Water footprint and virtual water

/?page=files/Animal-products

  • Petit exemple d’#autodéfense_intellectuelle ou de #propagande #vegane (au choix).

    J’ai beaucoup vu circuler ce graphique sur la consommation d’eau de différentes productions végétales ou animales :

    La source du graphique est le site viande.info, plus précisément :
    http://www.viande.info/elevage-viande-ressources-eau-pollution

    Comme je doute qu’une #vache puisse ingurgiter autant d’eau, je vais voir un peu les chiffres, sur la source citée par le graphique :
    http://www.waterfootprint.org/?page=files/Animal-products

    Et je lis des choses intéressantes :

    Global animal production requires about 2422 Gm3 of water per year (87.2% green, 6.2% blue, 6.6% grey water). One third of this volume is for the beef cattle sector; another 19% for the dairy cattle sector. Most of the total volume of water (98%) refers to the water footprint of the feed for the animals. Drinking water for the animals, service water and feed mixing water account only for 1.1%, 0.8% and 0.03%, respectively (Mekonnen and Hoekstra, 2010).

    Deux choses donc : (a) c’est la production de nourriture qui prend le plus d’eau (98% !), et on a des jolies nuances d’eau, la verte, la bleue et la grise.

    Voyons voir de plus près à quoi ça correspond, en regardant les documents cités en bas de page ...

    http://www.waterfootprint.org/Reports/Gerbens-et-al-2013-waterfootprint-poultry-pork-beef.pdf

    Water consumption and pollution can be assessed using the water footprint [WF]concept (Hoekstra et al., 2011), which distinguishes a green WF (consumption of rainwater), a blue WF (consumption of surface and groundwater) and a grey WF (pollution of surface or groundwater).

    L’eau verte correspond donc à de l’eau de pluie ! (vous la sentez venir aussi l’arnaque ?). Mais mais mais, l’empreinte de l’eau de l’élevage serait elle plombée par toute l’eau de pluie tombée sur l’herbe que consommerait le bétail ?

    Voyons voir ça dans un autre document plus fourni :
    http://www.waterfootprint.org/Reports/Report-48-WaterFootprint-AnimalProducts-Vol1.pdf
    Page 25 on voit le tableau suivant :


    Et on voit que c’est totalement le cas, lorsque le fourrage n’est pas irrigué (je suppose que c’est ce qui plombe les chiffres de l’Australie). Par exemple, la Chine n’utilise que de l’eau de pluie pour nourrir ces animaux sur paturage. Mais si on prend le total, la viande industrielle consomme moins « d’eau » que celle sur paturage. On a bien compris d’où vient l’erreur ...

    Donc la tromperie est avérée. Mais que donnent les chiffres d’efficacité si on ne regarde que l’eau « bleue » et « grise » qui finalement indique l’eau qui est détournée d’une utilisation potentielle par les humain⋅e⋅s (contrairement à l’eau de pluie qui tombe sur les champs et les prairies ...).

    Page 29 du même document on tombe sur les chiffres qui ont été repris, mais avec le détail des types d’eau :

    Donc j’ai fait mon propre calcul en me basant sur l’eau « bleue » + « grise » ("consumption of surface and groundwater" et « pollution of surface or groundwater »)

    Et voici les résultats pour le volume de cette eau nécessaire pour produire des calories, des protéines et des lipides suivant le type de production :

    Pas si évident de dire que l’élevage consomme des quantités astronomiques d’eau utile ... Surtout qu’on pourrait affiner par pays avec les chiffres d’un des tableau précédent.

    Je ne suis pas à l’abri d’une erreur de manip aussi ai-je mis le tableur n consultation : https://docs.google.com/spreadsheets/d/14rczSYwR3l5SwkQ11W2Y_-hNqZzkUcok2jqz8kmEnAI/pubhtml#

    #graphique #science #élevage #viande #eau #alimentation #végétarisme

    • Précision pour @RastaPopoulos, l’appel à la procédure est asynchrone…

      Pour @nicolasm, a priori rien à dire sur les calculs, si ce n’est « Bravo ! »

      Devant ces estimations de « consommation » d’eau, je suis toujours resté perplexe. En particulier, parce que, de ce que je comprends, les mécanismes de respiration et d’évapotranspiration restituent à l’environnement une part non négligeable de l’eau « consommée » sous forme de vapeur d’eau (future eau de pluie, donc…)

      Dans le cumul de ce qui entre quelle est la part de ce qui a été restitué (et donc quel est le bilan net) au moment de la production de l’aliment ?

