Le caractère aristocratique des éléctions

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  • L’obsolescence contrariée de notre système #politique
    http://blog.monolecte.fr/post/2014/03/25/lobsolescence-contrariee-de-notre-systeme-politique

    La figure paternaliste de l’homme providentiel, du chef, du sauveur, de celui qui sait est totalement dépassée dans une société où le niveau général d’éducation et d’information n’a jamais été aussi élevé. On continue à brandir une professionnalisation politique comme…Lire la suite →

    #Pol-éthique #citoyen #confiscation_démocratique #élection #ruralité #société

    • Nul super héros ne viendra nous sauver. Face à la complexité du monde, les hommes providentiels ne nous aideront pas à le comprendre, à le gérer, à le maîtriser. Les chefs et l’autorité ne sont pas partout la solution. Mais les processus, les rituels et les règles que nous mettons en place pour les remplacer le sont encore moins.

      Peut-être alors, comme le dit Paul Ariès dans son dernier livre, Nos rêves ne tiennent pas dans les urnes, il nous faut nous défaire de l’imaginaire de la sujétion. “L’appauvrissement des uns constitue la condition même de l’enrichissement des autres, les dirigeants n’ont pas simplement plus de pouvoir que les dirigés, ils existent de par leur dépossession : dans une entreprise, le manager ne peut se penser et se vivre comme tout-puissant que si l’équipier est pensé et vécu lui-même, parallèlement comme impuissant ; de même dans une collectivité, l’élu ne se vit comme tout-puissant que si l’électeur est pensé comme impuissant. Le pouvoir des uns a toujours pour corollaire l’impouvoir des autres.”

      Certes, l’intelligence collective, réticulaire, rhizomique, acentrée, décentrée, distribuée… n’a pas encore fait toute la démonstration de sa puissance. Ce n’est pas pour autant que nous devons y renoncer. La confiance, la coopération, l’autonomie et la liberté sont les seuls remèdes à notre “impouvoir”. http://www.internetactu.net/2014/03/18/ce-que-linternet-na-pas-reussi-34-distribuer-lautorite

    • On nous vend la légitimité à priori des candidats (généralement inféodés à un parti) en appuyant sur leur expertise supposée sur les questions de gestion de la vie municipale. Ainsi les élus sortants se définissent comme « ceux qui savent », qui « connaissent les dossiers », qui comprennent « comment ça marche » et surtout « comment ça doit marcher ». À contrario de la démarche citoyenne ou participative, qui va être « une perte de temps » parce que les gens « n’y comprennent rien » et qu’il vaut mieux laisser la bonne gestion des affaires à ceux qui savent. C’est aussi une manière efficace de verrouiller le profil des prétendants au trône. Et de prôner la professionnalisation de la vie politique, ce qui s’essuie largement les pompes sur le concept à priori central de représentativité de la population. Et d’où le fait que les chômeurs, les ouvriers, etc. sont totalement exclus du paysage politique, y compris dans les niveaux le plus bas de la décision politique.

    • Tout système a tendance à s’autoreproduire. Si tu es élu ou notable ou nanti dans un contexte quelconque, cela signifie bien que la manière dont les choses se passent en général t’est profitable à toi en particulier. Donc non, pas grand-chose à attendre de l’intérieur. Les banquiers ne vont pas rendre leurs bonus par bonté d’âme, les patrons ne vont pas sacrifier leur niveau de vie pour rendre moins intolérable la condition de leurs salariés, les hommes politiques ne vont pas saborder une organisation sociale qu’ils ont efficacement verrouillée dans l’entre-soi pour quelque chose d’aussi peu ragoûtant qu’une démocratie organique et très peu de bourgeois ont l’intention de se transformer en rentiers du RSA pour garantir à chaque humain un revenu décent dans le respect de notre biosphère !

