qui ont été indiquées pour l’instant peuvent avoir de quoi sérieusement inquiéter.

    Le député #Sirugue, rapporteur de la loi El Khomri à l’assemblée nationale, est également l’auteur d’un rapport intitulé « repenser les minima sociaux », publié le 18 avril dernier. Ce rapport fait suite à un référé de la cour des comptes rendu en 2015, et son esprit prolonge celui de plusieurs mesures qui ont aggravé la situation de nombreux individus et familles parmi les plus pauvres du pays https://blogs.mediapart.fr/seelebrn/blog/061116/petite-chronique-de-l-asphyxie-des-pauvres Il propose un ensemble de mesures applicables dès 2017, et d’autres envisagées à plus long terme, vers 2020.

    On a tout lieu de craindre que cette temporalité n’invite l’actuelle opposition à émettre des propositions plus dures encore dans le cadre de la campagne présidentielle. Il n’y a qu’à se référer aux propositions de M. Straumann, président du conseil départemental du Haut-Rhin, ou, au contenu de la récente proposition de loi émanant du groupe LR du Sénat, sur la « fraude sociale » – proposition vite retirée, dont on ne sait pas s’il s’agissait d’un « ballon d’essai » ou d’une fuite prématurée.

    Le rapport Sirugue se veut un plaidoyer pour une « simplification », permettant de « lutter contre le #non-recours » et de renforcer « l’équité » des minima sociaux. A la lecture du rapport nous estimons avoir des raisons de penser que le « renforcement de l’équité » signifie en fait nivellement par le bas des montants d’indemnisation et rétrécissement des conditions d’éligibilité ; et que la « lutte contre le non recours » sert de masque à une politique aboutissant à inscrire autant que possible les plus démunis dans des dispositifs contraignants. Certaines mesures proposées sont particulièrement dommageables pour les parents (donc très majoritairement les #mères) qui élèvent seul.e.s leurs enfants et qui dépendent des minima sociaux.

    En pratique, le rapport détaille quatre séries de mesures. Trois « scénarii » se succèdent, dont le premier est constitué de mesures à mettre en place à court terme (largement reprises par la loi de finance), et les deux autres proposent des réformes plus approfondies et mutuellement exclusives. Pour finir, l’auteur détaille une quatrième série de mesures, visant à renforcer les politiques d’insertion et à promouvoir le principe des « droits et devoirs » pour l’allocataire, dans la perspective de l’ « activation » des bénéficiaires des minima sociaux.

    Nous livrons ici quelques remarques au fil de la lecture.

    - Premier scénario

    (i) Accès au RSA des jeunes de moins de 25 ans (sauf les étudiants)

    En ouverture du premier scénario, on trouve la proposition qui a été la plus médiatisée du rapport lors de sa publication : l’accès au #RSA pour les jeunes de moins de 25 ans. On peut déjà souligner que la mesure serait réservée aux non étudiants – M. Sirugue laisse non tranchée la question de la prise en compte de la cohabitation avec les parents ainsi que celle de l’appartenance à leur foyer fiscal. Mais étant donné ce qui va suivre, il y a lieu de se demander si cette proposition n’est pas destinée à faire écran à la suite du rapport.

    (ii) Aligner par le bas les montants d’allocations

    Pour le reste, ce premier scénario commence par proposer des destinés, tout en conservant intacte l’architecture générale des minima sociaux, à faire diminuer les montants versés. Les deux mesures mises en avant ont été reprises dans l’article 49 de la loi de finance 2017 : certains handicapés, grâce au cumul #AAH -ASS, disposeraient de près de 1300€, c’est trop, il faut y mettre fin. L’#ASS est plus intéressante que la #prime_d’activité en cas de cumul avec un faible salaire : alignons le « dispositif d’intéressement », sur celui du RSA, plus défavorable.

    (iii) Simplification administrative… par l’extension de l’accès des organismes aux données des allocataires

    En matière de lutte contre le non recours, on trouve, dans ce premier scénario, quelques propositions pour améliorer l’information des allocataires potentiels et alléger leurs démarches administratives, à grand renfort de « documents faciles à lire et à comprendre », et, surtout, de partage d’information entre les opérateurs. Le rapport reste relativement évasif sur l’étendue et les modalités de ces partages d’informations ; mais il est question de « réduire drastiquement voire de supprimer les pièces justificatives demandées ». Simplification administrative et renfocement du contrôle se recoupent ici entièrement : il ne s’agit pas de faciliter l’accès au bénéfice d’une aide en réduisant les critères, mais bien de renforcer les critères existants et de garantir leur systématicité en imposant aux bénéficiaires l’ accès du payeur à leurs informations personnelles.

    (iv) « Figer » le RSA sur trois mois.

    Enfin, le rapport propose d’améliorer la « prévisibilité » des montants du RSA en mettant en place un « effet figé » sur trois mois. Concrètement, le montant de l’allocation fixé en début de trimestre serait maintenu pendant trois mois, jusqu’au réexamen trimestriel du montant d’allocation, indépendamment des variations de revenus intervenant entre temps. Il est certain que le système actuel, avec les nombreux indus et rappels qu’il génère apparait de plus en plus intenable. La complexité et l’incertitude qui en résultent sont à ce titre un facteur important dans le « non recours ».

    Le rapport ne précise cependant pas comment seraient compensées les éventuelles variations de revenus actuellement prises en compte. Si l’on fait l’hypothèse qu’elles seront compensées d’un trimestre sur l’autre, alors il faut s’attendre à ce que les personnes aux revenus irréguliers alternent des périodes « fastes » où ils/elles cumuleront revenus et allocation, avec des périodes sans revenus et une allocation bloquée pour trois mois à un niveau particulièrement bas. Si l’on fait l’hypothèse que les variations de revenus intervenues pendant le dernier trimestre ne seront pas compensées sur le trimestre suivant, alors ce nouveau mode de calcul sera tantôt plus défavorable, tantôt moins défavorable que le régime actuel. Selon le mécanisme qui sera mis en place, on peut craindre qu’il aboutisse non pas à supprimer l’incertitude budgétaire à laquelle doivent faire face les allocataires, mais à en renouveler les modalités.

    - Deuxième scénario


    Le deuxième scénario répond quant à lui au référé de la Cour des comptes publié en 2015, qui préconisait de réduire à trois le nombre des minima sociaux, pour ne conserver que le RSA, l’AAH, et l’ASPA (minimum vieillesse). M. Sirugue ne propose pas d’aller aussi loin dans la « simplification » que ne le préconisait la Cour des comptes, et conserve 5 allocations.

    Les colonnes « niveau de vie » et « équité », du tableau suivant résument assez bien la philosophie, et la stratégie de justification absolument grossière inhérente à cette seconde partie du rapport : systématiquement une baisse de niveau de vie est justifiée par le « progrès » sensé en résulter en termes « d’équité ». S’il faut à tout prix considérer M. Sirugue comme un homme sérieux, on peut se demander si la candeur avec laquelle il présente lui-même les ficelles de cette « équité » relève d’une stratégie délibérée pour discréditer ce deuxième scénario – puisqu’il est manifeste qu’il donne sa préférence au troisième. (On relèvera que, quelques lignes après ce tableau, M. Sirugue, écrit tranquillement que ce scénario, dont il vient d’expliquer en quoi il était systématiquement plus défavorable que l’état actuel des choses, permet « d’améliorer directement la situation des allocataires ».)

    Il s’agit systématiquement d’aligner vers le bas les montants des allocations fusionnées avec le RSA et l’ASPA.

    Le « rapprochement » entre ASI (destinée aux personnes invalides, c’est-à-dire ayant une reconnaissance d’incapacité de travail totale ou partielle) et AAH (destinées aux personnes handicapées) est la seule mesure que le rapport présente comme financièrement avantageux pour les bénéficiaires. Il convient de relativiser fortement cette prétention (malgré le « ++ » qu’on trouve dans le tableau reproduit ci-dessus) : L’ASI est certes inférieure de 100€ par mois à l’AAH, dont elle est déduite en cas de cumul, mais le rapport ne propose en aucun cas de faire bénéficier les bénéficiaires de l’ASI de l’AAH, tout au plus de faciliter les démarches de ceux qui peuvent déjà prétendre aux deux allocations, afin de leur permettre de toucher plus facilement l’allocation la plus élevée à laquelle ils peuvent prétendre. Il s’agit donc, au sens strict, d’une simplification administrative et non pas d’une augmentation des droits auxquels les concernés peuvent prétendre.

    - Le cas de l’allocation de solidarité spécifique

    Il nous semble important de remarquer ici que le classement de l’ASS dans la liste des minima sociaux ne va pas de soi. En effet, la forme de l’ASS n’est pas complètement celle d’un minimum social : elle n’est pas accordée stricto sensu sous condition de ressources, puisqu’il faut pour y être éligible avoir travaillé au moins cinq années au cours des dix années précédant la demande ; condition qui s’ajoute à celle du plafond de ressources. Ce plafond, en outre, contrairement à celui du RSA, de l’AAH et de l’ASPA, est largement supérieur au montant de l’allocation. Autrement dit, si elle fonctionne comme un minimum social pour certains bénéficiaires chômeurs de longue durée, elle est en fait conçue comme un prolongement de l’allocation chômage, permettant de compléter les ressources d’une personne n’ayant pas retrouvé un emploi suffisamment rémunérateur.

