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  • Covid-19 et Omicron : face au coût exorbitant des tests, faut-il se tourner vers l’analyse des eaux usées ? - ladepeche.fr
    https://www.ladepeche.fr/2022/02/13/covid-19-et-omicron-face-au-cout-exorbitant-des-tests-faut-il-se-tourner-v

    En janvier, selon Vincent Maréchal, professeur de virologie à la Sorbonne intervenant pour nos confrères de franceinfo, « le coût des tests s’est élevé à plus de 1,6 milliard d’euros » pour l’État. Un chiffre exorbitant au regard de la circulation très importante du virus, boosté par l’arrivée du variant Omicron. C’est pourquoi ce scientifique a la volonté de mettre en avant une autre méthode de suivi de l’épidémie, à travers son projet Obépine (Observatoire épidémiologique dans les eaux usées), dont il est le cofondateur.

    • Les tests servent à informer chacun s’il est ou non positif, et ainsi d’éviter d’aller contaminer les autres. Ce n’est pas du tout du même registre que le suivi de l’épidémie via les eaux usées.

      L’abandon des tests, c’est à partir du moment où l’on considère qu’il n’y a plus aucun intérêt à limiter la propagation du virus en isolant les personnes positives.

    • Ce qui reviendrait à dire qu’il n’y a plus aucune politique de santé publique dans ce pays. Remarquez, quand on voit dans quel état de délabrement s’est retrouvé l’hôpital public, et ce bien avant la crise du Covid, on est en droit de se dire que depuis une bonne vingtaine d’années, toutes ces crapules gestionnaires illébérales nous ont mis dans une béchamelle verdâtre.

      [edit] Mais là où l’on pourrait se marrer si la situation n’était pas aussi grave, c’est que les gestionnaires du « vivre avec », et bien, ils l’ont dans le vase :

      Thread by C_A_Gustave on Thread Reader App – Thread Reader App
      https://threadreaderapp.com/thread/1492868314762252298.html

      1/9
      Avec le recul, la politique sanitaire ZeroCovid restera la meilleure option.
      Sur le plan économique, le monde occidental du "vivre avec" aura eu les mêmes fermetures généralisées ou ciblées, et les dépenses+++ pour compenser la ↘️↘️ de la demande...
      2/9
      Sur le plan sociologique, le monde occidental du vivre avec se retrouve avec les mêmes protestations populaires que les récentes protestations observées en Extrême-Orient :
      Exemple en nouvelle Zélande :
      A) bbc.com/news/world-asi…
      B)
      New Zealand anti-vax protesters inspired by Canada truckers camp outside parliament
      PM Ardern dismisses anti-vax demonstrators camped outside parliament as minority.
      https://www.bbc.com/news/world-asia-60314091
      New Zealand plays Barry Manilow to repel parliament protesters
      Protesters opposed to Covid-19 vaccine mandates remain camped outside parliament.
      https://www.bbc.com/news/world-asia-60362529
      3/9
      Exemple en Australie :
      A) bbc.com/news/world-aus…
      B)
      Violent anti-vaccine protests continue in Melbourne
      Demonstrators have been marching against lockdowns and mandatory vaccines in Australia’s second largest city.
      https://www.bbc.com/news/av/world-australia-58647483
      Australia : Protesters set Old Parliament House in Canberra on fire
      The blaze was quickly put out but marks an escalation in indigenous protests in Canberra.
      https://www.bbc.com/news/world-australia-59824914
      4/9
      Exemple en Corée du Sud :
      South Korean business owners shave heads to protest restrictions
      Hundreds of South Korean business owners shaved their heads to protest the South Korean government’s virus restrictions
      https://www.euronews.com/2022/01/25/south-korean-business-owners-shave-heads-to-protest-restrictions
      5/9
      Sauf que ces pays auront beaucoup mieux préserver leur économie, leur activité :
      A) lemonde.fr/idees/article/…
      B) institutmolinari.org/wp-content/upl…
      « La stratégie zéro Covid a montré sa supériorité sur les plans sanitaire et économique »
      TRIBUNE. Les pays ayant appliqué le « tester, tracer, isoler » ont enrayé la circulation du Covid-19, et ceux qui, comme la France, ont choisi le « stop and go », n’y arrivent pas, notent les économis…
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/24/philippe-aghion-et-patrick-artus-la-strategie-zero-covid-a-montre-sa-superio
      6/9
      Également mieux protégé la santé mentale de leur population
      thelancet.com/journals/lance… ImageImage
      7/9
      Y compris vis-à-vis des enfants, dont la santé mentale ne se dégrade pas à cause des confinement, mais, contrairement au story telling de la SFP et des pro-GBD, durant les vagues épidémiques !
      Unroll available on Thread Reader
      8/9
      Et surtout le ZeroCovid aura bien mieux protégé les populations et leur santé en attendant l’arrivée des vaccins permettant une réouverture sous protection immunitaire !
      A noter, leur mortalité n’↗️ que depuis l’abandon du ZeroCovid à cause des variants venant de chez nous ! Image
      9/9
      L’Histoire ne le retiendra pas car elle sera construite sur l’auto-congratulation des occidentaux s’évaluant sur des critères subjectifs internes.
      Mais les faits et la comparaison exogène à l’échelle mondiale seront têtus ! 😉

      • • •

  • The slave trader’s statue that divided a city

    Following the murder of George Floyd in 2020, protestors in #Bristol tore down the statue of 17th Century slave trader #Edward_Colston. While some residents of Bristol supported the change, others felt a sentimental attachment to the statue, as Colston’s surname was ’stitched into the city’.

    Statue Wars explores the aftermath of the statue’s removal and how the action thrust the city of Bristol onto the global stage.

    https://www.bbc.com/reel/video/p0bm2slm/the-slave-trader-s-statue-that-divided-a-city

    #statue #esclavage #mémoire #espace_public #décolonial #Colston #toponymie #toponymie_politique

    ping @cede
    via @reka

  • Anomalies pulmonaires trouvées chez les [...] patients #COVID_long - Attractive Area
    https://www.attractivearea.com/sante-bien-etre/anomalies-pulmonaires-trouvees-chez-les-longs-patients-covid/2220

    Les chercheurs ont identifié des anomalies dans les poumons de longs patients COVID qui souffrent d’essoufflement qui ne peuvent pas être détectés avec des tests de routine.

    L’étude EXPLAIN, qui implique des équipes de Sheffield, Oxford, Cardiff et Manchester, utilise des IRM au xénon hyperpolarisées pour enquêter sur d’éventuelles lésions pulmonaires chez les patients COVID de longue durée qui n’ont pas été hospitalisés avec COVID-19 mais qui continuent de souffrir d’essoufflement.

    [...]

    Comme le xénon se comporte de manière très similaire à l’oxygène, les radiologues peuvent observer comment le gaz se déplace des poumons vers la circulation sanguine.

    Long Covid: Hidden lung damage spotted on scans - BBC News
    https://www.bbc.com/news/health-60154398

    Lead researcher and lung specialist Dr Emily Fraser said it was frustrating having people coming into clinic and not being able to explain to them exactly why it was that they were breathless. Often X-rays and CT scans show no abnormalities.

    Source :
    The Investigation of Pulmonary Abnormalities using Hyperpolarised Xenon Magnetic Resonance Imaging in Patients with #Long-COVID - NIHR Oxford Biomedical Research Centre
    https://oxfordbrc.nihr.ac.uk/preprint_explain_study

    #post-covid

  • Aujourd’hui, on va s’épancher sur les limites du R0 : qu’est-ce qu’il ne nous dit pas sur la propagation d’un virus ?
    https://threadreaderapp.com/thread/1485202069325848577.html

    Ce sera l’occasion pour vous de faire connaissance avec le kappa (SPOILER : il ne s’agit pas de l’équipementier sportif).

    En guise de préambule, souffrez que j’énonce deux ou trois rappels.

    Le R0, ou nombre de reproduction, c’est le nombre de personnes qu’un cas positif va infecter au tout début d’une épidémie, c’est-à-dire dans une population susceptible
    (susceptible = sans immunité préalable contre l’agent infectieux), et qui n’applique pas les mesures barrières ni ne procède à l’isolement des cas positifs.
    Si ce R0 < 1, cela veut dire qu’une personne va en contaminer moins d’une autre.

    Résultat : chaque nouvelle génération va produire de moins en moins de cas, et l’épidémie s’éteindra d’elle-même, progressivement.
    Un virus au R0 < 1 ne peut donc produire de graves épidémies sur le long terme.

    Le MERS-CoV actuel, avec son R0 estimé à 0.9, l’a appris à ses dépens.
    Si R0 = 1, cela implique un nombre constant de nouveau cas.

    La progression de l’épidémie est alors linéaire (une personne en contaminera une autre à chaque fois), ce qui la rend encore maîtrisable.
    Mais si le R0 excède la valeur seuil de 1, ça se complique : le porteur du virus va alors infecter plus d’une personne, ce qui fait que la nouvelle génération produira toujours plus de cas que la génération précédente.

