Bon dieu, il a gagné :-( Flamby a réussi à faire du fn le 1er parti de France... Tu réponds Valls…

#message260602

  • "L’ouvrage souligne plusieurs tensions et facteurs qui parcourent l’histoire complexe du #FN et remet en cause l’image externe que s’est construite ou qui a été construite autour de ce parti. Trois axes peuvent être brièvement évoqués, du particulier au global : le dirigeant, le parti, leurs interactions avec le système politique.

    D’une part, paradoxalement, Jean-Marie Le Pen apparaît, au sein de l’extrême droite ultra, comme étant plutôt modéré. Antisémite, raciste et colonialiste, il est aussi un notable longtemps élu, relevant d’une extrême droite à la fois protestataire et légaliste, qui préfère les urnes aux combats de rue – sans dédaigner ces derniers à l’occasion. Cette relative modération est son arme stratégique la plus redoutable : elle a permis le tour de force de faire coexister dans une même structure tout l’éventail des extrêmes droites hexagonales.

    D’autre part, la plasticité idéologique de l’organisation elle-même en est un des aspects les plus remarquables, comme le montre le passage de l’atlantisme à l’antiaméricanisme. Cet état de fait est la résultante de tensions méconnues et récurrentes entre frontistes, qui commencent avec les heurts des nationalistes-révolutionnaires de François Duprat et des solidaristes de Jean-Pierre Stirbois à la fin des années 1970. Elles n’ont pas cessé depuis, les sujets d’affrontement ayant simplement changé. La plasticité des idées a une base territoriale. Le FN des anciennes régions industrielles du Nord-Est recourt parfois au vocable de la gauche. Celui du Sud est avant tout défini par l’héritage des militants de l’Algérie française et d’une extrême droite plus bourgeoise.

    Enfin, le FN et le système politique entretiennent des rapports ambivalents. Le parti a par intermittence tenté un rapprochement avec les autres droites. Ces approches ont buté sur le double obstacle du gaullisme (dont le rejet a longtemps été le socle commun des frontistes) et des fluctuations du FN. Pour leur part, certains cadres du RPR et de l’UDF (ainsi Charles Pasqua en 1988) ne désespéraient pas d’une grande alliance.

    De leur côté, une partie des élites de gauche auraient-elles vu dans le FN un outil de division des droites ? Une terrible phrase de Pierre Bérégovoy indique que cette idée a au moins existé, quand le parti commençait son envol : « On a tout intérêt à pousser le Front national, il rend la droite inéligible. Plus il est fort, plus nous sommes imbattables. C’est la chance historique des socialistes » (p. 127).

    Le FN, loin d’être uniquement un trublion de la vie politique, en est devenu une pièce routinière. C’est à la fois la conclusion la plus forte d’un ouvrage passionnant et le résultat le plus marquant des trente ans qui ont suivi la percée du parti à Dreux."

    http://www.laviedesidees.fr/Front-national-un-parcours-sinueux.html

  • Valérie Igounet, historienne : “Il faut attaquer politiquement le FN en déconstruisant calmement son discours”
    http://www.telerama.fr/idees/valerie-igounet-historienne-il-faut-attaquer-politiquement-le-fn-en-deconst

    Le tournant se situe en 1995. A la présidentielle, Jean-Marie Le Pen arrive pour la première fois en tête chez les ouvriers et les chômeurs. Jusque là, le discours du Front national était très libéral, mais fort de ce constat, le parti va lui en substituer un autre, anticapitaliste et social, qu’il va amplifier au fur et à mesure de l’aggravation de la crise et de la montée du chômage, fustigeant la mondialisation et les inégalités qu’elle engendre. Et ça marche : les élections européennes ont confirmé le succès du Front national dans l’électorat ouvrier. Il ne faut pourtant pas être dupe, il s’agit à l’évidence d’un opportunisme politique. Il suffit d’observer les thèmes des campagnes électorales. A chaque région son discours ! Dans le Nord-Pas-de-Calais, on insiste sur le social et les injustices économiques, on est très critique vis-à-vis du #néolibéralisme, pendant que dans le Sud-Est on se focalise sur l’immigration et l’insécurité. C’est pourquoi on peut avoir des doutes sur leur sincérité. Le Front national surfe sur le contexte de crise et la faiblesse des partis de gouvernement. Marine Le Pen et son équipe savent ce qu’ils font et ne craignent pas la démagogie. Une partie des électeurs pensent que les outrances du père sont derrière nous, que ce parti a changé. Ils y mettent leurs espoirs.

