/ursula

  • Le néophyte Macron
    Fait un sans-faute
    Sur la scène internationale

    Tentation forte,
    Plus que tous les autres matins,
    De tout envoyer promener

    Et, parfois, je remarque
    Que cela fait plus d’une heure
    Que je n’ai pas pensé à elle

    Un jour après l’autre
    Une heure après l’autre
    Une minute après l’autre

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/sons/jlg_seijiro_murayama.mp3

    Tu relis ton tapuscrit au café
    Le passage à propos de Seijiro Murayama
    Il s’assoit à côté de toi ! Tout droit arrivé du Japon.

    Tu écris à propos de Seijiro Murayama
    Il arrive tout droit du Japon
    Tu écris un poème pour elle, plein d’espoir

    Tu écris un poème pour elle,
    Plein d’espoir
    Peine perdue (tu le sais)

    Tu écris un poème pour elle,
    Plein d’espoir, peine perdue
    Pourtant elle habite juste à côté

    Tu écris un poème pour elle, plein d’espoir
    Peine perdue (tu le sais)
    Elle est en tournée au Japon !

    Un article dans l’Humanité
    Tu aimes imaginer tes parents
    Au kiosque achetant l’Humanité

    La France exporte
    Un pesticide interdit
    Vers les pays en développement

    Vivez votre aventure
    Sur mesure
    En toute discrétion !!!

    Dire
    Son
    Silence

    Dire son silence
    Un film
    De Jean-Pierre Lenoir

    Se pourrait-il que Dire son silence
    Réalise l’exploit
    D’être un film autiste ?

    En sortant du cinéma
    Avec Marie-Françoise et Nicolas
    Incomplétude : tu penses à elle

    Matin, ton nom dans l’Humanité
    Midi, tu croises Seijiro Muyama au café
    Soir, Dire son silence de Jean-Pierre Lenoir

    #mon_oiseau_bleu

  • http://inthemorningmag.com/wp-content/uploads/2016/09/Nick-Cave.jpeg

    Sur la table de la cuisine
    Au réveil, tu retrouves
    Ton manuscrit, le ventre ouvert

    Le dimanche matin
    Tu voudrais qu’il soit entre 7 et 8 heures
    Toute la journée

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/nick_cave.mp3

    Piscine
    Café
    Nick Cave

    Mon amie Sarah
    Me conseille de faire du ménage
    Pour l’inspiration

    Le groupe djihadiste Etat islamique
    Revendique l’attaque
    Contre un bus transportant des coptes

    Des mendiants se succédaient dans la rame
    De plus en plus nombreux
    De plus en plus agressifs

    L’insoutenable agression
    D’un mendiant dans le métro
    Qui me crie avoir faim

    Accueil de Dominique
    Étreinte fraternelle
    Dominique, mon grand frère

    Il va m’en vouloir
    Mais quand Dominique monte sur scène
    Les autres musiciens serrent les fesses

    À propos d’Une Fuite en Égypte
    Dominique me dit
    Tu ne dois pas le lire comme c’est écrit

    Plaisir d’un ruban d’autoroute
    Un soir
    De canicule

    Un mendiant agressif
    Trois morceaux de vraie musique
    Je ne dois pas le lire comme c’est écrit

    #mon_oiseau_bleu

  • Quel matin lumineux !
    Et dire qu’aujourd’hui
    Des gens vont mourir

    Ecouter de la musique
    Le matin
    Comme on fait sa prière

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/agnel_minton.mp3

    Phil Minton
    Axel Dörner
    Thomas Lehn

    Aller se recoucher
    Finir de Lire
    Holocaust de Reznikoff

    Tu lis Holocaust
    En écoutant
    Duke Ellington

    http://desordre.net/musique/ellington.mp3

    Aux États-Unis
    Noirs et Blancs
    Peinent à se dire oui

    carrefour.com
    Gagnez votre voyage
    À Los Angeles !

    Divorced
    For being
    Too fat


    À la piscine en faisant tes longueurs
    Tu écris de nombreux poèmes
    Aucun que tu ne puisses enregistrer

    Un kilomètre à la nage
    Mille pensées
    Aucune dont tu te souviennes

    Tu reprends ton dernier roman
    Tu ne cesses de faire ajouts et retraits
    Jusqu’à quand ? Épuisant !

    Une jeune femme pas pudique
    Montre ses poils pubiques
    Dans une bibliothèque publique

    En rangeant tes livres
    Tu as isolé quarante-neuf livres
    Que tu n’as pas encore lus !

    Tu as pourtant fini d’écrire
    Le rapport sexuel n’existe pas
    Et tu continues de penser à elle ?

    La seule personne à qui
    Tu as parlé aujourd’hui
    La guichetière de la piscine

    Longueurs et poèmes aquatiques
    Une jeune femme montre ses poils pubiques
    Le rapport sexuel n’existe pas

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/20170519_poesie_et_ainsi_de_suite.mp3

    Dans les enceintes
    À la radio
    Ta voix !

    Dans le journal d’hier
    Un article
    À propos de ton livre

    Ton père au téléphone
    Ta mère et moi
    On est fiers de toi !

    Do you want to look
    At my young tits
    And other pretty photos ?

    Quart d’heure warholien
    Parents fiers
    Spam du soir

    #mon_oiseau_bleu

  • Demande de bourse
    Demande de subvention
    Déclaration de revenus

    J. (prononcer Jay )
    Le rapport sexuel existe
    Une journée réussie

    Le nouveau président
    Veut aller
    Vite

    Ce matin à la radio, 19 morts
    Ce midi au journal, 22 morts
    Tu as trois morts sur la conscience

    Un homme gravit l’Everest en 26 heures
    22 personnes meurent dans un attentat terroriste
    Le nouveau président veut aller vite

    Poèmes écrits
    Assis sur un siège
    À cinq roulettes.

    Poèmes
    Écrits
    En open space

    Lire
    Écrire
    Boire des cafés

    Ne regarde plus
    Tes mails
    Elle te t’écrira plus

    Ne regarde plus
    Tes mails
    Elle ne répondra pas

    Pour qui
    Écris-tu des poèmes
    Désormais ?

    Viagra
    Perte de poids
    Trucs infaillibles

    Ta collègue Cécile
    Enfile ses lunettes
    Une branche après l’autre

    Open space
    Et
    Viagra®

    http://www.desordre.net/musique/comelade.mp3

    Seul à la maison
    Le soir, j’écoute
    Pascal Comelade

    Je ne suis jamais seul
    Quand j’écoute
    Pascal Comelade

    De retour de chez mon analyste
    Dans le métropolitain, une pensée
    Pour le patient suivant.

    Les drôles de (petites) manies
    De mon analyste
    Pendant la séance

    Se masquer
    Le visage
    Avec le bracelet de sa montre

    Nettoyer sa paire de lunettes
    Les reposer
    (Toujours) les faire tomber

    Passer
    Son temps
    À changer de paires de lunettes.

    Faire
    Des petits
    Dessins

    Fermer les yeux
    Concentré
    S’endormir

    Souligner
    En rouge
    Des notes

    Détendre ses jambes
    Comme s’il était
    Pris de crampes

    Croiser de très belles femmes
    Dans la rue
    Au bras de beaux hommes

    Oui, là
    Je ne suis plus
    Chez mon psychanalyste

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/pifarely_trace_provisoire.mp3

    Louis Sclavis
    Dominique Pifarély
    Vincent Courtois

    Dans la vitrine
    D’une librairie
    Ton livre
    If you are interested
    In watching wonderful photos
    Of my huge breasts and sexy arse

    Psychanalyste maniaque
    Dominique en trio
    Huge breast

    #mon_oiseau_bleu

  • Quand est-ce que
    Demain
    Sera un autre jour ?

    Les rêves érotiques
    D’un vieil homme
    Quelle misère !

    Certains matins
    Tu ne penses plus
    À elle

    Quand tu ne penses plus à elle
    Tu as le sentiment d’être infidèle
    Tu es bien seul à t’en préoccuper

    L’Humanité
    Emet-elle
    Moins de CO2 ?

    Tu relis ton tapuscrit
    À la terrasse d’un café
    C’est vendredi, déjà !

    Et si tu l’oubliais
    Entièrement
    Faire comme si. Essayer

    D’ailleurs, bénéfice de l’âge
    Tu vois bien que tu ne te souviens
    Plus bien de tout, plus si bien

    Discussion avec Tiffanie
    A propos de L’Étreinte
    Tu es si vieux dans tes vues

    Ton collègue, parti à la retraite
    L’année dernière, tellement heureux
    T’appelle aujourd’hui, cancer

    Et si plutôt que
    De remonter au bureau
    Tu passais la journée au café

    Souvenir d’un bulletin de notes
    Sèche parfois le café
    Pour venir en cours

    Tu
    La
    Détestes

    Tiens !
    C’est
    Nouveau

    Es
    Tu
    Fou ?

    Tu la détestes
    Tiens c’est nouveau !
    Es-tu fou ?

    Vent de liberté
    Qui souffle sur le café
    C’est vendredi

    Même les serveuses
    Ont l’air heureuses
    Elles, pourtant au travail

    Treize poèmes
    Écrits
    Au café

    Je vois mon reflet
    Massif dans une devanture
    Qui pourrait avoir envie de m’étreindre ?

    J’écris une longue lettre
    À Adrien Genoudet
    Qu’il lira peut-être

    J’écris une longue lettre
    À Adrien Genoudet
    La comprendra-t-il ?