    Si on n’intervient pas, l’épidémie va s’étendre.
    Naturellement, plus le R0 est élevé, plus grande devient la menace épidémique.

    bbc.com/news/health-52… Image
    Coronavirus : What is the R number and how is it calculated ?
    The R number is a simple but crucial figure at the heart of lockdown decisions across the UK.
    https://www.bbc.com/news/health-52473523
    Le R0 de SARS-CoV-2 en janvier 2020 (je veux bien sûr parler de la souche ancestrale de Wuhan) a fait l’objet de nombreuses estimations donnant parfois des valeurs très différentes (de 2 à 8), mais à l’arrivée, il s’est établi un certain consensus autour de 3. Plus ou moins.
    Ainsi, à Wuhan, au début de l’épidémie, sans mesures barrières et dans une population naïve (non-immunisée), un cas positif contaminait trois personnes.

    C’était bien plus que nécessaire pour provoquer une flambée massive.
    S’agissant du variant Delta, son R0 serait compris entre 6 et 8 !

    Heureusement qu’il a débarqué dans une population rompue aux gestes barrières (laissez-moi y croire, merci) et qui commençait à se faire vacciner.

    (Sans oublier l’immunité acquise par infection mais c’est caca.)
    En effet, et comme je l’ai dit, le R0 vous donne simplement une idée du pouvoir de propagation d’un virus au début d’une épidémie.
    Une fois que l’épidémie s’installe, qu’on applique des mesures barrières et que la population s’immunise petit à petit (ou meurt), le R0 tel quel ne vous sert plus à grand-chose : il ne rend pas compte de la progression du virus en temps réel.
    On va donc le remplacer par un autre indicateur : le R-eff(ectif), qui est le nombre de reproduction de notre virus à un moment donné (pas exactement en temps réel : en effet, il y a toujours un certain décalage)
    Contrairement au R0, ce R-eff subit l’influence, notamment des mesures barrières, de l’isolement des cas positifs ou des cas contacts, de la densité de population mais aussi bien sûr de l’immunité acquise au fil du temps, qu’elle soit vaccinale ou malheureusement infectieuse.
    Néanmoins, c’est bien le R-eff qui rend compte de la situation épidémique à un moment donné, et qui, selon sa position par rapport à la valeur seuil de 1, nous annonce (avec un temps de décalage parce qu’il faut bien le calculer !) si l’épidémie stagne, régresse ou s’étend.
    Oui, la valeur du R-eff détermine la dynamique de l’épidémie.

    Alors je sais qu’on se demande parfois si les variations, et plus précisément les augmentations du taux d’incidence ont pour effet d’impacter (euh, je veux dire influencer, pardon @cialdella01) le R-eff.
    Par exemple : une augmentation du taux d’incidence peut-elle entraîner celle du R-eff ?

    Eh bien non !
    Des taux d’incidence effroyables ne provoquent pas la croissance du R-eff.

    On le voit bien en ce moment grâce à (ou plutôt, à cause de) la vague Omicron en France : avec un taux d’incidence supérieur à 3 000, le R-eff devrait s’envoler, pourtant il est resté fort loin de 2,5.
    Pourquoi ? Tout simplement car le R-eff ne correspond qu’à la probabilité pour un infecteur (enfin, un mec ou une femme qui a le virus, quoi) de trouver des personnes susceptibles.

    Et non au risque pour une personne susceptible de se faire contaminer !
    En fait, si un taux d’incidence astronomique doit exercer un effet sur le R-eff, ce sera plutôt dans le sens inverse.
    Supposons un taux d’incidence si élevé (j’espère qu’on n’en arrivera pas là IRL) qu’il devienne de plus en plus difficile, presque impossible pour des infecteurs de trouver des personnes à contaminer.

    Dans ce cas-là, forcément, ils vont transmettre le virus à moins de personnes
    et le R-eff va alors baisser, permettant peu à peu le reflux épidémique.

    Néanmoins, le R-eff reste aux commandes.
    Alors, que nous reste-t-il à comprendre de la propagation d’un virus si le R0 tout d’abord, et le R-eff peu après, nous disent avec justesse s’il faut s’inquiéter ou pas ?

    C’est ce que nous allons voir dans la seconde partie de ce thread.
    Mais avant, laissez-nous déguster un petit en-cas. Image
    Nous revoilà !
    Désolée pour l’attente.

    Comme promis, voici quatre paramètres qui vous permettront d’affiner votre compréhension du mode de propagation d’un virus !
    1⃣ La période contagieuse.

    D’après les estimations, le virus SARS-CoV-1 (responsable du SRAS) présentait un R0 de 3 environ. C’est-à-dire à peu près le même que celui de SARS-CoV-2 sauce Wuhan.
    Pourtant, SARS-CoV-1 a fait pschitt, là où SARS-CoV-2 a créé une pandémie centennale.
    Pour quelle raison des fortunes si diverses ?

    Tout simplement car ces deux virus ne se transmettent pas au même stade de l’infection.
    C’est tout le malheur de SARS-CoV-1 : comme il ne se transmettait qu’après l’apparition des symptômes, ça nous laissait tout le temps d’isoler les cas positifs avant qu’ils ne contaminent. Image
    Au contraire, ce diable de SARS-CoV-2 se transmet, lui, avant même l’apparition des symptômes : c’est d’ailleurs à ce stade de l’infection que débute le pic de contagiosité !

    Dans ces conditions, on ne peut plus repérer tous les cas positifs avant qu’ils ne contaminent.
    Conclusion : si le R0 d’un virus détermine son pouvoir de propagation, notre marge de manoeuvre face à lui dépend également de la période contagieuse.
    2⃣ La sévérité de la maladie

    Pour illustrer ce paramètre, je vais encore m’appuyer sur la comparaison SARS-CoV-1 / SARS-CoV-2.
    SARS-CoV-1 descendait vite dans les poumons pour se répliquer.

    Il avait donc une forte propension à causer des formes très symptomatiques (voire sévères avec hospitalisation à la clé) qui ne passaient pas inaperçues, facilitant ainsi le travail des autorités sanitaires.
    SARS-CoV-2, lui, est friand des voies respiratoires supérieures, et génère volontiers des formes asymptomatiques ou paucisymptomatiques qui ne poussent pas les gens à se (faire) tester.

    D’où le maintenant célèbre : « Oui, j’ai un rhume, et non, ce n’est pas le COVID tkt. »
    Le constat est donc sans appel : exception faite du R0, tout sépare les deux SARS-CoV. L’un est clairement (et définitivement) plus insaisissable que l’autre.
    3⃣ Le temps de génération

    Oublions provisoirement SARS-CoV-1, et passons à la rougeole.
    Il est arrivé que les réfractaires aux mesures de santé publique se servent de son R0 pour démontrer (dans leurs rêves) qu’il n’y avait pas besoin de confiner à cause du COVID.
    « Nous étions obligés de confiner.
    – Mensonge ! Faux d’État ! Perroquet ! La rougeole est bien plus transmissible et pourtant on n’a pas confiné à cause d’elle ! »

    Si l’on s’en tient aux chiffres du R0, oui, il y a une part de vrai : la rougeole est bien plus contagieuse.
    R0 de la rougeole : bien supérieur à 10 (pour donner une fourchette très large, les estimations oscillent entre 12 et 20).

    R0 de SARS-CoV-2 : inférieur à 10 quel que soit le variant (au 23/01/2022).
    Pourtant, si on veut comparer la vitesse de propagation de ces deux virus, et donc la violence des épidémies induites, il faut tenir compte d’un autre paramètre : le temps de génération.
    Le temps de génération correspond au nombre de jours (en moyenne) entre le moment où une personne est infectée et le moment où elle infecte à son tour.

    Pour le variant Delta, ce temps de génération est de 5 jours.
    Pour la rougeole, on est plutôt, environ, sur 15 jours.
    Pour illustrer l’effet du temps de génération sur la violence d’une épidémie, je vais donc calculer le nombre d’infections causées en un mois par l’un et l’autre virus à partir d’un seul cas index.
    J’ai dit que pour Delta, le temps de génération était de 5 jours.

    Son R0, lui, se situe entre 6 et 8, mais je vais prendre la plus basse valeur : 6.
    Commençons.
    Une personne vient d’attraper le variant Delta.
    Cinq jours plus tard, elle a transmis le virus à 6 personnes.
    Ces 6 personnes vont en contaminer à leur tour 6 autres au terme d’un nouveau délai de cinq jours.
    Et ainsi de suite.
    Au bout de 30 jours, cela fait donc 46 656 contaminations (6 x 6 x 6 x 6 x 6 x 6) à partir du seul cas index (ou patient zéro).
    Reproduisons ce calcul avec la rougeole, en choisissant arbitrairement un R0 de 20 (la plus haute valeur estimée).

    Son temps de génération est de... 15 jours.
    Quinze jours plus tard, le cas index aura transmis le virus à 20 personnes, lesquelles en auront infecté 20 autres au terme d’un nouveau délai de 15 jours.

    Au bout de 30 jours, on obtient donc... 400 cas (20 x 20) à partir du patient zéro.
    Comme on peut le voir, et nonobstant son R0 (très) inférieur, c’est bien le COVID-19 qui pulvérise la rougeole sur la vitesse de propagation.

