• Les mâles sont en rues - Libération
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    L’esplanade Charles-de-Gaulle et le quartier de Mériadeck sont typiques de l’architecture des années 60-70. De grandes tours en béton où se concentrent des administrations et, à leurs pieds, l’esplanade arborée. Quelques hommes sont assis en grappes autour des bassins, parlent entre eux. Des femmes passent, mais ne s’arrêtent pas, elles ne font que traverser le lieu. « Les hommes balisent la ville de leur présence. Dans l’imaginaire collectif, les seules femmes qui occupent la rue, ce sont les prostituées », explique le géographe.

    A ses côtés, une de ses élèves, Laura Van Puymbroeck, a réalisé son mémoire sur le harcèlement de rue à Bordeaux. Elle désigne deux groupes d’hommes qui se font face, postés en haut d’escaliers. « Les filles ont parfois l’impression de devoir franchir des "péages d’hommes". Ils les regardent arriver, font des commentaires en les scrutant, les matent une fois parties. Alors elles calculent leur allure, ni trop vite ni trop lentement, changent leurs trajectoires pour être invisibles. » Elles lui ont décrit une pression continue, des regards soutenus, des réflexions, qui rappellent aux femmes qu’elles sont de potentielles proies. « L’agression sexuelle reste l’exception, mais le sentiment de harcèlement est très répandu : drague lourde, agression verbale, frotteurs-frôleurs dans les transports en commun… Voilà ce qui limite les femmes dans leurs déplacements, détaille Laura Van Puymbroeck. 72% des étudiantes que j’ai interrogées évitent certains quartiers. Alors que 90% des étudiants se sentent globalement bien dans la ville. »

    #urbanisme #genre #ville #feminisme