    Son financement la démarque également des minima sociaux, puisqu’elle est financée par un fonds national de solidarité, alimenté principalement par les cotisations sociales des fonctionnaires et agents publics. Autrement dit, son financement, dans la mesure où il repose sur des cotisations liées au travail, s’apparente à celui de la sécurité sociale. Pour autant, contrairement aux prestations de la sécurité sociale, qui sont limitées dans le temps et/ou dépendent des montants de cotisation, l’ASS est forfaitaire et illimitée dans le temps.

    Cette originalité de l’ASS mérite d’être soulignée : elle constitue un exemple de socialisation du salaire dont la répartition ne s’effectue pas selon les modalités assurantielles, dites bismarckiennes, qui caractérisent notre sécurité sociale.

    Dans le scénario proposé par M. Sirugue, l’ASS ne serait pas, comme le proposait la Cour des comptes, supprimée. Le député se dit conscient des « effets négatifs » que provoquerait la suppression de cette allocation, généralement plus avantageuse que le RSA. Il propose donc plus modestement – sans qu’on comprenne très bien en quoi cela est plus acceptable – de limiter à deux ans la durée de versement de l’ASS, alors qu’elle n’est aujourd’hui pas limitée dans le temps. Il propose cependant – sans toutefois l’inscrire formellement dans les « propositions » mises en avant – d’augmenter le montant de l’ASS, en la faisant passer de 16.25€/jours à 20€, voire 24€ par jour. La coïncidence des deux propositions laisse perplexe : tout en réduisant drastiquement les possibilités de bénéficier de cette allocation, le député semble reconnaitre implicitement l’insuffisance dramatique de son montant.

    L’objectif avancé est de « réaffirmer sa fonction de transition entre le chômage indemnisé et l’emploi ». Tant pis, donc, pour ceux qui ne retrouveraient pas un emploi suffisamment bien payé au bout de deux ans (rappelons que 40% des allocataires actuels de l’ASS touchent l’allocation depuis plus de deux ans). L’argumentest encore le même : l’équité avec les autres chômeurs de longue durée. Manifestement, il n’a pas effleuré l’esprit de ce monsieur qu’aligner par le haut les montants perçus (ce qui ne les aurait toujours pas rendus supérieurs ni même égaux au seuil de pauvreté à 60%), aurait été tout aussi « équitable ».

    Les montants mensuels perdus par les allocataires de l’ASS en fin de droit sont même détaillés par le rapport (mais uniquement dans le cas d’une personne seule). A l’échelle de ce que sont les budgets des familles vivant des minima sociaux ces sommes sont absolument considérables :

    – 455 € de baisse pour les personnes qui ne seraient éligibles ni à la prime d’activité, ni au RSA socle ;

    – 233 € pour les personnes éligibles à la seule prime d’activité ;

    – 82 € pour ceux éligibles au RSA socle ;

    – 72 € pour les allocataires éligibles au RSA socle et à la prime d’activité.

    Il faut par ailleurs noter que l’ASS, contrairement au RSA, permet de valider des trimestres de retraite. Les allocataires actuels valident ainsi en moyenne 18,4 trimestres au titre de l’ASS…

    - Troisième scénario

    Le troisième scénario présenté par le rapport, qui a la préférence explicite de M. Sirugue, est à la fois plus ambitieux et plus simple, puisqu’il entend refondre entièrement l’architecture des minima sociaux en supprimant toutes les allocations existantes pour les remplacer par une allocation socle unique de 400€, assortie, selon les cas d’un complément. Le gouvernement a également affiché sa préférence pour ce troisième scénario lors du conseil des ministres du 13 juillet dernier ; préférence réaffirmée dans l’exposé des motifs de la loi de finance 2017.


    Le critère de démarcation entre les deux compléments reprend une distinction aussi ancienne que la protection sociale, partageant les personnes auxquelles on ne peut décemment demander de gagner de l’argent, et celles qui, considérées comme aptes au travail, ne sauraient recevoir d’aumône sans avoir fait la preuve de leur détermination à faire en sorte de s’en passer à l’avenir.

    Il y a donc dans cette perspective deux sortes de pauvres : ceux qu’on va contrôler étroitement, qui relèvent du « complément d’insertion » et du « devoir de respect du projet d’insertion », et ceux qu’on ne va pas contrôler, qui relèvent du « complément de soutien ». Le complément dont bénéficieraient ces derniers serait nettement supérieur (le rapport avance 400€, ce qui situe le total dans l’ordre de grandeur, quoique en dessous, de l’actuelle AAH) à celui touché par les premiers (de l’ordre de 100€, pour un total de 500€, donc).

    Le mécanisme proposé pour les personnes relevant du complément d’insertion consiste donc à garantir une allocation au montant largement inférieur à celui garanti par l’actuel RSA (400€ contre 525€ pour une personne seule, 800 contre 944 pour un couple), et à conditionner l’octroi d’une aide supplémentaire – toujours insuffisante pour vivre – à l’engagement du bénéficiaire dans un ensemble d’obligations contractuelles. Le caractère révocable de ce complément n’est jamais spécifié explicitement dans le rapport, il est cependant la seule hypothèse qui puisse donner sens au primat de la logique des « droits et devoirs » et de la « contractualisation » – exactement comme dans le cas de la radiation par le pôle emploi. Si le rapport ne détaille à aucun moment les contraintes que M. Sirugue envisage d’établir pour les allocataires, la philosophie générale de l’assistance qu’il mobilise ne laisse cependant aucun doute.

    Sur ce point, l’affirmation d’un « droit opposable à l’accompagnement », censé servir de contrepartie « équilibrée » au « devoir de respecter le contrat d’insertion » apparait comme une grinçante plaisanterie : l’allocataire se voit offrir comme un droit le dispositif contraignant et fondé sur la menace de suspension de sa seule ressource dans lequel on veut l’inscrire.

    Des effets dévastateurs à prévoir pour les parents isolés

    M. Sirugue prétend que ce système sera financièrement moins défavorable pour les allocataires. Cette affirmation repose sur trois arguments. Le premier est que la nouvelle allocation qu’il appelle de ses vœux serait entièrement individualisée (autrement dit, elle serait doublée pour un couple, contrairement à l’actuel RSA). Le second est que les prestations familiales ne seraient plus déduites de l’allocation, comme c’est le cas pour le RSA. Enfin, le troisième argument repose sur la suppression du forfait logement.

    Or le gain escompté doit être fortement relativisé. D’abord, les montants alloués par enfant au titre des allocations familiales sont, dans tous les cas de figure, systématiquement inférieurs aux majorations accordées aux allocataires du RSA ayant des enfants à charge, A fortiori pour les parents isolés bénéficiant du RSA majoré. L’augmentation des ressources d’un foyer à l’arrivée d’un nouvel enfant serait donc moindre qu’avec le système de calcul actuel. En outre, il n’y a actuellement pas d’allocations familiales pour le premier enfant, alors que le RSA augmente dès la survenue d’un premier enfant à charge. Le rapport avance que la mise en place de cette nouvelle allocation devrait aller de pair avec une réforme de l’allocation familiale sans avancer de montant. Il n’est donc pas possible de comparer.

    Les deux tableaux ci-dessous résument les comparaisons qu’il est possible de faire entre les montants actuels d’allocation au titre du RSA et ceux auxquels pourraient prétendre les mêmes allocataires dans le cadre de la réforme proposée par M.Sirugue.


    Il est apparait exact que, pour les couples, et uniquement pour eux, l’individualisation de la prestation permettra d’obtenir un montant d’allocation supérieur. Un couple avec deux enfants toucherait ainsi 1000€ (deux allocations socles et deux compléments) + 130€ (allocations familiales) = 1130€ contre 1100€ aujourd’hui. Soit un gain de 30€ par rapport au RSA, et toujours moins de 400€ par tête… Mais que les deux membres du couple viennent à perdre leur complément d’insertion, et leur allocation tombe à 800+130= 930€, soit une perte de 170€ par rapport à l’actuel RSA. Nous avons raisonné ici sans tenir compte du forfait logement : si l’on suppose maintenant que ce couple touche des #APL, le RSA actuel, déduction faite du forfait #logement, tombe à 945€ et reste donc moins défavorable que la future allocation socle sans complément.

    Ce constat est d’autant plus alarmant que rien n’indique que la suppression du forfait logement ne serait pas suivie de baisses d’APL, et ce d’autant plus que le gouvernement s’est doté de moyens simples de faire des économies sur les aides au logement.


    Le tableau ci-dessus fait clairement apparaitre que seuls les couples sans enfants sont assurés d’être dans une situation moins défavorable si les propositions du troisième scénario du rapport venaient à être adoptées. On voit dans tous les cas que le gain à espérer ne fera sortir personne de la pauvreté, a fortiori pour les allocataires qui ne voudraient ou ne pourraient pas en assumer la contrepartie.

    En revanche, il nous semble crucial de remarquer que pour les parents isolés bénéficiant du RSA, majoré ou non, la proposition de M. Sirugue serait une véritable catastrophe. Une mère isolée allocataire du RSA majoré et touchant des APL avec deux enfants passerait ainsi d’une aide de 967€ (RSA majoré) à 400€ (allocation socle) +100€ (complément d’insertion) +130€ (allocations familiales) = 630€, soit une perte de 337€, équivalent à près du tiers de son allocation actuelle. Et cette perte ne ferait qu’augmenter avec le nombre d’enfants. Cela serait a fortiori le cas des parents isolés bénéficiant d’une ASS moins défavorable que le RSA.

