• GISTI - Des femmes immigrées face à la contraception
    http://www.gisti.org/doc/plein-droit/14/contraception.html

    Dès 1983, le Gisti a soulevé le problème de l’utilisation du contraceptif injectable en France. À l’origine de la démarche, des travailleurs sociaux avaient été informés par des associations de femmes immigrées, de l’existence de pratiques abusives de cette méthode auprès de femmes étrangères avec lesquelles la communication était difficile voire impossible, sans réelle information. L’initiative conjuguée du Comité médico-social pour la santé des migrants, du Gisti et de l’organisation internationale de coopération pour la santé Médicus Mundi, cherchant à en savoir plus sur l’usage de cette méthode et ses conditions de prescription, a constitué le point de départ d’une enquête menée en région parisienne.

    Ce travail se situe donc à l’articulation d’une demande sociale associative, et de l’expérience d’une équipe de recherche qui a mis au point des outils d’observation et d’analyse d’une situation de prescription et d’utilisation de cette technique de contraception.

    En France, deux contraceptifs injectables, le Dépo-provera et le Noristérat sont accessibles.

    L’enjeu est d’autant plus important que leur utilisation, notamment celle du Dépo-provera, a occasionné une intense polémique à la fin des années 1970. Celle-ci a démarré avec le refus d’autorisation de mise sur le marché du Dépo-provera par la Food and Drugs Administration aux États-Unis et son utilisation parallèle comme méthode de limitation des naissance dans les sociétés en voie de développement.

    Le débat international a porté sur deux points :

    la toxicité du produit
    la question du « double standard » — produit considéré comme dangereux pour les unes mais utilisé auprès des autres — et qui pose le problème du choix des femmes et des couples en ce qui concerne la planification des naissances et les méthodes utilisées.

    Les campagnes de planning familial menées dans les sociétés du tiers-monde relèvent de logiques de contrôle démographique qui laissent peu de place à ce choix. Les contraceptifs injectables ont été et sont un outil de ces campagnes.

    En France, la prescription de cette méthode est marginale par rapport aux autres (pilule et stérilet) et concerne essentiellement les femmes de faible niveau socio-économique et/ou d’origine étrangère en situation de précarité.

    #femmes #contraception #immigration #double_standard

  • Affaire #Leonarda : l’esprit et la lettre des textes en vigueur piétinés |Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/161013/affaire-leonarda-lesprit-et-la-lettre-des-textes-en-vigueur-pietines

    Vincent Peillon a rappelé que l’école devait être « sanctuarisée » et qu’il y avait « des règles de droit » et « des principes » à respecter, après la vive émotion suscitée par l’expulsion de Leonarda. Une procédure qui contrevient à tous les textes en vigueur sur le sujet dans l’éducation nationale et place le ministère dans une position délicate.

    Rue de Grenelle, l’expulsion en pleine sortie scolaire de la jeune Leonarda passe mal. Interrogé ce mercredi à la sortie du conseil des ministres, Vincent Peillon a vertement réagi. « Nous demandons qu’on sanctuarise l’école », a-t-il déclaré, visiblement très agacé. Le ministre, qui a affirmé attendre les résultats de l’enquête administrative diligentée par Matignon, a ainsi assuré qu’il y avait « des règles de droit » et « des principes qui sont ceux de la France. La sortie scolaire, c’est de la scolarité. Et notre règle c’est qu’on n’intervienne pas lorsqu’il y a scolarité ». Après avoir pris connaissance, lundi, du cas de l’expulsion de la collégienne Kosovare, le ministre s’était entretenu avec Manuel Valls dès le lendemain en marge des questions au gouvernement pour obtenir des explications.