      Donc oui, il faut une grosse pression extérieure, une volonté d’évolution politique et sociale du plus grand nombre, une aspiration à un renouvèlement du contrat social.
      Le problème, c’est que pour se maintenir en place malgré le mécontentement croissant, les dominants ont déployé toute une batterie de contrefeux qui vont de la manipulation d’opinion par les médias, jusqu’à des alliances affairistes honteuses entre les puissances de l’argent et celle du pouvoir politique. Il faut voir avec quelle régularité on monte les Smicards contre les RSAstes, les petits beurs contre les Roms, les vieux contre les jeunes, avec quelle constance on méprise les référendums : que c’est sale et désordonné, tous ces peuples qui prétendent encore donner leur avis.

      Donc, oui, faute de la possibilité d’accéder aux leviers décisionnaires sans cooptation de classe et formatage la pensée, je ne pense pas que l’on puisse couper au renversement des classes dominantes pour tenter de mettre en place un nouveau paradigme démocratique, tout en sachant que le capitalisme dans la pleine puissance de sa monstruosité est en train de jouer la carte de son bras armé : le fascisme.

    • Le problème avec la révolution je crois c’est que, vu l’état de l’opinion (dominée par les postures les plus passéistes et réactionnaires), elle sera vécue comme un changement par l’extérieur, et le peuple fera bloc contre elle.
      On n’a pas fini d’assister à la désagrégation sociale (la dissociété décrite par J.Généreux, où l’irresponsabilité des administrés décrite par JP Delevoye n’a d’égale que celle de nos représentants plus ou moins élus souvent relevée ici).

      « La confiance, la coopération, l’autonomie et la liberté » dont parle Hubert Guillaud, dans beaucoup d’endroits ça ressemble encore trop à des concepts de « bobos » et pour le moment la droite sauce TF1 a quand même bien réussi à monter les couches populaires contre tout ça. Toutes les conditions sont réunies il me semble pour que la chouannerie contre-révolutionnaire bloque toute velléité trop progressiste, non ?

      Cette mutation doit se faire sans doute en silence, par contagion, dans les faits, pour substituer à nouveau l’espérance à la désespérance, car si elle se fait de façon trop ostensible, comme on l’a vu lors du mariage pour tous, la France Réac décuplera son énergie pour tout coincer... Vous ne croyez pas ?

    • http://www.forumtiersmonde.net/fren/index.php?option=com_content&view=article&id=121:marx-et-la-democra

      Marx et Engels admiraient les démocraties anglaise et américaine décentralisées et non bureaucratiques, au point d’y voir la forme par excellence porteuse éventuellement d’une radicalisation politique. On les comprend ; les moments radicaux de l’histoire de la France depuis la Révolution avaient tous été suivis de restaurations peu démocratiques, l’Allemagne n’était, pour le moins qu’on puisse dire, qu’une démocratie de façade. Mais aujourd’hui, avec le recul du temps, on ne peut que constater que les démocraties anglaise et américaine n’ont rien donné qui puisse laisser espérer de leurs peuples une radicalisation visible quelconque. Loin d’avoir permis le développement de la conscience de classe (je ne dis pas des luttes sociales), cette forme de démocratie semble avoir été l’instrument parfait de sa dilution au profit d’autres formes de l’identité sociale, non dangereuses pour la domination du capital. Marx et Engels ne l’avaient pas imaginé. Nous avons le devoir de chercher aujourd’hui à l’expliquer.

      La démocratie anglo-américaine, et singulièrement celle des Etats Unis, constitue aujourd’hui le modèle avancé de ce que j’appelle « la démocratie de basse intensité ». Son fonctionnement est fondé sur une séparation totale entre la gestion de la vie politique, assise sur la pratique de la démocratie pluripartiste électorale, et celle de la vie économique, commandée par les lois de l’accumulation du capital. Qui plus est cette séparation n’est pas l’objet d’un questionnement radical, mais fait plutôt partie de ce qu’on appelle le consensus général. Or cette séparation annihile tout le potentiel révolutionnaire de la démocratie politique dans lequel Marx et Engels avaient placé beaucoup de leurs espoirs. Elle castre les institutions représentatives (parlements et autres), rendues impuissantes face au « marché » dont elles acceptent les diktats. Voter rouge, voter blanc ; cela n’a aucune importance puisque votre avenir ne dépend pas de votre choix électoral mais des aléas du marché.