    Ces dernières remarques nous montrent à quel point la question des minima sociaux peut rejaillir sur de très nombreuses situations, non seulement à travers son retentissement sur les rapports entre travailleurs et employeurs, mais également à travers ses répercussions dans les rapports familiaux. Les mesures envisagées par le rapport Sirugue auraient ainsi pour effet d’accroitre considérablement la vulnérabilité sociale et la dépendance économique d’un grand nombre de femmes et de mères à l’égard de leur mari – dépendance qui perdure y compris après un divorce. Ce faisant, ces mesures aggraveraient la situation d’un grand nombre d’enfants élevés par un seul parent.

    On note d’ailleurs à ce sujet que le rapport reste absolument muet sur la prise en compte des pensions alimentaires, pour l’heure déduites du RSA comme tout autre revenu, dans le calcul de la nouvelle allocation. On peut donc penser qu’il n’envisage pas de changement sur ce point.

    Quoi qu’il en soit, pour de très nombreuses personnes, une telle réforme des minima sociaux accroitrait considérablement les obstacles économiques à une séparation et les difficultés de la survie à l’issue de celle-ci.


    Le tableau ci-dessus permet donner un aperçu différences très importantes qui marquent la situation familiale des allocataires du RSA selon le sexe : les femmes seules sont significativement majoritaires dans la répartition des foyers bénéficiaires du RSA ; mais on constate également une inversion totale selon qu’on considère les foyers avec ou sans personnes à charge. Si les femmes sont présentes parmi les foyers sans personnes à charge, elles y sont minoritaires ; alors qu’elles représentent une majorité très forte des foyers avec personne(s) à charge, parmi lesquels on compte très peu d’hommes. On sait par ailleurs, les familles monoparentales sont considérablement plus touchées par la pauvreté que les autres. http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=366
    Ces données sont bien sûr assez sommaires et mériteraient d’être complétées, mais elles permettent en tout cas d’établir que les minima sociaux représentent des enjeux assez différents pour les hommes et les femmes. Le RSA majoré apporte à ces différences une réponse qui peut apparaitre largement insuffisantes (parce que les montants restent faibles, parce que la majoration cesse au troisième anniversaire du dernier enfant, parce que les pensions alimentaires restent déduites de l’allocation…). L’absence de ces enjeux dans le rapport Sirugue peut à cet égard apparaitre comme un signe particulièrement inquiétant.

    De la lutte contre le non recours au contrôle social généralisé :

    Venons-en à présent à une question qui semble préoccuper beaucoup M. Sirugue et sert de justification à son entreprise de simplification : la lutte contre le non recours aux minima sociaux ; la simplification des dispositifs, et l’exigence de les rendre autant que possible automatiques ou quasi automatiques.

    Les déterminants du non recours ne sont pas exactement les mêmes selon qu’on parle des minima sociaux à proprement parler ou d’autres aides (la CMU ou l’ACS, par exemple). Si l’on s’en tient au cas du RSA, on peut néanmoins relever un certain nombre de données qui invitent à se détacher d’une interprétation par trop paternaliste de ce phénomène, qui voudrait qu’il soit avant tout le fait de personnes peu à même, en raison de leur faible capital culturel, de comprendre les dispositifs ou peu enclines, pour des raisons symboliques, à réclamer une aumône à l’Etat. Si ces phénomènes peuvent exister, il semble qu’ils soient loin d’être l’explication structurante du « non recours ».

    Une étude de la DREES, reprise dans le rapport annuel d’évaluation 2011 du RSA (http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/1_Le_non-recours_au_rSa_et_ses_motifs.pdf ), montre ainsi que le non recours est d’autant plus fréquent que les personnes sont plus diplômées : il est donc en grande partie le fait de personnes en principe tout à fait capables de connaitre et de comprendre les dispositifs, si complexes qu’ils soient. En pratique, le facteur le plus déterminant du non recours apparait être le fait de disposer d’autres ressources. Ainsi, le non recours était-il considérablement plus élevé pour le RSA activité que pour le RSA socle. Le fait d’avoir des enfants à nourrir est au contraire selon cette étude un facteur favorisant fortement le recours au RSA.

    Tout porte ainsi à croire que le non recours est d’autant plus fréquent que l’aide proposée est moins vitale et plus contraignante. Les « non-recourants » sont ainsi les plus nombreux en proportion parmi les personnes qui se trouvent juste sous le plafond de ressources du RSA, ou encore parmi les gens à revenus irréguliers, qui oscillent autour du seuil d’éligibilité. Les premiers ne sont susceptibles de recevoir qu’une aide assez faible ; les seconds devraient en plus faire face à la complexité du dispositif peu adapté à leur situation, et, au fil de leurs entrées et sorties successives du dispositif, gérer les nombreuses et fréquentes erreurs de la CAF, et les indus, trop perçus, rappels, etc. qui s’ensuivent et peuvent s’avérer particulièrement déstabilisants dans la gestion d’un budget – au point parfois de faire préférer un niveau de ressources un peu plus bas plutôt qu’une aide irrégulière dont la CAF peut demander de façon imprévue le remboursements à hauteur de plusieurs centaines d’euros. Dans bon nombre de cas d’ailleurs, le non recours ne correspond pas à une « non demande », mais à une demande qui finit par se perdre dans la complexité des mécanismes administratifs, jusqu’à en décourager l’allocataire potentiel.

    Si le phénomène concerne bien de façon incontestable des personnes pauvres qui auraient besoin d’un complément de ressources, il semble que ce soit aussi, parmi les pauvres, celles qui sont les plus susceptibles de trouver que le jeu n’en vaut pas la chandelle, soit qu’elles espèrent une amélioration de leur situation à moyen terme, soit qu’elles se résignent à un niveau de pauvreté dont l’aide de la CAF ne les tirerait pas assez pour justifier la paperasse, le stress, et l’insécurité budgétaire qu’impliquerait leur inscription dans les dispositifs.


    Quoi qu’il en soit, la direction prise par le rapport Sirugue est celle d’une politique qui vise moins à rendre le recours aux minima sociaux plus aisé que plus nécessaire et plus contraignant. Il convient à cet égard de remarquer la contradiction qui existe entre la volonté de rendre l’allocation plus contraignante pour l’allocataire en l’obligeant à s’inscrire dans un dispositif d’insertion et l’objectif de « lutte contre le non recours ».

    Nous avons déjà abordé la question de l’automaticité des aides pour soulever le problème que celle-ci pose en termes d’accès aux données des allocataires. Mais cette automaticité pose également problème au regard des contreparties exigées en échange de ces mêmes aides : en effet, dès lors qu’une aide comporte une contrepartie, il semble naturel que le bénéficiaire puisse, au moins en droit, choisir ou non d’accepter le marché. Or, sous couvert de « lutte contre le non recours », en associant automaticité des allocations et inscription obligatoire dans des dispositifs d’insertion au nom de la « logique des droits et devoirs », il s’agit toujours, sous la plume de M. Sirugue, d’imposer un surcroit de contrôle aux personnes qu’on veut faire entrer dans le dispositif, et de réduire le périmètre des aides sans contreparties. Autrement dit, la logique sous-jacente est celle de la légitimation d’un traitement de la pauvreté par la contrainte de masse.

    La quatrième et dernière série de propositions du rapport est particulièrement explicite à ce sujet : c’est dans cette partie que M. Sirugue insiste plus particulièrement sur sa conception de l’insertion et sur le contrôle des allocataires. Pour autant, il reste plus qu’évasif sur les dispositifs précis qu’il imagine mettre en place. Il s’agit de faire entrer les allocataires dans « la logique des droits et devoirs », autrement dit, il s’agit d’étendre et de renforcer les systèmes existants d’obligations et de sanctions.

    Contrôler les pauvres : de la « simplification » à la suspicion généralisée

    D’ores et déjà, alors que le commun des citoyens déclare à l’Etat ses seuls revenus imposables, le pauvre, lui, se voit contraint de dévoiler précisément son patrimoine et son épargne non imposables (APL, RSA), ou encore ses comptes bancaires (CMU-C, RSA dans certains départements). En cas de contrôle, une dépense ou une entrée considérée comme incohérente entrainera immédiatement une suspicion. L’Etat prétend par ailleurs, lorsqu’on n’a pas de revenus, décider à partir de quel seuil on doit payer de ses économies et diminue les allocations en conséquence (RSA, APL).

    S’agissant des idées de M. Sirugue, nous avons déjà évoqué le projet de « suppression des justificatifs » et ses ambivalences, puisque tout en diminuant la complexité des démarches des allocataires, elle simplifie aussi les démarches de contrôle, et, à travers l’extension des partages d’information, peut faciliter des dérives particulièrement intrusives.

    La proposition 4.5 du rapport propose quant à elle de simplifier les procédures en matière de sanction de la fraude. L’argumentaire de M. Siruge est en somme le suivant : bien que la fraude au RSA soit particulièrement basse, « il est évidemment légitime que toute fraude puisse être identifiée et donner lieu à des sanctions ». Ce faisant, il cherche à nous convaincre en fait d’une proposition légèrement différente, à savoir qu’il est évidemment légitime de mettre en place une politique pour traquer ces mauvais pauvres.