    J’entame la lecture
    De Reniement
    D’Alain Spiess

    Que n’ai-je connu
    Alain Spiess
    De son vivant !

    C’est vendredi soir
    J’écoute Count Basie.
    Contre elle !

    Finalement, je ne vais pas au cinéma
    Je fais beaucoup mieux
    Je passe chez Éric et Daphna

    Lettre à Adrien Genoudet
    Count Basie
    Daphna et le cidre !

    #mon_oiseau_bleu

  • Lettre à Adrien Genoudet
    Count Basie
    Daphna et le cidre !

    L’opposition existera-t-elle
    A l’Assemblée nationale
    Face à Macron ?

    http://www.desordre.net/musique/basie.mp3

    Assis sur la lunette des chiottes
    Je rêvasse matinalement
    En écoutant Count Basie

    Mes rêves, en ce moment, semblent
    Avoir retrouvé le trou d’anguilles
    Par lequel ils ont toujours disparu

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose/sons/ffffffpoc.mp3

    pocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpoc Fait le disque de Count Basie
    Pendant que j’écris mon dernier poème

    krkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkr Fait la cafetière
    Pendant que je fignole un poème

    Indescriptible le bruit
    De la benne à ordure
    Pensée pour son sexe offert

    Je pense à lécher son sexe
    Chaque fois que j’entends
    La benne à ordure

    Surtout
    Le samedi
    Matin

    A la fin du disque j’écoute, avec attention
    pocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpoc J’écoute trop de musique improvisée

    En juin
    Je voudrais qu’il soit entre 7 et 8 heures
    Toute la journée

    http://www.desordre.net/musique/mjq.mp3

    Et c’est le piano
    De John Lewis
    Qui remet la journée d’aplomb

    Te préparant un nouveau café
    Tu remarques
    Que la coriandre a pourri sur pied

    Tu n’as toujours pas
    Passé l’éponge
    Sur la table de ton déjeuner

    Rendez-vous raté chez le psy d’Emile
    Envoi d’un message textuel d’excuse
    Sa réponse, pleine d’ironie, cite Lacan

    Ne pouvant plus attendre de message d’elle
    Tu attends, avec impatience, la réponse
    D’un jeune homme, Adrien Genoudet

    Mes voisins aiment-ils
    La musique que j’écoute
    Fenêtres ouvertes ?

    On ne peut pas relire
    Son roman à l’écran
    Mais des poèmes, on peut, je crois

    Relire
    Soft City de Pushwagner
    A plat-ventre

    Your penis
    Will never
    Let you down again

    Dans le jardin
    Du psychologue d’Émile
    Sa guitare abandonnée

    Dans le jardin
    Du psychologue d’Émile
    Des framboises, toutes petites

    Dans le jardin
    Du psychologue d’Émile
    Tu lis Alain Spiess, Reniement

    Il fait chaud
    Tellement chaud
    Tu écris nu

    À la piscine,
    En maillot de bain,
    Pas un poème qui ne vienne

    Change donc
    Un de disque
    Et fais le ménage !

    C’est Sarah qui a raison
    Cinq minutes de ménage et je dois
    M’arrêter pour écrire des poèmes

    Quand je pense qu’il faut encore moins
    De matériel pour écrire un poème
    Qu’il n’en faut pour prendre une photographie

    Je ne prends plus de photographies
    J’écris des poèmes
    Les premières remplacées par les derniers ?

    Tu écoutes des fadaises (pour le ménage)
    Jealousy de Queen
    Tu fonds en larmes, jalousie

    Ce soir
    Tu voudrais être son instrument
    Pas son jouet, plus jamais

    Pas une note
    De contrebasse
    De la journée !

    Je dépense
    Tout mon argent de poche
    En bandes dessinées

    Je dépense tout mon argent de poche
    En bandes dessinés
    Hoochie Coochie

    L.L. de Mars,
    Loïc Largier
    Jean-Pierre Marquet !

    Dans le métro
    Je pouffe de rire
    En lisant la nouvelle d’Alexandre Balcaen

    Une blague interminable
    A propos du disque
    Good Night Good Morning

    Je m’offre un verre de blanc
    En lisant Alain Spiess
    En attendant le concert

    Conversation avec Antonin Rayon
    Hanno, Nicolas Stéphane
    Et même Asha Griffith, qui m’étreindra

    Les concertinos
    Se succèdent
    A moins de cent mètres de mon bureau

    Tu raccompagnes
    Hanno
    Comme autrefois

    Adrien Genoudet
    M’a répondu
    Pas elle

    Quel écrivain
    Cet Adrien
    Genoudet !

    pocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpoc
    Bandes dessinées et concerts
    Adrien a répondu

    #mon_oiseau_bleu

  • J’ai déjà écrit ici (en 2011) à quel point Les Ailes du désir de Wim Wenders a influencé mes jeunes années. Je me rends compte que ce film a 30 ans et, tous les, disons, cinq ans, je traverse une période durant laquelle je suis hanté par des réminiscences du film. Et notamment, la séquence du poème Als das Kind Kind war de (évidemment, me dira @philippe_de_jonckheere) Peter Handke.

    https://www.youtube.com/watch?v=9hhOsoxTrJU

    Séquence qui se termine sur From Her to Eternety du jeune Nick Cave (OK, 30 ans tout de même à l’époque, moi j’avais 17 ans).

  • Alors-là je suis sur le cul. Ce matin, en arrivant péniblement au travail, je constate que l’embouteillage qui remonte presque jusqu’à la place de la Croix de chavaux, est en fait provoqué par la file d’attente d’accès à la station-service que surplombe mon open space . Il y aurait donc une pénurie d’essence. En arrivant au travail, je me connecte au site du Monde et bien croyez-le si vous voulez, je n’ai pas trouvé un seul lien depuis leur pléthorique portail vers la moindr epetite manchette de rien du tout qui parlerait d’un conflit social en cours avec blocage des approvisionnements d’essence. Donc pendant que Le Monde est fort occupé à lécher le cul de Macron (Le néophyte Macron fait un sans-faute sur la scène internationale ), pas la moindre note discordante, le conflit social en cours passe entièrement à la trappe !

    L’année dernière, plus ou moins à la même époque, j’avais décrit les choses de cette manière, depuis les mêmes fenêtres de mon open space, dans un texte en cours

    Dans mon dos, mon collègue Julien regardait en contrebas au travers des grandes baies vitrées de notre open space. Une queue de plus en plus longue se formait en amont de l’accès à la station-service que nous surplombions depuis nos bureaux, mon collègue Julien s’en félicitait, s’amusant que ce comportement, à la fois sans recul et très autocentré, allait provoquer, plus rapidement que prévu encore, la pénurie de carburant redoutée par le gouvernement et que les syndicats cherchaient à créer et, grâce à elle, forcer le retrait de la récente loi relative aux conditions de travail, dans laquelle nombreux étaient les articles, force était de le constater, qui paraissaient avoir été écrits sous la dictée d’un patronat devenu hystérique depuis quelques années, autant de nouvelles dispositions dont je voyais bien qu’elles n’étaient pas sans rapport avec ma petite situation personnelle, constatant, sans surprise, que Maman savait parfaitement anticiper là même où elle pourrait espérer quelques bénéfices conjoncturels, dans le cas présent, une plus grande facilité au licenciement. Il était frappant de constater que j’avais, littéralement sous les yeux, une manifestation réelle et avérée de l’actualité, vue du cinquième étage de cet immeuble de bureaux qui en comptait six, ce qui habituellement revêtait de l’irréalité, c’est-à-dire l’actualité, à la fois parce que cette dernière était souvent lointaine ou très abstraite, pour laquelle il n’était pas toujours aisé de tisser des liens vraiment agissant vers soi ou, mieux encore, partant de soi, cette actualité connaissait, ici, des atours à la fois concrets et indéniable d’un très sympathique désordre, des klaxons signalaient l’impatience des unes et des autres, le flux des véhicules paraissait à la fois dense et immobile, un réseau sanguin sur le point de causer un infarctus. À vrai dire tout était à la fois sale et sans ordre, ce qui était en contraste fracassant d’avec le visage de la classe politique, du pouvoir, du gouvernement qui vitupéraient contre ces dérangements et ces obstacles à la fluidité, depuis des parquets lambrissés, en minimisaient la portée, le Premier Ministre depuis l’état d’Israël ― les parquets en Israël sont-ils lambrissés ? j’avoue être mal documenté sur le sujet ―, le Président depuis le Japon ― même question à propos du lambrissage au Japon, même réponse ignorante et embarrassée de ma part ―, au point que non seulement les discours martiaux étaient contredits dans les faits-mêmes mais qu’en plus, les visages autoritaires qui les proféraient ne paraissaient même plus se rendre compte de ce décalage pourtant alarmant entre l’image et le son, entre le récit et le réel.