    D’où ce besoin de freiner la circulation du virus pour ne pas saturer les hôpitaux.
    Celui ou celle qui vous dit : « Oui mais la rougeole est plus contagieuse et on n’a pas confiné à cause d’elle, même sans vaccin », soit ignore ce qu’est un temps de génération et devrait donc s’abstenir de pérorer, soit cherche à vous manipuler en toute connaissance de cause.
    4⃣ Le kappa

    Le R0 (tout comme le R-eff) n’est qu’une moyenne !
    Et comme toute moyenne, il ne rend pas compte des disparités qui existent (ou pas) d’une personne à l’autre.
    Pour se faire une idée plus exacte du mode de propagation d’un virus, il faut vérifier si la plupart des gens sont resserrées autour de la moyenne ou pas.

    Dans ce but, on fait intervenir un nouveau paramètre : le Kappa (ou paramètre k) du virus.
    Le paramètre k, c’est le facteur de dispersion. Il vous informe si la transmission d’un virus est homogène d’un infecteur à l’autre (dans ce cas, tout le monde infecte à peu près le nombre de personnes indiqué par le R0), ou, au contraire, hétérogène (on trouvera alors un certain
    nombre de personnes qui contaminent beaucoup plus que la moyenne, alors que d’autres seront beaucoup moins contaminatrices).

    Estimer le k d’un virus n’est pas aisé, mais il faut savoir que plus on obtient un résultat proche de 0, plus la transmission d’un virus est hétérogène.
    A l’inverse, plus on approche de 1, plus la diffusion du virus est homogène.
    Voyez ce tableau.

    Si k = 0.1, alors 10% des cas actuels seront à l’origine de 80% des nouvelles infections.

    Corollaire : les 90% qui restent ne seront responsables que de 20% des nouvelles infections ! Image
    Tout ça n’est pas sans rappeler la loi de Pareto : 20% des causes à l’origine de 80% des conséquences. ^^
    Mais prenons un exemple concret : la grippe espagnole de 1918.
    Son k est estimé à 0.94, soit très proche de 1.
    La progression du virus est donc relativement homogène. La plupart des cas ne vont infecter ni beaucoup plus, ni beaucoup moins que la moyenne.

    academic.oup.com/aje/article/17…
    SARS-CoV-1, lui, affichait un k de 0.16.

    Là, ça signifie qu’un petit nombre de cas infecte beaucoup plus que la moyenne, et sera responsable de la plupart des contaminations.

    Superspreading and the effect of individual variation on disease emergence - Nature
    From Typhoid Mary to SARS, it has long been known that some people spread disease more than others. But for diseases transmitted via casual contact, contagiousness arises from a plethora of social and…
    https://www.nature.com/articles/nature04153
    Pendant ce temps, les autres - qui constituent l’écrasante majorité des cas - vont beaucoup moins transmettre ce virus que la moyenne, voire pas du tout.

    Il y a un réel déséquilibre. Une dispersion.
    Les personnes qui transmettent beaucoup plus que la moyenne sont appelées « superspreaders », ou, en français, super-contaminateurs (super-propagateurs).

    Ce qualificatif a été propulsé sur le devant de la scène par l’épidémie de SRAS en 2002-2003. Image
    Néanmoins, les superspreaders ne sont pas la chasse gardée du SRAS.

    Le virus Ebola, pour ne citer que lui, en produit également des redoutables : au cours de l’épidémie de 2014-2015 en Afrique de l’Ouest, 3% des cas ont généré 61% des contaminations !

    Spatial and temporal dynamics of superspreading events in the 2014–2015 West Africa Ebola epidemic
    For many infections, some infected individuals transmit to disproportionately more susceptibles than others, a phenomenon referred to as “superspreading.” Understanding superspreading can facilitate d…
    https://www.pnas.org/content/114/9/2337
    Quid de SARS-CoV-2 ?

    Au début, on pouvait tabler sur une diffusion homogène de ce virus étant donné qu’il se réplique largement dans les voies respiratoires supérieures et se transmet abondamment en phase pré-symptomatique
    (NDLB : j’ai dit que le pic de contagiosité commençait avec SARS-CoV-2 avant le début des symptômes, mais ça ne semble plus vrai avec Omicron).
    Pourtant, les premières estimations du k de SARS-CoV-2 ont fait état de valeurs oscillant souvent entre 0.1 et 0.5, suggérant, là aussi, plutôt une diffusion hétérogène.
    Et désormais, on affirme que 10 à 20% des cas seraient responsables de 80% des nouvelles infections (ce qui situerait le k entre 0.1 et 0.3), tandis que 60 à 75% des cas n’infecteraient personne !

    Understanding why superspreading drives the COVID-19 pandemic but not the H1N1 pandemic
    Two epidemiological parameters often characterise the transmissibility of infectious diseases : the basic reproductive number (R0) and the dispersion parameter (k). R0 describes, on average, how many i…
    https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(21)00406-0/fulltext
    Nantis de ces résultats, on comprend mieux pourquoi ce virus a tardé à produire une flambée épidémique (fin février - début mars 2020) alors même qu’il était déjà sur notre territoire en novembre 2020.

    Evidence of early circulation of SARS-CoV-2 in France : findings from the population-based “CONSTANCES” cohort - European Journal of Epidemiology
    Using serum samples routinely collected in 9144 adults from a French general population-based cohort, we identified 353 participants with a positive anti-SARS-CoV-2 IgG test, among whom 13 were sample…
    https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10654-020-00716-2
    En effet, si, au lieu de tomber très vite sur un superspreader (denrée rare), ce virus ne trouve que des personnes (majoritaires) qui vont peu le transmettre, voire pas du tout, sa progression sera laborieuse ou même empêchée.
    Dans ce dernier cas, on parle d’auto-extinction.
    Cela nous explique aussi pourquoi la progression du virus n’a pas été la même d’une région à l’autre (alors qu’un virus comme celui de la grippe, pourtant moins contagieux, envahit rapidement tout le territoire français chaque année). Tout ça est une affaire de hasard.
    Sur 10 cas positifs, il n’y a qu’un ou deux superspreaders. Quand ce virus a l’heur de tomber très vite sur l’un d’entre eux, l’épidémie prospère, flambe.

    Dans le cas inverse, elle peut très bien s’éteindre. Jusqu’à la prochaine introduction du virus sur le territoire.
    Ainsi, il faut généralement plusieurs introductions à ce virus pour vraiment s’implanter sur un territoire, au moins quatre.
    Les superspreaders nourrissent pratiquement à eux seuls cette épidémie.

    Si on pouvait mettre la main sur eux avant qu’ils ne contaminent, on résoudrait la plus grande partie du problème, en tout cas à l’échelle de la société. De la santé publique.
    Les superspreaders. Qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ? Comment les repérer ? Ma classe doit en abriter un ou deux si je m’en tiens aux statistiques. Mais alors, de qui s’agit-il ? Image
    Mon Adrien ? Impossible, il est tellement parfait ! 😍 ImageImageImageImage
    Quant à cette peste de Chloé, je suis sûre qu’elle contaminerait la moitié de la ville. ImageImageImageImage
    Tikki : « Il ne faut pas raisonner comme ça, Marinette ! Ce n’est pas du fond de l’âme que dépend la contagiosité intrinsèque ! » Image
    – Tu as raison Tikki, je vais trop vite en besogne quand il s’agit de Chloé.
    – Et si le superspreader c’était toi, Marinette ?
    – Je m’enfermerais à triple tour, hahaha.
    Blague à part, il n’existe pas, à ce jour, de solution miracle pour identifier les superspreaders à l’avance : ce n’est pas écrit sur leur front !

    Nous savons juste que pour infecter un grand nombre de personnes, au moins deux facteurs entrent en ligne de compte.
    1⃣ La composante biologique

    On me reprochera d’enfoncer une porte ouverte, mais la condition sine qua non pour être un super-infecteur, c’est un haut niveau d’excrétion virale.
    Comment repérer ces forts excréteurs ?
    La tentation est grande d’utiliser le test PCR comme un test de contagiosité... Alors, voyons un peu comment marche un test PCR.

    Ce test, comme chacun sait, ne permet pas la détection du virus lui-même, mais celle de son matériel génétique. L’ARN.
    Or, si on dispose de méthodes sensibles pour détecter l’ADN à haut débit chez de nombreux patients, cela n’existe pas pour l’ARN.
    Une première étape sera donc de rétrotranscrire l’ARN en ADN à l’aide d’une enzyme appelée transcriptase inverse (c’est-à-dire une ADN polymérase ARN dépendante qui va donc synthétiser un brin d’ADN complémentaire à partir d’un ARN matrice, ou si vous préférez, modèle)
    de sorte qu’au final, on ne recherchera pas vraiment l’ARN du virus, mais l’ADN issu de sa copie.

    microbiologie-clinique.com/RT-PCR-SARS-Co… Image
    À ce stade, nous n’avons qu’un seul brin d’ADN.
    On va donc synthétiser, à partir de ce brin, le brin complémentaire en s’appuyant cette fois-ci sur le travail d’une ADN polymérase ADN dépendante.
    Ensuite, on va faire en sorte de multiplier (amplifier) cet ADN recherché jusqu’à ce qu’il se trouve en quantité détectable (encore une fois, s’il était bien présent dans l’échantillon).
    Pour amplifier l’ADN recherché, on introduit, dans le tube de la PCR, une très grande quantité de petits ADN de synthèse qui sont des copies d’une région de l’ADN (issu de la copie de l’ARN) viral : on les appelle les amorces (j’aurais dû en parler plus tôt !)
    Se trouvera aussi dans le tube de la PCR une enzyme, la Taq polymérase.

