• Et si l’on parlait du dérapage des coûts du capital ? | Chez les Economistes Atterrés | Rue89 Les blogs
    http://blogs.rue89.nouvelobs.com/chez-les-economistes-atterres/2014/06/25/et-si-lon-parlait-du-derapage-des-couts-du-capital-233049

    Pour les économistes standards, la production des entreprises, c’est un peu « Des Machines et des Hommes » : elle repose sur la combinaison de deux facteurs de production (le travail et le capital).
    Bizarrement, lorsqu’il s’agit de discuter des difficultés productives, ces économistes tendent à dénoncer les « dérapages » du seul coût du travail, sans jamais regarder ce qu’il se passe au niveau du coût du capital. Une étude (voir encadré) a récemment cherché à mettre en évidence le poids que fait peser le « coût du capital » sur les entreprises françaises.

    Derrière le mot « capital », les économistes ont tendance à ranger plusieurs réalités : le capital de Marx n’est pas le même que celui de Piketty. Ici, il convient de distinguer le capital productif du capital financier.....

    #économie
    #capital
    #coûts
    #dérapage

    • Alors que le coût net du capital financier comptait pour 20% du coût économique du capital dans les années 1960-70, ce même coût financier pèse désormais 50% du coût économique : à chaque fois que les entreprises françaises achètent pour 1 € de machines à leurs fournisseurs de capital productif, elles versent en plus 0,5 € aux financiers. Au-delà des niveaux, ce qui frappe le plus, c’est l’évolution de ce ratio.

      L’ère des actionnaires-rentiers

      On nous vend souvent les marchés financiers comme un instrument au service de l’allocation optimale des ressources (l’épargne canalisée vers les projets les plus efficaces), mais au bout du compte, le résultat essentiel de la financiarisation de ces trois dernières décennies est d’avoir détérioré le rapport qualité-prix du capital : les entreprises paient davantage (en intérêts et dividendes) pour une moindre accumulation de capital (baisse du rythme de croissance de la FBCF).

      En 1980, les entreprises dépensaient deux fois plus en investissements nets qu’en dividendes nets ;
      en 2011 elles dépensaient deux fois plus en dividendes nets qu’en investissements nets.

      La financiarisation de l’économie (en gros le pilotage des investissements économiques par la « main invisible » des marchés financiers) se traduit dans les faits par un coût de fonctionnement plus cher pour les entreprises. Elles doivent payer leurs liquidités bcp plus cher qu’avant en quelque sorte...
      Mais on continue à asséner que ce sont les travailleurs qui coûtent trop cher...
      #imposture libérale

  • Calculée comme la dépense publique, la dépense privée dépasserait 200% du PIB | Chez les Economistes Atterrés | Rue89 Les blogs
    http://blogs.rue89.nouvelobs.com/chez-les-economistes-atterres/2014/05/07/calculee-comme-la-depense-publique-la-depense-privee-depasser

    L’affaire semble entendue : la dépense publique représentant en France 57 % du PIB, il ne reste plus que 43 % pour le privé. De quoi justifier l’austérité budgétaire. Le problème est que ce raisonnement est faux.

    Avec la méthode retenue pour calculer la dépense publique, on peut estimer la dépense privée à plus de 200 % du PIB. Petite démonstration, sachant que tous les chiffres portent sur 2012 et sont tirés des comptes de la nation de l’Insee.
    La dépense publique est calculée en additionnant quatre grands types de dépenses.

