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  • Rendre le monopole de la création monétaire aux banques centrales ?

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    Dans les années 1930, en effet, un groupe d’économistes de l’université de Chicago associé à Irving Fisher – l’économiste américain de Yale, qui a certainement proposé l’interprétation la plus convaincante du phénomène de déflation par le désendettement, phénomène que nous observons à l’œuvre aux États-Unis aussi bien qu’en Europe et au Japon – a proposé un plan de retour au monopole public de la création de monnaie. L’idée était de contraindre les établissements financiers à détenir des réserves auprès des banques centrales égales à 100 % de leurs comptes-courants, par opposition au régime de réserves fractionnaires. Aujourd’hui, elles sont limitées à 2 % des dépôts au sein de la zone euro, 4 % aux États-Unis, 0 % en Suède.

    La proposition de Chicago fut soutenue par Maurice Allais, Milton Friedman et James Tobin, tous trois Prix Nobel d’économie. Pour prêter à partir de leurs ressources, les banques devraient en solliciter le transfert vers des comptes d’épargne. Aucune monnaie ne serait alors créée : la monnaie serait simplement transférée depuis le compte-courant des particuliers vers le compte que les banques commerciales détiennent à la Banque Centrale, en échange d’une créance des particuliers sur les banques inscrite au compte d’épargne. L’avantage considérable d’une telle disposition est qu’elle ferait disparaître le problème majeur d’illiquidité d’une banque : les déposants n’auraient plus aucune raison de céder à la panique d’un bank run. Dit autrement, le problème fondateur d’une banque, lié à la différence de liquidité entre son passif et son actif, disparaîtrait. Par ailleurs, ayant perdu le pouvoir de création monétaire, les banques deviendraient ce que le grand public croit qu’elles sont : de purs intermédiaires entre épargnants et emprunteurs.