Le mauvais cocktail social - Journal La Marseillaise

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    « on savait. Il y a eu trop de déçus, les gens n’en peuvent plus », note une habitante du noyau villageois.

    Sanction plus qu’adhésion, donc. « On a le vote qu’on mérite » mais « attention à ce que la sanction ne finisse pas par adhérer », prévient Bachir, travailleur intérimaire depuis que son entreprise à coulé. Ancien du bidonville de La Lorette, le quarantenaire qui est resté fixé à son poste TV jusqu’à une heure du matin, analyse : « à Marseille, en plus la politique est vécue comme un héritage familial et les élus n’habitent pas ici, ils sont loin de nos soucis quotidiens. Ajouter à ça : une construction européenne qui n’a pas été bénéfique aux classes populaires, la casse de l’école, l’absence de perspectives pour les jeunes et les affaires de clientélisme... on a un très mauvais cocktail et c’est où les gens souffrent le plus que la sanction est tombée le plus fort ».

    Abstention et vote FN ne seraient que les deux faces de la même pièce. « Et ça n’a fait que progresser. Les gens doutent maintenant de la capacité du politique à réagir. Il y a urgence à reconstruire la gauche », estime Bachir. Et chez les jeunes, la déception a grandi au gré des promesses non tenues. « Si on vote autant FN, c’est parce qu’on est tous dans la même galère. On a des diplômes et pas de travail. Et s’il passe, on n’a pas peur, on est français et en démocratie non ? » lâche Youssef, 20 ans, qui n’a pas voté parce que « ça ne sert à rien. Le seul truc pour s’en sortir quand tu habites la Castellane, c’est de te casser à l’étranger ». Au milieu du manège habituel des scooters, Mehdi, 21 ans, également diplômé et sans emploi, corrige : « tu te trompes sur le FN, c’est pas tous les mêmes les partis. Mais sur la déception, on se retrouve tous. Un ministre est venu et a promis une rénovation... qu’on verra dans 30 ans. C’est comme pour les embauches sur les chantiers, faut se battre pour en avoir. Et les pôles emplois, ce ne sont que des démarches administratives. On en a marre. On n’y croit plus ».

    A Bassens, l’association Made connaît la musique : 855 entreprises autour de la cité et pas un habitant employé sur la zone d’activité. Pour Schéérazade Ben Messaoud, sa directrice, « depuis 1974, on n’a pas arrêté de se battre pour des logements dignes, l’emploi... ». Le vote frontiste, n’est pas une surprise. « Les élus se plaignent du clientélisme, mais c’est eux qui l’ont créé. Entre Paris et le terrain, il y a quelque chose qui ne va pas. Hollande n’avait pas le droit de trahir les gens comme ça ». Elle liste les fausses notes : « la loi anti-voile nous a profondément blessées. Nous, mamans, on devenaient hors-la-loi. Les ZSP : Sarkozy et Le Pen en ont parlé, Hollande l’a fait. Les CRS venus de nuit taper à toutes les portes pour l’Aïd. On a récolté des PV pour être mal garés. Et le volet social on l’attend encore ». Du coup, cette gauche-là ne passe plus.