Quel passé pour Prism et Snowden ?

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  • Quel passé pour Prism et Snowden ? - Vacarme
    http://www.vacarme.org/article2328.html
    #surveillance
    #Snowden
    #NSA

    Depuis juin 2013 se succèdent les informations tirées des documents dérobés à la NSA par Edward Snowden. Traitées comme des « révélations », elles ne sont en réalité que la confirmation de ce qu’on savait déjà par coeur : les États-Unis espionnent à grande échelle, donnent tous les moyens à la lutte contre le terrorisme, plus largement à leur sécurité nationale et leur volonté d’hégémonie. Une découverte de moins grande ampleur eut été une déception. Certes, l’ensemble des dispositifs d’écoute, de surveillance et d’exploitation des données déployé par la NSA peut paraître démesuré. Il est très certainement légalement problématique — à défaut d’être proprement illégal — et pose bien entendu des questions au sujet des limites à imposer à l’action des gouvernements contre le terrorisme, du respect de la démocratie et des libertés fondamentales. Toutes ces questions ne doivent pas être éludées. Malheureusement, elles ne sont pas récentes.

  • Inverser les inversions
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-inverser-les-inversions-2013-

    S’il y a une chose que j’ai comprise à vous écouter aujourd’hui, c’est combien toutes les questions que je pouvais me poser au début du conflit syrien, sur les marges de liberté de la société civile contestant le pouvoir, sur le degré de #surveillance de la population, sur la censure etc. que toute cette dimension, informationnelle, de la violence d’Etat, a été balayée par la violence de la guerre tout court.

    #Snowden #LPM #droit #secret

    http://www.dailymotion.com/video/x18uc4d_les-voeux-de-noel-d-edward-snowden_news

    Le « contre-espionnage démocratique » sera développé dans le chantier #espionnage du prochain numéro de @vacarme, intitulé « SPY MANIA » (cc @artemis1 @xporte @osezkarl). Cf. http://seenthis.net/messages/216741

    Et via @Histhom, la citation complète de l’archive du Ministère de l’Intérieur (F7 / 13053) extraite d’une brochure d’A. Moreau, commissaire spécial, qui date de... 1897 ! :

    En réalité, les vraiment dangereux sont peu nombreux et ne seront probablement jamais parmi ceux qui sont toujours en évidence, parmi les trop connus de l’anarchie. Les plus à craindre sont ceux qui savent ne pas se faire connaître, ceux qui passent inaperçus, les « solitaires » qui ne se révèlent que par un crime et écrivent leur profession de foi avec des bombes comme Emile Henry ou avec un poignard comme Caserio.

    Le dangereux, ce n’est plus aujourd’hui la collectivité du #complot, c’est le solitaire : celui qui ne parle point, qui ne s’agite pas, qui s’exalte dans l’ombre, sans que personne, même parmi ses compagnons, puisse jamais soupçonner quelle est son idée fixe, sa hantise, sont but, son dessein.
    Le solitaire est un passant quelconque, d’aspect pacifique, à allures mornes, qui n’excite aucun intérêt, aucune méfiance et qui cependant s’est érigé en justicier. Comment pénétrer sa pensée ? Il afficha, peut-être, jadis, des tendances subversives, mais actuellement, il ne connaît aucun acte délictueux, il semble s’être rangé, il est discret, il est inoffensif et un beau jour, il est meurtrier.

    • À cause de @thibnton je me mets à écouter France Culture en podcast :) Cela dit, je n’ai pas compris en quoi cette idée d’inversion de la surveillance se différenciait de la notion de sous-veillance.

      Il me semble que la question à se poser pour celles et ceux qui souhaitent s’opposer au flicage généralisé, c’est plutôt « qu’est-ce qui permet la surveillance ? », que ce soit des concepts, des dispositifs politiques, sociaux ou techniques.

      Par exemple, qu’est-ce qui permet à ce commissaire en 1897 de se sentir la responsabilité de devoir surveiller l’ensemble de la population (quand bien même elle ne serait pas d’accord) pour garantir sa sécurité face aux actions d’une minorité ? (note : dans ce cas précis, c’était plutôt la sécurité des députés et des présidents :D)

    • Que dit Vinton Cerf (avec Robert Kahn) ? (cité à la fin du podcast) : http://www.nytimes.com/2013/12/31/science/viewing-where-the-internet-goes.html?pagewanted=all

      Is there a solution to challenges of #privacy and #security?
      In the 1990s when I was on the National Internet Infrastructure Advisory Committee, Al Gore showed up as vice president, and he made an impassioned pitch for Clipper chip [an early government surveillance system]. He said, “We need to be very aware of the needs of national security and law enforcement.” Even though the private sector was arguing for tight encryption, the federal government needed [to be able to conduct surveillance]. It never went, and it’s not anywhere today. I think it’s probably easier to solve the Israeli-Palestinian problem than it is to solve this.

      Et la citation sur la #sécurité à mettre en regard du magnifique texte de Giorgio Agamben dans le @mdiplo de janvier (#paywall) :

      Comment l’obsession sécuritaire fait muter la #démocratie
      http://www.monde-diplomatique.fr/2014/01/AGAMBEN/49997

      Mais on ne saurait oublier que l’alignement de l’#identité sociale sur l’identité corporelle a commencé avec le souci d’identifier les criminels récidivistes et les individus dangereux. Il n’est donc guère étonnant que les citoyens, traités comme des criminels, finissent par accepter comme allant de soi que le rapport normal entretenu avec eux par l’Etat soit le soupçon, le fichage et le contrôle. L’axiome tacite, qu’il faut bien prendre ici le risque d’énoncer, est : « Tout citoyen — en tant qu’il est un être vivant — est un terroriste potentiel. » Mais qu’est-ce qu’un Etat, qu’est-ce qu’une société régis par un tel axiome ? Peuvent-ils encore être définis comme démocratiques, ou même comme politiques ?