6 février 1934 - Manifestation sanglante à Paris

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    Le 6 février 1934, le radical Édouard Daladier présente à la Chambre des députés son nouveau gouvernement.


    C’est le prétexte à une violente manifestation antiparlementaire qui va faire trembler la République et susciter en définitive l’union des socialistes et des communistes, jusque-là refusée par ces derniers.
    André Larané
    Quatre-vingts ans plus tard...

    Nous relevons des similitudes entre le 6 février 1934 et le « Jour de colère » du 26 janvier 2014, à Paris aussi : hostilité à un gouvernement de centre-gauche impuissant à juguler la crise économique et affaibli par des affaires de corruption, manifestants majoritairement issus de la droite traditionnelle, mais avec une frange violente venue des extrêmes... Mais gardons-nous toutefois d’en tirer des conclusions.
    Fracture politique

    Édouard Daladier a été pressenti le 30 janvier par le président de la République Albert Lebrun pour présider le Conseil des ministres. Ce changement de gouvernement fait suite à la découverte, trois semaines plus tôt, du cadavre d’un escroc, Alexandre Stavisky.

    L’opinion publique soupçonne - à tort - les ministres et les députés d’avoir trempé dans ses combines. Sa méfiance est exacerbée par l’annonce de la mutation par Édouard Daladier du préfet de police Jean Chiappe, suspect de mansuétude à l’égard des « ligues ».

    Ces ligues - mouvements politiques de masse - rassemblent les mécontents de tout poil. Elles se sont multipliées à droite comme à gauche, en marge des partis parlementaires, à la faveur de la crise économique.

    François de La Rocque (6 octobre 1885, Lorient - 28 avril 1946, Paris)En signe de protestation, elles appellent à manifester le jour même de l’investiture de Daladier, à Paris, place de la Concorde, en face de la Chambre des députés (le Palais-Bourbon).

    Parmi les organisateurs de la manifestation figure l’association d’anciens combattants Les Croix-de-Feu présidée par le lieutenant-colonel comte François de La Roque (59 ans).

    Inspiré par le christianisme social, hostile à toute forme de racisme et d’antisémitisme, il prône un régime de type présidentiel. Il est adulé par les 300.000 adhérents de son association.

    Les Croix-de-Feu constituent le groupe le plus nombreux de la manifestation.

    Sont aussi présents la ligue monarchiste Action française, la ligue des Jeunesses patriotes fondée en 1924 par Pierre Taittinger, conseiller municipal de Paris ainsi que le groupe Solidarité française du parfumeur François Coty, émule de Mussolini, et même une Fédération des contribuables !

    À côté de ces groupes orientés à droite ou à l’extrême-droite, on relève la présence d’un mouvement communiste, l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC).

    Au total guère plus de 30.000 manifestants dont une bonne majorité d’anciens combattants. Tous se mobilisent sur le thème : « À bas les voleurs ! » et réclament davantage de civisme, d’honnêteté...
    Communistes et fascistes unis contre la démocratie « bourgeoise »

    Dans l’Europe des années 1930, la haine de la démocratie parlementaire est le point commun aux extrémistes de droite comme de gauche. On en jugera par cette litanie publiée dans la revue La Conquista del Estado du 4 juin 1931, par Ramiro Ledesma :

    Longue vie au nouveau monde du XXe siècle !
    Longue vie à l’Italie fasciste !
    Longue vie à l’URSS soviétique !
    Longue vie à l’Allemagne de Hitler !
    Longue vie à l’Espagne que nous ferons !
    à bas les démocraties bourgeoises parlementaires ! (cité par Bartolomé Bennassar, La guerre d’Espagne et ses lendemains, Perrin, 2004)

    Tragique manifestation

    À l’appel du lieutenant-colonel de La Roque, les Croix-de-Feu se dispersent rapidement. Bien que proches du Palais-Bourbon, siège de la Chambre des députés, ils se refusent à occuper celui-ci. Leur dispersion rend vaine toute possibilité de renverser le régime par la force......

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