CALAIS, VILLE FANTÔME (2) | Passeurs d’hospitalités
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Calais, ville fantôme, l’expression est bien sûr exagérée. Mais les 10% de logements vides, dont la moitié depuis plus d’un an, comme les bâtiments industriels abandonnés et les terrains vagues laissés par les constructions détruites, marquent le paysage urbain, avec plus ou moins de densité selon les endroits. Logements à louer ou à vendre pendant des mois, maisons murées, usines désertes, friches, façades donnant sur le vide d’un bâtiment détruit parsèment les rues. Si ce n’est pas une ville fantôme, on peut parler des fantômes de la ville, ces lieux qui ont été vivants, où des gens ont vécu, dans lesquels on pourrait parfois vivre encore. Ces témoins d’une part de la crise qui s’étend, d’autre part de la chasse aux exilés qui fait qu’on mure ou qu’on détruit des lieux pour qu’ils ne s’y abritent pas.
Lorsque la maire de Calais lance il y a un an sa croisade contre les squats, ce qui se passe dans la ville c’est la multiplication des bâtiments vides, les activités économiques qui s’arrêtent et les gens qui partent parce qu’ils ne trouvent plus de travail et qu’ils ont encore les moyens de partir. Alors un an avant les élections municipales elle lance une diversion, le problème ce ne sont plus les bâtiments vides qui se multiplient et la crise, ce sont les squatteurs, les gens qui sont à la rue et qui cherchent à s’abriter dans ces bâtiments vides.
Ça n’aurait été qu’un tour de passe-passe électoraliste, hélas trop nombreux. Mais ça s’est traduit dans la vie de plusieurs centaines de personnes expulsées et mises à la rue. Et par la main tendue à une extrême-droite violente, jusque-là dans l’ombre, et qui trouve dans un appel à la délation l’occasion de prendre place en pleine lumière. L’une de caractéristiques de la démagogie politique, c’est que l’ardoise est pour les plus pauvres.