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  • Etats Unis : Le gaz de schiste américain appelé à la rescousse pour affaiblir Poutine « Le blog A Lupus un regard hagard sur Lécocomics et ses finances
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    Depuis quelques années, les Etats-Unis connaissent un boom énergétique grâce au pétrole et au gaz de schiste. Le phénomène inspire Washington. La semaine dernière, plusieurs élus ont exhorté le Congrès et la Maison-Blanche à faire sauter un verrou pour autoriser l’exportation vers l’Europe du gaz dont elle a besoin. Dans une tribune publiée vendredi dans le Wall Street Journal, le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, se dit partisan de cette nouvelle stratégie visant à réduire la dépendance énergétique européenne (30%) de Moscou et à affaiblir ainsi le levier du Kremlin : « L’Amérique a non seulement le droit de développer et de commercialiser ses ressources naturelles. Au vu des dangers croissants, elle en a l’obligation. »

    A l’échelle des Etats-Unis, ce serait une petite révolution. Le pays fait l’objet d’un quasi-embargo sur ses exportations d’hydrocarbures en raison d’une loi en vigueur depuis la crise pétrolière des années 1970. Il peut exporter ses carburants fossiles au Mexique, au Canada et dans quelques pays ayant conclu un accord de libre-échange avec Washington. L’Europe n’en fait pas partie. Or, si la Russie demeure le plus grand exportateur de gaz naturel avec son champion national Gazprom, l’Amérique est récemment devenue le premier producteur mondial grâce aux techniques de fracturation hydraulique. Elle pourrait devenir un exportateur net d’ici à 2020.

    C’est le Département d’Etat et plus précisément Hillary Clinton qui sont à l’origine de cette ébauche de nouvelle stratégie. En 2011, l’ex-patronne de la diplomatie américaine a créé, quand elle était encore en fonction, le Bureau des ressources énergétiques dirigé par un ancien ambassadeur américain en Ukraine, Carlos Pascual. Le bureau en question aide non seulement l’Europe à parachever sa carte énergétique, mais aussi à exploiter ses propres ressources. Il est prêt à jouer les intermédiaires entre les Européens et les sociétés pétrolières (américaines). Halliburton aide déjà la Pologne à exploiter ses gaz de schiste.

    Si le secrétaire à l’Energie Ernest Moniz se dit disposé à réfléchir à ce tournant stratégique, le président Barack Obama, qu’on dit toujours réticent à développer les énergies fossiles, n’a pas pris position. Mais les politiques énergétiques étant comme de grands pétroliers, il faut du temps pour les infléchir. La seule installation de liquéfaction du gaz dont disposent les Etats-Unis, sur la péninsule Kenai en Alaska, a été fermée. Le premier terminal de gaz liquéfié (LNG), le Cheniere Energy’s Sabine Pass en Louisiane, ne sera opérationnel qu’à partir de 2015. Le Département de l’énergie est aussi sommé d’accélérer l’octroi de licences pour produire du LNG. Sur 21 candidatures, il n’a attribué que six licences pour des projets de plusieurs milliards de dollars. L’American Petroleum Institute fait pression. Pour le lobby, ce n’est pas tant le développement d’une nouvelle arme stratégique qui l’intéresse, mais la perspective de juteux profits. Le prix du gaz est deux fois plus élevé en Europe.

    L’autre écueil d’importance pour développer cette arme énergétique contre la Russie de Vladimir Poutine, ce sont les Etats-Unis eux-mêmes. Ils devront faire des choix drastiques. Le boom provoqué par la fracturation hydraulique a fait baisser considérablement le prix du gaz au point de faire revenir sur sol américain des sociétés qui avaient délocalisé. Des entreprises grandes consommatrices d’énergie mettent en garde contre une hausse des prix du gaz. De plus, les investissements dans les terminaux de LNG étant très onéreux, le choix d’exporter massivement doit être une stratégie à long terme. Or rien ne dit aujourd’hui que les gaz de schiste seront toujours aussi abondants dans trente ou quarante ans. Les plus sceptiques ajoutent que même si le gouvernement ouvre les portes à l’exportation, les sociétés d’exportation sont libres de vendre leur gaz où elles veulent. En Asie par exemple, où le prix est quatre fois plus élevé qu’en Amérique. L’arme contre Poutine serait alors toute relative.

    Les milieux environnementaux soulèvent enfin une autre controverse. Ils jugent que les exportations à marche forcée risquent de porter atteinte à la lutte contre le changement climatique. Le prix du gaz va augmenter et rendre l’usage du charbon, beaucoup plus polluant, à nouveau compétitif pour les centrales électriques.

    Au Capitole, les républicains, eux, sont persuadés que Barack Obama n’a qu’à signer un décret présidentiel pour lancer le processus.

    Le premier ministre polonais Donald Tusk a affirmé lundi, à deux jours d’une visite d’Angela Merkel à Varsovie, que « la dépendance de l’Allemagne au gaz russe peut limiter réellement la souveraineté de l’Europe ». (AFP)

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