      L’alternance – c’est à dire le changement des figures au gouvernement (mais non au pouvoir) appelées à faire toujours la même chose, (obéir au marché) a pris la place de l’alternative, c’est à dire du choix lucide entre des options et des perspectives sociétaires différentes. Tout ce qu’on a dit et écrit sur la double dilution de la citoyenneté et de la conscience de classe dans le spectacle de la comédie politique et la consommation de marchandises était contenu dans cette séparation politique/économique.( [1] )

      Cette dégradation de l’idée même de la démocratie, annihilant sa portée, constitue par excellence un phénomène complexe, que je n’aurai pas la prétention d’analyser ici dans toute son ampleur. Je partirai de l’idée banale que cette dégradation trouve ses racines dans les évolutions économiques et sociales, particulières et différentes d’un pays à l’autre, comme dans les héritages culturels et politiques façonnés par des histoires toujours singulières. J’en choisirai quelques unes qui me paraissent importantes et évidentes, et sur lesquels Marx et Engels avaient été peu loquaces. Mais j’ajouterai à ces éléments d’explication d’autres concernant le fonctionnement des institutions démocratiques en question, et de la manière par laquelle elles ont été mises au service du capital.

      Restera-t-il une possibilité de lutte de classes quand le consumérisme qui a plombé toute velléité de contestation de l’ordre établi se heurtera au mur indépassable de la pénurie et de l’environnement dégradé ?

      Deuxième observation : Marx et Engels considéraient que le fait que la société américaine se soit développée librement, sans souffrir des entraves héritées des antécédents féodaux, constituait leur avantage comparatif. J’aurais tendance aujourd’hui à remettre en question ce jugement trop unilatéral me semble-t-il en ce qui concerne les vertus du capitalisme. Ce système a été et est simultanément constructeur – à l’origine du plus prodigieux et du plus rapide développement des forces productives qu’on ait connu dans l’histoire – et destructeur de l’être humain par l’aliénation marchande. Au fur et à mesure de son développement la dimension destructrice de l’accumulation se renforce, au point d’être devenue aujourd’hui une menace réelle à la civilisation.( [2]

      Notre civilisation frise le coma éthylique et elle est en train de s’étouffer dans son vomi. La réalité risque de dépasser les plus déjantées des visions survivalistes.

      J’oserais donc, à partir de cette observation, expliquer l’une des différences qui paraît encore visible aujourd’hui entre la société et la culture américaines d’une part, celles de l’Europe d’autre part. Le fonctionnement et les intérêts du capital dominant aux Etats Unis et en Europe ne sont probablement pas aussi différents qu’on le suggère parfois (par l’opposition bien connue du « capitalisme anglo-saxon » et du « capitalisme rhénan »). La conjonction de leurs intérêts explique sans doute la solidité de la « triade » (Etats Unis-Europe-Japon) en dépit des conflits mercantiles – secondaires – qui peuvent les opposer les uns aux autres ici ou là. Mais les jugements de la société, les projets sociétaires qui hantent les esprits, même d’une manière implicite, sont passablement différents peut être. Aux Etats Unis la valeur liberté occupe seule tout le terrain sans que cela ne fasse problème. En Europe celle-ci est sans arrêt contrebalancée par un attachement à la valeur égalité avec laquelle elle doit composer.

      La société américaine méprise l’égalité. L’inégalité extrême n’est pas seulement tolérée, elle est prisée comme symbole de la « réussite » que la liberté promeut. Or liberté sans égalité égale sauvagerie. La violence sous toutes ses formes que cette idéologie unilatérale produit n’est pas le fruit du hasard et n’est en aucune manière un motif de radicalisation, bien au contraire. La culture dominante dans les sociétés européennes avait jusqu’à présent combiné avec moins de déséquilibre les valeurs de liberté et d’égalité ; cette combinaison constituait d’ailleurs le fondement du compromis historique de la social démocratie.

      Il reste que malheureusement l’évolution de l’Europe contemporaine tend à rapprocher la société et la culture de ce continent de celles des Etats Unis, érigées en modèles et objets d’une admiration peu critique envahissante.