    Extraite de Thermus aquaticus, une bactérie découverte dans des sources chaudes, cette Taq polymérase peut tolérer de très hautes températures
    et va assurer la fonction d’ADN polymérase dépendante de l’ADN (c’est-à-dire qu’elle va utiliser un ADN simple brin déjà existant comme matrice pour synthétiser le brin d’ADN complémentaire).
    Si ce n’est pas encore très clair, ne vous inquiétez pas, vous allez finir par comprendre.
    Une fois qu’on a réuni tous les "ingrédients", on chauffe l’échantillon à 95-100 °C.

    Cette chaleur va provoquer la séparation des deux brins de l’ADN viral recherché (dit l’ADN d’intérêt).

    Crédit : Université de Strasbourg. Image
    Peu après, on fait redescendre la température jusqu’à retrouver des conditions qui permettent aux brins d’ADN de se réapparier.

    Mais cette fois, les amorces vont intervenir...
    J’ai dit que les amorces étaient des copies d’une région de l’ADN (issu de la copie de l’ARN, mais je ne vais pas l’écrire à chaque fois) viral.

    Elles sont donc complémentaires de l’un ou l’autre brin du grand ADN viral qu’on recherche.
    Du coup, au lieu de laisser les deux brins du grand ADN se réapparier entre eux, les amorces vont se jumeler avec le brin qui leur correspond, en respectant les complémentarités entre bases azotées. Image
    Comment font les amorces pour se fixer à un brin A avant qu’il ne se réassocie au brin B ?

    Comme souligné plus haut, c’est la force du nombre. Les amorces se trouvent en excès dans le tube de la PCR, ce qui leur permet de gagner la compétition face aux brins d’ADN concurrents.
    Une fois les amorces appariées aux longs brins d’ADN, la Taq polymérase entre en jeu pour allonger nos amorces en prenant comme modèle la séquence du long ADN complémentaire.

    A-T, G-C. Image
    Voilà, on vient de doubler le nombre de copies de l’ADN d’intérêt.
    C’est la fin du premier cycle.
    Il ne nous reste plus qu’à recommencer.

    On chauffe à nouveau, les brins d’ADN se séparent, et, comme les amorces sont toujours majoritaires dans le tube, elle vont encore gagner la compétition, se fixer au longs brins d’ADN, et la Taq polymérase va allonger tout ça.
    Et ainsi de suite.

    Théoriquement, à chaque cycle, la quantité d’ADN bicaténaire (double brin) va doubler.

    Je dis théoriquement, parce que dans les faits, la quantité d’ADN n’est pas doublée de cycle en cycle.
    D’abord, parce que la Taq polymérase est moins fonctionnelle à force de se faire chauffer et refroidir, ensuite parce que le stock d’amorces n’est pas inépuisable : au fil des cycles, elles vont se raréfier tandis que la quantité d’ADN bicaténaires ne fera qu’augmenter.
    Résultat : nos amorces vont de moins en moins devancer les ADN bicaténaires, et l’amplification va donc ralentir, puis cesser.

    Cependant, au bout d’un certain nombre de cycles, si l’échantillon était positif, l’ADN viral finira par se trouver en quantité détectable.
    On appelle ce nombre de cycles la valeur Ct.

    Plus la quantité d’ADN dans l’échantillon est grande, moins il faut effectuer de cycles pour que le signal soit détectable. À l’inverse, plus grand est le nombre de cycles nécessaires, moins il y avait d’ADN viral dans l’échantillon.
    Peut-on alors déduire de la valeur Ct la présence ou l’absence d’un superspreader selon qu’elle soit petite ou élevée ?

    Eh bien, pas exactement.
    Déjà, les valeurs Ct dépendent du stade de l’infection.

    Si on ne se fait pas tester au moment du pic de contagiosité, mais, par exemple, plus tard, il se peut qu’on obtienne une valeur Ct (élevée) faussement rassurante.
    Parfois, le test PCR va détecter des personnes qui ont été massivement contagieuses, et qui ne le sont plus beaucoup au moment du test !
    Ensuite, il faut bien se rappeler qu’on ne contrôle pas, hélas, la quantité de l’échantillon recueilli d’une personne à l’autre.

    Si on prélève plus ou moins de matériel biologique, ça va fausser la valeur Ct.
    Insaisissables superspreaders ! Image
    2⃣ La composante sociale

    Le fort excréteur qui reste à la maison devant l’ancêtre d’internet, il va contaminer dégun, comme on dit à Marseille.
    La deuxième condition pour infecter beaucoup de gens, c’est donc d’en rencontrer un maximum.

    Ou, plutôt, qu’un maximum de personnes se trouvent à portée de vos aérosols.
    Cela est possible dans des lieux clos (qui permettent la rétention des aérosols), mal aérés et très fréquentés.

    Cependant, un certain nombre de ces lieux sont encore plus à risque que d’autres. Voyons lesquels.
    On va définir trois types de contacts entre individus.

    1) Proches (entre personnes d’un même foyer)
    2) Réguliers (qui ont lieu dans une entreprise ou à l’école)
    3) Aléatoires (ex : deux inconnus qui passent une soirée au même endroit puis retournent à leurs vies respectives)
    Eh bien ! D’après cette étude de modélisation, les rencontres aléatoires sont les plus dangereuses, les plus promptes à faire décoller l’épidémie.

    (Ce n’est pas le rassemblement religieux de Mulhouse en février 2020 qui va contredire cette estimation.)

    Overdispersion in COVID-19 increases the effectiveness of limiting nonrepetitive contacts for transmission control
    Evidence indicates that superspreading plays a dominant role in COVID-19 transmission, so that a small fraction of infected people causes a large proportion of new COVID-19 cases. We developed an agen…
    https://www.pnas.org/content/118/14/e2016623118
    Récapitulons.

    Le lieu idéal pour un évènement de superspreading remplit les critères suivants :

    1) Il est mal ou pas aéré.
    2) Les gens s’y entassent.
    3) Y demeurent un certain temps.
    4) Y font des rencontres aléatoires.
    Vous pensez au métro ? Moi aussi.

    Mais l’on peut gravir encore des degrés sur l’échelle du risque, en songeant à des lieux qui répondent non seulement aux critères suscités, mais où, en plus de ça, on retire son masque.

    Oui, je parle des restaurants et des bars.
    D’autant mieux que les bars diffusent des rencontres sportives allant de pair avec les cris et les chants.

    Or, nous savons bien que crier ou chanter multiplie l’éxcrétion de micro-gouttelettes aérosolisées qui peuvent contenir du virus.

    Mais j’y pense, Tikki : si un jour l’irascible Chloé venait à s’infecter, elle exploiterait le maximum de sa contagiosité intrinsèque : elle parle fort, s’agite en permanence, et lorsqu’elle se met à crier, on l’entend jusque sur la planète Namek !
    C’est une plaie ambulante... Image
    – ... Ce n’est pas faux, je te l’accorde.
    – Un point pour moi ! ImageImage
    Mais crier ou chanter ne sont pas les seules actions qui produisent beaucoup d’aérosols.

    Le simple fait de se dépenser physiquement nous amène à respirer plus vite, et du coup, à émettre une plus grande quantité d’aérosols.
    Quels sont les lieux fermés où on crie, chante et danse avec des contacts aléatoires ? Les discothèques.

    Vous comprenez bien que si on y tombe le masque, les conséquences peuvent être catastrophiques.
    Enfin, je voudrais citer les salles de sport, où les gens n’ont pas l’habitude de se ménager, et cela, sans masque.

    On me rétorquera que les salles de sports sont un peu une zone grise entre un lieu de rencontres aléatoires et un lieu de rencontres régulières. En effet,
    on s’abonne à une salle de sport, et quand on est motivé, on y va plusieurs fois par semaine, et plutôt à heure fixe pour les personnes actives.

    Néanmoins, on y produit des efforts sans masque...
    Bref ! Voilà en gros les lieux susceptibles de faire exploser cette épidémie.

    D’ailleurs, il serait finalement plus juste de parler de clusterémie.

    Et point de salut contre une clusterémie en utilisant les mêmes armes que contre une épidémie de grippe !
    Si la plus grande partie du problème vient des 10 ou 20% de superspreaders, et notamment des lieux clos où ils sévissent, il est impératif - comme je l’ai suggéré plus haut - de concentrer nos efforts de surveillance sur eux.
    Arrêtons de voir ce virus comme s’il se propageait de façon homogène quels que soient les personnes et les lieux impliqués.

    Il est grand temps que nos décideurs changent de logiciel ! Image
    Mettre fin aux évènements de superspreading, c’est couper les jambes de cette clusterémie.

    Comment s’y prendre ?
    On sait que dans la plupart de ces endroits clos, l’aération est au mieux insuffisante, au pire, impossible.
    Il faudrait donc s’attacher au traitement de l’air dans tous les lieux à risque, en installant des purificateurs (NDLB : le collège Françoise Dupont, toujours à l’avant-garde, en est déjà équipé).

    Cela nous profiterait bien au-delà de cette pandémie, du reste.
    Malheureusement, comme ce n’est pas pour demain, il se produira toujours des contaminations.
    Il faut donc s’y prendre autrement.