    Celle de fonctionnement des administrations publiques tout d’abord (392 milliards, soit un tiers des dépenses). On y trouve la rémunération des fonctionnaires (268 milliards, soit seulement 23 % de la dépense publique, 13 % du PIB) mais aussi les consommations intermédiaires (les fournitures achetées par les administrations publiques : essence, crayons, etc.) (114 milliards) et plus accessoirement des impôts sur la production et des revenus de la propriété (10 milliards).
    Le deuxième est constitué de simples transferts : des sommes sont prélevées mais pour être immédiatement reversées aux ménages ou aux entreprises. C’est de loin le poste le plus important : 643 milliards, soit 56 % de la dépense publique. On y trouve principalement des prestations sociales (525 milliards, soit à elles seules la moitié de la dépense publique), mais aussi toutes sortes de subventions et de transferts (115 milliards) aux ménages, aux entreprises ou bien encore aux institutions internationales.
    Le troisième est constitué de l’investissement (64 milliards soit 5,6% de la dépense).
    Le dernier correspond aux intérêts de la dette publique (52 milliards soit 4,5 % de la dépense). Notons que ces intérêts représentent 2,5 % du PIB et que ce chiffre représente mieux le poids réels de la dette publique, qui celui régulièrement agité de 90 % qui met en rapport le stock de dette publique (1 839 milliards) avec le flux annuel de richesse (le PIB), comme si cette dette devait être payée dans l’année. ...........

    #économie
    #PIB
    #dépense-publique
    #dépense-privée

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    Avec la méthode retenue pour calculer la dépense publique, on peut estimer la dépense privée à plus de 200 % du PIB

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  • Un levier pour renforcer Alstom : l’épargne des Français | Chez Jean Matouk | Rue89 Les blogs
    http://blogs.rue89.nouvelobs.com/matouk/2014/05/03/un-levier-pour-renforcer-alstom-lepargne-des-francais-232836

    Dans l’affaire Alstom aucune des deux solutions encore en lice, car pendant un mois, elles le restent, n’est optimale. Certes, General Electric, qui emploie déjà 11.000 personnes en France, est accoutumée a nos lois et comportements, et a pris des engagements en termes d’emplois voire d’investissements sur trois ans. Mais l’expérience Mittal relativise fortement la portée de telles promesses. Dans un premier temps on multiplie les promesses pour éliminer un concurrent ; puis les aléas de la conjoncture viennent justifier qu’on n’en tiennent pas la totalité, voire aucune.

    Apparemment, l’éventuelle offre de Siemens aurait le mérite d’être une solution européenne et de maintenir un Alstom dans les transports, Siemens échangeant sa part « transport » contre la part « énergie » d’Alstom. Mais l’idée de faire, à partir de là, avec l’Allemagne, le fameux « Airbus de l’énergie “envisagé par François Hollande, est très problématique. D’abord parce que les politiques énergétiques des deux pays sont devenues très différentes, et qu’il conviendrait d’abord au moins de les harmoniser. Ensuite parce que le risque sur l’emploi est encore plus élevé qu’avec General Electric, en raison des redondances.

    Entre les deux, si elles sont vraiment les deux seules possibles, je choisirais plutôt, comme le Conseil d’administration d’Alstom, la solution General Electric......

    #économie
    #industrie
    #alstom

  • Sortir la monnaie unique de « l’ordolibéralisme » | Chez les Economistes Atterrés | Rue89 Les blogs
    http://blogs.rue89.nouvelobs.com/chez-les-economistes-atterres/2014/02/11/sortir-la-monnaie-unique-de-lordoliberalisme-232283

    Peu de gens ont entendu parler de l’« ordolibéralisme ». Pourtant, cette doctrine constitue une pièce maîtresse pour comprendre les problèmes de la zone euro et envisager une sortie de la crise par le haut.

    L’ordolibéralisme est un rameau de la pensée économique libérale développé en Allemagne dans l’entre-deux-guerres. L’objectif était de teinter le libéralisme de préoccupations sociales. Cette doctrine fut mise en œuvre par les chrétiens démocrates pour reconstruire l’Allemagne.

    Egalement validée par le Parti socialiste allemand, cette pensée a façonné l’économie sociale de marché qui a sous-tendu le miracle allemand d’après-guerre.