      Une formulation légèrement différente consisterait à rapporter le temps de cycle de chacune des productions et le temps de cycle de l’eau utilisée (retour à l’environnement de l’eau utilisée) pour juger de la pression sur la ressource (en plus de la dégradation de l’eau en « eau grise »).

      Je ne me suis jamais lancé dans ce genre de calcul…

    • Ici clairement l’eau de pluie retourne au grand cycle. Pour le reste, même si ça retourne au cycle, c’est quand même sous une forme moins utilisable donc ça me parait logique de le comptabiliser dans les coûts.

      Effectivement la vache retourne beaucoup à son milieu, comme tous les autres. Et un animal ne monopolise que peu d’eau à un instant t (~80% du poids ?) et rejette surtout l’eau et le reste sous forme d’urine et d’excréments ... qu’on peut utiliser intelligemment : http://seenthis.net/messages/241172

    • J’ai oublié certaines choses dans mon billet :

      Clairement il est abusif de compter l’eau de pluie dans une consommation d’eau (à ce niveau là, un poisson a une empreinte énorme si on compte l’eau de pluie qui tombe sur son territoire de chasse/cueilette ...), et si on le prend en compte, ça fait plutôt une mesure de la surface occupée par la production et la nourriture de la production (pour l’élevage, le fourrage compte pour 98% du total dont 87% est de l’eau de pluie), et on a de meilleurs indicateurs pour ça ... Si je voulais être mesquins, je dirais que les végan⋅e⋅s qui brandissent le schéma de début sont contre l’exploitation de l’eau de pluie.

      Mais je ne pense pas qu’il y ait un lobby vegan puissant. Et en même temps je vois mal un scientifique calculer sérieusement une empreinte (water footprint), avec tout ce que le terme suppose, en y incluant l’eau de pluie. Clairement y a un objectif derrière. Je pense que les végan⋅e⋅s sont insignifiant⋅e⋅s ou les idiot⋅e⋅s utiles, car le but n’est peut être pas de condamner l’élevage mais l’élevage non industriel, gros gaspilleur de place (sur des prairies au lieu d’être enfermés dans des boites à manger du maïs qui a des records de productivité à l’hectare). Et là j’imagine plus l’argent et les lobbys d’influence.

      Pour citer encore Simon Fairly, qui a étudié les études de la #FAO :

      The view of the FAO economists is that a rural population content to consume what their local environment provides is already outnumbered and soon to be superseded by an urban proletariat who expect to buy anything they want in a supermarket, or aspire to be rich enough to do so. The FAO never seriously suggests that it is anything other than the duty of capitalism to provide as sumptuous a spread as it can, and anticipate that between 1999 and 2050, global meat production and milk production will double.
      Having accepted this premise, the FAO are correct in drawing the following conclusions:

      “”"If the projected future demand for livestock is to be met, it is hard to see an alternative to intensification of livestock production. Indeed the process of intensification must be accelerated if the use of additional land, water and other resources is to be avoided. The principle means of limiting livestock’s impact on the environment must be to reduce land requirements … This involves the intensification of the most productive arable and grassland used to produce feed or pasture; and the retirement of marginally used land where this is socially acceptable and where other uses of land, such as for environmental purposes, are in demand."""

      Intensification will have a radical influence on the structure of farming, and, predictably, farms will get bigger. ‘The shift to intensive production systems is accompanied by increasing size of operations, driven by economies of scale,’ which will include ‘a relative expansion of concentrate-based production systems’. To supply these factory farms ‘intensification also needs to occur in the production of feedcrops, thereby limiting the use of land assigned to livestock production, either directly as pasture or indirectly for feedcrops.’ These feedlots will be focused mainly on monogastric animals – pigs and chickens – because these species convert plant nutrients into protein more efficiently than ruminants.
      This shift to large scale and industrial farms, the FAO continue, ‘is only achieved at the cost of pushing numerous small- and middle-scale producers and other agents out of business … Small family-based livestock producers will find it increasingly difficult to stay in the market.’ Currently 1,300 million people, or 20 per cent of the world population are engaged either full-time or part-time in livestock production, of whom 987 million are classed as poor. Many of these people will have to be displaced:

      “”"Many producers will need to find alternative livelihoods … The loss of competitiveness requires policy interventions, not necessarily to maintain smallholder involvement in agriculture, but to provide opportunities for finding livelihoods outside the agricultural sector, and enable an orderly transition… . This trend raises social issues of rural emigration and wealth concentration. Diversification within and outside the agricultural sector, and social safety nets are some of the policies developed to address these issues."""

