L’euro est un formidable succès
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Et que de chemin parcouru depuis le début de la crise de la zone euro ! certains pays périphériques voient leurs finances publiques sous tutelle intégrale de l’Europe. La BCE tient en respect les gouvernements européens, éliminant les dirigeants qui ne lui conviennent pas en les soumettant à la pression des marchés. Tous les gouvernements ont cédé un pouvoir considérable, transférant à la commission un droit de regard sur les budgets nationaux qui pourrait rendre jaloux le parlement français. Dans le cadre de l’Union Bancaire, les gouvernements ont mis fin à la relation établie avec leurs banques nationales, conférant à la BCE le soin de les réguler et à l’Europe le pouvoir de les sauver ou de les couler.
Les critiques de l’union bancaire, qui lui reprochent son caractère inachevé et incomplet, sont à côté de la plaque. Ce caractère est parfaitement compréhensible dès lors qu’on saisit que dans le processus de construction européenne, l’essentiel n’est pas de construire des choses qui fonctionnent, mais de transférer autant de pouvoir que possible en dehors des gouvernements nationaux. La prochaine crise qui résultera de ce mécanisme incomplet sera l’occasion de nouveaux transferts de compétences, parce qu’il n’y aura pas de choix.
Aucun de ces transferts n’aurait été possible sans la crise de la zone euro, elle-même née des contradictions inévitables lorsqu’on confère une monnaie unique à un ensemble de pays disparates. Les critiques peuvent déplorer autant qu’ils le veulent ce processus : le niveau de souffrance subi par les pays périphériques de la zone euro montrent que les populations nationales, vieillissantes, ne feront jamais le saut dans l’inconnu qu’impliquerait le démantèlement de la construction européenne et de l’euro. Ils préféreront le diable qu’ils connaissent à celui qu’ils ne connaissent pas.
La prochaine étape du processus sera peut-être de voir un gouvernement national extrêmiste arriver au pouvoir sur un programme anti-européen, pour se casser les dents et constater qu’il n’a d’autre choix que d’avaler sa chique et de faire ce qu’on lui dit, comme l’ont fait tant d’autres avant lui.