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  • La population française ne partage plus ses idéaux, la population française partage ses peurs, ses instincts de rejet quasi « reptiliens ».
    On l’a vu en 2013 avec les manifs anti MPT, et l’expression de la haine collective contre les roms, les musulmans. La population n’est désormais animée par que par des phobies : xénophobie, homophobie, islamophobie, romophobie, pauperiphobie..
    Bref, la population française est juste majoritairement de droite...

    Rien à redire, je suis en phase avec Emmanuel Terray

    Etre de droite, au fond, c’est avoir peur ?

    Bien souvent, oui. Observez la pensée de Finkielkraut, vous retrouvez cette notion de forteresse assiégée : nous sommes entourés par les barbares, ils sont à nos portes, nous sommes menacés de déclin, de disparition... C’est un thème cardinal dans la pensée de droite depuis 1830.

    Pendant la révolution de 1848, les barbares de l’époque, ce sont les Bretons, les Picards, les Auvergnats qui s’entassent dans les faubourgs de Paris et comme ils ne parlent pas encore très bien français, car Jules Ferry n’est pas encore arrivé, ils sont réputés étrangers, ils menacent la civilisation bourgeoise parisienne.

    Dans le livre de Louis Chevalier, « Classes laborieuses et classes dangereuses », vous trouvez des descriptions et des citations éloquentes sur le sujet. Il n’y a pas grand-chose à changer entre les textes de cette période et ceux d’aujourd’hui : la civilisation disparaît, il n’y a plus de repères, la morale s’évanouit. C’est un thème constant de la pensée de droite, ce thème de la peur.

    http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/03/31/emmanuel-terray-etre-de-droite-cest-avoir-peur-230692

  • Richard Wilkinson : « Les inégalités nuisent à tous, y compris aux plus aisés » | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/20/richard-wilkinson-les-inegalites-nuisent-a-tous-y-compris-plus-aises-246731

    L’épidémiologiste anglais Richard Wilkinson travaille depuis longtemps sur le lien entre les conditions sociales et la santé. Ses recherches l’ont amené à faire une découverte : les inégalités de revenus aggravent une grande partie des maux sanitaires et sociaux d’une société (la maladie, la drogue, la délinquance, la défiance, le nombre de grossesses chez les adolescentes). On peut tirer diverses conclusions de ces travaux :

    l’enrichissement d’un pays s’accompagne d’une détérioration de sa situation sanitaire et sociale si seuls les riches deviennent plus riches ;
    à revenu moyen identique, une population marquée par les inégalités souffre nettement plus qu’une population plus égalitaire ;
    les inégalités n’affectent pas que les pauvres : même la santé des plus aisés est plus fragile dans une société inégalitaire !
    Pourquoi ? Parce qu’une société inégale génère des rapports plus stressants, plus violents, entre les hommes.

    Richard Wilkinson en a fait la démonstration dans un livre coécrit avec une de ses collègues, Kate Pickett. Publié en 2009, il a été traduit en 23 langues et vendu à 200 000 exemplaires. Il vient d’être publié en France sous le titre « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous » (éd. Les Petits matins - Institut Veblen). Entretien.

    lire > « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous » (éd. Les Petits matins - Institut Veblen).

    #société
    #inégalité
    #économie
    #classes-sociales

    • Belle approche et on n’est pas au bout de nos surprises si on cherche à calculer le coût réel de l’inégalité...

      C’est le paradoxe du chateau-fort : dans une société de plus en plus médiévale, dans lequel quelques seigneurs accumulent de la richesse au détriment des autres, la richesse finit par compromettre leur liberté et leur confort. Ils vont devoir consacrer une part toujours plus importante de leur richesse à s’isoler, se protéger, s’enfermer dans une forteresse toujours plus étanche au reste de la société, le monde « libre » devenant un coupe-gorges...

      La surprise, c’est qu’ils ne s’aggravent pas seulement chez les pauvres : les inégalités nuisent à l’ensemble de la population, y compris aux plus aisés. Il est difficile de savoir ce qui se passe chez les super-riches, mais on peut constater que tous les autres, les 95%, se portent tous mieux quand les inégalités sont plus réduites.

      Comment pouvez-vous être sûr du sens de la causalité ? Problèmes sociaux et inégalités pourraient simplement avoir une cause commune...

      Ce que des études ont montré, c’est que des changements dans l’importance des inégalités ont un impact sanitaire et social quelques années plus tard. Ce décalage dans le temps montre bien qu’il existe une causalité.

      Si vous écartez les inégalités, quelle est la raison pour laquelle selon vous les Etats-Unis ont une espérance de vie plus basse que la plupart des autres pays développés ? Mais aussi plus de prisonniers ? Plus de violence ? Plus de naissances chez les adolescentes ? Plus de problèmes psychiatriques ? Et pourquoi des pays comme les pays scandinaves ont de bien meilleurs résultats sur tous ces tableaux ? Il est très difficile de trouver une autre cause qui aurait une influence sur autant de maux différents.

      (...)

      Les hommes politiques veulent tous créer une société sans classes, mais vous ne pouvez pas faire cela sans réduire les inégalités de revenus. Parce que ces différences matérielles sont celles qui forment la matrice des classes sociales. Ce sont elles qui créent la distance sociale, ce sentiment des uns d’être puissants et intelligents et le sentiment des autres d’être dominés.

