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  • Stanislas Dehaene : « On observe souvent un déni de la réalité scientifique » (LeMonde.fr)
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/02/03/stanislas-dehaene-on-observe-souvent-un-deni-de-la-realite-scientifique_4358

    Parce que quand un enfant apprend à lire, son cerveau effectue trois étapes. La première consiste à identifier la séquence de lettres. La deuxième, le décodage de leur prononciation. Et c’est seulement en dernier qu’intervient le sens. Il faut attendre plusieurs années avant que la lecture devienne un automatisme. Seul un lecteur expert passe directement des chaînes de lettres à leur signification. C’est pourquoi le déchiffrage des lettres, qui ne devient automatique qu’au bout de deux ou trois ans chez un enfant, est une étape extrêmement importante. Penser qu’on peut la court-circuiter afin d’accéder directement au sens des mots, à leur signification, est une grave erreur. C’est néanmoins ce que proposent certaines méthodes mixtes.

    #éducation #école #lecture #apprentissage #neurosciences #méthode_syllabique

    • Hihi, +1000. :)

      J’avais lu une expérience sur adultes qui, je crois, combinait neurologie et mouvement des yeux, et qui montrait qu’en fait, même adulte, le cerveau regarde lettre par lettre : seulement il le fait à une vitesse monstrueusement rapide.

      Ce qui signifierait que même les lecteurs experts ne court-circuitent pas la phase d’identification, seulement ils ont entraîné leur cerveau (au fil d’années de lecture) à faire cette opération de plus en plus rapidement.

      Chaque chose en son temps…

      #syllabique

    • Ah, je savais que ça te plairait… :)
      Quant à moi, j’utilise une méthode que d’aucuns qualifieraient de mixte, même si je n’aime pas ce terme.
      Je ne suis pas convaincu par les certitudes de Dehaene (j’ai parfois l’impression qu’il nous refait le coup de la « bosse des maths ») même si je trouve ses travaux intéressants. Je crois à l’importance du sens, de la compréhension et de la mise en lien dès le plus jeune âge. Je ne suis pas convaincu par les théories « du simple au compliqué » parce que j’ai l’intuition qu’elles passent à côté du « complexe ». D’ailleurs quand on dit que x% d’élèves ne savent pas lire au collège, on oublie de dire que l’évaluation se fait sur la compréhension et non sur une restitution oralisée d’un texte.
      Enfin, dans une autre vie, j’ai fréquenté des labos de neurosciences et j’en ai gardé un intérêt pour cette approche scientifique pluridisciplinaire mais le sentiment qu’elle doit restée à sa place.
      Comme enseignant, je suis ouvert à la controverse scientifique, mais l’impossibilité de tout débat pédago-éducatif en France parce qu’il faudrait in fine choisir entre Finkielkraut et Meirieu me fatigue :)

    • Je pensais que l’on arriverait à un large consensus au sein de l’institution quant aux méthodes de lecture. Dans les années 80, les thèses de Jean Foucambert suscitaient l’intérêt de nombreux pédagos qui se penchaient un tant soit peu sur l’enseignement de la lecture. Force m’est de constater qu’il n’en est rien puisque Darcos sous le lobbying de quelques officines de l’enseignement supérieur (Sauver-les-lettres pour ne citer que celle-là) tente d’imposer aux instits la « bonne-vieille » méthode syllabique. Et je m’aperçois que dans notre « bonne-vieille » France rance et ultraconservatrice, on ressasse en boucle les mêmes débats stériles sans avancer d’un iota.

      http://www.charmeux.fr/foucambert.html

      En clair, c’est ce qu’il comprend du message qui lui permet d’aller voir comment fonctionne le code jusqu’à pouvoir enfin le considérer isolément. Contrairement à l’approche que proposent les méthodes en usage à l’école dans la continuation de l’alphabétisation, on ne peut entrer dans un nouveau langage que par l’usage qui en est fait en tant qu’outil de pensée et de communication. Peu désireux d’investir économiquement dans les conditions de la lecture pour la partie des forces productives que la division du travail devait exclure d’un rapport expert à l’écrit, le corps social a fait au siècle dernier le choix d’une entrée par le code afin de parvenir au message par transcodage du système linguistique indigène, en l’occurrence l’oral. Choix réaliste qui n’est possible que dans les systèmes d’écriture à dominante phonographique, mais réduisant la définition de la lecture à cette opération enseignée jusqu’à en oublier ce qu’il en est des opérations communes au traitement de tous les systèmes écrits par leurs lecteurs experts. Cette réduction de la lecture permet à des enseignants de bonne foi de rester à distance d’une réflexion sur les conditions d’un apprentissage linguistique de l’écrit au prétexte que l’oral serait naturel (donc relèverait bien des conditions d’un apprentissage linguistique) mais l’écrit serait social donc justifierait un apprentissage non linguistique. C’est pour prendre à revers cette idée reçue que Freinet inventait l’expression de méthode “naturelle” pour aborder l’écrit et qui consiste simplement à recréer les conditions sociales d’un apprentissage linguistique.