    L’ordolibéralisme traduit une philosophie sociale cherchant une voie entre les inefficiences notoires de la planification socialiste et les excès d’un libéralisme débridé.

    Les penseurs ordolibéraux comme Wilhelm Röpke (1899-1966) ou Walter Eucken (1891-1950) ont été des humanistes hostiles aux totalitarismes. Tous ambitionnaient une synthèse entre la liberté économique et la justice sociale. Et tous ont vécu les traumatismes de la grande inflation allemande de 1923-1924.
    Une forme de constitution économique

    Pour l’ordolibéralisme, ni la propriété privée ni l’économie de marché ne relèvent d’un ordre « naturel ». Mais si le libéralisme économique n’est pas inéluctable, il reste le meilleur système pour soutenir le progrès économique et social. C’est donc à l’Etat de le mettre en place, et de le maintenir. Pour piloter l’économie, les ordolibéraux préféraient les experts et les règles aux hommes politiques. En conséquence, ils prônaient une forme de constitution économique – un ordre – reposant sur quatre principes fondateurs :

    le respect de la propriété privée ;
    un régime de concurrence libre et non faussée défendue par une cour de justice ;
    la stabilité des prix grâce à une banque centrale insensible aux pressions politiques ;
    le combat contre le laxisme budgétaire.

    Chacun reconnaîtra ici des normes clairement en résonance avec la pensée néolibérale qui prévaut depuis trois décennies dans le monde.

    Les ambitions sociales de l’ordolibéralisme ont été relayées par la forte présence du christianisme social allemand. Les ordolibéraux rejettent l’hédonisme des libéraux classiques et défendent un système d’organisation sociale à la fois efficace et respectueux de la dignité de l’homme. Ils soutiennent l’importance des corps intermédiaires (syndicats ouvriers et patronaux) afin d’assurer un partage équitable de la valeur ajoutée.

    A partir des années 80, l’ordolibéralisme originel a été revisité par une lecture ultralibérale réfractaire au social. Ce raccourcissement de la doctrine s’est imposé en Allemagne, mais aussi quand la zone euro a été conçue. C’était l’époque où le couple Reagan-Thatcher répandait la bonne parole néolibérale.

    En dessinant la zone euro, le traité de Maastricht de 1992 s’est largement inspiré de l’ordolibéralisme. Ce texte a privilégié le versant libéral en délaissant le social pour deux raisons. D’abord, il épouse la pensée néolibérale dominante depuis les années 1980.

    Ensuite, l’ordolibéralisme, dépouillé de sa composante sociale, s’applique bien à un espace avec une monnaie unique mais sans union politique. En effet, l’ordolibéralisme épuré du social a offert un dénominateur commun acceptable par les Etats de la zone euro. Le résultat est net : le traité de Maastricht impose une constitution économique ultra libérale à des Etats souverains. On a ici un fédéralisme tutélaire fort éloigné du fédéralisme démocratique.

    Cet ordolibéralisme tronqué s’est d’autant plus aisément imposé qu’il était présenté comme le moteur de la réussite exemplaire de l’Allemagne.......

    #économie
    #libéralisme

    • L’ordolibéralisme radical s’est imposé grâce à la dominance de l’ultralibéralisme, mais également en réponse à l’absence d’intégration politique. Cette doctrine désarme la zone euro et impose des cures d’austérité face à la crise. Il faut changer de trajectoire.

      Justement, ce qu’il appelle "ordolibéralisme radical" n’a plus rien à voir avec la doctrine de Röpke et Eucken, c’est une mystification, une supercherie.. Le génie du néolibéralisme c’est justement d’avoir réussi à pervertir tous les courants, même les plus progressistes, pour réinjecter les dogmes capitalistes les plus rétrogrades, et faire passer ça pour la modernité.

      Faire revenir la monnaie unique à « l’ordolibéralisme » originel aurait été un titre provocateur mais plus exact pour dénoncer plus explicitement cette mutation sournoise...