un symptôme de l’inadaptation du droit d’auteur ?

/263730

    • Je me demande si le fait de pointer sur des images dans seenthis peut irriter les « producteurs » initiaux de la même manière.

      Le fait est que c’est un problème récurent, un discours mille fois entendu de « on va me piquer mes images », on perd le contrôle etc... (rien qu’en un mois sur visionscarto on a eu deux fois le problème). Mais que choisir : disparaitre ou accepter l’inconvénient d’être pomper peut-être en étant crédité, peut-être pas.

      je dois avouer que moi même, je n’ai pas aimé retrouver mes cartes dans des contextes assez peu gracieux voire franchement obscènes. Soit que c’était franchement pas beau, soit que le site puait franchement la merde.

      Mais je crois que si on publie sur Internet, c’est inévitable, la copie est peut-être seulement un tout petit inconvénient à côté de toute la richesse que ramène la publication libre sur le web. Il faut sans doute s’en accommoder.

    • je n’ai pas aimé retrouver mes cartes dans des contextes assez peu gracieux voire franchement obscènes

      Dans le cas où une reprise te pose vraiment un problème, parce qu’il y a un abus manifeste (commercial ou politique), tu as le droit d’auteur qui est censé te protéger, et tu peux envoyer ton avocat. Je tiens à a disposition (gracieusement) un modèle de #mise_en_demeure très efficace.

      Comme dit larcenet, les gens ne sont pas toujours polis… mais au fond, ce qui irrite, ce n’est pas qu’ils réutilisent ton travail dans un contexte miteux ; c’est que tu sois au courant. Autrefois des abruti·e·s réutilisaient ton travail et tu le savais pas, parce que tu ne lisais pas leurs journaux et que tu n’assistais pas à leurs conférences. Aujourd’hui par la grâce de l’organisation de toute l’information du monde, tu retrouves la moindre réutilisation, fût-elle la plus minable, et tu as le loisir de pouvoir t’en offusquer.

      Il faut sans doute s’en accommoder

      et même plus :) Certes on peut éventuellement mitiger le "problème" :

      1. tatouer les images avec l’url du site (au risque de faire moche sur le site lui-même) ;
      2. interdire à gogole images de référencer les images (au risque de ne pas “faire référence”) ;

      Pour faire du logiciel libre depuis 1999, j’ai choisi l’option 3 :

      3. s’en foutre et estimer que ce n’est pas un problème

      Parfois un site très très à droite, ou encore l’armée, utilise SPIP, et ça ne m’émeut plus.

      Si tu as peur d’être accusé d’"endosser" les réutilisations sauvages de ton travail, je crois qu’il n’y a vraiment plus personne qui pense ça. Et si jamais on te pose la question ("ah oui vous publiez chez cet abruti de XXXX maintenant ?"), tu peux faire une mise au point, qui sera tout à fait crédible.

      Par exemple quand ton ami Besson avait lancé son site des vrais Français ouverts et sympas en utilisant SPIP, je m’étais fendu d’une petite bafouille : http://zzz.rezo.net/SPIP-est-il-un-logiciel-francais.html

    • Mon expérience n’est pas du tout la même que celle de Larcenet et Tanxxx (blogueur, pas BDaste et pas graphiste, les images sont peut-être traitées différemment des textes). Bien que mon blog soit explicitement sous une licence libre, les gens me demandent très souvent l’autorisation de reprise, souvent en des termes extrêmement polis.

