Afrique : Redéploiement de l’impérialisme français et sidération humanitaire de la gauche

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    En conclusion, cet article part du constat qu’il est vain de distinguer les intérêts économiques des grands groupes privés de la politique de puissance de l’Etat français en Afrique. En effet, dans un contexte où la compétition ne cesse de se durcir entre exportateurs et investisseurs du monde entier, il est clair que Paris s’efforce de jouer une carte plus offensive en mobilisant l’ensemble de ses atouts traditionnels sur ce continent. Ainsi, de chasse gardée en déclin ayant servi trop souvent de béquille à des capitaux peu compétitifs, la Françafrique devrait se transformer en base arrière des sociétés du CAC 40 pour la conquête de nouvelles parts de marché dans les régions « anglophone » et « lusophone » du continent. Il ne s’agit donc pas de tourner le dos à la zone CFA, mais d’en réinvestir les rentes préférentielles en faveur d’une logique d’expansion. Dans cette optique, la capacité d’intervention de l’armée française dans son ancien empire doit être considérée comme un atout politique significatif, qui peut même donner droit à des retours économiques appréciables, à condition de la mettre en œuvre prudemment, dans un cadre international concerté, notamment avec le Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis, l’UE, l’UA et les autorités de la région et du pays concernés.

    Ce que j’ai appelé « la sidération humanitaire » de la gauche française l’empêche de voir à quel point « la sécurisation des Etats fragiles » est devenue aujourd’hui l’une des tâches stratégiques de l’impérialisme, au moment où il joue à nouveau des coudes pour saigner l’Afrique à blanc. Après tout, la colonisation de la fin du 19e siècle n’avait-elle pas aussi pour but déclaré de doter « le contient noir » d’un ordre politique stable, « favorable à la sécurité des affaires », fondé sur l’exploitation sans frein des ressources du continent ? De la même façon, loin de sauver des vies humaines menacées par l’effondrement des pouvoirs publics, les opérations de police à grande échelle, menées ou commanditées actuellement par les puissances occidentales, ne font donc que préparer le terrain à une exploitation plus implacable du continent, dont les conséquences humaines et écologiques pourraient s’avérer plus meurtrières encore que celles de la précédente « mêlée pour l’Afrique ».

    #Afrique #Françafrique #humanitaire #mondialisation