Les nouveaux cyniques

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  • Les nouveaux cyniques
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    Sous couvert de politiquement incorrect, empereurs du monde des affaires, élites médiatiques, humoristes, politiques aux dents longues déversent leur fiel ultralibéral et affichent leur mépris de caste. Ils ne croient en rien, ils profitent de tout, ils nous empoisonnent la vie... Et ils nous font la morale !

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    A l’origine, les vertus du cynisme étaient de mordre les baudruches du conformisme, d’aboyer contre les puissants, de dénoncer l’hypocrisie. Par un retournement de sens dont notre époque a le secret, il désigne aujourd’hui une attitude de froid calcul et d’arrogance, adoptée par ceux qui se sentent invulnérables : grosses légumes du monde des affaires, élites médiatiques, humoristes accrédités, politiques aux dents longues.

    On est loin des dandys neurasthéniques et des écorchés vifs (de Nietzsche à Michel Onfray) se réclamant de l’école antique. Place à l’école en toc ! Avec le cynisme, le capitalisme décomplexé s’est trouvé une « philosophie » sur mesure, un prêt-à-penser et un prêt-à-vivre. L’autosuffisance professée par les maîtres d’Athènes est devenue opportunisme, la frugalité, égoïsme, la subversion, abus de pouvoir.

    Gonflés à bloc, la bave aux lèvres, ces néocyniques prennent le micro et ne le lâchent plus. Sous couvert de politiquement incorrect, enhardis par le légitime ras-le-bol généré par l’affadissement de la parole publique, ils déversent leur fiel ultralibéral, affichent leur mépris de classe, leur vision pourrie des relations humaines, leur régression dans des postures infantiles et narcissiques.

    Ainsi voit-on le poussah du CAC 40 faire son Gainsbarre flambant un gros billet et annoncer avec un rire d’hyène son intention de licencier par fourgons ; le banquier responsable de la faillite grecque nous suggérer une baisse générale de 30 % des salaires pour enrayer la crise ; le milliardaire comparer « les persécutions contre les riches » à celles des juifs par les nazis ; le grand seigneur germanopratin assimiler bras ouvriers et ventres de femmes pauvres ; la Marie-Antoinette des beaux quartiers moquer les fonctionnaires fainéants, le noctambule collectionneur de top models vanter les charmes de la prostitution de rue...

    Et, last but not least, le président à l’humour légendaire congédier sa moitié comme une femme de ménage et l’assassiner d’une petite vanne dans le dos. On croyait avoir un Bisounours à l’Elysée ? C’était un Gremlin ! Plus un politique qui ne tweete ses calembours, plus un énarque qui ne fasse son nihiliste en peau de lapin sur son blog.

    Certes, ces déconnades de premier de la classe sont loin de faire mouche à tous les coups, mais leur toupet estomaque, leur perfidie fascine. Il faut dire que la peur du dérapage et le lissage sont devenus si pénibles que le moindre son de cloche dissonant est crédité d’antilangue de bois, de fraîcheur, de courage et surtout de vérité...

    Chiens de garde
    « Tous les mots qui sont blessants donneront sujet à enquête », a menacé récemment Manuel Valls (« Le supplément », 2 février 2014). Le ministre de l’Intérieur, que certains désignent comme un nouveau cynique, va avoir du pain sur la planche !

    L’échange d’invectives (le clash en langage 2.0) est un mode d’expression courant, que ce soit sur Internet ou à l’occasion de débats télévisés dont la plus mauvaise langue sort gagnante, sous les rires et les applaudissements. « Le toupet est devenu...
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    #affaires
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    #ultraliberaux