    • Les désirs de maîtrise sur le devenir de son travail sont tout de même assez ridicules et pompeux ; se soucier de la cohérence de son travail n’implique pas de pister ses oeuvres une fois qu’elles ont été diffusées mais simplement d’être attentifs au cadre de leur production. Autrement dit : je n’irai pas dessiner pour tel torchon ni travailler avec telle tête de con, mais si les mêmes utilisent mon travail en taillant dedans comme des malpropres, ça ne me concerne plus. Et si on me demande ce que j’en pense en soupçonnant un assentiment de ma part à leurs petites manoeuvres, j’enverrai chier du même mouvement pillards et inquisiteurs.
      Sinon, juridiquement,mon travail est sous copyleft pour qu’au moins personne ne puisse prétendre exercer sur le pillage la moindre exclusivité. Il m’arrive de bigner si je vois qu’une image traine sans la mention copyleft, c’est vrai. Mais je me fous de la façon dont c’est réarrangé, taillé, colorisé ou même fachisé, sait-on jamais (enfin si, on sait quand même un peu ; je plaisantais à peine quand je disais plus haut : pas concerné, pas décoratif).
      Mes lectures m’ont habitué à voir des gougnafiers citer des auteurs brillants en se les accaparant. Que faire ? Les poursuivre, partir en guerre parce que Onfray se croit nietzschéen ? Non. Plaindre les ahuris qui sont dupes de ces manœuvres, et, dès que l’occasion s’en présente, rendre public ce minable petit trafic. C’est tout.
      Sinon, quelle est le seuil exactement auquel arrêter mon inquisition ? Vendre mes bouquins sur pédigrée (pas question qu’un coiffeur me cite) ? Faire expulser les socialistes de mes salles de concert (putain, imagine un sampling socialiste) ? Et le internet, hein, on va faire quoi avec le terrible internet ?
      S’en branler est la seule attitude qui me semble tenable sous peine de se surprendre dans le miroir en train de partager très étrangement nos critères selon que le pilleur est un gentil ami de la famille (oooh, il est de gauche, comme moi) ou une saloperie goudronneuse du côté noir de la force, et de se voir révéler ainsi que ce n’était pas l’usage de notre travail qui nous titillait, mais l’esprit de clan ; on bouillonnait de rage d’avoir été aimé par l’ennemi...

    • J’ai testé les lettres de mise en demeure et ça marche 99% du temps. Et ça te fait passer pour une queen of the net auprès des amis. Dans les cas que j’évoque, les textes ou images avaient été repris dans des contextes politiques dégueux ou modifiés pour leur faire dire le contraire des originaux, atteignant non seulement l’essence des contenus mais surtout les personnes elle-même en les faisant passer pour ce qu’elles ne sont/disent pas. Donc + un pour les lettres qui vont bien. C’est assez facile à faire, de surcroît.

    • Fil disait :

      Si tu as peur d’être accusé d’"endosser" les réutilisations sauvages de ton travail, je crois qu’il n’y a vraiment plus personne qui pense ça.

      Il y a une affaire de réutilisation sauvage qui m’amuse et en même temps me désole. Depuis que l’extrême droite ou Hollande reprennent les idées économiques d’extrême gauche, l’extrême gauche n’ose plus revendiquer ses propres idées.

      J’ai un petit peu tendance à penser que les antifas, en nous disant ce qu’il est bien ou pas de fréquenter, sur la foi de leur boussole hyper moderne « si c’est l’extrême droite qui le dit, c’est que c’est mal », ils nous mettent profondément dans les ennuis et nous poussent à l’oblitération intellectuelle.

      Pourquoi ne raisonnons nous pas dans l’autre sens ? Si les fachos reprennent les idées des gauchistes, des anars, c’est sans doute qu’ils sont contaminés. Et qu’ils ne sont pas des vrais fachos. Et tout, et tout. Mais non. L’envie de pureté, elle est de notre côté bizarrement.

      Tout est là en somme, de la part de L.L. de Mars :

      (...) et de se voir révéler ainsi que ce n’était pas l’usage de notre travail qui nous titillait, mais l’esprit de clan ; on bouillonnait de rage d’avoir été aimé par l’ennemi...

    • Depuis que l’extrême droite ou Hollande reprennent les idées économiques d’extrême gauche, l’extrême gauche n’ose plus revendiquer ses propres idées.

      Quelles sont les idées économiques de l’extrême gauche qu’elle n’oserait plus revendiquer suite à leur reprise par les nazis ou… les socialistes ?