    Sur le principe d’une école-sanctuaire, les textes qui se sont accumulés ces dernières années sont très clairs. Ils ont d’ailleurs été rappelés dans les trois circulaires [http://www.mediapart.fr/journal/france/140912/scolarisation-des-primo-arrivants-des-circulaires-attendues-depuis-longtem relatives à la scolarisation des enfants « allophones nouvellement arrivés », des Roms et des enfants du voyage, rédigées par le ministère de l’éducation nationale l’été dernier. « L’école doit être vécue comme un lieu de sécurité pour ces enfants souvent fragilisés par leur situation personnelle », affirme en préambule la circulaire n° 2012-141 du 2-10-2012 [http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=61536]. « Assurer les meilleures conditions d’accueil » de ces enfants est « un devoir de la République », dans un « objectif d’intégration sociale, culturelle et à terme professionnelle », souligne l’une d’elles.

    Le droit à la scolarisation est inconditionnel, conformément aux articles L. 111-1, L. 122-1, L. 131-1 du code de l’éducation, c’est-à-dire qu’il ne peut dépendre de la situation administrative des enfants ou de leurs parents.

    La continuité de la scolarité doit être autant que possible préservée, comme pour tous les autres élèves : « Tout élève admis dans un cycle de formation doit pouvoir parcourir la totalité de ce cycle dans l’établissement scolaire, sous réserve des dispositions réglementaires relatives aux procédures disciplinaires », affirme la circulaire de mars 2002 [http://www.education.gouv.fr/botexte/sp10020425/MENE0200681C.htm], toujours en vigueur, relatives aux modalités d’inscription et de scolarisation des élèves de nationalité étrangère des premier et second degrés.

    Le rapport du défenseur des droits de mai 2013 [http://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/upload/rapport-roms-2013-06-25.pdf] qui évaluait l’application de ces circulaires a montré que plusieurs tribunaux se sont appuyés sur la scolarisation pour différer des évacuations, afin qu’un cycle scolaire ne soit pas interrompu.

    Par ailleurs, après plusieurs affaires ayant ému l’opinion, et abouti à la création du Réseau éducation sans frontières (RESF), une circulaire de Nicolas Sarkozy du 31 octobre 2005 [http://www.gisti.org/doc/textes/2005/INTD0500097C.pdf] stipulait, déjà, qu’il fallait éviter les « démarches dans l’enceinte scolaire et à ses abords ». Elle a été depuis abrogée. Reprenant l’esprit du texte de 2002, le ministre de l’intérieur précisait aux préfets de « ne pas mettre à exécution avant la fin de l’année scolaire l’éloignement des familles dont un enfant est scolarisé depuis plusieurs mois ».

    Aujourd’hui, l’interpellation de la jeune Leonarda piétine et l’esprit et la lettre de tous ces textes.

    Depuis un an et demi, la rue de Grenelle semble d’ailleurs constamment en porte-à-faux avec le ministère de l’intérieur. Les dernières sorties de Manuel Valls sur l’impossibilité consubstantielle à s’intégrer des Roms avaient semé plus que le malaise au ministère de l’éducation. George Pau-Langevin, ministre déléguée à la réussite éducative en charge précisément de la scolarisation des Roms et des élèves « nouvellement arrivés en France », avait rappelé dans un discours prononcé à l’Assemblée nationale, le 27 septembre dernier, que « les particularismes sociaux et culturels ne sauraient justifier le non-respect de nos principes fondamentaux et de nos engagements internationaux comme la Convention internationale des droits de l’enfant ».

    Moins frontale que la sortie de Cécile Duflot, la mise au point n’en était pas moins nette. Vincent Peillon, la veille, avait également rappelé, en substance, que la France n’avait rien à gagner à s’enfermer dans un repli identitaire. La phrase prononcée lors d’un colloque de l’Afev (Association de la fondation étudiante pour la ville) [http://www.afev.fr/] n’avait pas été reprise puisque pratiquement aucun journaliste n’était présent ce jour-là, invités qu’ils étaient au même moment à un point sur le budget de l’éducation dans le projet de loi de finances. L’affaire Leonarda a donc fait sortir mercredi le ministre de sa relative réserve.

    #Valls #RESF #Peillon