    Le député suggère premièrement de « réduire les consultations a priori » en cas de suspiscion de fraude, pour privilégier les possibilités de contestation a posteriori. Autrement dit, d’une façon proprement ahurissante, il propose de réclamer des sommes que les allocataires n’auront souvent pas la possibilité de fournir quitte à compenser les erreurs qui s’ensuivront par de fastidieuses et hypothétiques procédures après coup. On voudrait dissuader les gens de faire valoir leurs droits qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

    En second lieu, M. Sirugue souhaite inclure le travail dissimulé dans les motifs de sanction des allocataires du RSA (ou de la future allocation unique), possibilité qui a disparu avec la suppression du RSA activité. Désigner comme cible le travail au noir des bénéficiaires du RSA, c’est vouloir frapper en premier lieu les victimes du marché du travail. D’abord parce que cette fraude, toute frauduleuse qu’elle soit, est avant tout le fait de personnes pauvres. Dans la mesure où il est évident que, dans de nombreux cas, les montants versés aux allocataires du RSA ne permettent pas de vivre ni de faire vivre une famille, il n’y a pas a beaucoup s’étonner que, pour des raisons vitales, certains cherchent de petits arrangements pour garder la tête hors de l’eau. Cette pauvre fraude ne permet pas de se passer de l’allocation, mais seulement de s’en contenter : l’état n’a pas là grand-chose à récupérer, et il y a même quelque chose de particulièrement pervers à faire de ces arrangements de survie un motif de sanction. En outre, le fait de travailler « au black » est très loin de toujours être un choix. Pour nombre de travailleurs, c’est la seule possibilité de travail, et le seul moyen d’éviter un « trou » sur le CV qui les dévaluerait définitivement sur le marché officiel du travail. Or, les travailleurs qui sont les moins à même d’imposer leurs conditions d’emploi sont précisément les mêmes qui sont susceptibles d’avoir besoin du RSA pour vivre. Ils se trouvent orientés de facto vers un marché du travail parallèle qui, pour s’appeler « dissimulé » n’en est pas moins parfaitement intégré au fonctionnement habituel de notre économie, et qui donne parfois lieu à des situations d’exploitation particulièrement dures. Chercher à infliger des sanctions à ces travailleurs revient à les rendre responsable d’un état du marché du travail qu’ils subissent, et, en aggravant leurs conditions de survie, à entretenir les conditions mêmes du phénomène contre lequel on prétend lutter.

    Les « évidences », dont se réclame M. Sirugue, pour justifier sa préoccupation de la bonne moralité des pauvres, relèvent donc en fait de la plus pure tartufferie. Sous couvert du souci de distribuer « à juste droit » les aides sociales, il s’agit tout simplement de discipliner les pauvres, de limiter leurs ressources et de réduire leurs marges de manœuvre et leurs possibilités de résistance – au lieu d’oeuvrervéritablement pour une réinscription du travail dans les mécanismes de la solidarité, ce qui supposerait non pas de taper sur des travailleurs pauvres, mais de mettre en place les conditions d’un renversement du rapport de force sur le marché du travail.

    L’activation des bénéficiaires

    Le surcroît de contrôle imposé aux pauvres prend aussi la forme de programmes dits d’activation des « bénéficiaires », dont la forme la plus ordinaire est le chantage à l’allocation. En la matière, le rapport Sirugue se borne à énoncer une philosophie qui cache mal, sous une rhétorique mi humaniste, mi bureaucratique sa nature moraliste et ses tentations (au moins) coercitives. Mais on chercherait en vain une trace des preuves qui seront exigées des allocataires pour établir qu’ils se plient à leur « devoir de respecter le projet d’insertion », qu’ils réalisent leur part du « contrat ».

    On est donc réduit aux spéculations quant aux dispositifs dans lesquels les allocataires devraient s’inscrire si ces réformes étaient mises en œuvre. On peut pour s’en faire une idée se tourner vers les dispositifs existants, et se tourner, en particulier, vers les dispositifs mis en place sous l’égide du Pôle emploi : depuis la fusion des Assedic et de l’ANPE, celui-ci assume en effet de plus en plus une philosophie de la lutte contre le chômage comparable en de nombreux points à celle que M. Sirugue appelle de ses vœux pour les minima sociaux.

    Certaines catégories de chômeurs, en plus d’être « tenus d’effectuer des actes positifs de recherche d’emploi » (et d’en attester), se voient ainsi aiguillées vers toute une gamme de prestations qu’ils n’ont pas réellement le loisir de refuser, prenant la forme de multiples stages, censés les former à la formulation d’un « projet » et matérialiser sa mise en œuvre.

    Il convient de noter que le développement de ces politiques d’insertion est associé à la prolifération d’acteurs privés ou associatifs, prestataires de Pôle emploi, qui leur délègue ces actions, et passe avec eux des conventions basées sur des objectifs quantitatifs qu’il s’agit ensuite de remplir… Quitte à envoyer un peu n’importe qui n’importe où. Il y aurait de quoi investiguer, pour qui en aurait le temps et les moyens, les tenants et les aboutissants de cette nébuleuse, les profits qu’elle génère, ses liens avec les boites d’intérim, la place qu’y tient l’emploi précaire… etc. Sans oublier les dispositifs de « travail à l’essai » qui consistent purement et simplement en périodes de travail gratuit effectuées pour le compte pour de grosses entreprises. (http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/04/08/04016-20100408ARTFIG00015-plus-de-110000-chomeurs-testes-sans-etre-payes-.p Exemple chez Leclerc : http://rue89.nouvelobs.com/2013/10/05/travailler-six-semaines-gratos-leclerc-jai-craque-246275 )

    Il s’agit d’obtenir de la part de l’allocataire qu’il effectue des « démarches », qui, pour bon nombre d’entre elles, relèvent du gadget, de l’affichage, voire de l’impossible ou de l’absurde. C’est le cas, par exemple, lorsque des personnes se voient radiées des listes de demandeurs d’emplois sous prétexte qu’elles n’ont pas jugé pertinent de remplir ce formulaire illisible et mal conçu que Pôle Emploi appelle « CV en ligne », ou encore lorsqu’on envoie des prestataires privés exiger de personnes vivant isolées en zones rurales des preuves de leurs efforts pour « activer » leurs « réseaux », parfaitement inexistants. On a vu se développer récemment des prestations qui ont pu être dénoncées comme relevant d’un véritable harcèlement des chômeurs. Citons par exemple le cas des programmes activ’emploi et activ’projet. http://www.humanite.fr/pole-emploi-quand-le-prive-prend-les-choses-en-mains-602778

    Il y a tout lieu de craindre que l’appel de M. Sirugue à la « contractualisation » des obligations, et à l’extension de la « logique des droits et devoirs » ne vise l’extension de ce type de dispositifs à l’ensemble des allocataires de minima sociaux. Le stigmate qui consiste à traiter le pauvre comme s’il était responsable de la situation générale qui génère structurellement des situations de pauvreté n’est bien entendu pas nouveau. Mais, à travers le terme de « contractualisation », se déploie une politique qui entend donner à cette responsabilisation un degré de formalisation, d’individualisation et de systématicité tout à fait inédits. Reproduisant sous une forme grossièrement parodique la fiction qui consiste, dans les relations de travail, à présenter comme un contrat entre égaux le lien de subordination entre patron et salarié, le terme transforme la mission d’assistance d’une société qui génère la pauvreté en une dette personnelle de l’assisté vis-à-vis de la collectivité. On fait comme si le contexte économique dans lequel s’inscrivent les situations particulières n’existait pas ; on place l’allocataire dans un face à face individuel avec la collectivité comme s’il était en mesure de « contracter » librement avec elle. Mais surtout, on donne au vieux stigmate qui pèse sur le pauvre une force opérationnelle nouvelle, en se dotant des moyens d’exiger individuellement de chaque pauvre qu’il fasse la preuve (sur des critères choisis par l’autorité en place), de sa détermination et de sa capacité à payer la dette imaginaire qu’on fait peser sur lui en rejoignant le monde des « insérés ».

    Le rôle confié aux départements

    M. Sirugue met particulièrement en avant le rôle des départements dans ces dispositifs d’insertion, reproduisant ainsi une structure proche de celle issue de la fusion de l’ANPE et des ASSEDIC : en effet, si les CAF distribuent le RSA, ce sont les départements qui le financent, et ils participent, avec les CAF, au contrôle des allocataires. Les rôles de payeur, d’accompagnateur social et de gendarme sont ainsi de plus en plus concentrés dans un même acteur.

    Un enjeu qui traverse tout le rapport Sirugue est celui de la part qui doit leur revenir dans le financement du RSA et des obligations de l’Etat central à ce sujet. Ces considérations font écho au bras de fer engagé à ce sujet entre conseils généraux et Etat au sujet du financement du RSA. Cette question est loin d’être sans conséquence pour les allocataires. Ce n’est pas par hasard si l’on a vu au cours de l’année passée plusieurs départements mettre en place des dispositifs explicitement destinés à intensifier les radiations, par des méthodes de contrôle parfois particulièrement intrusives (contrôle des comptes bancaires, mise en place de commission d’enquêtes, revendication de la levée du secret professionnel pour les agents départementaux…) ; dans la sphère médiatique, cela s’accompagne de diverses sorties stigmatisant les allocataires et la « fraude sociale ».

    Le dispositif de recentralisation partielle du financement du RSA proposé par Manuel Valls, qui doit entrer en vigueur très prochainement entraine mécaniquement un intéressement des départements à faire baisser le nombre d’allocataires du RSA sur leur territoire, dans la mesure où la capacité des départements à faire baisser le nombre d’allocataires influerait positivement sur les dotations de l’Etat. Or, la proposition 4.3 du rapport propose précisément d’entériner ce type de logique d’intéressement des départements, en faisant entrer dans le calcul du financement des programmes d’insertion sur « le taux de sortie du RSA ». Autrement dit, plus un département réussirait à faire baisser le nombre d’allocataires, et plus il recevrait de financements. Rappelons que « sortie du RSA » n’est synonyme ni d’ « emploi (re)trouvé », ni de « sortie de la pauvreté ». La pression à la radiation (ou les efforts pour pousser les pauvres à déménager vers un autre département), risquent ainsi d’être amplifiés par les logiques budgétaires et le jeu entre Etat et départements.