  • Au procès de l’UIMM, l’art de l’omerta et celui de l’euphémisme | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/21/proces-luimm-lart-lomerta-celui-leuphemisme-246811

    L’omerta, terme sicilien, vient de « omo » (homme) et « umirta » (de « umilita » « humilité ». A l’aune de cette étymologie, ce sont des hommes particulièrement humbles qui sont jugés devant le tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire UIMM et dont le procès s’achève cette semaine. Denis Gautier-Sauvagnac et les neuf autres coprévenus (dont l’UIMM elle-même) n’ont rien révélé des destinataires des 16 millions d’euros prélevés en liquide des caisses de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), principale fédération du Medef.

    Ils comparaissaient pour « abus de confiance », « travail dissimulé », « destruction de documents comptables », « recel »... Des hommes dans des costumes de bonne facture, les mains manucurées, l’allure posée, la boutonnière décorée de rouge et la conscience tranquille. Aucun n’a craqué, aucun n’a donné les noms des bénéficiaires des millions évaporés.

    Une petite partie pour des « compléments de salaires »

    « LA CHOSE »
    Au milieu des années 90, Denis Gautier-Sauvagnac, nouvellement nommé secrétaire général, reçoit un syndicaliste qui lui dit : « Je crois que c’est vous, Monsieur, qu’on vient voir désormais pour “la chose” ? » (Selon Challenges, il s’agissait d’André Bergeron, de FO)
    Ce sont des hommes (et une seule femme) qui savent, pour parler aux juges, trouver des mots moins sales que « détournement » ou « abus » pour décrire les jongleries financières auxquelles l’UIMM s’est livrée. Dans leurs propos, l’arrosage devient « fluidification du dialogue social » ou « abonnement » ou encore « alimentation en munitions ». Ils risquent jusqu’à 375 000 euros d’amende et trois ans d’emprisonnement.

    #UIMM
    #procès
    #omerta

  • Impôts : et pourtant, ils baissent… depuis 30 ans ! | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/18/impots-pourtant-ils-baissent-depuis-30-ans-246755

    Un sondage très commenté du Monde du 15 octobre est présenté avec ce gros titre : « Impôts : le désaveu des Français ». Le contenu détaillé de ce sondage invite à réfléchir à la nature de ce désaveu supposé et me fournit l’occasion de compléter mon billet récent « Ras-le-bol fiscal ou ras-le-bol de l’injustice fiscale ? ».

    On peut certes trouver dans le sondage des indices d’un ras-le-bol, dont ce chiffre choc : 72% des personnes jugent le montant de l’impôt « excessif ». Un tel jugement, avec les biais d’un sondage dont les résultats dépendent beaucoup de la formulation de la question (« excessif » par rapport à quoi ?), a ses justifications, et beaucoup de limites. Il faut par ailleurs le regarder de plus près, car d’autres questions étaient posées.

    La une du Monde, le 15 octobre 2013 
    D’abord, on a encore 57% de personnes qui jugent que payer l’impôt est un geste citoyen. J’imagine que ce chiffre est en baisse par rapport à des sondages antérieurs que je ne connais pas, mais ce n’est pas la Bérézina de la légitimité des impôts.

    Ensuite, 75 à 80% des gens trouvent justifiés ou très justifiés les impôts les plus progressifs comme l’impôt sur la fortune et l’impôt sur le revenu, ainsi que l’impôt sur les sociétés. Ils trouvent en revanche majoritairement injustes la TVA et la CSG, entre autres, et ils ont raison parce que ces impôts, surtout la TVA, pèsent relativement plus sur les petits et moyens revenus que sur les gros et très gros.

    Je reproduis ce très beau graphique concocté par Olivier Berruyer en reprenant celui de Piketty. On peut cliquer sur les graphiques pour les agrandir.

    #économie
    #impôts
    #sondage
    #PIB
    #impôts-locaux

  • Compte Nickel : rapprocher les retraits d’argent des jeux de grattage, un progrès social ? | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/17/banque-tabac-lancement-low-cost-compte-nickel-246683

    Pour lutter contre la misère, France Inter a trouvé la solution : permettre aux pauvres, aux étudiants, aux étrangers de passage, et autres interdits bancaires, d’ouvrir des comptes bancaires dans les bureaux de tabac. Une blague ? Non. Pour célébrer la Journée mondiale du refus de la misère, Patrick Cohen a donc invité un ancien cadre de banque, Hugues Le Bret, initiateur du projet du compte Nickel. Vous n’en avez pas encore entendu parler ? Cela ne va pas tarder. L’idée a tout pour plaire à vos « 20 Heures » préférés.

    Il s’agit donc de pouvoir déposer l’argent que vous n’avez pas, non pas au guichet de la banque, mais au comptoir du bar-tabac. « La Logan du compte bancaire », répète partout son initiateur, Hugues Le Bret, ancien cadre bancaire, qui a quitté la Société Générale après la publication d’un livre sur l’affaire Kerviel (et qui profite du lancement pour assure la promo d’un nouveau livre, « No Bank »).

    Coût estimé pour le client : 50 euros de frais par an, soit le tiers de ce que coûte un compte dans une vraie banque. Mais attention, c’est une estimation. Car voici la trouvaille du compte Nickel : les retraits d’espèces seront payants (0,50 euro au comptoir, 1 euro dans les distributeurs), de même que... les dépôts, au tarif de 2% du montant déposé (ce que ne précise pas France Inter). Bref, personne ne peut dire à combien se monteront vraiment les frais, pour un client du compte Nickel.

