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  • Quelles alternatives à la prison ?
    http://envieditaliefppradio.wordpress.com/2014/03/26/prigioni-malate-quelles-alternatives-a-la-prison

    « Envie d’Italie ? » s’interroge ce mois-ci sur les possibilités de sortir du modèle carcéral tant décrié mais qui domine partout. Les 206 prisons italiennes sont en train de s’écrouler, remplies à craquer et les détenus se suicident neuf fois plus que le reste de la population. En France, la situation n’est guère meilleure. Avec : Mario Vaudano, magistrat, aujourd’hui à la retraite, entre 1997 et 2001, il a été le président du Tribunal de Surveillance du Piémont et de la Val d’Aoste ; Étienne Noël, pénaliste et spécialiste du droit pénitentiaire, il est secrétaire national de l’Observatoire International des Prisons. On écoutera également le témoignage de Jacques Lesage de la Haye, analyste, membre de l’École reichienne de Paris et de l’Institut Wilhelm Reich, anarchiste, il milite depuis 40 ans contre (...)

    • Foucault entreprend assez vite de dissiper un premier malentendu : non, il ne s’agira pas cette fois encore de mettre en œuvre une rhéto- rique de l’exclusion, de dénoncer une société intolérante, de valoriser les marges. Bien au contraire : cette analyse de la prison supposera une critique systématique des concepts de transgression et d’exclusion. Avant d’y renoncer tout à fait, Foucault souligne rapidement que cette notion d’exclusion ne fut pourtant pas, en son temps, tout à fait inutile, notamment pour démasquer une violence première que tentent de faire oublier les concepts de psychopathologie (c’est l’idée que ceux que la société présente comme « anormaux » ou « déviants », elle a commencé par les rejeter). De son côté, le concept de « transgression » avait eu le mérite de faire valoir un rapport à la limite plus profond qu’à la loi. Tous ces thèmes avaient largement nourri l’Histoire de la folie , dont le chapitre intitulé « Le grand renfermement » avait en son temps impressionné : la grande ratio occidentale (objective, méthodique et neutre) marquait en effet sa naissance par le rejet immense de la folie. L’affirmation calme de la Raison, qui se prolongera dans la connaissance psychiatrique, repose alors sur une exclusion originaire et fondatrice.

      Mais précisément, dit Foucault en 1973, il ne s’agira pas, à propos de la prison, de répéter le même schéma, et de la comprendre aussitôt comme instrument d’exclusion des déviants. Cette analyse, sans être absolument inexacte, serait trop superficielle. Car profondément, au moment de sa naissance, plutôt qu’elle ne rejette hors de la société des populations indésirables, la prison moderne intègre, projette, purifie, recycle des stratégies sociales de pouvoir, et par là redistribue des flux de population plus qu’elle n’en élimine. L’idée importante, c’est de considérer la prison comme un révélateur de stratégies plutôt que comme le simple effet institutionnel d’un geste politique monotone et massif (éliminer la contestation, bannir la plèbe séditieuse).

      La prison devra être analysée comme une certaine stratégie de pouvoir. Déjà #Foucault insiste pour faire de l’enfermement moins un contenu pénal déterminé qu’une tactique pénale, parmi trois grandes autres : bannir (interdire la présence du criminel dans certains lieux) ; racheter (imposer un système d’obligations et de compensations) ; marquer (faire apparaître sur le corps des cicatrices du pouvoir). On parle ici de « tactiques pénales », car il ne s’agit pas de faire dépendre ces procédures d’un systèmede représentations ou d’une mentalité, mais d’une certaine manière pour les groupes sociaux de conduire entre eux la guerre. La prison devra être comprise décidément comme une pièce tactique dans une guerre sociale . paysanne) la raison qui impose la prison comme évidence pénale. Mais expliquer n’est pas comprendre, car on ne voit pas immédiatement comment la grande industrie ou la petite propriété agricole ont pu exiger que la prison devienne une modalité punitive exclusive. Sauf à dire que la prison sert à résorber le surplus de main-d’œuvre ou à enfermer la plèbe séditieuse, ce qui est à la fois insuffisant et simpliste.

      {{L’idée que les transformations du capital sont à l’origine de la prison se déploie, au cours des leçons de 1973}}, dans une double dimension, illustrée par deux concepts : celui d’#illégalisme et celui de #coercitif. Il s’agit dans le premier cas de révéler une fonction de la prison dans les rapports sociaux, et dans le second de la considérer comme un symbole de ces mêmes rapports sociaux : une utilité et une utopie sociales.

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      FOUCAULT ET « LA #SOCIÉTÉ_PUNITIVE »
      http://www.revue-pouvoirs.fr/IMG/pdf/135Pouvoirs_p5-14_foucault_societe_punitive.pdf