Les Inrocks - Disparition de Stuart Hall, penseur de la société multiculturelle

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  • Figure intellectuelle majeure de la gauche marxiste anglaise des trente dernières années (la New Left ), sociologue dont l’œuvre porte la marque des “cultural studies”, Stuart Hall vient de disparaître à l’âge de 84 ans. Moins connu en France que dans les pays anglo-saxons, où son travail a marqué des générations de chercheurs travaillant sur les cultures populaires ou les études postcoloniales, il est considéré comme l’inspirateur majeur du multiculturalisme dans les sciences sociales.

    Premier éditeur de la New Left Review , de 1960 à 1961, et co-auteur de Popular Arts, en 1964, Hall a été directeur du Centre for Contemporary Cultural Studies de l’université de Birmingham de 1967 à 1979, où il travailla notamment auprès du célèbre sociologue Richard Hoggart, spécialiste des cultures populaires. Il passa son temps à réfléchir à des thèmes divers tels que l’immigration, la politique identitaire et la société multiculturelle, avec d’autres chercheurs politiquement engagés, parmi lesquels Ralph Miliband, le défunt père d’Ed Miliband, actuel chef du Parti travailliste.

    Parallèlement à son enseignement, ses articles et prises de position engagées contre le “thatchérisme” – expression dont il est l’auteur – ont fait de lui la figure dominante d’un groupe d’auteurs subversifs associés au magazine Marxism Today , critiquant radicalement la crise de l’Etat social et des formes instituées de la lutte des classes. Il s’attachait surtout ces dernières années aux questions d’identité et d’ethnicité.

    Né en 1932 à Kingston, en Jamaïque, d’un père jamaïcain et d’une mère d’origine européenne, Stuart Hall laisse derrière lui une œuvre dont l’influence n’a cessé de s’amplifier dans le monde des sciences sociales, en dialogue constant avec d’autres traditions intellectuelles, comme celles de Gramsci, Barthes, Foucault ou Bourdieu par exemple. Son modèle “encodage/décodage” est resté comme un manifeste fondateur des Cultural Studies, en avançant que les cultures populaires ont des systèmes de valeurs et des univers de sens propres. La culture est d’abord un lieu de conflits et il n’existe pas, selon lui, de correspondance absolue entre le moment de la production (l’encodage) et celui de la réception (le décodage).

    En France, les éditions Amsterdam ont publié certains de ses textes, comme Identités et cultures, en 2007, recueil de pièces maîtresses de ce champ d’études anglo-saxon qui place la culture au cœur même du processus de construction identitaire. De la formation des cultures diasporiques aux politiques noires britanniques, des situations postcoloniales au concept de multiculturalisme, Stuart Hall a éclairé certains enjeux centraux de la scène politique contemporaine.

    Un portrait intellectuel de Stuart Hall coécrit par Eric Macé, Eric Maigret et Mark Alizart est également paru aux éditions Amsterdam, ainsi qu’un autre texte de Hall, Le Populisme autoritaire. Puissance de la droite et impuissance de la gauche au temps du thatchérisme et du blairisme (2008).

    http://www.lesinrocks.com/2014/02/12/livres/disparition-de-stuart-hall-penseur-des-11472154

    #Stuart_Hall

  • Stuart Hall’s cultural legacy: Britain under the microscope
    http://www.theguardian.com/education/2014/feb/10/stuart-hall-cultural-legacy-britain-godfather-multiculturalism

    For the Jamaican-born intellectual, who was one of the Windrush generation, – the first large-scale immigration of West Indians to the capital after world war two – that rottenness was unmissable. Hall came to that rotten land with its in-part slave-generated wealth from Kingston in 1951 as a Rhodes scholar to study at Oxford. “Three months at Oxford persuaded me that it was not my home,” he told the Guardian in 2012. “I’m not English and I never will be. The life I have lived is one of partial displacement. I came to England as a means of escape, and it was a failure.”

    A failure? You might well be forgiven for thinking otherwise. Stuart Hall gave up his PhD on Henry James and instead, in 1958, became the founding editor of the New Left Review, which opened a debate about the things that hadn’t been broached in complacent British academia in the post-war period – immigration, the politics of identity and multicultural society. He became, with EP Thompson, Ralph Miliband and Raymond Williams, a leading figure of Britain’s New Left, and one of the very few among their number who wasn’t white.

    The Saturday interview: Stuart Hall

    Stuart Hall – godfather of multiculturalism and one of the UK’s leading cultural theorists – is more pessimistic about politics than he’s been for 30 years. The left, he says, is in deep troubl e

    http://www.theguardian.com/theguardian/2012/feb/11/saturday-interview-stuart-hall

    And yet, he says, “I’m more politically pessimistic than I’ve been in 30 years.”
    This pessimism is not down to the failure of multiculturalism, or rather, that speech last year in which David Cameron claimed it had failed – Hall takes a benign, if dismissive, attitude to Conservative posturing here, commenting mildly that Cameron is talking about equal-opportunities legislation, as he perceives it, rather than multiculturalism as part of the culture. No, it’s the state of the left that strikes him as the most problematic. “The left is in trouble. It’s not got any ideas, it’s not got any independent analysis of its own, and therefore it’s got no vision. It just takes the temperature: ’Whoa, that’s no good, let’s move to the right.’ It has no sense of politics being educative, of politics changing the way people see things.”

    #idees #sociologie #angleterre #jamaique #uk #stuart_hall #deces