• L’abus de libre échange peut nuire à votre santé
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/250314/labus-de-libre-echange-peut-nuire-votre-sante

    Préoccupation majeure des Français, la santé est au cœur des négociations de libre-échange (Tafta ou TTIP) qu’ont engagé les Etats-Unis et l’Union européenne depuis juillet 2013. Après des années de combat pour doter l’Union européenne d’un cadre législatif protecteur en matière de santé, le risque est grand de voir les 28 faire un bond en arrière et ainsi mettre en danger des acquis essentiels.

    Rappelons l’urgence de la situation. Malgré les progrès de la médecine, les maladies liées à notre environnement explosent. Les Français perdent 2% de leur fertilité tous les ans, les cancers hormonaux se multiplient, les maladies chroniques frappent un nombre croissant de nos concitoyens. En cause notamment, les pesticides et autres produits chimiques qui envahissent notre quotidien. Tous ces perturbateurs endocriniens, comme les phtalates et le bisphénol A, qui migrent des emballages alimentaires vers nos assiettes, les parabens contenus dans les cosmétiques qui traversent la peau, les résistances aux antibiotiques qui progressent dangereusement, ou encore des résidus médicamenteux qui se mélangent dans l’eau du robinet et dans l’eau en bouteille. Conséquence, des pans entiers de la santé des citoyens se dégradent, le déficit de la sécurité sociale se creuse, et la biodiversité se trouve chaque jour plus attaquée.

    Malgré la pression acharnée des lobbys industriels et agricoles, l’Union européenne s’est dotée de l’arsenal juridique le plus protecteur au monde, pour encadrer par exemple la mise sur le marché de ces produits chimiques grâce à la législation Reach adoptée en 2007. Celle-ci oblige ainsi l’industrie à évaluer et à gérer les risques posés par les produits chimiques, et d’en substituer les plus dangereux. Elle a aussi, au nom du principe de précaution et d’une réalité scientifique que trop d’Etats veulent ignorer, lutté bien avant la France contre la pollution de l’air par les particules fines, de l’eau par les nitrates et des terres par les pesticides.

    Tous ces efforts pourraient hélas être remis en cause. Car comme pour l’environnement, l’agriculture, les données personnelles ou l’alimentation, l’ambition européenne et certains acquis en matière de santé pourraient être sacrifiés sur l’autel du libre-échange. Déjà, la Commission, qui était tenue d’adopter d’ici fin 2013 les critères d’identification et d’évaluation des perturbateurs endocriniens pour les législations biocides et pesticides, joue la montre. Pour ne pas froisser les lobbies de la chimie, très puissants des deux côtés de l’Atlantique, elle a préféré lancer une évaluation d’impacts économiques préalable à l’élaboration de ces critères. La protection des consommateurs n’est plus une priorité, et l’exigence scientifique est revue à l’aune d’enjeux économiques contestables......

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