L’étendard de la lutte - La Vie des idées

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  • Fonctions de la banderole : subjectivation collective, objectivation du groupe, ordonnancement de la manifestation | Philippe Artières

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    Ainsi, qu’elle conforte le pouvoir en place ou le conteste, la banderole cristallise une identité qui lui préexiste. Elle est objet de ralliement à une cause, à une revendication, à des valeurs communes. En tant qu’objet identitaire, elle instaure un lien entre l’individu et le collectif, que ce soit au sein de manifestations, lors de rencontres sportives ou encore en temps de guerre. Si elle est objet de contestation, elle est aussi objet d’ordre et de structure, elle « permet à la manifestation de se tenir droite » (p. 35). La banderole, tout comme le drapeau, sert une identité interne et externe : elle définit de l’extérieur le groupe réuni autour de l’objet comme une identité à part entière, et elle renforce l’identité interne de ce groupe par son caractère de balise. L’étude de la banderole permet ainsi de questionner l’insertion de l’individu au sein d’une foule, dans la lignée des travaux de psychologie sociale de Gustave Le Bon : pour Artières la banderole est le « squelette » de la manifestation, ce qui relie l’unité individuelle à l’unité défilante.
    Lors du mouvement des droits civiques dans les années 1960, la banderole est par exemple utilisée pour revendiquer une identité mise à mal par l’ordre social de la ségrégation. Elle est alors outil de revalorisation et de redéfinition de soi-même. À cet égard son apport performatif est essentiel : elle est actrice à part entière de la conscience collective et individuelle. En affichant haut et fort une identité conquérante, les individus « se subjectivisent » (p. 46).

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