    #économie
    #pauvres
    #Compte-Nickel : rapprocher les #retraits d’ #argent des #jeux de #grattage, un #progrès-social ?

    • Au contraire : sachant que les pauvres retirent souvent des petites sommes et que ça fait chier les grosses agences de banques qui doivent mobiliser du personnel pour cela, taxer les pauvres au retrait est une très bonne affaire... pour la banque. En proportion des sommes en jeu, on peut déjà estimer que les pauvres vont payer leur banque bien plus cher que les riches.
      Surtout que, ces derniers temps, les banques virtuelles sans guichet multiplient les offres de carte visa gratuite et autres comptes sans frais, mais seulement à partir de 1,2 SMIC de revenu mensuel, c’est-à-dire en excluant de facto de leurs services 50 % de la population : les pauvres qui ne rapportent rien et qui coutent cher à servir.

    • je suis d’accord avec votre commentaire , le lobbying bancaire essaie d’attirer la discussion dans d’insondables méandres speudo-techniques. tout est bon pour asservir !

      « 1) L’activité de la banque de dépôt, d’intérêt général, bénéficie d’une garantie publique ;

      2) L’activité de la banque d’affaires n’est pas d’intérêt général, et ne doit pas bénéficier de la garantie publique – pas plus qu’un boulanger ou un garagiste… » C’est pourquoi il faut rapidement scinder les banques ..."
      –> @scoopit http://sco.lt/6peoy1

      .. dernière action en date, les comptes PayPal non déclarés ...
      http://www.slate.fr/economie/78636/paypal-declaration-fraude-fisc-impot

  • Jeremy Rifkin plaît beaucoup, mais il maîtrise mal ce dont il parle | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/16/jeremy-rifkin-plait-beaucoup-maitrise-mal-dont-parle-246641

    Pour Rue89, Bertrand Cassoret pointe les limites des théories de Rifkin. « On peut essayer de limiter les dégâts mais ce ne sont pas les théories de Jeremy Rifkin qui changeront l’avenir du monde. Leur danger est de faire partir les politiques dans de mauvaises directions, et de faire croire qu’ils ont le pouvoir de faire des miracles. La déception sera encore plus grande. » Tags : internetactu2net internetactu (...)

    #énergie #développementdurable

  • Un milliardaire franco-américain lance un média d’investigation

    http://www.rue89.com/2013/10/16/milliardaire-franco-americain-lance-media-dinvestigation-246677

    L’annonce de la démission de Glenn Greenwald du Guardian a créé la sensation cette semaine, alors que c’est ce journal qui a « porté » les révélation de l’ancien analyste Edward Snowden sur les écoutes de la NSA et le scandale qui a suivi.

    Greenwald n’avait pas été explicite, indiquant simplement qu’il avait reçu une offre « impossible à refuser ». On sait aujourd’hui que cette offre est venue de Pierre Omidyar.

    Dans un entretien téléphonique avec Jay Rosen, professeur de journalisme à New York, qui en rend compte sur son blog, Pierre Omidyar raconte qu’il a appris que Glenn Greenwald, l’auteur des fuites sur la NSA en compagnie de la journaliste Laura Poitras, ainsi que Jeremy Scahill, journaliste au journal de gauche américain The Nation, avaient un projet de média.

    Avec une fortune supérieure à huit milliards de dollars, Pierre Omidyar leur a proposé de rapprocher leurs projets et de se lancer ensemble avec un média qui donnerait les moyens au journalisme d’investigation de se développer sans entraves, tout en couvrant l’ensemble des champs de l’information.

  • Rencontre avec Le Gorafi : « On vit tous dans la matrice. Rien n’est vrai » | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/14/rencontre-gorafi-vit-tous-matrice-rien-nest-vrai-246591

    Pour écrire leurs articles, raconte Sébastien, « on se met dans la tête d’un journaliste stupide qui ne comprend pas ce dont il parle et qui s’adresse à des gens stupides ».

    Est-ce tellement parodique, finalement ?

  • « Quelle est votre excuse ? » interroge une blogueuse en exhibant ses abdos d’acier au milieu de ses trois enfants...
    http://jezebel.com/fit-ab-baring-mom-issues-faux-pology-over-judgey-faceb-1445844576

    Fit, Ab-Baring Mom Issues Faux-Pology Over Judgey Facebook Post - Jezebel

    If freelance writer/fitness blogger Maria Kang had simply posted a picture of herself, baring her abs, kneeling behind her three children, it would not have caused a stir. But that photo came with the caption: “What’s your excuse?”

    As Beth Greenfield writes for Yahoo Shine, the photo went viral and racked up more than 16 million views on Facebook, with more than 12,000 comments. Some of the feedback is positive; a hell of a lot of it is negative. Kang has been called “obnoxious,” "desperate for fame," and a bully.

