• CRIMÉE • Les Russes bernés par l’Otan | Courrier international
    http://www.courrierinternational.com/article/2014/03/20/les-russes-bernes-par-l-otan

    Pour comprendre la politique de Vladimir Poutine en Crimée, il faut se rappeler que, depuis 1990, les Occidentaux ont plusieurs fois élargi l’Otan à l’est de l’Europe, trahissant leur parole donnée.

    La Russie se défend pour la première fois depuis sa défaite dans la guerre froide, pour la première fois depuis la réunification de l’Allemagne sous le parapluie de l’Otan, et pour la première fois après un quart de siècle de trahisons de la part de l’Occident.

    Voilà déjà dix ans que l’Otan est implantée à la frontière russe, dans les Etats baltes. En séparant la Crimée de l’Ukraine, la Russie entend aujourd’hui empêcher que sa flotte de la mer Noire se retrouve bientôt en zone Otan. Sérieusement, comment s’en étonner ?

    C’est bien autre chose qui avait été promis, juré la main sur le cœur en 1990. Le 9 février, James Baker, le secrétaire d’Etat américain [de George Bush], avait assuré au réformateur [de l’Union soviétique] Mikhaïl Gorbatchev dans la salle Catherine II, haut lieu historique du Kremlin, que l’alliance occidentale n’étendrait « pas d’un pouce » son influence vers l’Est si Moscou acceptait que l’Allemagne réunifiée entre dans l’Otan.

    Le lendemain, 10 février, Hans-Dietrich Genscher, le ministre des Affaires étrangères allemand, refit cette promesse à Edouard Chevardnadze, son homologue russe, comme l’a confirmé par la suite une note confidentielle du gouvernement allemand : « Nous sommes conscients que l’appartenance d’une Allemagne unie à l’Otan soulève des questions complexes. Mais une chose est sûre pour nous : l’Otan ne s’étendra pas à l’Est. » Gorbatchev se souvient lui aussi que l’Otan était convenu de « ne pas s’étendre d’un pouce en direction de l’Est. » Il a seulement commis une grave erreur : il a fait confiance à l’Occident et n’a pas fait mettre par écrit cette parole donnée.

    • Un point de vue plutôt « équilibré » de Védrine.
      Il faut aller le chercher en pages people noyé dans les considérations sur Big Gégé

      Il fallait entendre Hubert Védrine, hier soir, dans l’émission de Thierry Ardisson, « Salut les Terriens », expliquer que ce qui arrivait à l’Ukraine était prévisible, et finalement, rien d’autre qu’une sorte de boomerang, un retour de bâton de l’Histoire.
       
      L’Europe, a-t-il expliqué, s’est sans doute conduite avec trop d’arrogance quand le mur de Berlin est tombé et quand, en quelques semaines, l’URSS, perdant une à une ses républiques, s’est effondrée comme un château de cartes.
       
      Alors, quand a disparu la poussière de ce formidable tremblement de terre géopolitique, l’Europe a sans doute commis l’imprudence d’humilier à l’excès la Fédération de Russie, faisant ainsi le lit d’un Vladimir Poutine décidé à redonner une fierté nationale à son pays.
       
      À l’évidence, de son point de vue, le chef du Kremlin ne pouvait laisser l’Ukraine prendre son indépendance et s’arrimer à l’Europe sans réagir. Et l’annexion de la Crimée n’est peut-être, après tout, que le prix à payer pour éviter toute dangereuse escalade.

      (pour le people, c’est là http://seenthis.net/messages/239915)