    Les allocataires risquent ainsi de faire les frais du jeu entre Etats et départements, qui peuvent passer pour une tentative de l’Etat de se défaire du financement du chômage de longue durée, au profit des départements, tout en mettant en place des dispositifs incitatifs pour accélérer le développement des programmes d’insertion.

    Conclusion : la version « de gauche » d’un processus d’aggravation de la pauvreté et de reprise en main des plus pauvres

    Le principal retentissement médiatique du rapport Sirugue en avril dernier émanait de quatre associations humanitaires : ATD quart-monde, Emmaüs, la Fnars et le secours catholique. Celles-ci ont applaudi le rapport et appelé à la mise en place rapide des mesures qu’il propose. Cet unanimité, et l’absence ou la quasi absence de discours critique à gauche sur ces questions a de quoi questionner.

    Il est tout à fait clair que la complexité administrative des minima sociaux est un obstacle pour de nombreux allocataires ou allocataires potentiels. Cependant, les préconisations du rapport Sirugue dessinent donc une menace directe pour de très nombreux bénéficiaires des minima sociaux. Le procédé consiste manifestement à trier entre les bons pauvres, relativement épargnés (les handicapés, les couples), même si on ne va pas jusqu’à envisager de leur permettre de sortir de la pauvreté, et les autres, auxquels il serait légitime et même nécessaire de d’imposer un surcroit de contrôle : au double sens de la possibilité de vérifier leur situation grâce à la rationalisation de l’accès à leurs informations personnelles d’une part, et, d’autre part, de programmes visant à influencer leurs comportements et leur mode de vie, par le jeu de l’étranglement financier et de programmes fondés sur la crainte de perdre l’allocation et la soumission au marché du travail.

    De ce point de vue, la restructuration proposée dans son troisième scénario est assez exemplaire. A travers l’allocation socle, un guichet d’entrée unique dans les dispositifs de protection, centralisé par l’Etat, pourra assurer la collecte exhaustive et homogène des données sur les pauvres, tout en ne leur offrant l’accès qu’à une aide insuffisante pour subvenir à leurs besoins vitaux. Les départements prendront alors le relais, sur le volet « activation », en octroyant un complément ne permettant nullement de sortir de la pauvreté, tout en imposant aux allocataires l’entrée dans un dispositif « contractuel » visant à le soumettre à la logique du marché de l’emploi telle qu’interprétée par le payeur et par les gadgets plus ou moins incantatoires développés par ses prestataires, et à faire de lui le responsable (sinon le coupable) principal de sa propre situation.

    Les menaces que fait craindre ce rapport concernent en premier lieu les montants d’allocation. Quel que soit le scénario retenu, si certains allocataires peuvent compter sur une amélioration, très modeste pour ceux qui ont des enfants, la majorité des hypothèses aboutissent à des pertes parfois très élevées.

    Il nous semble important de souligner également que, bien que cela ne soit jamais explicite, les parents isolés, qui connaissent pourtant déjà des difficultés aiguës, sont particulièrement menacés par le rapport, et en particulier par le troisième scénario : si les mesures qu’il préconise venaient à être adoptées, les personnes élevant seules leurs enfants devraient faire face à une baisse considérable de leurs ressources. Il s’agit pourtant d’un problème massif, tant il est vrai que le RSA est l’horizon de nombreuses femmes en cas de séparation (en 2015, tandis que l’INSEE recense 1,75 millions de familles monoparentales, dont 1,48 millions de femmes ayant la garde de leurs enfants, la DREES dénombre 0.65 millions de femmes avec personnes à charge dépendantes du RSA socle et/ou activité). De telles mesures viendraient donc clairement accroitre les phénomènes de dépendance économique à l’égard du conjoint – ce qui démultiplie évidemment les difficultés dans le cas où ce conjoint serait abusif et/ou violent.

    Enfin, il y a lieu de s’alarmer de ce que peut cacher la volonté de développer « l’insertion », sous la forme d’obligations à respecter un « contrat d’insertion », sous peine de se voir retirer tout ou partie de l’allocation. La logique inhérente à de tels dispositifs aboutit à considérer que la responsabilité de sa situation pèse sur le chômeur ou le pauvre, et non sur le marché de l’emploi ou l’inadaptation du dispositif d’insertion proposé, puisqu’en cas d’échec ou de difficulté, la réponse dessinée par la philosophie du rapport consiste non pas à renvoyer le dispositif à ses insuffisance, mais à diminuer ou suspendre les allocations. C’est ainsi aux pauvres de payer l’impuissance des dispositifs sociaux, et d’assumer individuellement la responsabilité des politiques et des mécanismes structurels qui alimentent leurs effectifs. La formule proposée par M. Sirugue, qui se présente comme un « droit opposable » à bénéficier… de l’obligation de respecter des obligations, est à cet égard particulièrement éloquente.

    A cet égard, on peut se demander de ce que signifie l’apparition du terme « lutte contre le non recours » dans le vocabulaire de gouvernement : le terme a d’abord fait irruption dans l’espace médiatique pour répondre au discours droitier qui stigmatise « l’assistanat », « la fraude aux aides sociales » et leur coût supposé pour la collectivité. A quoi les associations humanitaires et les organisations de gauche répondent – c’est désormais un lieu commun – que la fraude des contributeurs est, de très loin, plus importante que celle des bénéficiaires et que le phénomène marquant, concernant ces derniers, est le « non recours », bien plus que l’abus.

    Dès lors, il semble que les politiques de droite comme de gauche cherchent à se montrer réceptifs à ce discours, et intègrent la « lutte contre le non recours » et « l’accès aux droits » à leur agenda aussi bien qu’à leur communication. La droite sénatoriale a ainsi proposé une loi visant à « améliorer l’accès au droit et à lutter contre la fraude sociale ». La mention de l’accès au droit est purement cosmétique puisque la proposition ne contenait aucune disposition visant à améliorer l’accès aux droits : il s’agit donc d’invoquer deux principes apparemment complémentaires – accès au droit et lutte contre la fraude – pour faire montre d’une équité purement formelle et légitimer une politique

    Dans le cas du rapport Sirugue, il nous semble manifeste que le terme de « lutte contre le non recours » sert à éviter de nommer par son nom une politique fondée sur la convergence entre 1. l’accès des les organismes à une quantité croissante d’informations personnelles des allocataires 2. l’automatisation de l’inscription de ces derniers dans les dispositifs (et, corolairement, de la sortie des dispositifs dès que les conditions ne sont plus remplies) 3. le développement de contraintes de plus en plus pesantes conditionnant le versement des allocations.

    On peut penser que ce rapport donne à voir la version « de gauche » d’un projet politique de reprise en main de la pauvreté. Il apparait exemplaire d’un un certain nombre de stratégies de justification et se veut relativement mesuré dans ses propositions – et de fait, le deuxième scénario traite la question moins sévèrement que ne le préconisait la cour des comptes. L’éphémère proposition de loi sur la fraude sociale de la droite sénatoriale donne un aperçu de ce que pourrait être une formulation plus explicite de la philosophie des politiques que nous pourrions voir se déployer dans les prochaines années.

    #flicage #guerre_aux_pauvres

    • les prochaines réformes inspirées de la loi Sirugue (relevé sur twitter) https://twitter.com/reventoline/status/1114282640369233921
      Terra Nova, ou de l’art doucereux de soutenir à fond les réformes néolibérales du Gouvernement – ode à la loi Avenir Pro et sa réforme chômage bientôt articulée avec le RUA – en faisant mine de s’en inquiéter un peu pour la forme et au nom "des plus fragiles", so émouvant :)
      https://twitter.com/g_allegre/status/1113793736373407744
      Sur le projet du gvnmt de création d’1 allocation chômage longue durée et son articulation avec les minima sociaux : la mise en place du RUA est la "meilleure opportunité", mais ‘tention, faut être particulièrement attentif aux effets sur des ménages particulièrement fragiles"...
      ... et "le gouvernement devrait se garder de mettre en place une nouvelle allocation (…) et se contenter de travailler à une meilleure articulation entre assurance-chômage et prime d’activité." Ca tombe bien, c’est aussi le projet du gvnmt ds son optique de système à 2 jambes :
      un nouveau régime de solidarité sur le modèle du RSA (suppression-refonte de l’ASS) et un régime général sur le modèle du bonus individuel de la prime d’activité (avec mise en place de coeffs qui avantagent ceux qui travaillent le +). Tant de connivence c’est trop beau ! :)
      A ce sujet, la note de TN confirme mon interprétation de la demande d’amélioration de l’articulation entre assurance et solidarité" du doc de cadrage via la création d’1 nvelle alloc comme remplacement de l’ASS sur le modèle du RSA…
      https://twitter.com/reventoline/status/1103440498293907458
      ...et l’instauration d’1 système d’indemnisation à 2 jambes à l’allemande de type Hartz IV (en attendant le financement complet par l’impôt). La nouvelle alloc chômage longue durée serait bien vouée à être fusionnée aux autres minima (+ APL et Prime d’activité) ds le futur RUA