    #poids

  • Indignation au PS après l’interpellation de la jeune Kosovare Léonarda

    C’est un vent de fronde et de colère sans précédent depuis l’élection de François Hollande qui a traversé mardi soir le Parti socialiste, après l’interpellation et l’expulsion d’une jeune Kosovare de 15 ans, Léonarda, lors d’une sortie scolaire dans le Doubs.

    http://www.rue89.com/2013/10/16/indignation-ps-apres-linterpellation-jeune-kosovare-leonarda-246650

    #Kosovo #France #expulsion #renvoi #mineur #Doubs #enfant

  • Passe d’armes autour de la prostitution
    #Sociologue, spécialiste de la #prostitution, Lilian Mathieu a publié il y a quelques jours une tribune dénonçant le traitement "nationaliste" de la prostitution dans le #rapport de la députée socialiste Maud Olivier

    Avec le PS, la préférence nationale commencera-t-elle par le tapin ?
    http://www.rue89.com/2013/10/08/prostitution-ps-reprend-preference-nationale-chere-fn-246404

    Si elles étaient mises en œuvre, les propositions de la mission parlementaire reviendraient donc à appliquer sur le « marché du sexe » la revendication emblématique du Front national : la préférence nationale, réservant aux seuls nationaux une activité fermée aux étrangers.

    S’ensuit une réponse de Christine Le Doaré, célèbre militante abolitionniste, ulcérée de voir ainsi légitimée l’exploitation des femmes :
    Les femmes étrangères rêvent de devenir « putes », c’est ça ?
    http://www.rue89.com/2013/10/12/les-femmes-etrangeres-revent-devenir-putes-cest-ca-246484

    Si Lilian Mathieu arpentait, comme les associations qui s’intéressent aux personnes prostituées, les lieux de prostitution ou les sites de petites annonces Internet, il aurait constaté qu’elles sont dans leur écrasante majorité, et depuis déjà longtemps, des femmes étrangères.
    Et que ces dernières sont exploitées par un proche ou un réseau, induites en erreur et conduites sur les lieux de prostitution pour exercer un moment avant d’être déplacées ailleurs. Que ce pourcentage soit de 85%, 90% ou 95 % n’y change pas grand-chose.
    Ensuite, il tente de réfuter l’évidence : l’oppression et l’exploitation des femmes ne relèveraient pas, selon lui, de la domination masculine.
    Vous l’ignoriez peut-être, mais les femmes étrangères prostituées sont venues s’échouer sur nos trottoirs de leur propre chef ! Contrairement aux hommes, qui rêvent de devenir géomètres, maçons, profs ou kinés, les femmes étrangères, elles, rêvent de devenir « putes ».
    Les macs, les réseaux, la traite... : tout ça n’existe pas, pur fantasme féministe que ce système prostitueur !

    Bien décidé à ne pas se laisser faire, L. Mathieu répond à son tour, condamnant le misérabilisme de la militante abolitionniste :

    Les prostituées, toutes des pauvres filles ? http://www.rue89.com/2013/10/14/les-prostituees-toutes-pauvres-filles-246559

    Madame Le Doaré affirme avec justesse que les femmes étrangères ne rêvent pas de devenir putes. La femme étrangère – le singulier s’impose : on n’est pas dans la réalité sociale mais dans le monde des essences –, pour madame Le Doaré et les auteurs du rapport, ne rêve pas, tout simplement.
    Elle n’a pas de projet, pas d’ambition, pas même de volonté. Rester dans son pays économiquement dévasté, sans aucun autre avenir que des emplois sous-qualifiés ou le statut de femme au foyer, lui suffit amplement.
    Totalement passive, la femme étrangère telle que la voit madame Le Doaré ne migre que si un homme l’y contraint. Remarquons la forme passive que privilégie son texte : la femme étrangère est « conduite sur les lieux de prostitution », est « déplacée », comme une chose inerte qu’elle est.

    A suivre ?

    #FrontNational #ChristineLeDoaré #LilianMathieu #Immigration #Abolitionnisme

  • Le #vélo glisse une roue dans l’enfer automobile de Los Angeles
    http://www.rue89.com/2013/10/13/circuler-velib-a-los-angeles-cest-encore-gagne-246517

    Pour que Los Angeles, qualifiée il y a quelques années par le magazine Slate de « ville pathologiquement hostile au vélo », commence à s’intéresser à la petite reine, il a fallu que son maire lui-même soit victime d’un accident de la #circulation.

    #transport
    En fait, je suis assez obsédée par la défense du droit à rouler en vélo sans se faire écraser, agresser, bousculer, balancer dans le fossé, bouffer, etc. J’en ai ras le cul de voir les sommes colossales qui sont consacrées aux déplacements en #bagnole et l’indifférence au développement du vélo comme moyen de transport alternatif et économique, et pas seulement dans les centres gentrifiés des grosses agglomérations.
    Je trouve que je dépense encore trop de fric avec ma voiture alors que la plupart de mes trajets quotidiens font moins de 10 km, mais les faire à vélo est une prise de risque totalement disproportionnée.

  • Bibliothècaires du désert, ils baladent leurs livres en yak ou en chameau | Rue89 Culture
    http://www.rue89.com/rue89-culture/2013/10/12/bibliothecaires-desert-ils-baladent-leurs-livres-yak-chameau-246198

    Dès les premières images du documentaire « Hungry Minds » (Arte, dimanche 13 octobre), on voit défiler un troupeau de chameaux portant des caisses en bois. Le chargement semble lourd. Cela se passe quelque part au nord du Kenya, à quelques kilomètres seulement de la Somalie. Au vu des évènements récents, il pourrait avoir une certaine méfiance vis-à-vis du chargement, mais détrompez-vous, les chameaux conduits par Abdullahi Osman portent sur leurs bosses… des livres. Ceux de sa bibliothèque mobile, sa « Mobile Camel Library ».

