Absolutisme sériephile - Libération

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  • Absolutisme sériephile

    Alors ? Alors ? Ben bof, lis-je sous la plume de ceux qui ont trop attendu la très attendue nouvelle saison de la série culte Game of Thrones. Trop d’attente tue l’attente : à force de s’exciter sur cette 4e saison, certains fans sont déçus et même les spécialistes des séries découvrent que, finalement, c’est pas si génial GoT. Comme ces rendez-vous tant attendus qui déçoivent à l’arrivée. Et voici qu’à l’occasion du mégabuzz GoT, certains critiques cinématographiques, tel Serge Kaganski (1), s’émeuvent de l’importance disproportionnée qu’on donnerait aux séries télévisées et rejettent « l’absolutisme sériephile qui pèse en ce moment dans le champ culturel », rappelant qu’une série, même excellente, est un produit commercial qui n’arrive jamais (sauf, big surprise, Twin Peaks, ah David Lynch) au niveau du grand art cinématographique. « Les séries se consomment, les grands films se vivent comme des expériences quasi surnaturelles.[...]
    [...]Les séries sont une expérience aussi par leur intégration dans le moyen terme des années de nos vies : cinq ans avec les héros tordus de Six Feet Under ou de The Wire, six avec Lost,neuf avec Seinfeld,quinze avec Urgences. Le phénomène de l’attachement durable aux figures de série, si soigneusement écrits, de leur fréquentation ordinaire, marque aussi un déplacement de l’auteur individuel vers une création collective. Cette expérience des séries, en quoi serait-elle ontologiquement inférieure, moins surnaturelle que celle du cinéma ? Le cinéma existait à ses origines - c’est ce qui en fait un art populaire au sens fort, démocratique - comme expérience esthétique commune, partagée, intriquée dans la vie quotidienne.[...] »

    http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/04/25/absolutisme-seriephile_1004621