    C’est là qu’intervient la méthode japonaise, fondée sur ce que l’on appelle le traçage rétrospectif.
    Traçage rétrospectif ? Kézako ?
    On va reprendre depuis le début.
    Il existe deux manières de tracer des contacts.

    La première, c’est le traçage dit prospectif. Il consiste à rechercher les cas contacts d’un patient positif pour les tester et, si besoin, les isoler.
    Ici, pas de distinction : tous les cas positifs sont présumés contaminants.
    Or, on a vu que 70% des cas n’infectaient personne, et que le plus gros de la clusterémie était drivée par 10 à 20% des cas.
    Riche de cette information, le Japon a privilégié le traçage dit rétrospectif, qui vise non pas à chercher les contacts d’un nouveau cas positif, mais à identifier la personne qui l’a contaminé.
    Autrement dit, au lieu de se concentrer sur ce nouveau cas, qui a peu de chances d’être un superspreader, on focalise ses efforts sur le contaminateur avéré (en effet, le risque d’avoir affaire à un superspreader est bien plus élevé le concernant).
    Une fois qu’on a réussi à mettre la main sur un suspect, si ce dernier est bel et bien positif, on cherche alors à identifier ses contacts afin de les convoquer, les tester puis les isoler si positifs.
    En agissant très vite (c’est d’autant plus nécessaire si nous sommes confrontés à des variants au temps de génération très court), en agissant très vite, disais-je, on peut alors éteindre un cluster avant qu’il n’essaime.

    Alors oui, il faut se montrer réactifs...
    Attention : rien n’empêche d’appliquer les traçages prospectifs et rétrospectives ensemble.

    Dans l’idéal, il faudrait pouvoir combiner les deux, car le traçage prospectif permet d’éviter un certain nombre de transmissions malgré tout (d’autant mieux que je pars du principe
    qu’aucune infection n’est anodine jusqu’à preuve du contraire, n’en déplaise au covidiot Pujadas).

    Mais quand ça n’est pas possible, la priorité revient (en tout cas, ça le devrait) au traçage rétrospectif.
    Problème : plus l’incidence est élevée, plus le traçage devient difficile.

    Et au-delà de... 50, c’est Mission impossible.

    En effet, comment retrouver qui vous a infecté si vous avez rencontré 120 cas positifs en trois jours dans plein de lieux différents ? Bon courage !
    Au point où nous en sommes actuellement, il n’y a donc pas 36 solutions :

    1⃣ Soit on regarde la maison brûler sans rien faire en attendant que ça passe
    2⃣ Soit on rétablit de lourdes restrictions qui peuvent aller de la fermeture des lieux de superspreading jusqu’au confinement
    Nous avons opté pour le premier choix et ce n’est donc pas demain qu’on reprendra le contrôle de la clusterémie, sous réserve que la volonté soit toujours bien présente.

    Attendons que ça baisse tout seul...
    Mais d’ici là, je conseillerais bien à tous ceux qui veulent encore faire preuve de civisime à leur petite échelle d’utiliser les tests rapides avant de rejoindre un lieu potentiel de superspreading.
    Malgré leur défaut de sensibilité (comparés à la PCR), ils pourront débusquer une partie des plus contagieux et donc motiver l’auto-isolement (avant confirmation ultérieure de la positivité par PCR).
    Malheureusement, les faux négatifs n’étant pas rares, ils peuvent aussi entraîner des comportements bien plus à risque que si vous n’aviez pas fait de test du tout...
    Encore une fois, aucune mesure n’est parfaite, il n’y a que des solutions imparfaites dont seule la combinaison peut dresser une barrière solide devant ce virus.

    Pensez Emmental.

  • Crystal Palace: Plans to restore ornate Victorian subway approved - BBC News
    https://www.bbc.com/news/uk-england-london-59966872

    A hidden Victorian subway in south-east London is set to be renovated after plans to restore it were approved.
    The subway was opened in 1865 as a grand entrance to the Crystal Palace, but it fell into disrepair in the years after the famous attraction burnt down.

  • What happens to fascist architecture after fascism? - BBC Culture

    https://www.bbc.com/culture/article/20220117-what-happens-to-fascist-architecture-after-fascism

    Across Europe, many controversial monuments still remain. Alex Sakalis visits a small Italian town that has found a way to contextualise and defuse the architectural legacy of fascism.
    O

    On first appearances, Bolzano in the far north of Italy is just like any other alpine town. Nestled in a valley lined by steep green hills peppered with castles, barns and churches, and terraced with vineyards, the city is a whimsical snow globe of winding streets, pastel-coloured houses and Baroque taverns.

    #architecture #architecture_totalitaire #pouvoir

  • The Soviet palace that people love to hate - BBC Reel
    https://www.bbc.com/reel/video/p0bfsd4y/the-soviet-palace-that-people-love-to-hate

    The Soviet palace that people love to hate
    10 January 2022|Culture

    A German city before World War Two and geographically disconnected from the rest of Russia, Kaliningrad remains a mystery to many mainland Russians and their European neighbours.

    How does a 50-year-old unfinished building help explain the complicated history of the city and inspire the restoration of other nearby ruins?

    #kaliningrad #soviétisme @architecture

  • Kosovo bans cryptocurrency mining after blackouts - BBC News
    https://www.bbc.com/news/world-europe-59879760

    Kosovo has banned the mining of cryptocurrencies to curb electricity use as it grapples with an energy crisis caused by soaring global prices.

    The government says security services will identify and clamp down on sources of cryptocurrency mining.

    The mining is energy intensive and involves verifying digital transactions to get cryptocurrencies as a reward.

    While all of Europe faces sharp price rises, Kosovo is enforcing rolling blackouts amid an electricity shortage.

    The Balkan state’s largest coal-fired power plant was shut down last month over a technical issue, forcing the government to import electricity at high prices.

    A 60-day state of emergency, declared in December, gave the government powers to allocate more money for energy imports and impose stricter restrictions on power usage.

  • Omicron : « iI n’est ni abordable, ni durable, ni nécessaire de vacciner la planète entière tous les 6 mois » - BBC News Afrique
    https://www.bbc.com/afrique/monde-59894093

    De l’importance de ne pas se limiter au titre, ni même au chapeau…
    vu via des sites antivax…

    Vacciner régulièrement tous les habitants de la planète contre le Covid-19 n’est ni durable, ni abordable, ni nécessaire, selon le professeur Andrew Pollard, le scientifique qui a participé au développement du vaccin d’Oxford-AstraZeneca contre le coronavirus.

    « Il n’est vraiment ni abordable, ni durable, ni même nécessaire de vacciner tous les habitants de la planète tous les quatre à six mois », confie M. Pollard à l’émission Today de la BBC Radio 4 mardi.

    Il s’agit plutôt d’identifier les personnes les plus exposées et de leur donner la priorité, ajoute-t-il.

    « Nous n’avons pas réussi à vacciner tout le monde en Afrique avec une seule dose, alors nous n’arriverons sûrement pas à un point où nous pourrons administrer une quatrième dose à tout le monde », dit-il.

  • Blair becomes ’Sir Tony’ and joins top royal order
    https://www.bbc.com/news/uk-59841419

    Tony Blair, the Duchess of Cornwall, and Baroness Amos are to be appointed as members of the Order of the Garter, England’s oldest and most senior order of chivalry.

    The former prime minister now becomes known as Sir Tony.
    The appointments are the personal choice of the Queen, with up to 24 “knight and lady companions”.

    […]

    The ceremonial order, founded in 1348, is a recognition of significant public service, made as the personal gift of the monarch.

    Agnès Buzyn dans la promotion de la Légion d’honneur du 1er janvier 2022
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/agnes-buzyn-dans-la-promotion-de-la-legion-dhonneur-du-1er-janvier-20

    Toujours dans le domaine sanitaire et social -un peu plus de 15% de la promotion- l’ancienne ministre Agnès Buzyn, directrice exécutive de l’Académie de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), est promue chevalier. L’ex-ministre de la Santé, qui avait démissionné en février 2020, a été mise en examen en septembre 2021 par la Cour de justice de la République (CJR) pour “mise en danger de la vie d’autrui” dans sa gestion de l’épidémie de Covid-19.

    Comme quoi…

  • Ces moments qui auraient pu accidentellement mettre fin à l’humanité et leur possibilité de se reproduire - BBC News Afrique
    https://www.bbc.com/afrique/monde-56153655

    Ord estime que le risque d’extinction humaine au XXe siècle était d’environ 1 sur 100.

    En plus des risques existentiels naturels qui ont toujours existé, le potentiel d’une mort artificielle a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, affirme-t-il.

    Outre la menace nucléaire, la perspective d’une intelligence artificielle mal alignée est apparue, les émissions de carbone ont grimpé en flèche et nous pouvons maintenant nous mêler de la biologie des virus pour les rendre beaucoup plus mortels.

    Nous devenons également plus vulnérables en raison de la connectivité mondiale, de la désinformation et de l’intransigeance politique, comme l’a montré la pandémie de covid-19.

    « Avec tout ce que je sais, je mets le risque de ce siècle à environ 1 sur 6, une roulette russe », écrit Toby Ord.