    • @sombre je trouve ton « argument » ridicule. De ce que j’entends des gentils-progressistes, il s’agit exactement, presque mot pour mot, des mêmes mécanismes d’argumentation utilisée par les anti-écolos.

      Pour faire vite : on confond telle technique particulière, avec une époque entière. Et l’on critique alors ceux qui promeuvent, parfois très rationnellement (et non par nostalgie de l’époque !) la méthode syllabique, comme s’ils voulaient tous revenir à l’Ancien Régime.

      Exactement donc, comme ceux qui disent immédiatement qu’on va revenir à la bougie et au cheval (et à un temps où on était moins libres, où les femmes blablabla) dès que l’on critique le nucléaire et les voitures. Même assimilation et même croyance en une histoire linéaire, où l’on serait obligé de tout prendre vers l’avant ou de tout revenir en arrière.

      Je ne vois pour ma part aucune contradiction à défendre farouchement le départ syllabique (qui ne dure même pas longtemps en plus, aucune coercition fasciste !), tout en promouvant des relations d’apprentissages issues de Montessori ou autre. Entre autre parce que le « départ syllabique » n’est pas une méthode en soi, mais seulement un processus de base, sur lequel on peut tout à la fois appliquer une méthode réac (du genre toute la classe répète B-A-BA sur le tableau en même temps), ou des méthodes plus modernes et « autonomisantes » (Syllamots/Syllathèmes en est un très bon exemple, où les enfants apprennent à s’auto-corriger, avec l’aide bienveillante d’un adulte).

    • @rastapopoulos qui dit que :

      Pour faire vite : on confond telle technique particulière, avec une époque entière. Et l’on critique alors ceux qui promeuvent, parfois très rationnellement (et non par nostalgie de l’époque !) la méthode syllabique, comme s’ils voulaient tous revenir à l’Ancien Régime.

      Tout d’abord, mon « argument » était plus une constatation qu’autre chose. Je ne fais pas la promotion de la méthode mixte ni (et encore moins) celle de la méthode globale. Ce que je voulais montrer, c’est le management déplorable auquel sont soumis les enseignants. En 2002, retour de la droite aux manettes : on vient à peine de digérer la réforme de J. Lang précédent ministre de l’EN que voilà-t-y pas qu’on remet en cause les méthode d’apprentissage de lecture avec en apothéose, le ministre Darcos qui affirme péremptoirement que la méthode syllabique, ça c’est une méthode qu’elle est bien. Quelle légitimité a-t-il pour imposer cette méthode plutôt qu’une autre (à part celle d’avoir un portefeuille ministériel) ?
      Donc tout à fait d’accord avec l’article du monde (qui bouscule l’école en 6 questions) :
      l’apprentissage de la lecture n’est ni de droite, ni de gauche,
      les enseignants sont tenus à l’écart des travaux scientifiques sur les processus d’apprentissage un peu comme si chaque patron de Bercy tenait à les garder dans l’ignorance pour mieux les fidéliser à sa cause (clientélisme).

      En attendant qu’on fasse une synthèse objective de tous les travaux concernant de près ou de loin l’apprentissage de la lecture qui suppose également un apprentissage de l’orthographe française qui est loin d’être la plus simple du point de vue linguistique, je souhaite que les gamins du primaire ne soit pas obligé de lire des phrases du type :
      « La pipe de papa pue le tabac. » ce qui présuppose qu’on ait vu que souvent le graphème « e » est muet, que souvent une consonne en final d’un mot ne se prononce pas sinon on aura un énoncé oral du type :
      « la-pi-pe-de pa-pa-pu-e-le-ta-bak ». pas terrible pour motiver l’apprentissage et pour la communication.
      Sinon, l’apprentissage de la lecture ne se fait pas qu’au CP, il se poursuit tout au long de la scolarité élémentaire et il est complété par des apprentissages sur les interrelations entre oral et écrit comme la grammaire, l’orthographe, la conjugaison des verbes, le vocabulaire etc ...
      Voili, voiloù ...