Quand on ne veut pas comprendre la déconnexion… parce qu’on vit de la connexion

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  • Quand on ne veut pas comprendre la déconnexion… parce qu’on vit de la connexion
    http://blog.tcrouzet.com/2014/05/12/quand-on-ne-veut-pas-comprendre-la-deconnexion-parce-quon-vit-de-la-c

    Si je me suis pas déconnecté pour retrouver mes amis ou à cause d’une soudaine réaction allergique aux machines, alors pourquoi ? Je vois au moins trois raisons, de plus en plus claires à mesure que ma période de jeûne s’éloigne.

    Vivre pleinement en ligne implique une présence de tous les instants, qui peut conduire au burn-out numérique (c’était mon cas). On peut ressentir une profonde fatigue, et je comprends l’envie de se reposer (un fantasme inaccessible pour beaucoup de gens). Rien que de très ordinaire comme désir. Les vidéos de vacances buzzent plus que les vidéos sur la déconnexion, mais pour les mêmes raisons.

    Nous sommes curieux. Nous avons envie de visiter d’autres villes, d’autres pays, d’autres planètes… Quand on passe sa vie sur le Net (que je compare à un territoire), on peut aspirer à d’autres paysages (surtout quand on se limite à Facebook et Twitter).

    La pleine présence en ligne serait contradictoire avec l’expérience optimale. En tous cas, c’est indéniable pour moi. Hyperconscience, hapax existentiel, sentiment océanique… le Net est un tue-l’amour en ce domaine (et le besoin des pionniers du Net de s’adonner à la médiation n’est pas étranger à ce phénomène). Je crois que de plus en plus de gens perçoivent un manque existentiel lié à notre mode de vie actuel sur le Net, manque que j’imagine lié aux écrans, en tout cas aux limitations de nos interfaces (souvent elles réduisent le champ perceptif plus qu’elles ne l’élargissent, tout en comprimant le temps).

    Je ne comprends vraiment pas en quoi le monde déconnecté est plus vertueux ou plus « authentique » que le monde connecté. Les études de Daniel Miller et de toute l’anthropologie numérique vont dans ce sens : la connection est une forme de sociabilité. Il y a plein de manière d’être sociable et les mondes connectés et déconnectés ne fonctionnent pas de manière binaire. Les burn-out numériques ne sont pas du à la « connexion » mais plus à une mauvaise gestion de celle-ci. De plus, il n’y a aucun problème à pouvoir déconnecter, cette possibilité est essentielle. Le jour où on ne pourra plus se déconnecter il faudra s’inquiéter mais cela n’a rien à voir avec une quelconque « meilleur situation » du monde déconnecté au monde connecté. C’est différent et nos sensibilités différent à ce propos, les expériences ne sont pas les mêmes.

    #internet #sociabilité #déconnexion #connexion #Miller

    • une critique ici :

      La “vraie vie” sent un peu le camembert | L’Atelier des icônes
      http://culturevisuelle.org/icones/3000

      Le problème, c’est que la « vraie vie » déconnexionniste ressemble comme deux gouttes d’eau à une pub pour camembert industriel, c’est à dire au cliché marketing de la vie rurale selon le rite mormon. Dans le rêve déconnexionniste, personne n’est jamais coincé dans le métro aux heures de pointe, ni humilié par son chef de service, ni infantilisé par le représentant d’un service administratif, ni harcelé par de gros lourds, etc… Tout n’est que luxe, calme et jeux d’enfants – deux jeunes gens, évidemment beaux et hétérosexuels, qui échangent un regard finiront mariés et propriétaires d’une maison en banlieue (et non pas divorcés et surendettés).

    • Hier je partageais ma frustration de photographe amateur parce que prendre des photos, quand on est en famille, c’est à coup sûr imposer à la petite famille de nous attendre tous les 100 mètres... quand on est en randonnée en particulier. Et pour la relève des mails, des notifications FB, et tout et tout, ça crée c’est certain un fossé avec les proches. Et j’estime donc qu’une partie du message est valide. Mais... oui, les stéréotypes dénoncés par André G. sont tout à fait saoulant (excluant) et réduisent la portée du message. On avait d’ailleurs des critiques approchantes à l’égard de cette vidéo tout à fait percutante d’inversion des genres, qui du fait de l’utilisation de stéréotypes racistes réduisait drastiquement sa portée (cf. http://seenthis.net/messages/224511)

    • Le podcast de @xporte entendu ce matin

      http://rf.proxycast.org/889477367808925696/13454-07.05.2014-ITEMA_20624685-0.mp3

      « Look up » ou comment les internautes déclarent leur bonne santé - Information - France Culture
      http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toi

      Mais le problème n’est pas la là, le problème ce n’est pas le régime de vérité du discours ; le problème c’est : pourquoi les gens approuvent-ils ce propos qui ne correspond pas à leur expérience ? Et y répondre permettrait de résoudre ce paradoxe assez drôle qui veut que cette vidéo bénéficie à plein de pratiques communicationnelles – en particulier les réseaux sociaux – qu’elle critique violemment, c’est-à-dire que les gens qui la partagent, qui la commentent de « Wahoo ! Amazing. You absolutly have to watch this » se livrent exactement à ce que dénonce la vidéo. Et on peut rationnellement supposer qu’ils se déconnecteront pas définitivement après ce dernier commentaire.

      Si on consière seenthis comme un réseau social, ma réponse est que je l’ai partagé, non pas parce que j’adhère/j’aprouve complètement à l’idée, mais plutôt parce que ça nous rappelle (en exagérant bien le trait) que le virtuel est bien (trop parfoit) virtuel.

    • Et voilà aussi le point de vue de Thierry Crouzet :
      Quand on ne veut pas comprendre la déconnexion… parce qu’on vit de la connexion
      http://blog.tcrouzet.com/2014/05/12/quand-on-ne-veut-pas-comprendre-la-deconnexion-parce-quon-vit-de-la-c

      La déconnexion implique une autre connexion avec le Net, les arbres, les étoiles… Je peux bien être connecté et déconnecté en même temps, par exemple des sites d’actualités. Il n’existe pas une seule connexion, une seule manière de vivre le numérique. La déconnexion s’impose quand une norme s’impose à nous. Le succès de Turk n’est que le symptôme d’un ras-le-bol.