Ce lundi 12 mai, les grands indices de la bourse indienne, le Sensex et le Nifty, ont tous deux battu des records historiques. Pour de nombreux experts, les marchés anticipent l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de coalition sous l’égide du BJP, avec aux manettes un Narendra Modi jugé proche des milieux d’affaires et favorable à des réformes économiques.
Une dichotomie entre investisseurs indiens et étrangers
Mais cette frénésie boursière est plus complexe qu’il y paraît. Depuis le mois de septembre, si les marchés s’envolent, les investisseurs institutionnels, selon qu’ils sont étrangers ou indiens, ont des comportements radicalement opposés. Depuis la désignation de Narendra Modi comme candidat officiel du BJP en septembre, les investisseurs étrangers ont systématiquement été des acheteurs nets (sauf en janvier), tandis que les Indiens, excepté en février, vendaient davantage qu’ils n’achetaient. Depuis le début du mois de mai, cette dichotomie s’est vérifiée lors de toutes les séances de la bourse.
Pourtant, de juin à septembre dernier, les investisseurs institutionnels étrangers étaient des vendeurs nets sur les marchés indiens, notamment parce que la Réserve fédérale américaine avait proposé de réduire un programme de relance, leur faisant redouter des restrictions de liquidité. En septembre [outre la désignation de Modi], la banque centrale indienne s’est aussi dotée d’un nouveau directeur, Raghuram Rajan, un économiste apprécié qui a contribué à enrayer l’érosion de la confiance boursière comme celle de la roupie.
Mais alors que les sondages laissaient présager une avance de plus en plus nette pour le BJP, on a attribué le regain de moral sur les marchés à la perspective d’une victoire de Modi, au grand dam de l’actuel gouvernement [du parti du Congrès]. En décembre déjà, quand elle a revu la note de l’Inde à la hausse, la banque Goldman Sachs avait illustré cette attente des marchés [et s’était vu accuser d’ingérence dans la vie politique indienne] avec une note d’analyse intitulée « Modi-fier notre point de vue ».