      The consequence is a rapid ‘urbanization of livestock’ in which rural economies are undermined, and enclosed by a dominant urban and globalized economy:

      “”"As a result of economies of scale, industrial livestock production generates substantially lower income per unit of output than smallholder farms, and benefits go to fewer producers. Furthermore, economic returns and spillover effects occur in the generally already better off urban areas. The shift towards such production has thus, a largely negative effect on rural development."""

      In the above, the FAO are describing a process of industrialization that has, in its own individual way, already taken place in the UK over the last 200 years and whose spread throughout the developing world they predict, endorse and promote.

    • Encore moi :)
      Le document est vraiment intéressant, rempli de chiffres qui donnent envie de faire des diagrammes.

      J’ai vraiment l’impression que lorsqu’on tape sur l’élevage, on tape souvent sur les vaches. Et je commence à me demander si ce n’est pas parce que les herbivores sont les animaux domestiques les moins faciles à industrialiser. On a tous en tête les « feedlots » américains, mais je me rappelle avoir lu (où ?) qu’en fait les vaches y passaient assez peu de temps, comme une sorte de gavage final (un peu similaire à la phase de gavage des canards à foie gras) pour les engraisser avec du maïs. Sinon avant c’est au mieux de la prairie, au pire du fourrage de luzerne qui a été irrigué. Donc même si la dernière phase est industrialisée, et que d’aller couper la luzerne c’est plus rationalisé que d’aller faire gambader les vaches, le foin reste beaucoup moins concentré que les céréales ou le soja, et faire de l’ensilage ça a toujours le côté artisanal de la fermentation. Donc je pense que c’est pour ça qu’on cible les vaches, sur des critères défavorables (conso des pays riches, place prise), ou en biaisant d’autres résultats (comme ici), sans jamais prendre d’autres critères (l’érosion par exemple). Et c’est aussi sûrement pourquoi même en élevage industriel il y a une grosse part d’eau verte, car on sert beaucoup d’herbe même en industriel.

    • Arh, je n’ai hélas pas le temps en ce moment de regarder tout ça, je ne conteste pas tes remarques sur la consommation supposée de l’eau. Je veux juste faire une remarque sur l’industrie bovine (je ne parle pas d’élevage à ce niveau là et je n’ai pas l’impression qu’elle soit plus dénoncée pour ses excès que celles du porc et de la volaille). En Amérique, l’industrie bovine est une cause importante de déforestation : on déboise pour créer des pâturages pour les troupeaux et lorsque les sols sont laminés, on déboise de nouveau. On peut parler d’industrie extensive néfaste. Je précise tout de suite, je ne suis pas végétarienne mais je défends une consommation plus restreinte de viande et d’origine paysanne.

    • @odilon :

      je défends une consommation plus restreinte de viande et d’origine paysanne

      On est d’accord la dessus. Comme je disais ailleurs mais je ne retrouve plus le commentaire, la consommation de viande devrait être dépendante de ce qu’on peut produire dans des conditions décentes, et pas développer un élevage concentrationnaire pour satisfaire les désirs de tou⋅te⋅s. Pour le type d’élevage que je trouve chouette, voir http://seenthis.net/messages/220316
      Mais dans ce billet je parle d’élevage dans sa globalité car les chiffres prennent cette globalité, et je pense que les « bons » chiffres de l’élevage sont en grande partie due aux élevages des pays non industrialisés (on pourrait s’amuser à faire les calculs avec les données du document) et/ou à la proportion des différents animaux dans le total de production.

    • Très belles statistiques illustrées @odilon ! Oui l’élevage industriel et ce qu’on a connu de pire, car il augmente d’un ordre de grandeur ou plus la capacité destructrice de l’agriculture industrielle. Et même si l’urgence est de dénoncer et d’arrêter le massacre, je déplore l’absence de recherche d’élevages alternatifs, qui se borne souvent à l’agriculture bio/paysanne sans recherche de plus de conception, plus d’intégration et plus d"’intensivité écologique". C’est pourtant ce qui se fait en maraîchage, avec de « nombreux » articles sur des maraîchers qui utilisent des ancienne techniques, des structures nouvelles, du design, etc...