      – auquel Terra Nova semble également vouer un amour aussi bouleversant qu’à la loi Avenir Pro, ossature de la réforme chômage. Rappel : éforme chômage et Plan Pauvreté sont liés, au moins notre think thank en mode "jambe gauche" de Macron l’a t-il compris. http://tnova.fr/system/contents/files/000/001/733/original/Terra-Nova_Reformer-assurance-ch%C3%B4mage_040419.pdf?155436557
      Terra Nova cite le rapport de l’Igas déjà partagé ici sur les « Scénarios de réforme de l’allocation spécifique de solidarité »…qui présente 2 scénarios : suppression pure et simple de l’ASS et refonte-RSAïsation. C’est pr ce dernier qu’a opté le Gvnmt.
      https://twitter.com/reventoline/status/1103444576151502849
      Sur la réforme des règles de cumul et le bonus-malus, notre sémillant think thank cite également cette note capitale du Conseil d’analyse économique (de Pierre Cahuc et Corinne Prost) qui a inspiré la future réforme d’indemnisation, également partagée ici
      https://twitter.com/reventoline/status/1111603196898828293
      C’est fou on a les mêmes références avec Terra Nova :) mais là où je les affiche comme sources d’inspiration des réformes néolib du gvnmt, Terra Nova s’en revendique et pense qu’il faut agir "dans la droite ligne des conclusions de [ces] différents travaux"...
      ... mais "en veillant" aux plus fragiles, tu vois :) C’est "En Marche" (et même "en courant") mais "en veillant", c’est plus social-soucieux ds la forme quoi :) L’équivalent d’Emelien & des cerveaux creux de Macron jusqu’au style mon dieu ce style…
      ... difficile d’extraire l’os des propositions de cette floconneuse gangue de vent. 99% de blabla indigeste.
      Sur les règles d’indemnisation au cumul : "Des évolutions ont d’ores et déjà été apportées, notamment dans l’accord d’assurance-chômage d’avril 2017. Mais il faut sans doute aller plus loin" (le Gvnmt ne dit pas autre chose)... mais aller plus loin "en veillant toutefois...
      ... à ce que les mesures mises en œuvre prennent en compte la situation très fragile de certains demandeurs d’emploi."
      Hihihi "aller plus loin" mais "en veillant" aux "fragiles", c’est impossible mais si mignon dans l’intention. #non
      Autre proposition-doublon de Terra Nova (piquée à Pierre Cahuc, auteur de la note du CAE plus haut et d’1 article édifiant ds Les Echos intitulé "les trois plaies de l’assurance chômage" https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/030877709468-les-trois-plaies-de-lassurance-chomage-2131098.php , hélas plus disponible en ligne, vous avez raté quelque chose :) :
      instaurer une durée de cumul limitée à 1 an – "douze mois pourrait être une durée pertinente" – c’est fou c’est encore exactement le projet du Gvnmt. (j’insiste car y’a encore des gens pour croire que Terra Nova est de gauche, mythe aussi tenace que celui de la jambe G de Macron)
      De même la compensation de cette limite par un cumul qui rapporterait davantage ds certains cas ou sur un certain temps est aussi un projet du gvnmt (et c’est ds la note du CAE). Idem pr la mise en place d’une modulation des cotisations chômage (bonus-malus) compensée...
      ... par la prise en compte du critère du secteur d’activité, c’est exactement non pas le projet mais le contenu d’un article de la loi Avenir Pro – car oui, il faut arrêter avec le suspense et le faux affrontement Gvnmt-Patronat autour du bonus-malus, le principe de modulation
      ...des cotisations des entreprises (minoration ou majoration) en fonction du nombre de fins de contrat de travail donnant lieu à une inscription à Pôle Emploi est D ÉJA prévu et inscrit ds la loi Avenir Pro (Section 2 : "Lutter contre la précarité et la permittence", art. 52)...
      ..de même que le critère du secteur d’activité : tout est déjà écrit, y’a plus qu’à en fixer les modalités par décret. Que les médias lisent donc les lois en détail, ils raconteront moins de conneries.
      Y’a encore plus hallucinant et impardonnable que la comédie jouée par le gouvernement et le patronat alors que les jeux sont faits : c’est l’ignorance du contenu de cette loi majeure, ça n’en finit pas de m’étonner…#nonenfait
      Cette mise en scène d’1 faux bras de fer où on dirait que le Gvnmt c’est Robin des Bois – "peu importe les états d’âme du patronat, l’exécutif considère que ce bonus-malus est 1 marqueur politique important et qu’il doit dc le mettre en place" (HAHAHAHA).
      https://twitter.com/gabfd/status/1112594450730098688
      "Le bonus-malus ne figurait pas dans la feuille de route des négociations syndicales" (BFM), "le gouvernement a pris soin de ne pas écrire noir sur blanc les mots de " bonus-malus" ds la lettre de cadrage pr la négociation adressée aux partenaires sociaux." (Les Echos, oct. 2018)
      Ben non pas besoin de l’inscrire noir sur blanc qd on a déjà 1 article du code du travail qui expose les cas où le tx de cotisation peut être "minoré" ou "majoré" et qu’il suffit de le modifier en ajoutant à la liste le nombre de fin de contrats donnant lieu à 1 inscription PE.
      Apprenez-donc que l’article 52 de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 sept. 2018 (Section 2 "Lutter contre la précarité et la permittence") a modifié l’article L. 5422-12 du code du travail en ajoutant dans la liste des critères pouvant donner lieu..
      … à une minoration ou majoration du taux de contribution de l’employeur le "nombre de fins de contrats de travail et de contrats de mise à disposition" donnant lieu à inscription sur la liste des demandeurs d’emploi, avec prise en compte du secteur d’activité de l’entreprise.

      Il s’agit dc des cdd et des "contrats de mise à disposition" (ceux établis entre l’entreprise de travail temporaire et l’entreprise utilisatrice), les contrats de mission ne sont pas concernés.
      Et t’as vu ? Ca parle de bonus-malus sans dire « bonus-malus » dis-donc ! Incroyab’ ! C’est pas écrit en lettres d’or "BONUS-MALUS" dc les médias n’y ont vu que du feu (qui ignorent visiblement jusqu’à l’existence de cette modification en fait, faute d’avoir lu la loi).
      La lire leur aurait évité de gloser et spéculer vainement sur le sujet puisque les jeux sont déjà faits depuis cet été, et ça leur aurait permis de dénoncer la comédie du gvnmt sur ce point comme sur tous les autres exposés ds le doc de cadrage - unique objet des regards bornés..
      ...avec les petites phrases de l’agenda gouvernemental genre "Personne ne nous a proposé à ce stade une meilleure solution que celle du bonus-malus" (Edouard Philippe, comme s’il y avait choix et débat mdr...), ça leur aurait évité aussi de tomber des nues en décembre au moment..
      ... du décret sur le contrôle et sanctions des chômeurs (qui étaient déjà ds la loi depuis 4 mois) avec des cris d’orfraie – « Cay plus dur que prévuuu ! », bah non, baltringue c’était prévu. Le doc de cadrage a formulé des "demandes" purement rhétoriques aux partenaires sociaux
      .... piégés ds cette mascarade de convention imposée par la loi qui avait aussi prévu de reprendre la main par décret : TOUT. EST. DEJA. DANS. LA. LOI. Y compris le bonus-malus. Eh oui.
      Il est également écrit noir sur blanc ds le PLF 2019 qu’« afin de lutter contre la précarité de l’emploi et la permittence, la loi [pour la liberté de choisir son avenir professionnel] prévoit que les taux de contribution des employeurs puissent être modulés en fonction du coût..
      ... financier induit sur l’assurance chômage. Ce dispositif, en vigueur notamment aux États-Unis, doit permettre de favoriser des trajectoires d’emploi plus longues et inciter les employeurs à se soucier encore davantage de l’employabilité future de leurs salariés. »
      Encore des gens qui parlent du bonus-malus même si y’a pas le mot écrit en gros dis-donc, faut souligner au stabilo pour qu’on arrête de parler de "bras de fer" avec le Patronat et poser le gouvernement en vaillant et intraitable chevalier de la lutte contre la précarité ?
      C’est pas une vraie mesure de lutte contre la précarité en plus, seulement de lutte contre certains chômeurs. Le Gouvernement en a RAF que tu sois précaire – genre en cdd d’1 an au smic à temps partiel forcé – si tu lui coûtes pas ou beaucoup moins d’allocs chômage.
      Et le Patronat a obtenu (depuis longtemps, et entre autre comme le cdd de remplacement multi-salariés sur amendement proposé par Aurélien Taché, aujourd’hui article 53 de la loi Avenir Pro) que des secteurs d’activité échappent à la mesure.
      Sur l’introduction ds l’article L. 5422-12 du code du travail, en plus du nombre de fins de contrats, du critère du secteur d’activité pour la modulation des cotisations, des députés avaient saisi le CC au motif qu’il méconnaîtrait le principe d’égalité, en vain.
      Tjs dans la section "Lutter contre la précarité et la permittence" et concernant les contrats de remplacement, l’article 53 de la loi Avenir Pro introduit "à titre expérimental" sur une durée d’1 an et par dérogation aux limites de recours à un salarié en cdd ou intérimaire...
      ... la possibilité de remplacer plusieurs salariés (et non plus seulement un) avec un seul cdd ou un seul contrat de travail temporaire dans des secteurs définis par décret. #AvenirPro #Article53

      Actuellement, un CDD ou 1 contrat de travail temporaire ne peuvent remplacer qu’un seul salarié absent, et pour une tâche précise. En cas d’absence simultanée (même à temps partiel), il faut obligatoirement conclure un CDD par personne remplacée sous peine de voir le contrat...
      ...requalifié en CDI aux prud’hommes (cela arrive souvent, et la loi Avenir Pro prémunira désormais les entreprises contre ce risque). De même pr remplacer plusieurs salariés absents sur des périodes différentes, l’entreprise ne peut conserver le même salarié qu’à conclure...
      ... à chaque fois un autre contrat de travail. Elle pourra désormais n’en établir qu’un seul.
      Un rapport d’évaluation doit être remis par le gouvernement au Parlement avant le 1er juin 2021. But : évaluer l’impact de cette expérimentation sur la fréquence et la durée de recours..
      ... aux cdd courts et contrats d’intérim, étant précisé par ailleurs que le but n’est nullement « de pourvoir durablement un emploi lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise ».
      Cela n’a pourtant rien d’une mesure anti-précarité mais d’un moyen de limiter le nombre..
      ... et la fréquence des inscriptions et recours au cumul à Pôle Emploi.
      Le député Aurélien Taché à l’origine de l’amendement avait d’ailleurs fait valoir comme motif le pb d’une jurisprudence augmentant mécaniquement le nbre de CDD, notamment de courte durée,..
      "dont la fin est la plus coûteuse pour l’assurance chômage".
      Le début de l’expérimentation était prévu au 1er janvier 2019, mais le décret d’application n’a toujours pas été publié.