    #bibliothèques_itinérantes

  • #Prison Avec des explorateurs urbains : « Entrer, c’est qu’une étape »
    http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/11/11/avec-des-explorateurs-urbains-entrer-cest-quune-etape-236736

    A l’intérieur des cellules, des graffitis qui sont autant de témoignages :

    « Le maton te guette. »

    « Courage les gars, moi je suis libérable. »

    Présents jusqu’au plafond, ils laissent deviner l’emplacement des lits superposés : on imagine six prisonniers, confinés dans cette quinzaine de mètres carrés avec, pour seul espace d’« intimité », un petit box ouvert à mi-hauteur en guise de WC.

  • Carrefour lance sa liseuse : le pari de la démocratisation des e-books
    http://www.rue89.com/2013/10/11/carrefour-lance-liseuse-pari-democratisation-e-books-246516
    Il y a un petit parti-pris technofan dans le titre, sauras-tu le retrouver ? Histoire d’insister au niveau de l’édition, il figure également comme intertitre.

    Quand Carrefour essaie de vendre des tomates sans goût, Rue89 crie au scandale. Quand Carrefour essaie de refourguer des simili-livres faisant crever au passage toute la chaîne du livre (des éditeurs aux metteurs en page en passant par les libraires et les imprimeurs), par contre, Rue89 (et Pierre Haski, son red-chef) crient aux héros de la démocratie. Rien de moins. No limit elle s’appelle la liseuse de Carrefour…

    C’est sans doute le signe le plus sûr que le livre numérique est sur le point de connaître une croissance importante, en France aussi : Carrefour, le géant de la grande distribution, attentif aux grandes masses et pas à l’avant-garde « geek », lance sa propre liseuse numérique. Avec un argument choc : ce sera la moins chère du marché.

    La liseuse Carrefour, la « Nolim » (pour « no limit »...) qui sera mise en vente le 14 octobre, à temps pour les fêtes de fin d’année dans lesquelles le cadeau électronique tient une part croissante, sera vendue avec une centaine de titres gratuits (des classiques tombés dans le domaine public), et un accès à une bibliothèque numérique de quelque 100 000 livres.

    L’article est un condensé de la rhétorique classique des technofans : si les gens sont réfractaires, c’est qu’ils ont pas compris, mais de toutes façons ça va finir par marcher quoi qu’on fasse alors vaudrait mieux s’incliner, et saluer Carrefour, qui nous guide vers l’avenir de la démocratisation du savoir.

    Voilà qui va réveiller une partie du monde de l’édition, et tous ceux qui prédisent l’échec de la lecture sur écran.

    Pour les technofans, le monde se divise en deux : les visionnaires et ceux qui dorment (!!), et pire les oiseaux de mauvais augure… La technologie étant neutre, il n’y a pas d’arguments à lui opposer mais des superstitions.

    La librairie en ligne sera gérée et animée par les libraires de Carrefour

    Oui, oui, pour Haski, il s’agit bien de #librairie et de libraires…

    #blague #novlangue #technologie #technofans

    • @intempestive : je ne suis pas d’accord. En l’occurrence tu parles du contenu (l’œuvre ou l’ouvrage) pouvant être diffusé sur différents médias ou supports dont on peut apprécié les qualités. L’arnaque lexicale consiste à appeller livre un fichier numérique dont les qualités (de lecture, sociales, etc.) sont dégradés par rapport à l’objet inital que le terme désignait. On n’appelle pas « orchestre électronique » un mp3 par exemple ;)

      L’avantage pour les industriels de parler de livre électronique, c’est que ça permet à Pierre Haski (et à plein d’autres) de parler de librairie et de libraires dans le cas de Carrefour et d’Amazon. Donc je continuerais à dire simili-livre et simili-libraire et simili-librairie ;-)

    • @intempestive : c’est un problème plus large que le seul travail des éditeurs ou libraires indépendants. On trouve dans certains rayons de Fnac des libraires très compétents. Pour le reste, j’entends la distinction, qui permet par exemple de parler de livre audio. C’était certainement une erreur, puisqu’on n’a plus dans ce cas de terme spécifique pour désigner le support papier, et par conséquent défendre ses spécificités qui dépassent largement la seule lecture. #Bouquin ?

    • Oui c’est intéressant pour construire une réflexion :) Sur la question industrielle, il faudrait voir comment les publications indépendantes sont tributaires de l’organisation de la production et de la diffusion des publications « dominantes », ou de divertissement.

      On a le cas par exemple pour la presse papier : Article11 est tributaire de la diffusion de Modes&Travaux à travers l’organisation du système de distribution Presstalis (ou MLP pour Article 11). Pour les livres « indépendants », l’organisation industrielle fait que les livres sont moins chers si des ouvrages de faible intérêt (pour nous) restent imprimés sur papier (parce qu’on imprime souvent chez les mêmes imprimeurs, ou qu’on bénéficie d’une culture des métiers du livre, ou d’un réseau de diffusion, etc. quel que soit ce qui est imprimé).

      Enfin, il faudrait réfléchir à dans quelle mesure des usages très minoritaires mais intéressants participent à la diffusion de nouveaux objets à la nuisance potentielle beaucoup plus importante, comme c’est le cas pour les #drones :p (la raison pour laquelle je trolle un peu – gentiment – sur cette question @reka et @fil, qu’ils m’en excusent d’ailleurs).

