Sinon il y a toujours... : ►http://www.monde-diplomatique.fr/2013/05/KEUCHEYAN/49087
Ou la réponse de François Bonnet, rédacteur en chef de Médiapart à la question « Cette succession d’affaires ? En version optimiste, est-ce le signe d’une tendance forte à la moralisation de la vie publique qui permet de lever le couvercle sur les scandales ? En version pessimiste, est-ce le signe d’une République déliquescente ? » :
Personnellement, je penche hélas plutôt pour la seconde hypothèse, la plus pessimiste. Ne serait-ce que parce que la version optimiste se heurte en permanence au discours des politiques sur la tyrannie de la transparence. Parce que nous avons vécu cette scène scandaleuse d’un bureau du Sénat refusant de lever l’immunité parlementaire d’un sénateur, Serge Dassault, directement mis en cause dans une vaste affaire de corruption. On peut, certes, se féliciter que le scandale provoqué par ce refus ait occasionné rapidement un vote inverse, mais ce n’est pas très reluisant.Aujourd’hui, on additionne le problème inhérent aux institutions de 1958, la prise de pouvoir par une oligarchie politico-financière, comme l’a dit Lionel Jospin qui fut le premier responsable politique à s’en inquiéter, et la décentralisation qui est une immense fabrique à corruption et à conflits d’intérêt. En soi, c’est une belle idée et une idée nécessaire, la décentralisation. Mais une décentralisation qui n’aurait pas été faite avec un cumul des mandats et sans limitation de leur renouvellement, qui n’aurait pas été faite sans clarification des compétences des collectivités locales. On voit aujourd’hui, trente ans plus tard, le résultat… Quand vous voyez que Jean-Claude Gaudin a cumulé cent vingt ans de mandats dans sa vie ! Le record est même de cent quarante-quatre ans. C’est extravagant. Et le sarkozysme a porté jusqu’à l’incandescence la folie de ces institutions. C’est ce que révèlent les enregistrements de Buisson. On y voit un remaniement gouvernemental qui s’arbitre dans un bureau entre le président, un publicitaire, un sondeur, un conseiller non officiel et deux ou trois très proches. Ce fonctionnement clanique témoigne de l’absence de tout contre-pouvoir. Et plus que le projet politique, le problème est celui de la pratique du pouvoir. Des pressions constantes sur la justice, un mélange d’affairisme et de politique permanent, un parlement bafoué.
in. « Pour faire de la bonne enquête, il vaut mieux être sur le web. »
►http://ragemag.fr/francois-bonnet-de-mediapart-pour-faire-de-la-bonne-enquete-il-vaut-mieux-et