  • On m’aurait dit en février 1988 quand j’y habitais que le mur de Berlin tomberait l’hiver suivant ( http://www.desordre.net/photographie/berlin et http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/022.htm )

    On m’aurait dit un jour que j’aurais cinquante ans. (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine )

    On m’aurait en 1989, quand je vivais à Chicago, qu’un jour le Président des Etats-Unis serait noir. ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/045.htm )

    On m’aurait dit un jour que j’aurais cinq enfants (3+2). ( http://www.desordre.net/bloc/vie/reprise/avalanche.htm )

    On m’aurait dit, quand j’étais au lycée qu’un jour je travaillerais en République tchèque. ( http://www.desordre.net/textes/nouvelles/quoi_maintenant )

    On m’aurait dit un jour, en 1986, quand je suis rentré aux Arts Déco, que je serai informaticien plus tard ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/textes/extraits/chevres001.htm )

    On m’aurait dit un jour que je devrais me souvenir d’où se trouvent tous mes bulletins de salaire pour songer à la retraite.

    On m’aurait dit un jour qu’un jeune homme me laisserait poliment sa place assise dans le métropolitain

    On m’aurait un jour, le jour où j’ai contemplé tout Manhattan depuis les fenêtres de la cafétaria du World Trade Center, au dernier étage, en plein soleil couchant, que quinze ans plus tard c’est comme si je vivais en plein ciel plein ciel. ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/037.htm )

    On m’aurait dit en 1987, alors que je voyais ma première connexion internet entre les Arts Déco et Cooper Union à New York, que je vivrais plus tard dans un tel monde, que je verrais un tel monde de mon vivant. Il n’a fallu attendre que sept ans ! ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/pages/020.htm )

    On m’aurait dit un jour surtout en décembre 1986 que je voterai Chirac une fois ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/038.htm )

    On m’aurait dit un jour que je serrerai la main de Susan Sontag

    On m’aurait dit un jour que je serai l’assistant de Robert Heinecken ( http://www.desordre.net/photographie/photographes/heineken/hommage )

    On m’aurait dit un jour que l’an 2000 ce serait du passé. On m’aurait dit un jour que 1984 ce serait le présent

    On m’aurait dit un jour que je retournerai au Val André, 35 ans plus tard

    On m’aurait dit un jour que je serai tellement renseigné à propos de l’autisme

    On m’aurait dit un jour que je pleurerai comme un enfant d’un chagrin d’amour à cinquante deux ans

    On m’aurait dit que je ne voterai plus

    On m’aurait dit un jour que je passera (plusieurs fois) sur France Culture ( https://www.franceculture.fr/personne-philippe-de-jonckheere #shameless_autopromo )

    On m’aurait dit un jour que je serai marié avec une chanteuse de folk ( http://www.deezer.com/album/7827193 )

    On m’aurait dit un jour que je péserai jusqu’à 145 kilogrammes

    On m’aurait dit un jour que je serai grand-père (par adoption) ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/pages/206.htm )

    On m’aurait dit un jour que je serai invité dans une université américaine et que je refuserai d’y aller

    On m’aurait, quand je vivais à Chicago, que le fils Bush et que Trump seraient élus président des Etats-Unis

    On m’aurait un jour que je verrai Patti Smith en concert et qu’elle aurait 70 ans !

    On m’aurait un jour, en avril 1988, quand je jetais des tomates sur François Léotard, ministre de la culture en visite aux Arts Déco, qu’un jour en 1993 quand je me suis fait pousser de côté par les gardes du corps de Toubon, ministre de la culture pour que ce dernier puisse saluer Robert Doisneau avec lequel j’étais en train d’échanger gentiment, que je serrerai poliment la main d’une ministre de la Culture (l’actuelle, il y a deux mois au salon du livre).

    On m’aurait dit un jour que je serrerai la main de Fabien Galthier

    On m’aurait dit un jour qu’un ami cher qui venait de décéder était en fait le petit-fils du fondateur de l’Institut D’étude des questions Juives en 1941

    On m’aurait dit un jour que mon fils prendrait des cours de piano avec une vieille dame polonaise qui se cachait des Nazis dans la même cave humide que Simon Wiesenthal

    On m’aurait un jour que je passerai tout près de deux attentats terroristes (La Défense le 12 septembre 1986, rue d’Alibert, 13 novembre 2015) ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose )

    On m’aurait dit dans les années septante que nous ne mourrerions pas tous dans une apocalypse nucléaire.

    On m’aurait un jour que je serai plus vieux que le président de la république (mais ces dernières années je sentais le coup venir)

    On m’aurait un jour que j’écrirai des romans.

    Voilà, c’est un premier jet de #on_m_aurait_dit

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/sons/jlg_seijiro_murayama.mp3

    Assis à la terrasse d’un café à Montreuil, sur ma pause méridienne d’employé, je relis le tapuscrit d’un texte en cours. Je suis plus ou moins en train de relire et corriger le passage suivant :

    « Dans une même existence pouvaient tenir d’être allongé, les yeux clos, sur un lit dans une chambre d’hôtel à côté de Seijiro Murayama, lui-même allongé à côté de vous, et d’entendre, d’abord imperceptiblement, puis de façon de plus en plus prégnante, ses bruits de gorge percussifs dont il a le secret, puis, vous ayant plongé dans cette atmosphère déconcertante, vous surprendre à l’aide d’une cymbale qu’il avait cachée sous le lit et d’en jouer à l’aide d’un archet court, vous envahissant d’une résonnance métallique tourbillonnante d’écho et envisager votre reconversion professionnelle à cinquante ans passés au milieu d’un open space.

    Et. »

    Assis à côté de moi, Seijiro himself qui m’explique arriver tout droit du Japon. Petit monde.

  • https://www.franceculture.fr/emissions/poesie-et-ainsi-de-suite/poesie-et-chair

    Aujourd’hui, je cause dans le poste, sur France Culture, à 15 heures, dans l’émission La Poésie et ainsi de suite de Manou Farine. sont également invités à cette émission, Francçoise Decquiert et vincent Labaume, autour des deux expositions de Michel Journiac.

    Je repasserai en fin d’après-midi pour donner le lien du poadcast (notamment pour @monolecte qui préfère 17 heures, le moment où la journée bascule).

    #shameless_autopromo
    #une_fuite_en_egypte

    • Bon alors pour @monolecte qui préfère après 17H :

      https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/14487-19.05.2017-ITEMA_21329596-0.mp3

      Et sinon un extrait d’ Une journée réussie , qui est un texte qui décrit les coulisses de cette journée exceptionnelle :

      Il faudrait que je relise l’ Essai sur la journée réussie de Peter Handke pour me rappeler si, oui ou non, un désagrément, même un seul, même léger, est une manière d’ingrédient nécessaire pour qu’une journée réussie soit effectivement complète, j’ai le souvenir que oui, j’ai l’intuition que oui.