    « Si nous ne faisons pas les choses correctement, si nous continuons à laisser notre croissance en termes de pouvoir dépasser celle de la sagesse, nous devrions nous attendre à ce que le risque soit encore plus élevé au siècle prochain, et ainsi de suite », ajoute-t-il.

  • Télescope James-Webb : détecteur de vie extraterrestre et machine à remonter le temps | UdeMNouvelles
    https://nouvelles.umontreal.ca/article/2021/12/09/telescope-james-webb-detecteur-de-vie-extraterrestre-et-machine-

    « Ce que nous cherchons, notre Saint-Graal, ce sont des “biosignatures”, soit des signes de vie extraterrestre », indique avec enthousiasme Nathalie Ouellette, astrophysicienne, coordonnatrice de l’iREx et scientifique chargée des communications pour le télescope James-Webb.

    La chercheuse tient toutefois à préciser qu’il ne faut pas penser ces signes de vie comme ceux présentés dans les films de science-fiction. « On parle ici de signes d’activité biologique ou de la signature de certaines molécules que nous avons désignées comme essentielles à la vie, par exemple l’oxygène, la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone, le méthane ou l’ozone. En présence de telles molécules, ou de certaines combinaisons de ces molécules, nous pourrions potentiellement déterminer que les conditions sont propices au développement de la vie sur les exoplanètes explorées par le télescope. »

    « Nous avons encore beaucoup de questions sur l’origine de la vie dans notre système solaire, nous ne savons pas exactement comment nous nous sommes retrouvés sur Terre et comment les planètes ont été formées, rapporte la coordonnatrice de l’iREx. En étudiant d’autres systèmes, étoiles et planètes à des stades différents d’évolution, nous espérons pouvoir retracer notre propre histoire pour mieux nous comprendre nous-mêmes. »

    • à ce sjuet :
      B Centauri b : l’exoplanète qui défie notre compréhension des modèles de formation de planètes
      https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-sciences/le-journal-des-sciences-du-vendredi-10-decembre-2021

      Une étude parue dans la revue « Nature » décrit la découverte d’une exoplanète dont on ne pensait pas l’existence possible.

      Une équipe internationale a utilisé l’instrument SPHERE, du Very Large Telescope au Chili, pour faire de l’imagerie directe. Les chercheurs ont observé le système B Centauri, situé à 318 années-lumière de nous dans la constellation du Centaure. C’est un système où tout est plus gigantesque que ce que l’on observe dans notre propre système solaire. Ils ont obtenu l’image directe de B Centauri b : une exoplanète géante qui fait 10 fois la masse de Jupiter. Jusqu’à maintenant, nous n’avions jamais détecté de planète si massive. Elle orbite autour d’un couple d’étoiles extrêmement massives aussi : à elles deux, elles font 10 fois la masse du Soleil. B Centauri b orbite à une distance de 500 unités astronomiques de ce duo stellaire, ce qui est de l’ordre de 100 fois la distance entre le Soleil et Jupiter. Cette découverte vient remettre en question les modèles de formation des planètes.

    • Usbek & Rica - Et si on ne trouvait jamais de vie extraterrestre ?
      https://usbeketrica.com/fr/article/et-si-on-ne-trouvait-jamais-de-vie-extraterrestre

      Alors faudrait-il en faire un peu moins sur la recherche de la vie extraterrestre  ? D’un côté, une certaine forme de lassitude pointe le bout de son nez. Mais de l’autre, les progrès récents dans ce domaine (voir notre enquête « Chercheur de planètes est mon métier », parue dans le n°30 d’Usbek & Rica, automne 2020, ndlr) entretiennent l’espoir de découvrir un jour une planète habitable et habitée.

      L’histoire continue, et sa nouvelle tête d’affiche est toute trouvée : le James Webb Space Telescope. Le télescope spatial, qui doit décoller de Kourou le 18 décembre 2021, promet une avancée considérable, notamment dans l’observation de l’atmosphère des planètes rocheuses. Le « JWT » devrait notamment permettre de recueillir une quantité de données encore jamais atteinte. « Nous sommes au début de quelque chose de grand, assure Nathalie Cabrol. Mais il faut savoir rester humble et se dire que nous n’avons finalement vu qu’une infime partie de l’univers. Tout reste à faire. »

    • Religion : qu’en restera-t-il si l’existence des extraterrestres est confirmée ? - BBC News Afrique
      https://www.bbc.com/afrique/monde-57639754

      Mais il y a une autre façon de voir le problème, qui ne vient pas à l’esprit de Paine : peut-être que l’incarnation de Dieu dans l’histoire de la Terre « fonctionne » pour toutes les créatures de l’Univers. C’est l’option qu’explore George Coyne, prêtre jésuite et ancien directeur de l’Observatoire du Vatican, dans son livre Many Worlds : The New Universe, Extraterrestrial Life and the Theological Implications (2010).

      « Comment pourrait-il être Dieu et laisser les extraterrestres dans leur péché ? Dieu a choisi un moyen très spécifique pour racheter les êtres humains. Il leur a envoyé son Fils unique, Jésus... Dieu a-t-il fait cela pour les extraterrestres ? Il y a profondément ancré dans la théologie chrétienne... la notion de l’universalité de la rédemption de Dieu et même la notion que toute la création, même l’inanimé, participe d’une certaine manière à sa rédemption. »

      Il y a encore une autre possibilité. Le salut lui-même pourrait être exclusivement un concept terrestre. La théologie ne nous oblige pas à croire que le péché affecte toute vie intelligente, partout dans l’Univers. Peut-être que les humains sont uniquement mauvais. Ou, pour utiliser un langage religieux, peut-être que la Terre est le seul endroit assez malheureux pour avoir un Adam et une Eve. Qui peut dire que nos frères et sœurs des étoiles sont moralement compromis et ont besoin d’une rédemption spirituelle ? Peut-être ont-ils atteint une existence spirituelle plus parfaite que la nôtre à ce stade de notre développement.

    • Les civilisations extraterrestres sont déjà mortes... et autres théories expliquant l’absence d’aliens
      https://www.franceculture.fr/sciences/les-civilisations-extraterrestres-sont-deja-mortes-et-autres-theories-

      Selon une étude récente, l’être humain n’a pas découvert des traces de vies extraterrestres intelligentes pour une bonne raison : ces dernières auraient d’ores et déjà disparu. Une théorie qui s’ajoute aux nombreuses hypothèses qui tentent d’expliquer le fameux « paradoxe de Fermi ».

  • La femme qui vole au secours de personnes accusées de sorcellerie et d’envoûtement - BBC News Afrique
    https://www.bbc.com/afrique/monde-59579094

    La femme qui vole au secours de personnes accusées de sorcellerie et d’envoûtement

    Harriet Orrell
    BBC 100 Women

    11 décembre 2021

    Monica Paulus a consacré sa vie à faire campagne contre les violences liées aux accusations de sorcellerie.

    « Ils m’ont crié en pleine face : ’Tu l’as tué’ ».

    Lorsque le père de Monica Paulus s’est effondré et est mort d’une crise cardiaque, son frère l’a accusée de l’avoir tué par sorcellerie. Elle a été menacée de mort par torture.

    « C’était choquant pour moi. Tous les amis que j’avais, toute la famille, ils se sont détournés de moi et m’ont fait sentir comme une mauvaise personne », dit-elle.

    « Quand ils m’accusaient, je pouvais sentir le poids de la honte, et celui de la stigmatisation ».

    Monica Paulus a été contrainte de fuir sa ville natale et de vivre en exil dans une autre province de Papouasie-Nouvelle-Guinée, un pays insulaire situé dans le sud-ouest du Pacifique.

    Mais l’histoire de Monica n’est pas unique, et elle aurait pu être bien pire.

    La croyance en la sorcellerie est une croyance profondément ancrée chez de nombreuses personnes en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
    C’est barbare

    Les violences liées à l’accusation de sorcellerie (SARV) sont monnaie courante en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

    Bien qu’il n’existe pas de données fiables permettant d’en connaître la fréquence, les chiffres du gouvernement font état d’environ 6 000 incidents au cours des 20 dernières années.

    Les estimations suggèrent pourtant que ce chiffre est plus élevé, des milliers de victimes - généralement des femmes et des filles - étant accusées chaque année. Les accusées sont souvent soumises à des violences brutales et sexuelles.

    Les accusations font souvent suite à des décès soudains ou à des maladies inexpliquées.

    « Nous parlons de niveaux de violence extrêmes, certains des pires que j’ai jamais vus », déclare Stephanie McLennan, responsable principale des initiatives pour l’Asie à Human Rights Watch, qui a beaucoup travaillé sur la question du SARV.

    « Il y a des attaques de foule très vicieuses et les victimes sont retenues en captivité, torturées, brûlées avec des barres de fer, leurs vêtements sont dépouillés, et elles sont souvent tuées. C’est vraiment barbare ».

    Le cas de Mary Kopari a fait la une des journaux internationaux cette année lorsqu’elle a été brutalement tuée à la suite du décès d’un petit garçon de deux ans.

    Une fois qu’une accusation de sorcellerie est faite, il peut être difficile d’échapper à la violence.

    Elle vendait des pommes de terre sur un marché lorsqu’une foule l’a capturée et brûlée vive. Aucune arrestation n’a été effectuée bien que l’incident ait été filmé et rapporté par les médias locaux.