    Il sera intéressant, à ce propos, de suivre les décisions des nouveaux maires FN. Une des premières mesures de Steeve Briois, à Hénin-Beaumont a été de supprimer la subvention de la Ligue des droits de l’homme. Franck Briffaut, le maire de Villers-Cotterêts, a refusé, le 10 mai, de célébrer l’abolition de l’esclavage. David Rachline, à Fréjus, s’oppose à la construction d’une mosquée. A Béziers, Robert Ménard, soutenu par le FN, recrute des policiers municipaux, interdit d’étendre le linge aux fenêtres et aux balcons dans le centre ville historique où vivent de nombreuses familles gitanes et maghrébines, impose un couvre-feu pour les enfants de moins de treize ans. D’ici les élections présidentielles de 2017, il ne sera pas si facile d’éviter les dérapages et de garder l’image de respectabilité souhaitée. D’autant plus que les nouveaux élus sont pour la plupart très jeunes, inexpérimentés et totalement néophytes en politique.

    A l’origine, l’électorat du FN était plutôt #bourgeois. Depuis 1995, les #ouvriers en constituent une composante importante. En 1973, moins de 3 % d’ouvriers ont déposé un bulletin FN dans l’urne. Aujourd’hui, ils sont près d’un tiers à le faire. Aux européennes, ils étaient même 43 %. Le #Front_national séduit également de plus en plus les jeunes. 30 % des moins de 35 ans qui ont voté aux européennes ont choisi le FN. Le parti soigne d’ailleurs son organisation jeunesse, le Front national de la jeunesse (FNJ), qui a été refondu après l’élection présidentielle de 2012. Son nouveau directeur national, Julien Rochedy, est à l’image de la mue opérée par Marine Le Pen, physique avenant, apparence lisse, propos policés.

    Enfin, le vote FN ne suscite plus la même réticence chez les femmes qu’à ses débuts. Depuis 2012, les femmes votent pour le FN autant que les hommes.

    C’est vrai que le Front national a des origines fascistes, mais le terme renvoie à une définition politique précise, à un moment précis de l’histoire. On n’agira pas efficacement contre le #FN en se limitant à des injures. Aujourd’hui, le FN est un parti d’#extrême-droite, mais il n’est pas fasciste. Il faut faire l’effort de le connaître, de décortiquer son programme. Et c’est là dessus qu’il faut l’attaquer politiquement, en analysant et en déconstruisant calmement son discours. Aujourd’hui, un grand nombre d’électeurs votent pour lui, en croyant qu’il peut apporter de bonnes solutions à la situation de crise que nous vivons. Il faut discuter, argumenter, leur montrer qu’ils se trompent. Il faut se mettre au travail.

    #dépolitisation aussi
    voir également http://seenthis.net/messages/263506
    le passage mis en gras confirme ce qu’on disait là http://seenthis.net/messages/261184#message261524 et là http://seenthis.net/messages/260456#message260602

  • C’est l’une des plus grosses surprises de l’élection européenne 2014 : la Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus pauvres et les plus cosmopolites de France, a placé le Front national en tête de ses votes, dimanche 25 mai. Avec un peu plus de 20 % des voix, le parti de Marine Le Pen devance de loin l’UMP (14,8 %), les socialistes (13,7 %), le Front de gauche (12 %) et les écologistes (10 %), alors qu’il y a deux ans, le 93 votait massivement pour François Hollande au second tour de la présidentielle, avec 65 % des suffrages exprimés.

    Le phénomène est particulièrement frappant dans les villes dirigées par un maire de gauche. Le FN devance les autres partis à Bondy, Clichy-sous-Bois (qui avait pourtant élu son maire PS au premier tour en mars dernier), Dugny, La Courneuve (un bastion communiste), Noisy-le-Grand, Pierrefitte, Romainville, Rosny, Sevran (la ville de l’écologiste Stéphane Gattignon), Stains, et à Tremblay-en-France (dirigée par le député François Asensi, une figure du PCF). Les villes de droite donnent ses plus gros scores au Front national : Coubron (plus de 32 % des votes), Montfermeil, Vaujours, Villepinte... Aux Pavillons-sous-Bois, dans la commune dirigée par le leader départemental de l’UMP, Philippe Dallier, élu au premier tour avec 82 % des voix, le FN l’emporte avec près de 25 % des suffrages.

    Le contraste est saisissant avec le résultat des élections municipales du printemps dernier, quand le Front national n’avait pu présenter que deux listes, à Noisy-le-Grand et Rosny-sous-Bois. Le parti de Marine Le Pen s’en était sorti avec quatre conseillers municipaux. C’est un tout autre paysage politique qui apparaît aujourd’hui en Seine-Saint-Denis, marqué également par une abstention record de près de 69 %. En Île-de-France, c’est le département qui a le moins voté aux européennes. Dans certaines villes, comme La Courneuve, Villepinte et Clichy-sous-Bois, le taux de participation plafonne à 22 %, contre près de 57 % au niveau national.

    Quatre scores surprenants disent les ressorts du vote Front national
    http://www.mediapart.fr/journal/france/270514/quatre-scores-surprenants-disent-les-ressorts-du-vote-front-national