Exclusif. Bernard Squarcini : « On s’est beaucoup trompé en Syrie »

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  • Entre ici, Renaud Girard ! (Sauf erreur, texte de fin 2005)
    http://www.arenes.fr/spip.php?article909

    Qu’est-ce qui fait courir Renaud Girard sous les obus ? L’amour du journalisme et le goût de l’aventure, bien sûr, mais pas seulement. L’hebdomadaire nous apprend qu’une autre passion anime le reporter vedette du Figaro, entré en journalisme après avoir fréquenté les bancs de l’École nationale d’administration (ce qui ferait de lui un « rebelle de l’ÉNA », un « iconoclaste ») : rendre service aux dirigeants de son pays.« “Cela a été ma façon à moi de servir l’État”, sourit-il. “Chaque fois que je rentrais de reportage, je briefais les diplomates ou l’Élysée sur ce que j’avais vu.” » Journalistes et honorables correspondants, même combat, même métier…

    Cette franchise est méritoire : elle éclaire de manière enjouée une branche méconnue de la profession qualifiée— dans L’Almanach critique des médias de « journalisme patriote et plénipotentiaire ». Cette discipline, qui consiste à calquer la carte de presse sur celle de la DGSE, fait l’objet d’une des neuf parties du livre, ainsi que d’un « Quiz » dont nous sommes certains que Renaud Girard y aurait accompli un sans faute.

    […]

    Chez Renaud Girard et ses congénères, le journalisme se pratique comme un art de la guerre. Chargé, pendant l’année universitaire 2004-2005, de former les élèves de Sciences-Po au « rôle de l’information, du renseignement aux médias, dans la gestion des conflits du XXIe siècle », Renaud Girard s’est ainsi entouré de deux « experts » de haute tenue : Alain Juillet, ancien directeur du renseignement à la DGSE devenu Haut Responsable chargé de l’intelligence économique auprès du Premier ministre, et Jean-Louis Gergorin, ancien directeur du Centre d’analyse et de prévision du Quai d’Orsay, désormais vice-président exécutif du géant de l’armement EADS. Une troïka aussi rebelle qu’iconoclaste, on en conviendra.

    • Exclusif. Bernard Squarcini : « On s’est beaucoup trompé en Syrie » (novembre 2013 - et, oui, c’est Valeurs actuelles.)
      http://www.valeursactuelles.com/bernard-squarcini-%E2%80%9C-s%E2%80%99-beaucoup-tromp%C3%A9-syrie%

      Renseignement français : nouveaux enjeux, de Bernard Squarcini et Étienne Pellot — à paraître le 26 novembre —, offre un éclairage très instructif sur les arcanes de quelques grands dossiers, tout en révélant les réflexions roboratives de l’ancien patron de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) sur la façon dont le pouvoir gère certains dossiers. La preuve par quelques extraits sur la Syrie, « un fiasco politico-médiatique de nature à affaiblir durablement la position diplomatique de la France », écrit Squarcini.

    • Oui, tu te demandes pourquoi je rapproche ces deux référencements ?

      Parce que j’essaie de documenter (si tu veux aider : moi je n’ai pas beaucoup de billes pour l’instant) une idée que j’ai depuis le début de la crise syrienne : une très importante partie des « services » français (le renseignement, mais aussi l’armée) est totalement opposée à la position officielle du Quai d’Orsay.

    • Pas exactement « les services », mais pas loin : L’arrestation d’un proche d’Assad plombe l’offensive de Sarkozy contre Hollande (août 2012)
      http://www.marianne.net/L-arrestation-d-un-proche-d-Assad-plombe-l-offensive-de-Sarkozy-contre-Hol

      Ancien patron des services des forces libanaises, Samaha est surtout un affairiste libanais, largement utilisé par Claude Guéant pour reconstituer des liens étroits avec la Syrie. C’est lui qui fait les allers et retours entre Paris et Damas quand il faut préparer le sommet à Paris, en juillet 2008, qui fonde l’Union Pour la Méditerranée.
       
      Michel Samaha est également proche de Ziad Takieddine, un des facilitateurs du rapprochement de Sarkozy et de Guéant avec Damas après 2007. Lors du voyage qu’il organisait pour Jean François Copé à Beyrouth en 2003, l’ami Takieddine présentait à ce dernier Michel Samaha. Le site Mediapart a révélé la liste des prestigieuses personnalités présentées à Jean François Copé, dont Samaha.

    • Ah... Un peu d’eau pour votre moulin alors, cet article de @dedefensa de juillet 2012 pour commencer :

      http://www.dedefensa.org/article-lavrov_et_leur_chantage__17_07_2012.html

      Lorsque vous rencontrez, disons un ambassadeur ou un haut fonctionnaire du Quai dans un cocktail du genre, disons pour fêter le 14 juillet, que vous lui dites que la question de la Syrie mériterait tout de même d’être débattue, vous vous entendez répondre, sur un ton de comploteur impératif, que “la Syrie, c’est tabou” . La source qui nous a informé de cela poursuit en observant : « Moi, je croyais que le tabou, c’était réservé aux sectes, à certaines religions intolérantes, à cette sorte de chose, mais pas au débat sur la politique étrangère qu’on peut poursuivre dans la discrétion d’une réception bon chic bon genre… » Eh bien, non, ces temps-là de la tolérance dans l’échange des idées, ce temps-là est fini. Le temps presse, d’ailleurs, et il n’est plus temps de réfléchir, – “c’est tabou”... Cet épisode très anecdotique, renvoyant à de nombreuses situations de cette sorte dans le cadre de la crise syrienne, indique qu’on se trouve dans un territoire intellectuel quasiment paralysé et figé, où il n’est plus question de débattre. Il ne peut nullement être avancé pour autant que les certitudes et les résolutions sont à la mesure de cette fixation des choses. Il est avéré, au travers de diverses confidences, que la direction socialiste française n’avait absolument pas préparé ses dossiers de politique extérieure avant son arrivée au pouvoir, qu’elle s’est trouvée devant des situations inattendues pour elle, qui suscitent des incertitudes graves au plus haut niveau, mais cela n’apparaît nulle part, dans aucune position publique (“la Syrie, c’est tabou”). Une situation assez proche existe en Allemagne, où l’on ne cesse d’écarter en théorie l’idée d’une intervention extérieure en Syrie, et où l’on cosigne une proposition de résolution dont la logique, dans les circonstances qu’on sait, y mène tout droit…

      Et j’ajouterai pour ma part une anecdote personnelle, qui vaut ce qu’elle vaut. Au printemps 2013 alors que j’étais encore à Beyrouth, j’avais pu discuter brièvement avec un officier français de la Mission de défense. Il m’avait effectivement fait part de son malaise vis-à-vis de notre politique régionale, ainsi que de sa consternation suite à l’inscription du Hezb sur la liste terroriste ( "Bourgas, c’est pas eux ; quand ils font quelque chose, ils le revendiquent" ; "on n’a pas de problème avec eux, ce sont de vrais soldats ; les terroristes sont les tarés d’en face" ).