    Plusieurs autres femmes ont également été prises pour cible mais ont réussi à s’enfuir dans la jungle, explique Mme McLennan.
    Crucifié dans les rues

    Lorsque Monica a dû faire face à sa propre accusation de sorcellerie, elle a également pu s’échapper.

    « Dès qu’ils m’ont accusée de tuer par sorcellerie, j’ai été éliminée. Ils n’avaient pas besoin de preuves. »

    « J’ai été bannie des funérailles de mon père, je n’ai pas pu y participer du tout. Je savais que je n’avais plus de place dans ma famille, ma communauté ou ma tribu », se souvient-elle.

    Elle pense que son frère l’a accusée de sorcellerie pour pouvoir hériter seul de la maison.

    Mais toutes les accusations n’ont pas de motifs financiers - beaucoup découlent de croyances profondément ancrées.

    « La sorcellerie est tellement ancrée dans les gens », explique Monica.

    Les personnes accusées de sorcellerie doivent souvent fuir leurs maisons, leurs tribus et leurs communautés.

    A lire en ce moment sur BBC Afrique :

    Le pays qui n’a vacciné que 3% de sa population et qui va détruire un million de doses du Covid
    Pourquoi tant de géants de la Silicon Valley ont des patrons d’origine indienne ?
    « J’aide d’autres personnes transgenres à échapper à la mort »

    « Même quand j’étais une petite fille, il y avait des meurtres, mais ils étaient acceptés par la communauté , même si les tortures que les victimes subissaient n’étaient pas aussi graves que maintenant. »

    « Avant, ils tuaient en silence, maintenant les femmes sont emmenées dans les rues et crucifiées. C’est vraiment inhumain. »
    Le facteur « Covid-19 »

    Au cours des deux dernières années, l’augmentation du nombre de cas confirmés de Covid-19 pourrait avoir été liée à une augmentation de la violence liée à la sorcellerie, selon Human Rights Watch.

    « La crainte que le Covid n’exacerbe cette crise et la violence fondée sur le genre est une crise a été très forte, déclare Mme McLennan.

    En effet, l’hésitation à se faire vacciner et le refus du Covid sont »énormes" dans le pays, selon Mme McLennan, ce qui signifie que les décès causés par le Covid sont attribués à la sorcellerie.

    Les accusations de sorcellerie font souvent suite à des maladies inexpliquées et la pandémie a accru les cas de VAS.

    Au début de cette année, une femme et sa fille ont été secourues par la police après avoir été retenues en captivité et torturées, accusées de pratiquer la sorcellerie lorsque son mari est mort d’une infection au Covid-19.

    Selon les médias locaux, les deux femmes, âgées de 45 et 19 ans, ont eu les bras cassés et ont été frappées à l’aide de tiges de fer chaudes.

    Le gouvernement du pays a mis en place une commission parlementaire pour lutter contre cette violence.

    Son président, Charles Abel, a déclaré : « la violence est un cancer qui ronge la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la communauté. Nous sommes un pays chrétien, mais tuer des gens au nom de la sorcellerie n’est pas un comportement chrétien. »

    « Des gens sont tués brutalement et cela ne peut être toléré. Le Covid-19 ne fait qu’aggraver la situation, car les gens s’en servent comme excuse pour désigner des sorciers. Cela doit cesser. »

    La violence « sorcière » en chiffres :

    6 000 incidents de VAS, dont environ la moitié ont entraîné la mort, ont été enregistrés en Papouasie-Nouvelle-Guinée entre 2000 et juin 2020, selon un rapport parlementaire sur la violence sexiste.
    Les incidents ne se limitent pas aux communautés rurales - le rapport a également relevé 156 cas documentés dans le district de la capitale au cours des 42 derniers mois.
    19 condamnations par an, en moyenne, ont été enregistrées entre 2010 et 2020 - ce qui montre une légère augmentation suite à l’abrogation de la loi sur la sorcellerie en 2013, qui a supprimé les accusations de sorcellerie comme moyen de défense dans les procès pour meurtre.
    Les chasses aux sorcières des temps modernes ne sont pas propres à la Papouasie-Nouvelle-Guinée - d’autres pays comme l’Arabie saoudite, la Gambie et le Népal connaissent également des incidents de type SARV, selon l’Institut international pour la liberté religieuse.

    La défense des victimes

    Après ses expériences, Monica a mis sa propre vie en danger pour protéger les autres de la chasse aux sorcières.

    « J’ai remarqué un changement depuis que je travaille sur cette question, mais je ne vois pas le changement arriver de sitôt - surtout avec le coronavirus », dit-elle.

    Alors qu’elle vivait en exil dans une autre région de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Monica raconte qu’elle a vu une femme se faire lapider sur une place publique. Un homme avait tenté de la violer, elle lui a mordu la langue et il l’a accusée d’être une sorcière.

    « Elle a été tuée devant des représentants du gouvernement qui ont assisté à la scène », raconte-t-elle. « J’ai su à ce moment-là que je devais faire quelque chose ».

    Monica a cofondé le Mouvement des femmes défenseurs des droits de l’homme des Highlands, une organisation à but non lucratif, et estime qu’elle a sauvé plus de 500 personnes au cours des 15 années qui se sont écoulées depuis qu’elle a commencé à aider les victimes du SARV.

    Les bénévoles apportent leur aide de diverses manières, notamment en matière de relocalisation et de relogement, en fournissant de la nourriture et des conseils juridiques pour que les auteurs de ces crimes rendent des comptes

    Lorsqu’une accusation de sorcellerie est portée, cette étiquette colle également aux enfants de la personne accusée.

    « Relocaliser les gens et sauver des vies est important, mais nous devons obtenir justice pour les femmes. Si les communautés voient la justice s’appliquer, alors peut-être pourrons-nous faire changer les esprits lorsqu’il s’agit d’accusations de sorcellerie », ajoute Monica.

    Depuis qu’elle a commencé ce travail, la maison de Monica a été incendiée. Elle fui le pays et vit maintenant en tant que réfugiée dans l’Australie voisine.

    « C’est très difficile d’être loin de mes trois enfants », dit-elle. « S’ils sont en sécurité, alors je serai en paix, mais je souffre ».
    « Nous avons besoin d’actions »

    La Papouasie-Nouvelle-Guinée a fait l’objet d’un examen périodique universel devant les Nations unies (ONU) le mois dernier, qui a conclu que son gouvernement devait s’attaquer sérieusement aux problèmes de droits de l’homme dans le pays, en particulier la violence sexiste.

    L’Italie et Chypre ont toutes deux insisté auprès du gouvernement papou sur la question du SARV et l’ont exhorté à prendre des mesures pour prévenir les incidents.

    Le gouverneur Allan Bird, vice-président de la commission parlementaire sur la violence sexiste, a déclaré à la BBC que, pour la première fois, un « montant significatif » de financement a été réservé dans le budget 2022 du gouvernement pour lutter contre le SARV.

    Le financement de la lutte contre la violence fondée sur le genre étant limité, c’est à la société civile qu’il incombe d’aider les victimes du SARV.

    Il a ajouté : « Cela devrait permettre aux agences responsables et aux ONG qui crient à l’aide depuis des décennies de répondre enfin... [même si] il reste à voir si nous parviendrons à surmonter les importantes difficultés de mise en œuvre. »

    En attendant, il revient en grande partie aux bénévoles de protéger les victimes.

    « Monica et d’autres militants comblent depuis si longtemps les lacunes que le gouvernement devrait combler », déclare Mme McLennan. « Sans eux, nous aurions tellement plus de morts sur les bras ».

    Et Monica n’abandonne pas le combat.

    « Nous avons besoin d’une action à grande échelle pour voir un changement culturel », dit-elle. « Nous n’avons sauvé que quelques vies ,mais il y en avait tellement que nous ne pouvions pas toutes les sauver ».

    • Et ne comptons pas sur les représentants de Dieu pour aider ces femmes : ils croient eux-mêmes en la sorcellerie.

      Sorcellerie tous azimuts et hibernation de la vie - 24 Heures au Bénin
      https://www.24haubenin.info/?Sorcellerie-tous-azimuts-et-hibernation-de-la-vie

      Le Jésuite Éric de Rosny en mission au Cameroun, avec Les Yeux de ma chèvre en 1981, le jésuite et exorciste camerounais avec Sorcellerie et prière de guérison en 1982, l’exorciste béninois Gilbert Dagnon, avec La prière de délivrance et d’exorcisme en 2006, etc. Chacun de ces livres clame en résumé : « La sorcellerie existe, je l’ai rencontrée. » Et l’on ne doit pas s’étonner que leurs trois auteurs appartiennent au sacerdoce catholique. Disciples de Jésus le Christ, lumière, beauté et bonté, ils ont dû être frappés, effarés par la force de nuisance des sorciers, disciples de Satan, ténèbres, laideur et méchanceté. Alors, ils ont cherché. Et ils ont trouvé, mutas mutandis, les 41 degrés de la sorcellerie découverts par leur émule du campus d’Abomey-Calavi. Le 41ème degré paraît hyper foudroyant : « La 41ème sorcellerie s’achète pour se protéger et protéger sa famille contre toute sorte de sorcellerie. »

    • Et du coup ce type de news fait un peu plus réfléchir :
      TPMP : « On ne veut pas d’elle » "je m’en doutais" « elle a fait de la sorcellerie à Cyril », les twittos choqués par l’arrivée d’une nouvelle chroniqueuse
      https://fr.news.yahoo.com/tpmp-on-ne-veut-pas-delle-degoutant-je-men-doutais-elle-a-fait-de-la-

      J’ai fait un sort d’amour l’année dernière, voilà ce qui est arrivé - Elle
      https://www.elle.fr/Astrologie/Dossier-Astro/J-ai-fait-un-sort-d-amour-l-annee-derniere-voila-ce-qui-est-arrive-3976330

      je me suis alors tournée vers quelqu’un de plus expérimenté : ma sœur. Cette dernière ayant la possibilité de retrouver des affaires perdues juste en fixant la flamme d’une bougie m’informe : « Si tu veux que ça fonctionne, tu dois vraiment y croire. Mais surtout, tu dois le faire très sérieusement. Pas de rire ». Depuis que j’ai retrouvé dans notre congélateur la moitié d’un citron gelé entrelacé d’un fil rouge qui lui aurait servi à se rabibocher avec son ex, je ne remets jamais en doute sa parole (par peur, très certainement).