      Le désagrément mineur est advenu dans les couloirs du métropolitain pour rejoindre Mille pages à Vincennes, où, le soir-même, je devais rencontrer des lecteurs, lire des extraits d’ Une Fuite en Egypte , dédicacer et répondre aux questions sagaces de Pascal Thuot, l’excellent libraire et, last but not least , boire un coup et déguster des excellents fromages de la crèmerie de Vincennes, selon la plus pure tradition des rencontres de la librairie. Je venais de passer le portillon, une contrôleuse me demande mon billet, je le lui tends, elle me demande ma carte de famille nombreuse pour justifier de la réduction du prix du billet, ma carte, comme on le sait à la lecture de Le Rapport sexuel n’existe pas (autre texte en cours, ndlr), est expirée et j’ai fait œuvre d’une procrastination hors de propos ces derniers temps, ce que je tente d’expliquer, patiemment, à cette préposée, pas tant la procrastination coupable, mais la lenteur du renouvellement, tout en lui fournissant des preuves manifestes, irréfutables même, du fait que je suis effectivement un père de famille nombreuse. Attestation de sécurité sociale et de mutuelle, sur lesquelles les enfants sont dûment enregistrés, n’adoucissent pas son inflexibilité, je lui fais également remarquer que parmi les enfants en question, elle peut remarquer que l’un d’eux, Émile, est handicapé, non que je cherche à l’apitoyer, mais simplement à lui suggérer que je peux faire face à des contingences un peu extraordinaires qui font passer en arrière-plan le caractère administratif de l’existence, j’exprime vraiment les choses de cette manière, un peu comme un type qui sortirait d’un studio d’enregistrement de la maison de la radio pour une émission littéraire sur France Culture, mais l’inflexibilité demeure, la préposée m’annonce qu’elle ne peut pas prendre, seule, LA décision de la clémence et m’aiguille vers son chef, un homme supérieurement cadastré, qui ne cesse de répéter que son travail est strictement borné à la constatation des infractions et, qu’en la matière, il y a, positivement, infraction constatable, infraction, dont je tente, en vain, de lui faire remarquer qu’elle est, tout de même, limitée à 70 cents ― là aussi je fais l’effort, mal récompensé, de dire soixante-dix cents et non septante cents ―, je tente également de faire valoir que mon existence connait, en dehors de cette écrasante déception amoureuse dont je suis, malgré tout, en train de me remettre, mais dont je ne parle, tout de même pas, au contrôleur retors, auquel, en revanche, je détaille, malgré tout, donc, quelques-unes des vicissitudes irréfragables que connaît mon existence, mais tout cela en vain, je m’en rends bien compte, la sentence tombe, en dépit de tout, trente-cinq euros tout de suite ou quatre-vingt-cinq euros à réception postale de l’amende forfaitaire ! J’oppose à mon locuteur du moment, inutilement je le sais, mais pour le plaisir désormais, et lui montrer que je suis très fort en calcul mental, que la sanction est cinquante fois supérieure au préjudice subi par la Régie Autonome des Transports Parisiens, préjudice par ailleurs virtuel, puisque j’ai véritablement, dans l’absolu, droit au tarif de famille nombreuse. Je pousse un peu plus outre le raisonnement en maintenant tonalité de voix et niveau de langage soutenu du type qui sort de la maison de la radio, et continue de discourir avec la componction de rigueur en pareil cadre, et l’invite, je suis lancé, à une relecture prochaine de Stanley Milgram, et je fais même l’effort d’un peu de vulgarisation, signalant à son intention, que lesdites expériences de Milgram sont au cœur d’un film de fiction célèbre, I comme Icare d’Henri Verneuil, qu’il a peut-être vu à la télévision, ou encore d’ Expérimenter de Michael Almereyda sorti l’année dernière au cinéma, si je continue d’en rabattre comme cela je vais finir par être invité sur France Inter plutôt que sur France Culture, et pendant que je tente de lui expliquer avec ma plus belle voix d’intervenant radiophonique que son entêtement, le mot est lâché, contribue à rendre notre société inhumaine, le raisonnement des conducteurs des trains vers les camps de la mort n’est plus très loin, je sens monter en moi une vague puissante d’un calme inédit, là même où devrait s’enclencher des réflexes de forcené, mais voilà, les bénéfices de trois psychanalyses ― je savais que cela allait resservir ― et des échanges de fond de court avec le John McEnroe de la psychanalyse ce matin, au cours desquels nous sommes gaillardement remontés jusqu’aux origines de mon sentiment d’injustice, me détournent de ma colère ou encore de la tentation, tout lecteur de Stanley Milgram, et tout invité d’émission littéraire sur France Culture que je sois, d’abaisser mon centre de gravité, comme on dit dans les manuels de rugby ― je savais que le rugby allait resservir ― de le raffuter, sans violence excessive ― encore qu’il y ait une différence de masse manifeste entre le contrôleur et moi ― et d’aller prendre ma rame dont j’entends l’approche, mais, est-ce de la sorte qu’on agit en sortant de la maison de la radio, qu’on a devisé à propos des sources mêmes de son écriture, qu’on a écouté Françoise Decquiert et Vincent Labaume parler à propos de Michel Journiac ? Non, sans doute pas. Je paye donc mon amende, non sans ironiser auprès du contrôleur obtus que le montant qui vient de m’être extorqué par la Régie Autonome des Transports Parisiens ― un vrai rapt à la RATP ― dont il est l’agent, et donc, en bon milgramien , la personnalité agentique par excellence, correspond, à cinquante cents près, à celui d’une séance d’orthophonie pour mon fils Émile. Mais je suis un peu déçu, il faut bien l’avouer, de constater que le contrôleur ne m’écoute plus et que je suis en train d’échouer à le convaincre de la nécessité, pour lui, prochainement, de lire Stanley Milgram, dont je me fais la réflexion que je devrais TOUJOURS avoir sur moi un exemplaire de Son Expérience sur l’obéissance et la désobéissance à l’autorité , quand je pense au poids exorbitant de nombre des accessoires photographiques que je transporte quotidiennement, dans ma besace de photographe, et qui ne servent pas tous, pas tous les jours en tout cas, le poids de ce petit livre serait marginal dans la lourde besace et autrement utile dans la vie de tous les jours. Et je perds toute mesure, l’esprit de Michel Journiac souffle violemment sur moi, je me prends à imaginer une manière de performance qui consisterait à faire des lectures publiques d’ Expérience sur l’obéissance et la désobéissance à l’autorité , à quelques encablures seulement, de ces barrages filtrants de contrôles de validité des billets. Je conclus finalement l’échange avec cette personnalité agentique obtuse, au point d’être étroite, en lui faisant remarquer qu’avec lui j’avais surtout eu le droit de me taire et encore qu’on pouvait me l’enlever. Je crois que là, je l’ai vraiment perdu. Et j’en viens même à me demander si je n’ai pas commis l’irréparable, le concernant, en lui inoculant un des vers qui me rongent depuis des dizaines d’années, bousillant prochainement son sommeil et le poussant probablement à la boisson, l’acculant peut-être même au suicide, tentant le soir, en revenant de son travail, si mal considéré, ce dont il porte une responsabilité individuelle et agissante, de comprendre le caractère fondamentalement paradoxal d’une parole, voulue comme une plaisanterie, mais désormais de la dernière toxicité, il n’est pas toujours prudent de guérir des personnalités agentiques contre leur gré, en somme, et sans le nécessaire étayage d’une véritable prise en charge psychanalytique. Quant à moi est-ce que je ne devrais pas borner mes opérations de transfert sauvage dans le cadre strictement identifié des séances de psychanalyse ?

      Et si, pour cette scène, on me demande une archive , comme ils disent à la maison ronde, ce ne sera pas difficile : pendant toute cette scène, dans un couloir voisin, un jeune gars chantait, excellemment, en s’accompagnant à la guitare, I’m Beginning To See The Light du Velvet Underground ― enfin, tel que ce thème ellingtonien est chanté par le Velvet.

      Et dire qu’à l’aller, en taxi, avec Tiffanie, je lui parlais des films de Mariano Cohn et Gastón Duprat, notamment de Citoyen d’honneur et de l’Homme d’à côté comme étant des chefs d’œuvres, s’attachant à la narration de non-rencontres entre des protagonistes équipés d’échelles de valeurs, opposées au point de ne plus pouvoir débattre, et que le camp que choisissent Cohn et Duprat était, souvent, à raison, celui de la dénonciation de la morgue intellectuelle.

      Et sinon aussi, dans l’émission, ils ont quand même pas mal coupé Coltrane, dont voici le morceau complet : Crescent donc

      http://www.desordre.net/musique/coltrane.mp3

      Et l’incroyable interprétation déconstruite de Summertime par Duke Ellington

      http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/duke_ellington_summertime.mp3

    • J’ai décidé de t’écouter en live, faisant une entorse à mes habitudes et tu venais juste de commencer à parler que mon père appelle pour me faire un caca nerveux parce qu’Orange lui plante sa ligne fixe depuis 10 jours et n’ont pas l’air très pressés de rétablir le téléphone à un vieil homme seul de 85 ans…

      C’est moi ou rien ne marche plus depuis un ou deux mois ?

    • Oh, mais @philippe_de_jonckheere nous avons un peu vécu la même chose et presque en même temps :/
      Sauf que je n’ai pas ta verve pour sublimer la rencontre avec ces atroces contrôleurs, véritables robots si fiers de leur soumission au grand capitale RATPesque. J’ai évoqué l’inhumanité aussi, (et j’avoue qu’ils ont eu droit à la comparaison avec les SS lorsque la seule réponse a été qu’il obéissait aux ordres) Bref, le 17 mai à 23h venue à paris par avion puis le bus d’orly pour l’enterrement d’un ami, ils ont bloqué les portes et verbalisé la moitié du bus. J’ai beau avoir spécifier que j’étais troublée, que oui je n’avais pas composté mon ticket pour cette raison, ils n’ont rien voulu savoir. Arf, dégoutée, vraiment
      Quand je pense en plus qu’avec ce pote disparu on organisait des actions pour la gratuité des transports avec un groupe qui se nommait le RATP (Réseau pour l’Abolition des Transports Payants) ça m’a pas fait rire
      Bon allez, la fin est plus drôle, en me baladant dans paname, je devais tirer des sous, et voila que quelqu’un avait oublié ses billets et avait disparu, le mauvais sort a été dissous immédiatement dans l’argent.

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/haden-blackwell-cherry.mp3

    (ouh la comment je sens que je vais me faire engueuler par @intempestive et @reka sur ce coup-là)

    (Il est possible de lire cette chronique depuis cette adresse http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index_194.htm laquelle donne accès aux nombreux liens hypertextes qui l’émaillent)

    J – 8 : Fin.

    Oui, je sais il y a rupture, je ne vais pas jusqu’au bout. Je n’irai pas jusqu’au bout. Et je reconnais mon échec. A vrai dire cet échec, si c’en est un, est le cadet de mes soucis.

    Il y a une chose que je veux faire désormais, apprendre à boucler, à écrire le mot Fin quand c’est effectivement la fin. Ne pas laisser les projets ouverts, non finis.

    Ca a l’air de me prendre comme ça. En fait pas du tout. Celles et ceux qui lisent entre les lignes, se sont sans doute rendus compte qu’en filigrane de Qui ça ? grandissait une histoire d’amour, j’ai tenté d’être le plus pudique et allusif possible (en gardant notamment des tas de pages secrètes, et les garder pour plus tard, peut-être, si Qui ça ? un jour devenait, par exemple, un livre en papier, au train où vont les choses dans le milieu de l’édition, il y aurait prescription quand cela sortirait), mais j’ai, malgré tout, produit quelques allusions pour la justesse de l’éclairage qu’elles apportaient — je n’aurais pas voulu que l’on me trouve anormalement bienveillant dans une chronique sans raison, il faut croire. Cette histoire d’amour vient de connaître une fin cassante qui me laisse sans force. Sans force comme on l’est au terme d’une nuit sans sommeil, nuit pendant laquelle j’ai eu peur et froid, nuit pendant laquelle il m’est arrivé de sangloter comme un enfant, une nuit de faille

    Il importe désormais que je me retranche.

