Agression sexuelle à Lille : « Personne ne bouge, tout le monde en parle »
Le deuxième, grégaire : cette psychologie caractéristique des foules que, dès la fin du XIXe siècle, Gustave Le Bon avait brillamment dénoncée. On ne se méfiera jamais assez des foules. L’individu s’y désagrège : il y a, remarque-t-il, « évanouissement de la personnalité consciente, prédominance de la personnalité inconsciente, orientation par voie de suggestion et de contagion des sentiments et des idées dans un même sens ». Or, une dizaine de personnes, comme dans ce maudit métro, suffit à faire une foule. Une foule irresponsable, prostrée dans une sidération contagieuse. Paradoxalement, deux ou trois passagers auraient peut-être davantage réagi…
Un troisième facteur est plus préoccupant. Freud s’était ému de l’évanouissement de la conscience que signalait Le Bon ; selon lui, « l’âme de la foule » est en fait une union des inconscients, s’émancipant de la conscience. Faut-il en conclure que nos contemporains auraient un inconscient collectif démissionnaire ? Et que, lorsqu’ils deviennent grégaires, ils ne se précipitent pas vers le fossé à la façon des célèbres moutons, mais plutôt s’immobilisent ?
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