      #it_has_begun

    • Un autre article qui dit mieux que moi ce que je voulais dire sur l’endogamie électorale : http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-antoine/240314/le-caractere-aristocratique-des-elections

      Il ne suffirait ainsi de remplacer les gens actuellement au pouvoir pour que le système disparaisse. Or, ce n’est pas une question de personnes, mais une question d’institutions : ce sont les institutions qui prédéterminent les caractères les plus courants des personnes désignées pour gouverner (comme le dit Bernard Manin, « Parce que l’élection est un choix, elle comporte ainsi une dynamique interne qui fait obstacle à la désignation de citoyens semblables aux autres », in « Principe du Gouvernement représentatif » op. cit., p. 182). Évidemment, cela ne signifie pas que tous les élus sont dépourvus de vertu, mais que ceux qui sont vertueux ne peuvent être élus que de manière marginale, parce que l’élection est une compétition dans laquelle la vertu réelle n’est pas un atout (puisqu’elle n’est pas déterminable ; et la vertu peut se feindre), mais plutôt un handicap (pour être élu, il faut être prêt à jouer les jeux d’appareils, les trahisons et reniements). C’est en cela que l’élection n’est pas démocratique : il faut un titre particulier pour gouverner. La démocratie, elle, est « le pouvoir propre à ceux qui n’ont pas plus de titre à gouverner qu’à être gouvernés » (Jacques Rancière, « La haine de la démocratie », Éd. La Fabrique, 2005, p. 54).

    • Du coup, je suis retombée sur un ancien papier qui parle de l’autoreproduction normative dans l’entreprise et qui décrit le même processus de stagnation : http://blog.monolecte.fr/post/2012/01/23/De-l-art-subtil-de-l-automystification

      Alors quoi ? Le monde de l’entreprise se serait-il peuplé que de gens sûrs d’eux, qui savent qui ils sont et qui savent comment se vendre ?
      J’ai un doute affreux, qui est devenu certitude, lui, depuis que j’ai rompu mon dernier lien avec ce « paradis artificiel ».
      Je crois plutôt qu’il n’y a de place que pour la reproduction du modèle unique et qu’en dehors de ceux qui sont pétris de certitudes, il doit y en avoir un bien plus grand nombre qui a appris à faire semblant. Des suffisants et des acteurs. Voilà ce à quoi la course à l’échalote du monde moderne nous a réduits. Sans jamais se poser la question de ce dont on se prive en écartant d’office tous les autres ; les timides, les rêveurs, les introvertis, les délicats, les émotifs, les sensibles, les hésitants, les changeants, les créatifs, ceux qui transgressent les normes, ceux qui pensent en dehors du cadre, ceux qui sont animés d’autres envies, ceux qui sont mus par d’autres élans.

      Non, on continue à reproduire la norme pour calmer sa peur de l’inconnu, pour se rassurer et se ré-assurer soi-même, s’auto-convaincre que l’on est le meilleur choix, la meilleure façon d’être, de penser, de fonctionner, de produire, de vivre.
      Des autosatisfaits, des camelots et des imitateurs.
      Avec le résultat que l’on connaît.

    • Et c’est parfaitement en lien aussi avec le papier de @iactu
      http://seenthis.net/messages/238092

      Pour Thomas Chamorro-Premuzic (@drtcp), professeur de psychologie des affaires à l’University College de Londres et cofondateur de Metaprofiling, la principale raison du déséquilibre des genres dans les fonctions de direction repose sur notre incapacité à distinguer la confiance de la #compétence, expliquait-il dans la Harvard Business Review. C’est-à-dire que nous avons tendance à interpréter les signes de confiance comme des signes de compétences. Le charisme et le charme sont souvent confondus avec le potentiel à diriger. De plus, nous avons tendance à élire comme chef des personnes égocentriques, narcissiques et qui ont une grande confiance en elles, des traits de personnalités qui seraient plus fréquents chez les hommes que les femmes. Freud soulignait déjà combien les disciples remplacent leurs propres tendances narcissiques par celles de leurs chefs, de sorte que leur amour pour le leader est une forme déguisée de l’amour-propre, ou un substitut à leur incapacité à s’aimer eux-mêmes.