    Le but plus ou moins avoué et plus ou moins annoncé de Qui ça ? était de tenir le journal d’une indifférence militante à la mascarade électorale en cours, je m’étais donné comme but d’en ignorer le plus possible, de systématiquement regarder ailleurs, un peu comme on se coupe par exemple de la télévision et tout d’un coup on se rend compte que l’on pense différemment sans le bruit de fond de la télévision justement, qui est tout sauf anodin — personnellement des décennies que je suis coupé de ce bruit de fond au point de de me demander si j’y ai vraiment été exposé. Ce but est atteint, mon indifférence est complète, pour le coup cette indifférence non feinte et complète est une victoire. Une victoire éclatante mais une victoire à la Pyrrhus. J’y laisse des plumes, c’est certain.

    Entre autres choses je réalise qu’en mettant un point final à Qui ça ? je mets également une manière de point final au cycle des Ursula . Et, est-que ce cycle des Ursula n’est pas aussi le dernier chapitre de Désordre . Entendons-nous bien. Désordre est un projet ouvert et sans bords et il apparaît donc assez vain d’y chercher ou d’y trouver une fin. Il y a bien une première page, et elle n’est pas jojo, il faut bien le dire, mais c’est la première, il y a une fausse dernière page aussi (voulue ironique), dont je sais où elle se trouve dans l’arborescence du Désordre , mais je n’ai plus aucune idée du chemin initial qui y mène, mais on comprend bien que ni cette première page, désormais uniquement accessible depuis la page historique du Désordre , ni cette fausse dernière page peuvent constituer des bords, des fins, ou même un début.

    En 2009, lorsque j’animais un stage de construction de sites Internet à l’école du Documentaire à Lussas, un stagiaire, Frédéric Rumeau pour ne pas le nommer, a eu cette question, le jour où je présentais le site et, comme me l’avait demandé Pierre Hanau, d’en donner à voir les ressorts de narration, Frédéric donc, m’avait posé cette question, mais pourquoi est que ce projet est sans fin, est-ce que vous ne pourriez pas, comme on fait avec un film, le terminer et en commencer un autre ? C’était une putain de question et elle ne m’a plus quitté depuis. Parfois cette question se rapprochait de moi avec beaucoup de prégnance, d’insistance même. Par exemple, début 2014, quand j’ai décidé de tenter une première grande expérience d’Ursula (un autre projet issu des stages de Lussas), certes je l’ai développée à l’intérieur du Désordre, pour commencer, mais dans mon idée, une fois que cette dernière aurait une forme satisfaisante, aboutie, je la déplacerai, et c’est pour cette raison d’ailleurs que ce soit le seul endroit du Désordre où il y a de nombreux fichiers doublons, notamment sonores, parce que je voulais pouvoir exporter Ursula hors du Désordre en un www.ursula.net qui n’a jamais vu le jour en tant que tel. Après six mois de développement en secret de ce projet, je me suis rendu compte que cela n’avait pas de sens qu’ Ursula était bien la fille du Désordre et que cela permettait même de donner une épaisseur supplémentaire au Désordre , d’autant qu’ Ursula commençait elle-même à produire des petits, notamment Le Jour des Innocents , le journal de Février , Arthrose , et donc Qui ça ? il était donc temps de réintégrer la fille prodigue du Désordre dans le désordre.

    Il existe plusieurs formes Ursula , l’initiale qui est assez roots , mais dont le principe est sain et bon, développé à la demande de Pierre Hanau pour Lussas. Puis il y a la première vraie Ursula , celle alimentée pendant toute l’année 2014, ses bouquets, son premier vrai enfant, Le Jour des Innocents qui est sans doute l’une des réalisations du Désordre dont je suis le plus fier et qui m’aura permis de passer le cap des 50 ans dans une manière de joie solaire, je sais on ne dirait pas sur la photographie.

    Février est la suite quasi naturelle, inscrite dans une logique de flux notamment d’images qu’il était presque inhumain, sans exagération de ma part, de tenir pour un seul homme, d’ailleurs le matériel a cédé un peu avant moi, l’appareil-photo, épuisé, au bout de presque 300.000 vues, chez le vétérinaire, ils n’en revenaient pas, ils n’avaient jamais vu un D300 usé jusqu’à la corde de cette manière, puis l’enregistreur, personne ne m’ayant prévenu qu’un tel appareil — pourtant vendu avec sa coque protectrice, j’aurais du me douter —, n’avait pas la robustesse d’un appareil-photo et ne devait en aucun cas être trimballé dans ma besace avec aussi peu de soin. Puis ce fut l’appareil-photo qui faisait office de caméra, lui n’a pas résisté à mon empressement lors de la réalisation d’une séquence de time lapse truquée, l’eau dont j’avais les mains pleines dans cette réalisation a pénétré le boitier, c’est désormais un ex-appareil-photo. Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, a lui aussi manqué de lâcher, trop souvent soumis à des traitements en masse d’images et à des calculs de séquence vidéo qui n’étaient plus de son âge, il a manqué d’y passer, désormais il est à la retraite comme les vieux chevaux, je ne monte plus dessus mais on se promène encore ensemble.

    Bien sûr j’ai fini par racheter un appareil-photo tant il m’apparaissait inconcevable de n’en pas disposer d’un, ne serait-ce que pour photographier l’enfance autour de moi, leur laisser ce témoignage, mais il est étonnant de constater comment la frénésie dans laquelle j’avais été conduit avec la tenue du journal de Février a laissé le pas à un recul sans doute sain. Le seul petit flux que j’ai laissé ouvert est finalement celui de l’arbre du Bois de Vincennes, et sans doute que je continuerai avec l’entrée du hameau dans les Cévennes. Mais cette espèce de sauvegarde du réel, du quotidien, c’est comme si j’avais, enfin, compris, d’une part, sa vacuité, son impossibilité et même l’épuisement de soi qui se tramait derrière. Quand je pense qu’il m’arrive désormais de faire des photographies avec mon téléphone de poche !

    Ces deux dernières années, j’ai surtout passé beaucoup de temps à écrire. J’ai fini par reprendre Raffut qui était en jachère, sa première partie presque entièrement écrite, que j’ai achevée en un rien de temps et, dans la foulée, j’ai écrit la seconde partie. Quasiment au moment même où je mettais un point final à Raffut , sont survenus les attentats du 13 novembre 2015 dont j’ai réchappé miraculeusement en n’allant finalement pas dîner au Petit Cambodge . Le vertige que cela m’a donné, je l’ai soigné en écrivant Arthrose en un peu moins d’un mois et demi, j’y étais attelé tous les soirs jusque tard, j’avais commencé par en écrire le début de chaque partie ou presque et je faisais mon possible pour rédiger ces parties ouvertes en faisant appel à des souvenirs et des sensations encore tout frais. Ces deux rédactions coup sur coup ont lancé une dynamique, ont creusé un sillon, et je me suis lancé dans la réécriture d’ Une Fuite en Egypte avec l’aide précieuse de Sarah, puis de J. , puis de Je ne me souviens plus , puis, la première page de Punaises ! , les cinquante premières pages des Salauds , et au printemps j’entamais Elever des chèvres en Ardèche , sur lequel je continue de travailler encore un peu mais l’essentiel est là. Et il faudrait sans doute que je reprenne Portsmouth , et j’ai seulement brouilloné le début de La Passagère — je me lance courageusement dans la science fiction féministe.

    En septembre j’ai eu l’idée de Qui ça ?

    Arthrose j’avais décidé dès le début que ce serait un récit hypertexte ce que j’ai finalement réussi à faire, cela aura été du travail, mais un travail dont je me suis toujours demandé si quiconque en avait pensé quoi que ce soit, en tout on ne m’en a rien dit.

    Avec Qui ça ? , j’ai eu l’idée de faire vivre le texte en cours d’écriture sur seenthis , en même temps que j’expérimentais avec une nouvelle forme Ursula . Mais même pour les parties de Qui ça ? qui demandaient un peu de travail avec les images ou encore les mini sites qui le composaient de l’intérieur, j’ai senti que mon enthousiasme était moindre. J’ai eu un regain d’intérêt quand j’ai eu l’idée de faire en sorte que les différentes Ursula soient imbriquées les unes dans les autres, mais une fois réalisé (et cela n’a pas pris plus d’une heure), le plaisir était comme envolé, une fois que mon idée a été entièrement testée.

    Finalement elle est là la question, c’est celle du plaisir, de mon bon plaisir (et de mon propre étonnement parfois) quand je travaille dans le garage. Et le plaisir ces derniers temps était ailleurs, plus du tout dans le brassage de milliers de fichiers, surtout des images, au point qu’à force d’être laborieux et de peu jouir finalement, j’ai fini par me tarir. Pour le moment, je ne vois plus comment je pourrais encore secouer le Désordre , lui faire faire je ne sais quelle mue, je ne sais quelle danse, il faut dire aussi qu’à l’image du taulier, l’objet est un danseur lourd, 300.000 fichiers tout de même. Et puis je vois bien aussi que mes manières de faire ont vécu, qu’elles ne sont plus du tout comprises de la plupart des visiteurs qui doivent rapidement se décourager à l’idée de devoir manier ascenseurs, chercher les parties cliquables des images, naviguer, bref tout un ensemble de gestes qui ne sont plus attendus, qui sont entièrement passés de mode et avec eux ce qui relevait du récit interactif, peut-être pas, disons du récit hypertexte.

    Il faut que je me régénère, que je trouve de nouvelles idées. Si possibles compatibles avec les nouveaux usages. Ce n’est pas gagné.

