Désobéissance à l’usine : la perruque ouvrière - Les Utopiques
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L’illégalisme à l’usine se traduit sous la forme d’actions collectives : manifestations non autorisées dans les ateliers, refus d’accepter les ordres d’un chef haï, occupation des ateliers, grèves illégales, spontanées, piquets de grève, expulsion physique d’huissiers venus constater la grève, destruction de matériel (Metaleurop, 2003), etc. La désobéissance, hors la grève, est présente, bien que minoritaire, à travers de nombreuses formes de contournement du règlement : chahut, consommation d’alcool, de cannabis, affichage politique ou de photos dites « de charme », vol ou chapardage, travail au noir pour un autre employeur ; production illégale à des fins commerciales. Toutes les formes de déviance : coulage de la production, absentéisme volontaire (macadam), sabotage (moins fréquent1), refus de travail… existent dans les ateliers. Une des activités des plus courantes et des plus méconnues concerne « la perruque ».
Parmi les fabrications de l’usine, toutes ne vont pas à l’employeur. La perruque fait partie de la culture et des pratiques ouvrières. Elle est aussi répandue que méconnue, la réticence à parler d’un travail illégal étant extrême. Son sens provient de l’analogie avec la perruque de cheveux qui est un trompe-l’œil, une tromperie comme l’est, pour l’employeur, la perruque industrielle. On peut définir tout de suite la perruque : « C’est l’utilisation de matériaux et d’outils par un travailleur, sur le lieu de l’entreprise, pendant le temps de travail, dans le but de fabriquer ou transformer un objet en dehors de la production réglementaire de l’entreprise ».