    • en effet, je ne sais pas dans quelle mesure on peut séparer nettement « participer à la diffusion d’objets » et « participer à la diffusion de la connaissance d’objets » ; certains, qui ont la science infuse, peuvent se permettre de trancher plus facilement :)

      C’est la raison pour laquelle je ne m’enthousiasme pas pour les arguments de Biagini : il a décidé de la conclusion, puis s’emploie à la démontrer.

    • Si on peut et on doit critiquer tout ça, il me semble contre-productif de s’appuyer pour ce faire sur des amalgames grossiers et des informations fausses.

      Deux exemples rapidement :
      – la 4ème de couv du bouquin de Biagini : « Multinationales du high-tech, start-ups ou hacktivistes, tous prétendent construire un monde sans conflit (...) une forme de marché idéal. » (amalgame) ;
      – l’« argumentaire » de La face cachée du numérique, chez le même éditeur : « une recherche sur Google produit autant de CO2 que de porter à ébullition de l’eau avec une bouilloire électrique » (faux).

    • Je ne comprends pas ta question ; qu’est-ce qui est une préoccupation assez faible, et pour qui ? Pour moi, quand on emploie des arguments faux, on prend le risque de discréditer tout ce qu’on écrit.

      L’histoire de la bouilloire a été réfutée presque immédiatement. Qu’on en parle au comptoir du café parce que « ça tourne », je comprends bien. Qu’on répète ça dans des livres sans faire de vérification, juste parce que ça va dans le sens de l’argumentation qu’on défend, c’est juste foireux.

      Official Blog : Powering a Google search
      http://googleblog.blogspot.fr/2009/01/powering-google-search.html

      In fact, in the time it takes to do a Google search, your own personal computer will use more energy than Google uses to answer your query.
      Recently, though, others have used much higher estimates, claiming that a typical search uses “half the energy as boiling a kettle of water” and produces 7 grams of CO2. We thought it would be helpful to explain why this number is many times too high.

    • Juste un truc sur la critique des technologies : les erreurs ou approximations de Cédric Biagini ne peuvent pas discréditer toute approche prudente sur le développement de tel ou tel nouvel objet susceptible de modifier profondément notre environnement, de la même manière que les errements de PMO sur la société ne modifient en rien la justesse de leurs alertes sur les nanotechnologies.

      Pour les drones comme pour les liseuses on peut au minimum être sceptique ou évoquer un principe de précaution. Il semblerait que le rouleau compresseur des évolutions technologiques puisse dorénavant s’imposer avant même qu’on ait pu se poser la question de leur nocivité potentielle.

      Heureusement qu’on n’a pas demandé aux opposants aux nucléaires des années 70 d’avoir le niveau de connaissance d’un ingénieur nucléaire pour s’opposer à la prolifération nucléaire, ou aux opposants aux OGM d’être des biologistes.

    • Au Metropolitan Museum of Art à New York, le prix d’entrée est libre. La caisse affiche le prix « conseillé » de 25 dollars mais on paye ce qu’on veut. Comment - sur 25 dollars - calculé le coût réel :) ?

      Moi j’ai proposé 10 dollars, le caissier m’a tiré une gueule longue comme Manhattan. J’en déduis que mon prix proposé ne couvrait pas les frais réels, donc.

    • @ari tout à fait d’accord : ces erreurs ne devraient discréditer que leurs auteurs (et leurs fan-clubs). Mais on risque toujours d’être affaibli quand ses alliés écrivent des bêtises. On prend aussi le risque de les répéter si personne ne fait jamais attention, au prétexte qu’on serait d’accord globalement avec le fait d’être critiques.

      Pour le reste de ta remarque, je suis mitigé : bien sûr, il faut défendre le droit pour tout un chacun de porter une critique contre un système technique ou juridique complexe, sans nécessairement être un spécialiste du domaine. Mais ceux qui s’érigent en leaders d’opinion doivent à leurs lecteurs de faire un minimum d’effort de véracité et d’honnêteté dans l’information qu’ils leur apportent. La mauvaise foi et l’approximation sont des poisons politiques.

    • @intempestive : un argument de plus pour « Le papier, l’avenir des sites participatifs d’info locale » cf. http://seenthis.net/messages/160905 Quand t’animes un site, c’est parfois rageant de voir la ventilation des visites par rubrique thématique. Genre la rubrique « antifascisme » versus la rubrique « écologie ».

    • @thibnton, je mets #plook lorsque cela recroise la philosophie de ce petit CMS sous GPL que j’ai moi-même conçu et codé il y a dix ans.
      Mon but était multiple :
      – dépenser le moins de ressources possibles
      – afficher rapidement les pages si la liaison était sans adsl
      – être facile pour tous pour l’installation ou la rédaction
      – permettre un accès direct aux fichiers sans nécessiter de bdd
      – être multilingue
      – peser moins de 100ko
      Comme d’autres ont repris l’idée de plook (en 2004 les CMS avaient toujours une base de données) avec des perspectives de dropbox et que le ministère français de l’industrie m’a refusé son aide financière pour continuer à le développer correctement (nan je blague, je suis au RSA), je garde ce tag quand cela m’évoque ses principes.

      http://plook.fr

    • @aude_v @fil, @ari, à propos des coûts énergétiques, ce récent documentaire :
      http://seenthis.net/messages/268666

      Les échelles sont tellement énormes et les acteurs, patrons, mairies, qui promeuvent les datacenters sont tellement eux-mêmes explicitement et ouvertement d’accord que ça dépense un max d’électricité, que je ne saisis pas l’intérêt de savoir exactement combien coûte telle ou telle requête. Se battre à propos de ça est à mon avis une perte de temps.