    Paradoxalement avec la sortie d’ Une Fuite en Egypte en livre papier, le format du livre m’est apparu comme un havre, une retraite bien méritée en somme. En écrivant des livres, je n’ai plus besoin d’un ou deux ordinateurs connectés à un scanner, à une imprimante, avec une carte-son digne de ce nom, un lecteur de CD et DVD pour extraire des morceaux de musique et des bouts de films, des disques durs et des disques durs dans lesquels déverser des milliers d’images, des centaines de milliers d’images en fait, des logiciels pour traiter en nombre ces images, les animer éventuellement, les monter et, in fine, un programme également pour écrire le récit hypertexte qui reprend en compte toute cette matière première et la mettre en ligne. Une montagne, en comparaison d’un petit ordinateur de genou, simplement muni d’un sommaire traitement de texte et des fichiers, un par texte en cours, que je m’envoie par mail de telle sorte de pouvoir les travailler d’un peu partout, y compris depuis le bureau.

    Or je me demande si après dix-sept années de Désordre , je n’aspire pas un peu à la simplicité. Me recentrer, me retrancher. Par exemple, j’ai l’intuition que cela pourrait me faire du bien à la tête de ne pas avoir à mémoriser, et faute de pouvoir le faire, de devoir chercher mes petits dans cet amas de fichiers, de répertoires, de sous-répertoires et d’arborescences foisonnantes. En revanche je sais aussi très bien que si je retire mes doigts de la prise, il n’est pas garanti que je sois de nouveau en capacité dans quelques mois, dans quelques années de m’y remettre, le Désordre c’est un vaisseau pas facile à manier dans une rade, faut toujours avoir en tête ses dimensions et ses proportions et se rappeler des endroits où sont stockés objets et commandes — et je ne peux plus compter sur l’hypermnésie qui était la mienne il y a encore une dizaine d’années, ma mémoire du court terme a été sérieusement érodée par des années d’apnées nocturnes.

    Les prochains temps, je vais continuer le chantier en cours qui consiste surtout à reprendre toutes les pages qui contiennent un fichier sonore ou vidéo (et elles sont assez nombreuses, bordel de merde) pour les mettre dans un standard universel et qui le restera j’espère plus de six mois. Il y a aussi quelques chantiers de peinture ici ou là que j’ai pu laisser en l’état pendant ces dernières années en me promettant d’y revenir, j’ai gardé une liste de trucs à revoir. Je pourrais, j’imagine, de temps à autre penser à une petite série d’images, mais il ne sera plus question de remuer le site de fond en comble comme j’ai pu le faire les trois dernières années. De même je me garde le canal ouvert sur le Bloc-notes du Désordre et son fil RSS pour ce qui est de divers signalements — comme par exemple de vous dire que je vais présenter, lire et signer Une Fuite en Egypte , le mardi 16 mai à 19H30 à la librarie Mille Pages de Vincennes (174 Rue de Fontenay, 94300 Vincennes, métro Château de Vincennes) — mais qui pourrait dire que ce n’est pas la fin ? Ce que les joueurs de rugby appellent la petite mort , le jour où vous décidez que ce n’est plus de votre âge de mettre la tête où d’autres n’oseraient pas mettre les mains, le jour où l’on raccroche les crampons, le dernier match, le dernier placage, le dernier soutien, un sourire, des poignées de main et c’est fini.

    Il y aura au moins une chose que je regrette de n’avoir pas faite et que je ferai peut-être un jour, c’est le projet que j’avais intitulé Tuesday’s gone . Mais cela suppose un équipement dont je n’ai pas les moyens pour le moment — un scanner de négatifs haute définition —, et de partir à la recherche de mes archives américaines. Ne serait-ce que pour faire la sauvegarde de cette étrange partie de moi, la partie américaine, ses images, ses souvenirs, ses notes. Plus tard. Si j’en ai la force, l’envie. Je devrais sans doute déjà réserver le nom de domaine www.tuesdaysgone.net !

    Et au fait, à toutes celles et ceux auxquels j’ai demandé de s’arranger pour ne pas me faire partager les contours de la mascarade électorale en cours et de faire attention de me maintenir dans l’ignorance même du résultat final, vous êtes relevés de votre devoir, vous pouvez bien me le dire, ou pas, désormais je m’en fous royalement. Mais d’une force.

    Adieu A. C’était merveilleux de vous aimer et d’être aimé par vous, au point d’être à ce point douloureux ce matin, après cette nuit.

    Back to the trees.

    Merci à mes amis, tellement chers, qui m’ont soutenu pendant cette semaine de précipice, J., Sarah, Martin et Isa, Jacky, Valérie, Clémence, Daniel, Laurence, ça va, je vais remonter la pente, je remonte toutes les pentes jusqu’à la dernière chute.

    FIN (possible) du Désordre .

    Le Désordre reste en ligne, je rétablis même sa page d’accueil avec le pêle-mêle qui est finalement sa page index naturelle.

    #qui_ca

    • Merci @intempestive je pensais que tu me gronderais, mais je vois que les raisons qui m’amènent à ça sont compréhensibles, ce qui est une forme de soulagement. Oui, je ne suis pas mourru, je vais réfléchir à autre chose, continuer d’écrire, je reprendrai la photographie quand j’en aurais envie. Le moment est bien choisi pour une pause, pour la petite mort des rugbymen .

    • Je note, en revanche, c’est encourageant, que, désormais, je constate, de plus en plus souvent, que déchiffrant rapidement les gros titres de la presse à scandales, chez le kiosquier, je ne connaisse presque plus jamais les noms propres des personnes dont il est question dans l’équivalent français de la presse populaire anglaise, que les noms et les visages de toutes ces personnes, apparemment célèbres, célèbres pour quels talents, je préfère ne pas le savoir ni l’apprendre, ne me disent rien, n’évoquent rien. Pourtant je vais souvent au cinéma, je pourrais de la sorte reconnaître ici ou là le visage de tel acteur ou telle actrice, mais en fait non, quant aux vedettes de la variété et de la télévision, là je suis absolument sans repère. Pas de manchots non plus dans mon panthéon. Et même, même, je dois avoir déjà commencé il y a quelques années ce travail de désintérêt de la chose publique, parce que nombres de personnalités politiques commencent à me devenir inconnues, ou interchangeables, ce qui est un excellent signe, ainsi je crois que je ne serai pas nécessairement capable, même si ma vie en dépendait, de différencier des types de droite comme Laurent Wauquiez, Luc Chatel, François Baroin, David Martinon, Benoît Apparu, Éric Ciotti, leurs visages sont interchangeables quand à me souvenir des faits saillants de leur parcours, je me félicite de n’en rien savoir, ils sont à mes yeux insignifiants, est-ce à dire qu’ils n’ont sur moi aucun pouvoir ? Or c’est vraiment dans cette direction émancipatrice que je voudrais aller, celle qui retire, à tous ces très sales types de droite, la dernière once de pouvoir dont ils pensent sans doute se prévaloir, et, en vrai situationniste, les faire rejoindre les rangs des personnalités du spectacle, les pousseurs de citrouille, les brailleuses, les musiciens sans oreille, les starlettes et les belles gueules du cinéma, toutes ces légions d’insignifiants. Les ranger enfin à leur place, l’insignifiance. L’insignifiance de celles et ceux qui passent à la télévision. Qu’on ne regarde plus.

      Ignorer.

      Ignorer jusqu’au nom du prochain, ou de la prochaine, président, ou présidente, de cette république, agonisante.

      Voilà. Fin de parcours pour cette raie-publique qui se vautre dans la fange de l’industrie du spectacle. Ite missa est ... ainsi seront renvoyés à leurs vacuités les derniers fidèles du culte électoral.

  • J – 18 : Retrouvailles avec Laurence, revenue de Down Under Mate .

    Moment d’une rare complicité entre nous, tandis que je me plains d’avoir mal au cou depuis quelques jours, elle me propose de mettre à profit ses récents apprentissages de massage. Assis au bas d’un fauteuil, elle assise sur le fauteuil, je suis très touché, c’est le cas de le dire par toute cette science, cette énergie et cette forme de gentillesse dont elle me fait cadeau, voyant bien par ailleurs que sa dextérité en la matière a fait un bond depuis l’automne dernier, graduellement je sens comme elle resserre son étau autour du point névralgique jusqu’à l’atteindre et ce dernier cède progressivement de cette tension qui me faisait tant souffrir depuis quelques temps. De temps à autre, Laurence fait céder d’autres points de tension notamment dans le milieu du dos, pour la faire sourire, je lui dis qu’elle me touche à des endroits qui n’ont jamais été atteints par la psychanalyse. Et nous rions également de concert à l’évocation rétrospective de l’évolution de nos rapports, et à qui d’autre pourrais-je, un jour, faire pareillement confiance et me laisser tirer sur une épaule, désaxé, tout le poids de Laurence sur son coude planté dans mon omoplate.

    D’ailleurs il paraît que j’ai de toutes petites omoplates, on dirait pas comme ça, on ne pourrait pas dire, comme ça, en me voyant, mais j’ai de toutes petites omoplates, un peu comme mon ami Franck, dentiste de son état, qui me fait toujours la remarque que je suis un gros monsieur avec de toutes petites dents.