  • Jeremy Rifkin, l’Internet des objets et la société des Barbapapa - Le nouvel Observateur
    http://rue89.nouvelobs.com/2014/10/01/jeremy-rifkin-linternet-objets-societe-barbapapa-255193

    On savait depuis son livre sur la troisième révolution industrielle, mais cela se confirme avec son dernier livre (« La nouvelle société du coût marginal zéro », éd. Les liens qui libèrent, 2014) que Jeremy Rifkin envisageait l’avenir radieux de la production et de la consommation d’objets de sa future société d’hyperabondance sur le mode de « l’Internet des objets » : des imprimantes 3D partout, permettant à chacun de produire à domicile ou dans de micro-unités d’innombrables objets matériels de la vie quotidienne, jusqu’à des « voitures imprimées », en étant guidé par des programmes en ligne (logiciels gratuits), moyennant divers matériaux de base, plastiques souvent, mais aussi « ordures, papier recyclé, plastique recyclé, métaux recyclés... ».

    On a depuis longtemps l’Internet de l’information mais deux autres grands réseaux viendraient s’y connecter pour former le système de production du futur.

    D’abord celui de l’énergie, où « des centaines de millions de personnes produiront leur propre énergie verte à domicile » (automobiles à piles à hydrogène, habitations à énergie positive…), et la partageront entre eux sur un « Internet de l’énergie », avec l’hydrogène partout comme moyen de stockage ;
    et enfin cet « Internet des objets », qui aurait exactement la même propriété économique : à terme, un coût négligeable.

    Making of

    Ce billet a d’abord été publié sur le blog de l’économiste Jean Gadrey. Rue89 a été gracieusement autorisé à le reproduire. Mathieu Deslandes

    Ce système hypothétique d’abondance planétaire à coût très faible repose sur une hypothèse centrale sans laquelle il ne tient pas debout : les énergies (renouvelables) vont « devenir pratiquement gratuites » à terme.

    Aucun autre « spécialiste » que Rifkin ne dit cela dans le monde ! Tous disent que l’énergie restera chère, renouvelable ou pas, parce que certes le soleil et le vent sont gratuits, mais les panneaux photovoltaïques, les éoliennes, les réseaux électriques intelligents et toutes les autres techniques, exigent des matériaux, des métaux et des terres rares qui sont et seront chers, et même de plus en plus.

    Cela ruine le modèle techno-économique « hors-sol » de Rifkin, aussi bien pour cette nouvelle production 3D que pour sa vision de robots prenant la place de l’essentiel du travail humain.
    Un conte de fées hi-tech

    Bien entendu, presque tous les mythes reposent sur des bouts de vérité et, dans le cas présent, de telles imprimantes existent bel et bien et vont se diffuser. Mais en faire la base principale de la production et de la consommation du futur est un conte de fées hi-tech, au demeurant pas du tout féérique sur le plan écologique vu la débauche d’énergie et de matières que sa généralisation impliquerait.

    Ce qu’il a de formidable avec le conte de fées des imprimantes 3D partout et pour tous, c’est que, de même que l’Internet de l’énergie reposerait sur des énergies renouvelables disponibles en abondance à un coût quasi nul, de même, les objets que vous fabriqueriez un jour seraient recyclables et leurs composants réintroduits dans ces imprimantes pour fabriquer d’autres objets selon votre bon plaisir et vos goûts du jour. Les objets eux aussi seraient renouvelables pour pas un rond. C’est ce que Rifkin a retenu de l’économie circulaire pour la mettre au service de ses contes de fées.

    Cette plasticité infinie des objets et des formes ne vous rappelle rien ? Elle me fait furieusement penser aux sympathiques personnages des Barbapapa, se transformant à coût nul en n’importe quel objet à l’instar d’une pâte à modeler.

    #rifkin #3e_revolution_industrielle #barbapapa #Gadrey #imprimante_3D

    • Voir aussi la tribune :

      http://www.liberation.fr/terre/2014/10/21/la-troisieme-revolution-de-rifkin-n-aura-pas-lieu_1126521

      La thèse de la Troisième Révolution industrielle et tous ceux qui vantent le capitalisme numérique restent enfermés dans une vision simpliste des technologies et de leurs effets. Ils oublient de penser les rapports de pouvoir, les inégalités sociales, les modes de fonctionnement de ces « macrosystèmes » comme les enjeux de l’autonomie des techniques et des techno-sciences, sans parler de la finitude des ressources et de l’ampleur des ravages écologiques réels de ce capitalisme soi-disant immatériel. Malgré la fausseté et le simplisme de son analyse, il n’est pas surprenant que tout le monde célèbre Rifkin et ses prophéties. Grâce à son rêve technologique, il n’est plus nécessaire de penser aux impasses de notre trajectoire, à nos vrais besoins, il suffit de s’en remettre aux grandes entreprises, aux experts et aux entrepreneurs high-tech de toutes sortes qui vont nous offrir les solutions techniques pour sortir de l’impasse.

      Outre que ce projet intellectuel est largement illusoire, il est aussi antidémocratique car il s’appuie sur les experts et les seuls décideurs en laissant de côté les populations invitées à se soumettre, à accepter avec reconnaissance le monde ainsi vanté dans les médias. C’est un des paradoxes de cette Troisième Révolution industrielle : censée promouvoir un pouvoir « latéral », décentralisé et coopératif, elle fait appel à des forces hautement capitalistiques. Censée réduire les consommations d’énergie, elle repose sur des systèmes numériques hautement sophistiqués, virtuellement centralisés et dévorateurs de métaux rares, via des serveurs géants actionnés par une poignée d’entreprises mondiales qui récoltent au passage des données personnelles sur les heureux utilisateurs. Censée reposer sur la généralisation des énergies renouvelables, elle ne calcule ni la matière ni l’énergie nécessaires pour édifier ces machines. Cette nouvelle utopie technicienne est hors-sol et invente un nouveau mythe qui rejoint celui de la transition énergétique, conciliant l’inconciliable : croissance verte autoproclamée et pénurie de matière, entropie et expansion miraculeuse des énergies, liberté individuelle et société de contrôle.

      Mais peut-être est-ce le secret de l’annonce répétée de la Troisième Révolution industrielle : éviter les remises en cause, résorber les contestations qui s’élèvent en renouvelant l’utopie des technologies salvatrices qui résoudront naturellement tous les problèmes. Le succès du rêve de Rifkin vient, en définitive, de son aspect rassurant, de ce qu’il nous berce d’illusions, il est le visage intellectuel de la technocratie écologique en gestation. Il correspond au désarroi d’une immense majorité de nos contemporains qui attendent des techniciens qu’ils façonnent le nouveau monde, clés en main, en les dotant toujours plus en smartphones et en écrans plats. Cette nouvelle servitude volontaire vient peut-être de ce que nous sommes toujours plus avides de confort et aussi toujours davantage privés du goût de la vraie liberté : celle dont il est possible de jouir sans la moindre prothèse et sans le moindre risque d’addiction.

      Et le reportage relativement décapant d’Usbek et Rika :
      http://usbek-et-rica.fr/comment-jai-presque-interviewe-jeremy-rifkin

      Dépité, le Monsieur Loyal de la soirée nous confie que l’invité a aussi bougé le conducteur de l’émission et envisage de monologuer plutôt que de répondre aux invités. Ce qui se vérifie quelques minutes plus tard. À la question initiale « Qu’avez-vous souhaité nous dire avec ce nouveau livre ? », Rifkin donne une réponse de 45 minutes montre en main, en forme de best of de son bouquin… Leçon pour le futur : on n’interviewe pas Jeremy Rifkin, on l’écoute parler. Le pire, en plus, c’est qu’on nous avait prévenu : « Tu verras, en général, il ne veut pas qu’on lui pose de questions, et si tu as le droit d’en poser, de toutes façons, il répond à côté… » Le côté rock star, passe encore. Qu’il refuse de sortir sous la pluie pour ne pas mouiller ses costumes en flanelle ou qu’il touche un pactole avec 4 zéros à la fin pour la moindre intervention publique, peu importe. Après tout, l’homme conseille Obama, Merkel et le vice-premier ministre chinois, excusez du peu… Mais fuir la contradiction ? Se contenter de dérouler une pensée linéaire ? Pour un esprit aussi brillant, c’est quand même dommage.