  • David Graeber L’« anthropologue anarchiste » et sa monumentale étude sur l’histoire de la dette

    http://www.rue89.com/2013/10/11/jai-lu-graeber-dette-depuis-balade-banquier-246437

    « Qu’est-ce qu’une #dette, en fin de compte ? Une dette est la perversion d’une promesse. C’est une promesse doublement corrompue par les mathématiques et la violence. »

    De la #monnaie grecque (Classical Numismatic/CC)
    Et ce passage de la promesse à sa perversion commence avec les pièces de monnaie.

    La différence entre le #crédit et la monnaie sonnante et trébuchante, c’est que les pièces peuvent êtres volées et personne ne demandera d’où elles viennent.

    A la taverne du coin, la soldatesque aura du mal à faire accepter une ardoise. Si elle tend du flouze, le patron sera moins réticent. En temps de guerre, la confiance se fait rare, le crédit aussi. Les pièces de monnaie sont apparues dans le sillage des soldats.

    Pour Graeber, le processus est simple :

    pour nourrir une armée, il faut que les #soldats puissent acheter avec des pièces de la boustifaille sur des marchés ;
    pour cela, il faut créer des marchés – où les soldats pourront acheter des poules, des fruits, des légumes ;
    ce que font les conquérants en exigeant que les #taxes soient payées en pièces métalliques. L’or et l’argent étant acquis par la guerre, extraits des mines par des esclaves et distribués aux soldats ;
    pour obtenir ces pièces et payer les taxes, les peuples « occupés » sont donc forcés de vendre leurs poules, fruits et légumes aux #militaires ;
    bingo.
    Du coup, les #historiens font valser les périodes :

    en temps de paix, c’est la monnaie virtuelle qui prédomine (la confiance règne, on se fait crédit) ;
    en temps de #guerre, la monnaie « en dure » fait la loi (on préfère des pièces à une promesse).
    Les bons du Trésor américain, « un tribut impérialiste »

    L’#anthropologue va plus loin :

    « De fait, on pourrait interpréter l’ensemble de l’#Empire romain à son apogée comme une immense machine à extraire des métaux précieux, à les transformer en pièces de monnaie et à les distribuer à l’armée – tout en encourageant les populations conquises, par des politiques fiscales, à utiliser ces pièces dans leurs transactions quotidiennes. »

    Plus près de nous, la #Banque d’Angleterre a été créée lorsqu’un consortium de quarante marchands de Londres et d’Edimbourg a offert au roi Guillaume III un prêt de 1,2 million de livres pour l’aider à financer sa guerre contre la France.

    Bref, la monnaie – et la dette – auraient toujours à voir avec la violence et l’esclavage. Et Graeber de souligner, perfide, que les « bons du Trésor » émis par les Etats-Unis sont achetés par les pays placés sous leur protection militaire. Ne peut-on pas parler de « tribut » ?

    « Le système de bons du Trésor américain, par exemple, est un tribut impérialiste. Pendant la guerre froide, les Etats qui ont acheté la dette américaine n’étaient autres que l’Allemagne de l’Ouest, le Japon, la Corée du Sud, les pays du Golfe, tous sous protection américaine. A plusieurs reprises, l’Allemagne a essayé de se désengager de cette dette et, à chaque fois, les #Etats-Unis ont menacé de retirer leurs troupes de l’Allemagne de l’Ouest. Les bons du Trésor sont en réalité un impôt indirect qui finance le budget du Pentagone. »

    Au commencement, le troc. Au cœur de l’économie se nicherait un « penchant naturel à tous les hommes » qui « les porte à trafiquer, à faire des trocs et des échanges ». Le postulat d’#Adam_Smith est devenu une vérité acceptée.

    Selon cette thèse, la monnaie naît des difficultés pratiques posées par le troc. Si tu n’as pas besoin d’une vache en échange de tes poulets, je te les paie avec des pièces.

    Le crédit se développerait en dernier. Après le troc et la monnaie.

    « Historiquement, les marchés commerciaux sont nés du vol »

    Sauf que, selon #David_Graeber, c’est bidon. Personne n’a jamais vu une #société fonctionner ainsi. Les #échanges se font d’abord entre voisins. Les gens se connaissent, se font confiance. « Prends la vache si tu la veux ! » Même si c’est un non-dit, celui qui repart avec le bovidé sait qu’il en doit une à son voisin. Le crédit apparaît en premier. Vient ensuite la monnaie.

    Alors pourquoi les #économistes s’entêtent selon Graeber ?

    « L’inlassable récitation du mythe du troc, utilisée comme une incantation, est avant tout pour les économistes une façon de conjurer le risque de devoir regarder en face cette réalité. [...] Historiquement, les marchés commerciaux sont nés du vol. »

    Schématisons. Pour Graeber, c’est l’#esclavage, puis le #monnayage, qui en arrachant les personnes et les objets à leur contexte ont participé à faire émerger l’idée d’un #marché impersonnel traversé de rapports froids et mathématiques.