    Pendant que je suis enveloppé par cette science de Laurence dont je vois bien qu’elle pénètre en moi selon des parcours et des canaux dont je ne dirais qu’ils furent jamais mis à jour, mais il y a un peu de ça quand même, je pense au visage de Laurence, ce qu’il porte en lui de la très voyageuse qu’elle est, de tous ces paysages qu’elle a traversés, de cette connaissance désormais intime qu’elle a d’une région immense, le Pacifique, je pense au cadeau qu’elle est en train de me faire en injectant de cette connaissance rapportée du bout du monde à l’intérieur même de moi, endroits de notre monde dans lesquels il est très peu probable qu’un jour j’aille me promener et pourtant en moi, désormais un de ces lieux.

    Et tout comme je le décrivais dans Arthrose ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose/laurence.htm ) à propos de cette amie, je repense à cette première fois où j’ai pris mon courage à deux mains pour m’asseoir à côté d’elle et engager timidement la conversation, et ce jour-là j’accomplissais quelque chose, sans le savoir, sans pouvoir le savoir qui serait déterminant pour le reste de mon existence. Et nul doute dans mon esprit désormais que ce n’est pas entièrement un hasard que je me sois trouvé en sa compagnie le soir du 13 novembre 2015 auquel nous avons entièrement échappé, mais la force du lien qui nous unit désormais !

    Et c’est à tout cela que je pensais et dont nous discutions, sans avoir beaucoup besoin de préciser les choses, notre compréhension est mutuelle, tandis que Laurence me massait, et me guérissait.

    #qui_ca

  • J – 19 : C’est dimanche soir dans le monde, une lumière orgiaque de fin de journée dessine de très belles lumières sur le haut des immeubles de la place de la mairie. Sophie Agnel traverse devant moi sans s’en rendre compte, je me porte à sa hauteur, descend mon carreau et fait mine de lui demander le chemin du cinéma, tête de Sophie Agnel qui reprend rapidement ses esprits, un certain talent pour l’improvisation sans doute, et qui me renseigne, le cinéma c’est plus loin. Seul à la maison en ce dimanche soir, j’ai eu envie d’aller voir un film, le seul pas encore vu, et qui faisait un peu envie, sorte de cinéma du dimanche soir, c’était le dernier film d’Arnaud des Pallières, Orpheline .

    Film laborieux. Film prétentieux. Film ennuyeux.

    Laborieux, il faut quasiment une heure à Arnaud des Pallières pour installer véritablement son intrigue - est-ce qu’il n’essaierait pas de nous faire faussement croire à une inexistante complexité de son récit, je suis sans doute bien soupçonneux, peut-être est-il juste pas très fort pour raconter un récit ? -, il faut dire il lui aura fallu beaucoup de temps pour détacher son regard (et le nôtre) des poitrines de ses trois jolies actrices sensées incarner le personnage de Karine/Sandra/Renée, puisque finalement c’est à se demander si ce n’est pas à cela que lui sert ce recours à trois actrices différentes pour interpréter la même femme aux âges de 15, 20 et 30 ans (Solène Bigot, Adèle Exarchopoulos, et Adèle Haenel). On aurait un peu envie de lui offrir une copie téléchargée de La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche pour lui montrer que dans ce trio d’actrices, il y en a une qui a déjà fait cela, la traversée des âges, très bien - mais une telle leçon de cinéma ne serait pas très charitable. Quant à l’enchâssement des flashbacks , c’est une véritable montagne qui accouche d’une souris, d’une toute petite souris de rien du tout : une petite fille de sept ou huit ans est témoin, plus ou moins tenue à distance, de la disparition de deux autres enfants disparus lors d’une partie de cache-cache, ses parents immatures ne sauront pas la protéger de cet épisode, la mère abandonnera le foyer, sans doute pour se soustraire à l’alcoolisme et à la violence de son compagnon, la petite fille va grandir, apparemment à l’adolescence cela va être très tumultueux - étonnant non ? -, le début de la jeunesse hyper rock’n’roll - les surprises de la vie sans doute -, au point que, plus tard, elle ne parviendra pas vraiment à se ranger des voitures, poursuivie, et rattrapée, qu’elle sera par une affaire ancienne. Et c’est à peu près aussi complexe que cela, alors vous dire pourquoi cela doit prendre deux heures, je ne saurais pas vous dire, pas plus que de vous expliquer pourquoi pour les personnages masculins on peut n’employer qu’un seul acteur pour plusieurs périodes, mais pas pour le personnage féminin aux si jolies poitrines - je m’excuse pour ce bilan un peu comptable, mais dans le film on pourra voir, en pleine lumière, les poitrines des trois jeunes femmes interprétant le rôle principal, plus celle du personnage de Tara, et sans compter celle de la doublure d’Adèle Haenel, les fesses nues d’Adèle Exarchopoulos, et par deux fois Solène Rigot aura l’immense honneur, une distinction sans doute dans une carrière de comédienne, de mimer une fellation, la contrepartie comptable masculine est plus maigre, un demi-fessier et un entrejambe éclair dans une pénombre à couper au couteau.

    Prétentieux, non content d’accoucher narrativement d’une souris, toute petite souris de rien du tout, Orpheline est un film esthétisant, dont tous les plans et leurs lumières sont léchés, avec force bourrage dans les côtes, vous avez vu comme on est forts, et tel effet de faible profondeur de champ, et telle composition de cadrage, et tel effet de contrejour difracté, une véritable panoplie, par ailleurs coupable de glamorisation des bas-fonds, de la violence aussi, si possible envers les femmes parce que quand même c’est nettement plus photogénique - un parieur endetté reçoit la visite d’un de ses créanciers mafieux, et ce n’est qu’affaire de regards, la jeune femme aux prises avec le même homme s’en prend deux en plein visage (et naturellement elle en redemande et tout aussi naturellement se rue sur la braguette de l’homme qui vient de la frapper deux fois au visage, les femmes, c’est bien connu, aiment, par-dessus tout, qu’on les frappe, ça les rend folles, après vous en faites ce que vous voulez). Naturellement, il y a foison de gros plans avec cadrages à l’avenant, notamment sur les poitrines des jeunes actrices. Je présume que l’emploi des trois actrices pour le même personnage, quatre avec la petite fille, mais là, tout de même, on peut comprendre le recours à une véritable enfant de six-sept ans, a la volonté de nous montrer à quel point les différentes périodes d’une existence sont autant de moi aux formes méconnaissables - j’ai lu quelque part une critique cinématographique officielle qui, sur ce point, prêtait à Arnaud des Pallières des intentions proustiennes, rien que cela, Arnaud des Pallières ne doit plus se sentir, cela aura eu le mérite de me faire pouffer, en ce moment ce n’est pas tous les jours que je pouffe à la lecture de la presse, Marcel Proust et Arnaud des Pallières, les deux grands conteurs du récit interne, François Mauriac lui-même ne s’y serait pas trompé, les critiques officielles des fois.

    Ennuyeux au point de me pousser à regarder ma montre de temps en temps, c’est comme cela que j’ai compris qu’il avait fallu un peu plus d’une heure à Arnaud des Pallières d’installer son intrigue, et d’en faire, finalement, si peu : une femme en proie à des sentiments abandonniques, dont on peut raisonnablement penser qu’ils sont dus à la désertion du foyer par sa mère, à l’âge de six-sept ans, reconduit cette logique d’abandon, heureusement qu’il y a des réalisateurs d’avant-garde comme Arnaud des Pallières pour nous fournir des œuvres de vulgarisation freudienne, sans ça c’est sûr, on comprendrait mal, c’est, j’imagine, pour cette raison aussi que de nombreux passages du récit sont soulignés trois fois en rouge pour être sûr qu’on capte bien, qu’on repère bien les signes avant-coureurs de ce récit tellement maigre au point d’être famélique.

    Et je m’excuse d’en remettre une couche, mais, quand même, est-ce normal que tous les personnages de femmes, les trois âges adultes notamment du personnage principal, soient entièrement dépendantes des hommes et qu’elles soient aussi systématiquement contraintes à faire commerce de leurs corps et de leurs caresses pour pouvoir passer à t’étape suivante de l’existence ? Non, parce que je demande cela dans le but de tenter de faire la différence entre ce film-là et un film érotique des années septante, dans lequel on voit bien que la psychologie des personnages n’a pas été aussi fouillée que les recherches formelles sur le galbe des poitrines des actrices. Et, à vrai dire, j’ai bien du mal à opérer un distinguo.

    Film laborieux. Film prétentieux. Film ennuyeux et, donc, vaguement pornographique. Un enchantement. Vraiment. Si j’osais je dirais que c’est bien un film de dimanche soir que je suis allé voir, mais de deuxième partie de soirée.

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/images/sophie/sons/bill_evans_i_fall_in_love_too_easily.mp3

    J – 20 : Une bonne partie du week-end passée à lire le manuscrit de mon ami Daniel jusqu’à rêver d’aires d’autoroute la nuit, c’est qu’elles ont leur importance ces dernières dans ce relevé géographique fictif contemporain. Lecture studieuse dans le but de donner quelques éléments de recul à Daniel. Lecture interrompue sans vergogne dimanche après-midi par A. venue boire un ristretto . Lecture ponctuée par l’écoute de quelques disques magnifiques, Polka Dots And Moonbeans de Bill Evans, John Coltrane avec Duke Ellington, A Love Supreme de John Coltrane - une éternité que je ne l’avais plus écouté et on ne devrait jamais rester aussi longtemps sans l’écouter - , Capcizing moments de Sophie Agnel, Mysterioso de Thelonious Monk, Non-Bias organic de Jean-Luc Guionnet, The Montreal Tapes de Charlie Haden (Gonzalo Rubbalcaba au piano et Paul Motian derrière les futs) et Abbey Road des Beatles. Du café comme s’il en pleuvait pendant ces deux jours au soleil radieux. Et la musique toutes fenêtres ouvertes très rarement abimée par le passage extrêmement rare de quelques voitures, le quartier est désert, la fin du monde pourrait avoir ses avantages si l’on dispose encore d’électricité pour jouer ses disques ou encore de musiciens pour nous jouer de la musique, débarrassés, les musiciens de la chambre d’écho que doit représenter pour eux un enregistrement.

