Profits gras et manger maigre, l’éditorial de Michel Guilloux

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    Pour eux, ça va, tout va, même. L’austérité, c’est bon pour les autres. Et grâce à elle, ça ira encore mieux pour eux. «  Eux ?  » Les actionnaires anonymes des groupes du CAC 40. Il paraît que certains finissent par y croire, mais la plupart n’en peuvent plus de rire à entendre répétées les formules «  compétitivité  », «  coût du travail  », «  performance  », sans oublier le mantra «  fin-de-l’État-providence  ».

    Plus l’espace public est saturé de discours de régression – grassement rémunérés ou purement bénévoles parfois –, plus le fatalisme gagne ainsi les consciences, et plus eux prospèrent. Un seul salarié de Sanofi leur rapporte ainsi 32 490 euros de bonus financier. Les seize premiers de la classe du CAC 40 ont distribué 19 milliards d’euros sur les 28 milliards dégagés en bénéfices, l’an passé. Et comme si cela ne suffisait pas, 
ils réclament, et obtiennent des aides publiques accordées sans aucun contrôle, ni aucune contrepartie, dont les montants grèvent le budget public mais ressemblent à de l’argent de poche. Rien n’a guère changé depuis Balzac, hormis la griffe du couturier ou le régime alimentaire : ces rapaces restent pingres dans l’âme et réciproquement.

    Il y a là le gratin dont l’inventaire vaut narration de société. Des qui ont joué hier à la crise mondiale et qui, aujourd’hui, réclament l’étranglement des peuples, Grèce en tête. Des qui le valent bien et peuvent passer sans encombre des pages saumon à celles des faits-divers. Des qui prospèrent sur le jeu avec la santé. Des qui se rêvent mini-États. D’autres s’accommodent d’avoir été nourris par l’État et de le voir encore rester à table tant qu’il ne se montre pas trop regardant, hors les effets de galerie. Penser à remercier monsieur Montebourg, à l’occasion, pour ses numéros, impayables justement.

    En un mot, voilà un système, le capitalisme, dans son essence la plus pure, détourner le travail jusqu’à le détruire pour assurer l’appétit sans bornes des accapareurs du XXIe siècle. Quand la droite, sous son modèle Sarkozy ou sa copie Copé, incarne ce système-là qui emmène hommes, société et planète dans le mur, nous sommes dans l’ordre des choses. Quand l’austérité la plus implacable, la soumission la plus veule aux discours des apparatchiks de la Commission européenne, du FMI et des agences de notation réunis, gardiens-répétiteurs de la doxa élus par personne, est à son tour prônée par ceux-là mêmes qui l’ont vouée aux gémonies, en français pour se faire élire – avant de traduire en anglais la fine blague –, 
les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux qui rêvent juste d’une vie décente, d’un avenir qui ne soit pas barré, de solidarité, ont de quoi être sonnés depuis plusieurs mois.

    Certains, parmi ceux qui forment la caste dirigeante, ont déjà tiré un trait sur le mot, trop encombrant au fond, trop grand pour eux, trop beau, et sur ce qu’il revêt : peuple. Seuls comptent carrière et horizon quinquennal. Rendez-vous, dimanche, dans les urnes. Et dans la rue, ce matin, à l’appel des organisations syndicales qui refusent non pas la fatalité, mais tout bonnement le garrot économique, social et démocratique qu’est l’austérité. Demandez aux Grecs, massacrés pour l’exemple. Les urnes, la rue… petits ruisseaux et grandes rivières… L’avenir est à réinventer, toujours.

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