    Dette, 5000 ans d’histoire paru aux éditions Les Liens qui Libèrent

    #Economie #Anthropologie #Dette #Histoire #Finance #livre

    • L’avocate : « Quelle est votre position [sur la dette du Tiers-Monde, ndlr] ? »

      David Graeber : « La dette ? Nous voulons l’abolir [...]. Pour nous, trente ans de flux financiers des pays pauvres vers les riches, ça suffit ! »

      L’avocate (pourtant supposée gauchisante) : « Mais ils l’ont emprunté, cet argent. Il est clair qu’on doit toujours payer ses dettes. »

      L’air lui manque, ses mains deviennent moites, l’agacement pointe dans sa gorge. Ses arguments se bousculent :

      par la magie des intérêts composés, la somme empruntée par des dictateurs sous la pression des pays riches a déjà été remboursée « trois ou quatre fois » ;

      le FMI impose des coupes si drastiques que des gamins en crèvent ;

      le taux d’intérêt rémunère le risque de faire défaut fait partie du système.

      Elle, imperturbable : « Mais il faut rembourser ses dettes. »

      D’où la question qui tire toute la réflexion du livre :

      « [Qu’est-ce qui donne à cet énoncé (“il faut rembourser ses dettes”)] cette force morale capable de donner un air inoffensif et banal à des horreurs ? »

      Ce qui est dingue, c’est que la seule justification morale du prêt avec intérêt, c’est à dire la seule chose qui peut justifier le privilège des créanciers de prélever des intérêts, c’est l’idée que la faillite existe et que parfois un investisseurs peut perdre tout ou partie de son placement.

      Et là, pourtant la faillite est « l’impensé », « l’inenvisageable », « l’écueil ultime », qui fait qu’on est prêt à sacrifier les populations (rigueur, paupérisation..) pour épargner les créanciers opportunistes et imprudents, et rembourser la dette..
      A mettre en relation avec ça : http://seenthis.net/messages/183714#message183895 sur la nécessité de la banqueroute

      Mais non la banqueroute, la faillite c’est le tabou absolu, le blasphème plus fort encore que la spoliation, que l’expropriation : les capitalistes eux-mêmes (du FMI au Figaro...) envisagent leurs propres spoliation d’une partie de leurs capitaux plutôt qu’accepter l’idée d’un défaut de paiement envers nos créanciers, ou pire du retour de l’inflation, qui, comble de l’horreur, verrait les non-épargnants regagner du pouvoir d’achat par rapport aux épargnants...

      Mais existe-t-il des solutions douces de désendettement en dehors de l’inflation, la plus hypocrites de toutes ?

      http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/10/09/20002-20131009ARTFIG00524-le-fmi-propose-une-supertaxe-sur-le-capital.php

      #inféodation #soumission #capitulation

      Pour le reste, faillite ou spoliation, c’est la peste et le choléra, comme prévu la bulle explose, la chaine de Ponzi se disloque, bcp d’argent va partir en fumée..
      http://seenthis.net/messages/179510

    • David Graeber : « Le système capitaliste a terminé sa course. »
      http://ragemag.fr/david-graeber-systeme-capitaliste-termine-course-46632

      Eh bien on va vers une nouvelle crise financière, n’est-ce pas ? Rien n’a été réparé. On est à mi-chemin de la prochaine récession. Difficile d’imaginer que la prochaine crise économique ne sera pas aussi terrible que celle-ci, si ce n’est pire. C’est clair : le système capitaliste a terminé sa course. Il a un manque total pour imaginer une grande vision, une grandeur pour sauver le système, même dans les classes dirigeantes. Même si la survie de l’écosystème en dépend, il n’y a personne dans les classes dirigeantes qui a de vision pour le sortir de la crise. La raison à tout cela, c’est que le vrai projet politique des classes dirigeantes est une sorte de guerre contre l’imagination humaine.

  • Hommage à Rue 89 pour sa perspicacité éditoriale : un mois après les massacres de villages alaouites de la région de Lattaquié (massacres largement connus dès août dans toute la région, et désormais confirmés par un rapport d’HRW), le long « témoignage » d’un « étudiant » qui y aurait séjourné. Rien vu, rien entendu… Tu n’imagines pas l’admiration que j’ai pour ce genre de titres : Syrie : à Lattaquié, les restaurants sont pleins et les plages bondées (on a eu les mêmes cochonneries pendant la destruction du Liban en 2006, les mêmes pendant les bombardements sur Gaza…)
    http://www.rue89.com/2013/09/13/syrie-a-lattaquie-les-restaurants-sont-pleins-les-plages-bondees-245644

    Après deux ans de conflit, la grande ville de la côte, près du berceau de la famille Assad, reste calme. Témoignage d’un étudiant d’origine syrienne qui s’y est rendu.

  • La fausse interview de la femme de Manuel Valls : clic, clic, clic | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/07/anne-gravoin-les-sites-attrape-clics-comment-dit-forcat-espagnol-246357

    Mais pourquoi se donner ce mal ? Une déclaration de Gravoin, et son démenti : deux attrape-clics. Les honorables filiales des maisons Lagardère, Dassault et Pigasse qui ont repris l’article espagnol n’auront rien fait d’autre que d’appliquer les règles en vigueur (à l’attention des élèves journalistes désireux de s’insérer dans le marché de l’emploi, ces règles sont esquissées ici ou ici).

    Est-ce la presse en ligne qui a inventé le système ? Non. « Une information, et son démenti, ça fait deux informations », disait Pierre Lazareff, immortel rédacteur en chef de France-Soir dans les années 60, et génial précurseur.

    Là où j’ai l’impression de ne pas vivre dans le même monde que certains, c’est que je n’avais entendu parler ni de la vraie-fausse interview, ni de son démenti...