    Traversant dans les clous,
    Pieds nus
    J’ai eu envie d’écouter Abbey Road

    Bill Evans
    Thelonious Monk
    Sophie Agnel

    Février 2005 – suite. 50 km/h. Sortir de Strasbourg. La conduite de Gisse, une mélodie souple, soyeuse. En direction de Reims. 350 kilomètres environ. Sur autoroute. A4. La voiture est lancée, vitesse de croisière, un concentré de paysages aboutés. Un besoin de voix, pour nettoyer les substrats mélancoliques.
    - Yves ?
    - Oui.
    - Parle-moi de toi.

    Elle double, sereine, une suite de semi-remorques. Se rabat. Les panneaux : Sarrebourg, Haguenau, Wissembourg.

    - J’ai passé mes années lycée à Troyes. Trois ans. Le lycée était excentré en périphérie, entre un LEP et un IUT. Suis sorti par la petite porte. Sans mon baccalauréat. A défaut de pouvoir prendre le train des études supérieures, je mesuis dirigé vers l’arrêt de bus. Un bus s’est arrêté, je suis monté et me suis retrouvé au centre-ville. Un appart avec un copain. Le théâtre. Une place dans une librairie de livres anciens. Des liens tissés dès la seconde année de lycée. Dès la fin de la seconde, viré de l’internat. Sur le bulletin : Trop asocial pour s’assumer en collectivité. Je n’en tire aucune gloriole. Je ne savais même pas ce que c’était l’asociabilité. Autour de moi, ce qui avait teneur de liens, de gens, c’était de la subjectivité broyée. Je n’avais ni les moyens ni le temps de faire une
    introspection pour savoir ce qu’il y avait de périmé, de périssable en moi. Supposes que je revois certains profs aujourd’hui, je ne vais pas leur bouffer la trogne. J’ai laissé filer. Ils ont laissé filer. D’autres chats à fouetter. A partir de la première, quelqu’un du village m’emmenait le matin. Il travaillait dans un garage. Trente kilomètres en voiture. Mesure concise d’une nationale dans un décor de champs, de villages. Le soir je rentrais en stop, une fantastique galerie de portraits de la France de l’époque. Deux soirs par semaine, des cours de théâtre. Le matin, ce quelqu’un du village me déposait à un arrêt de bus. Direction le lycée. Dans le bus, parmi les passagers, des lycéens, des lycéennes. Un transport commun de tics, de cartables. De regards. Ses yeux, mes yeux. Des regards qui se croisent. Des attirances. J’étais en terminal, elle en première. Dans la classe d’un copain. Les heures de permanence, certaines pauses après le déjeuner, on les passait dans un bar, à quelques rues du lycée. Elle était longue, haute, d’apparence filandreuse. Yeux sombres, cheveux noirs. Issue de la bourgeoisie locale. Elle était avec ce copain. J’ai parlé. Littérature, musique, philosophie. Ce copain s’embarquait pour les Beaux-arts, laissant des croquis partout derrière lui. Nous en étions à partager à l’époque ce qui tenait lieu d’avant-garde musicale entre jeunes. Un rock des confins, industriel, froid. Un fort écho des lézardes en cours dans le champ industriel de l’époque. Par notes et voix interposées. Les délocalisations, la mise au pilori de centaines et de centaines d’emplois. L’industrie textile locale opérant un virage sous forme de ventes directes en usines plantées comme des décors dans des marques avenues. Les vraies usines démontées, pièces par pièces. Remontées en Tunisie, en Turquie. Optimiser les profits, réduire les conflits. Elle était issue de cette bourgeoisie textile. Je me disais souvent que si elle avait été d’un milieu modeste, elle aurait été quelconque. Quoi que sans doute avec toujours ce fond abrasif, délirant. Elle me plaisait. Une beauté décalée. Des échanges convulsifs et posés. Plus grande que moi. Je n’avais que mon bagou, une gueule attirante.

    Double file. Se déporter. Un camion en double un autre. Voie de gauche. Les voitures derrières qui ralentissent. Gisse se rabat. Appels de phare. Elle n’en a cure. Une conduite assumée.

    Extrait de Les Oscillations incertaines des échelles de temps de Daniel Van de Velde

    #qui_ca

  • J – 21 : Certes il faisait beau, certes c’était un samedi après-midi de vacances et la ville renvoie depuis deux ou trois jours une sonorité fort plaisante de rues désertes, certes, mais nous n’étions que cinq personnes, deux mères et leurs petites filles, et moi donc, à la séance de Fiancées en folie de Buster Keaton - Seven chances -, copie restaurée, les quatre premiers plans en couleurs quasi autochromes, Buster Keaton en couleurs ! (fussent-elles pâlottes, aussi pâlottes que son teint maquillé de céruse)

    Un ami poète me dit avoir vendu UN seul exemplaire de son dernier recueil.

    Et, toutes proportions mal gardées, Une Fuite en Égypte est en train de magistralement passer inaperçu de toute la presse, pas la plus petite des manchettes nulle part - pourtant toutes les personnes l’ayant lu m’en ont dit du bien - et si Une Fuite en Égypte avait surtout eu l’importance de m’apporter une lectrice amoureuse ? et quelle !

    Dans dix ans, plus personne ne saura qui était Buster Keaton, la dernière personne ayant acheté le recueil de mon ami sera morte, et moi, où serais-je ? proche de la retraite sans doute. Enfin. Mais trop tard.

    #qui_ca

  • J – 22

    Quel drôle d’effet tout de même que de regarder les copies numériques entièrement restaurées de films que l’on connaissait perclus de rayures noires, de poils tremblotant dans les coins de l’images et d’une multitude d’autres parasites, sans parler d’un son qui crachote par endroits, qui sature souvent et dont les contrastes mal assurés rendent certaines paroles à peine audibles. Films vus, revus, sus, archi connus. Comme Masculin Féminin de Jean-Luc Godard qui passait donc vendredi soir au Mélies .

    Plaisir admirable que de constater, après coup, l’incroyable intelligence de Godard pour, dès la moitié des années 60, comprendre et mettre à jour les ressorts entre le masculin et le féminin, dire sans tabou, et sans doute au travers d’une censure que l’on imagine compacte à l’époque, au travers de ce plan séquence remarquable de l’interview sociologique de Miss 19 ans - et dans bien d’autres scènes -, qu’il y a un enjeu majeur de l’époque, celui de la contraception. Que c’en est même l’enjeu quasi principal des rapports entre le masculin et le féminin.

    Génie de Godard au montage notamment au montage sonore, en 1965, ce dernier pose, déjà, les bases de ce que sera son travail au début des années 80, notamment avec Prénom Carmen .

    Liberté de ton d’un cinéma qui entrevoit déjà la domination de la pornographie et la marchandisation des rapports masculin/féminin.

    Beauté de certains mouvements de caméra qui épousent le déplacement des personnages comme si ceux-ci dansaient.

    Perméabilité remarquable des trajectoires des personnages repris dans le mouvement plus ample de toute une société, de consommation notamment, avec les quelques plans de centres commerciaux, de grands magasins qui viennent interrompre les dialogues.

    Cinéma performance, usure par le dialogue, usure par la longueur des plans-séquences, des plans fixes (encore une fois la scène d’interview sociologique de Miss 19 ans est un morceau de bravoure, d’après vous quelles sont les guerres en cours dans le monde ? ).

    Cinéma documentaire presque, en tout cas document remarquable, et paradoxal, à propos des années 60, de la vie sociale encore existante, notamment dans les cafés, et des premières captations du public, dans des sphères plus personnelles, par des artefacts de distraction solitaire, jeux électriques, premiers appareils destinés à faire de toutes et tous de faux créateurs de nos destinées - notamment l’appareil à graver sur disque 45 tours une minute et demie que l’on enregistre dans une cabine telle un photomaton, et pour n’en ire qu’une chose, le ressassement de slogans publicitaires, on nous donne de quoi être un artiste, on annone une réclame -, Chantal Goya qui rejoint, inaugure, la galerie des chanteurs de variété auxquels Jean-Luc Godard a donné une impulsion décisive, aux côté donc des Rolling Stones dans One + One et des Rita Mitsouko avec Soigne ta droite , la confusion des prix entre anciens francs et nouveaux francs - aurons-nous un jour des anciens euros ? -, des transports en commun désuets et le célèbre

    que l’on retrouve à la dernière page de Je me souviens de Georges Perec. Et tout cela parfaitement retouché, image par image sans doute, dans ce remarquable travail de restauration d’un absolu chef d’œuvre, et dont on peut dire, sans se tromper que le film, oui, n’a pas pris une ride.

    #qui_ca