      Rifkin plaide pour la rédaction d’un Bill of Rights de l’économie post-capitaliste

      Voilà pour la forme. Maintenant, passons au fond. Que nous dit Rifkin cette fois ? Le capitalisme est à l’agonie. Et il finira par être remplacé par le système des « communaux collaboratifs », mode d’organisation sociale qui privilégie l’intérêt collectif à l’intérêt individuel et fleurit aujourd’hui avec la montée en puissance de l’économie du partage. Comme d’habitude, Rifkin donne une certaine perspective historique à son propos. Il rappelle ainsi que le système des commons existait bien avant la naissance du capitalisme. Dans l’Angleterre médiévale, pâturages et forêts étaient déjà gérés de façon communautaire. C’était avant le temps des enclosures et de la propriété privée, dont le philosophe John Locke a tenté de nous faire croire qu’elle était un droit naturel : « Les paysans unissaient leurs lopins individuels dans des champs ouverts et des pâturages communs qu’ils exploitaient collectivement. Les communaux ont impulsé la première pratique primitive de la prise de décision démocratique en Europe. (…) Il s’agissait d’un système où la propriété n’était jamais possédée à titre exclusif, mais divisée en sphères de responsabilité, conformément à un code fixe d’obligations en matière de propriété », rappelle Rifkin, qui plaide aujourd’hui pour la rédaction d’un Bill of Rights de l’âge numérique, une charte définissant les règles de cette nouvelle économie post-capitaliste.

      Et cet intéressant angle de traverse de Jean Gadrey (qui date un peu) :
      http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2013/05/09/jeremy-rifkin-le-gourou-du-gotha-europeen-1

      Dans ce livre, il ne conte pas ou peu de rencontres avec la base, il ne s’adresse pas, comme l’a fait Stiglitz, aux « indignés », il ne fréquente pas les forums sociaux mondiaux. La société civile n’est plus sa cible, il dialogue avec le sommet, on l’invite pour des conventions, devant les cadres réunis de multinationales. Et surtout, il est l’invité ou l’ami – il nous en fournit les détails avec complaisance - d’Angela Merckel, de Manuel Barroso, « de cinq présidents du Conseil européen », de Prodi, de Zapatero, de « David » (Cameron), de Papandréou, de l’OCDE « devant les chefs d’État et ministres de 34 pays membres », de Neelie Kroes (ultralibérale, invitée régulière du groupe Bilderberg), du maire de Rome (ancien ministre de Berlusconi), du prince de Monaco. Mais aussi, à un moindre degré, de Chirac et Hollande.

      Tout cela vous pose un homme, mais me pose un problème, indépendamment de la présence massive dans cette liste de nombreux leaders libéraux ou ultralibéraux. POUR QUELQU’UN QUI VALORISE EN THÉORIE LE POUVOIR LATÉRAL, TOUT SE PASSE COMME SI, POUR FAIRE AVANCER SA CAUSE, IL EMPLOYAIT EXCLUSIVEMENT DES MÉTHODES VERTICALES, visant à conquérir le cœur de l’oligarchie. La démocratie est certes pour lui une fin, mais pas un moyen de transformation sociale : elle « sera donnée par surcroît » (Évangile, Mathieu, 6.33), comme conséquence de l’adoption des nouvelles technologies « partagées » de l’information et de l’énergie.

      Ce rêve de réorientation démocratique partant de l’oligarchie et de la technologie est une impasse, une dépossession, un piège à citoyens. Si ces derniers ne s’emparent pas de la transition, si en particulier ils ne reprennent pas le contrôle de la finance (une priorité totalement absente chez Rifkin) ET DES TECHNOLOGIES, l’oligarchie, qui en a vu d’autres, va récupérer les idées de Rifkin et n’en retenir que ce qui conforte ses intérêts. Elle sait fort bien, elle, que ce ne sont pas les « forces productives », Internet et les réseaux électriques décentralisés qui menacent son pouvoir et qui vont bouleverser les « rapports de production », même si, en son sein, les innovations technologiques peuvent, comme toujours, modifier le rapport des forces économiques entre diverses fractions du capitalisme.

      Internet existe depuis plus de vingt ans, l’informatique depuis quarante ans, et l’on n’a pas observé de recul du pouvoir de l’oligarchie, au contraire. Rien n’empêchera Neelie Kroes et les autres ultra-libéraux qui invitent volontiers Rifkin de tenter de profiter de ces nouvelles configurations techniques pour pousser les feux d’un capitalisme encore plus dérégulé, encore moins « partagé ». Ils savent comment faire pour dominer les nouveaux réseaux techniques. Seuls des mouvements sociaux, des réseaux citoyens, peuvent, du local au global, orienter et acclimater ces innovations afin de les mettre au service du partage et des droits humains. Mais ce n’est pas à eux que Rifkin s’adresse en priorité. C’est au gotha qu’il vend, très cher, ses conseils et ceux de son team.

      Les cercles de grands patrons entourant Rifkin ont très bien compris qu’ils pouvaient s’engouffrer dans la brèche médiatique ouverte et y prendre des positions de pouvoir et de lobbying, afin d’être les artisans hautement lucratifs des nouvelles infrastructures électriques « intelligentes », des véhicules électriques, des énergies renouvelables, des piles à combustibles, etc. Ils savent que, dans ce cas, le « pouvoir latéral » et le « capitalisme distribué » de Rifkin ne sont pas pour demain…

      On comprend enfin pourquoi ce lobbying orienté vers le haut convient à certains élus de sommet, internationaux, nationaux ou régionaux, qui participent d’une conception verticale du changement, impulsé par eux. Rifkin les flatte, à peu de frais. Or une transition définie par le haut, presque forcément indifférente aux inégalités qu’elle suscite, prendra un autre tour que celle qui ferait toute leur place à « la base » et à la « justice environnementale », autre grande absente du livre de Rifkin.

  • Richard Wilkinson : « Les inégalités nuisent à tous, y compris aux plus aisés » - Le nouvel Observateur
    http://rue89.nouvelobs.com/2013/10/20/richard-wilkinson-les-inegalites-nuisent-a-tous-y-compris-plus-aise

    L’épidémiologiste anglais Richard Wilkinson travaille depuis longtemps sur le lien entre les conditions sociales et la santé. Ses recherches l’ont amené à faire une découverte : les inégalités de revenus aggravent une grande partie des maux sanitaires et sociaux d’une société (la maladie, la drogue, la délinquance, la défiance, le nombre de grossesses chez les adolescentes). On peut tirer diverses conclusions de ces travaux :

    l’enrichissement d’un pays s’accompagne d’une détérioration de sa situation sanitaire et sociale si seuls les riches deviennent plus riches ;
    à revenu moyen identique, une population marquée par les inégalités souffre nettement plus qu’une population plus égalitaire ;
    les inégalités n’affectent pas que les pauvres : même la santé des plus aisés est plus fragile dans une société inégalitaire !

    Pourquoi ? Parce qu’une société inégale génère des rapports plus stressants, plus violents, entre les hommes.

    Richard Wilkinson en a fait la démonstration dans un livre coécrit avec une de ses collègues, Kate Pickett. Publié en 2009, il a été traduit en 23 langues et vendu à 200 000 exemplaires. Il vient d’être publié en France sous le titre « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous » (éd. Les Petits matins - Institut Veblen). Entretien.

    Rue89 : Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser à l’impact des inégalités sur nos sociétés ?

    Richard Wilkinson : Je travaille sur le lien entre santé et classes sociales depuis les années 70. Je me suis intéressé un jour à la question du changement de niveau de vie, au niveau individuel : si votre revenu change, votre espérance de vie sera-t-elle différente ? Résultat de cette étude : un changement de revenus a un impact sur la santé des gens les plus pauvres, mais peu d’impact sur la santé des gens les plus riches. En principe, donc, si vous prenez des revenus aux plus riches pour les donner aux plus pauvres, vous aurez un impact positif sur la santé moyenne. J’ai voulu vérifier en regardant si les pays dont les revenus sont plus égaux avaient une meilleure santé que les autres.

    Par la suite, d’autres personnes, dans d’autres pays, ont produit des études sur l’impact des facteurs psycho-sociaux, les effets physiologiques du stress chronique... Tout cela a aidé à comprendre les effets des différences de niveaux sociaux.

    On est tombés alors sur un paradoxe. Entre les pays riches, les différences de revenu moyen (mesuré par le PIB par tête) ne semblent avoir aucun effet sur la santé. La Grèce, le Portugal et Israël font aussi bien que les Etats-Unis ou la Norvège, alors que leur revenu est deux fois inférieur [voir le graphie ci-dessous, ndlr] ! ..

    #économie
    #inégalités
    #santé
    #riches
    #sondages
    #Impôts

  • Achille Mbembe : « Le sous-prolétaire chinois est un nouveau nègre »

    http://rue89.nouvelobs.com/2013/10/27/achille-mbembe-sous-proletaire-chinois-est-nouveau-negre-246880

    Achille Mbembe, 56 ans, historien et philosophe camerounais installé en Afrique du Sud, enseignant à Johannesburg et à Harvard (Etats-Unis), écrit régulièrement des essais percutants. L’avant-dernier, « Sortir de la grande nuit » (La Découverte, 2010), exhortait les citoyens africains à prendre leur destin démocratique en mains. Le dernier, « Critique de la raison nègre » (La Découverte, 2013), dégomme magistralement le racisme.