    • Pendant ce temps en Afrique :
      Sud-Kivu : 30 femmes accusées de sorcellerie ont été brûlées vives en 2021 (AFEM) | Radio Okapi
      https://www.radiookapi.net/2021/12/08/actualite/societe/sud-kivu-30-femmes-accusees-de-sorcellerie-ont-ete-brulees-vives-en

      Trente femmes accusées de sorcellerie ont été brulées vives depuis le début de l’année 2021 au Sud-Kivu, a dénoncé mercredi 8 décembre, l’Association des femmes des médias (AFEM). Cette structure dit avoir documenté plus de 335 cas d’accusations de sorcellerie au cours entre janvier et novembre de la même année.

      Le groupement de Kalonge dans le territoire de Kalehe vient en tête avec 8 femmes tuées, suivi de Sange dans le territoire d’Uvira avec 6 cas, révèle le rapport de l’AFEM, publié dans le cadre de 16 jours d’activisme de lutte contre les violences sexuelles et violences basées sur le genre.

    • Et sur Fox News relayé par Marseille :
      Le district scolaire de Californie encouragerait l’utilisation de la sorcellerie sur les personnes qui disent que « toutes les vies comptent »
      https://www.marseillenews.net/le-district-scolaire-de-californie-encouragerait-lutilisation-de-la-s

      Un district scolaire californien aurait supprimé un lien vers des ressources qui, entre autres, expliquaient comment jeter un sort sur les personnes qui disaient des choses comme « toutes les vies comptent ».

      Ce contenu a été inclus dans le cadre d’un Google Drive pour un « Guide de ressources Black Lives Matter ». Un document sur « Rédiger des invites sur la brutalité policière et la violence raciste » encourage les élèves du secondaire à écrire une « malédiction » pour la police et les autres.

      « Ensorceler les gens est un moyen important d’évacuer la colère et la frustration. Faites une liste de personnes spécifiques qui ont été des agents de la terreur policière ou de la brutalité mondiale », peut-on lire.

      « Cette liste peut être très variée, des petites micro-agressions aux plus gros auteurs (c’est-à-dire des personnes qui disent que » toutes les vies comptent « aux policiers qui arrêtent les manifestants non violents à George Zimmerman). Choisissez l’une de ces personnes sur votre liste. « 

      LA CALIFORNIE PROPOSE UN CURRICULUM AVEC LE NOM CHANTANT D’UN DIEU AZTEC QUI ACCEPTE LE SACRIFICE HUMAIN

      Il ajoute : « Lisez le poème de Martin Espada » Pour le restaurant Jim Crow à Cambridge dans le Massachusetts, où mon cousin Esteban était interdit d’attendre à table parce qu’il porte des dreadlocks « . Écrivez votre propre poème hexadécimal, en maudissant cette personne. » Une autre invite demande aux élèves d’imaginer un monde « sans police ».

      Spencer Lindquist, qui a déjà fréquenté le Campbell Union High School District (CUHSD), a rendu compte du document et de Google Drive pour The Federalist. Selon Lindquist, le lien vers le lecteur a finalement été supprimé, mais une archive Internet le montre comme répertorié sous « Addressing Racialized Violence ».

      La liste de ressources de la CUHSD ressemblait à de nombreux autres districts scolaires qui ont fait surface dans les médias et semblaient refléter un intérêt croissant pour des idéologies telles que la théorie critique de la race (CRT).

      Linquist note comment un enseignant du CUHSD, que le district a couronné enseignant de l’année, a dit aux enseignants de reconnaître « le pouvoir de la théorie critique de la race et de l’utiliser dans nos plans de cours ».

      CLIQUEZ ICI POUR OBTENIR L’APPLICATION FOX NEWS

      CUHSD n’a pas immédiatement répondu à la demande de commentaires de Fox News.

      Alors qu’une grande partie du contenu « d’équité » découvert semble axé sur des questions sociopolitiques, le contenu religieux a également fait surface.

      Chris Rufo, un militant anti-CRT de premier plan, a précédemment rapporté que la Californie proposait un programme comprenant le chant du nom d’un dieu aztèque qui accepte les sacrifices humains.

    • Poland blocks hundreds of migrants at Belarus border

      Poland says it has repelled attempts by migrants to enter the country at its eastern border with Belarus, warning that thousands more were on the way.

      Video footage showed hundreds of people near a barbed-wire border fence, which some tried to force their way through.

      The Polish government called a crisis meeting on Monday and deployed 12,000 troops to the region.

      Poland has accused Belarus of pushing the migrants towards the border, describing it as hostile activity.

      Poland, Lithuania and Latvia say there’s been a surge in the number of people trying to enter their countries illegally from Belarus in recent months. Many of them have come from the Middle East and Asia.

      The European Union has accused Belarus’s authoritarian President Alexander Lukashenko of facilitating the influx in retaliation against sanctions.

      Poland, which has been criticised for pushing back migrants and refugees at its border, has responded to the large number of people arriving there by building a razor-wire fence.

      The Polish Border Guard also said it was closing its border crossing with Belarus at Kuznica from Tuesday morning.

      Conditions for migrants on the border are hostile to the point of being deadly, and fears have been raised for their safety in the region’s sub-zero winter.

      As they are summarily expelled from Poland and Belarus refuses to allow them back in, people are finding themselves stranded and freezing in Poland’s forests. Several have died of hypothermia.
      Polish troops and border guards with shields stop migrants from crossing into the country

      The BBC’s Paul Adams spoke to Barwa Nusreddine Ahmed, the brother of one Iraqi migrant who was at the border with his wife and three children. They arrived in Minsk, the capital of Belarus, last month.

      With little to eat or drink, the people stuck at the border were suffering, Mr Ahmed said.

      He said Monday’s move to the border post was planned on social media by the migrants themselves, but suggested Belarus was pushing them.

      “People know they’re being used [by Mr Lukashenko], but they have no future,” Mr Ahmed said.

      READ MORE: How Belarus is helping ‘tourists’ break into the EU

      On Monday, the Nato alliance said it was worried about “escalation” on the border with Poland and was ready to “maintain safety and security in the region”.

      Meanwhile in Lithuania, the government there moved troops to its border with Belarus to prepare for a possible influx of migrants and was considering declaring a state of emergency.

      https://www.bbc.com/news/world-europe-59206685

    • Belarus escorts 1,000 migrants towards Polish border

      Column of people including children led by border guards in escalation of deadly crisis.

      Belarusian authorities have escorted an estimated 1,000 people, most of whom are from the Middle East, to the Polish border in an escalation of a deadly crisis that has already left people desperate to reach the EU trapped between borders and at least eight dead due to exposure.

      Videos published by Belarusian media on Monday showed armed Belarusian border guards in combat fatigues guiding the column of people, which included families with children, along a highway from the border town of Bruzgi towards a forest that runs alongside Poland’s Podlaskie region as European countries accused the state of using the migrants in a “hybrid attack”.

      Video reports later showed a standoff at the border, where Polish border guards reportedly used teargas to push back people as some in the crowd tried to cut through barbed wire or knock down border fencing to cross the border. Polish helicopters hovered over the scene as some of the migrants chanted, “Germany!”, their desired destination, according to video posted to social media.

      By evening, hundreds had set up tents and lit campfires in a forested border area, suggesting clashes could repeat themselves in coming days as Polish officials have vowed to prevent people from crossing into the country from Belarus.

      Gunshots can be heard in one video posted to social media. It is not clear whether anyone was injured as a result. In the footage, a voice off-camera says that Belarusian border guards had opened fire, possibly in the air. Belarusian officials confirmed that gunshots were audible but claimed they had come from the Polish side of the border.

      Poland and other EU countries have accused Belarus of trying to provoke a new refugee crisis in Europe in revenge for their criticism of Alexander Lukashenko’s brutal crackdown on opposition and European sanctions after the forced landing of a Ryanair flight in May, in effect opening up a new migration route to the bloc.

      One Iraqi Kurdish woman told the Guardian that she was brought to Belarus by a travel agency that provided them with flights to Minsk and then a transfer to the EU’s external border. People can be charged €15,000-€20,000 (£12,800-£17,100) when they reach Belarus.

      The European Commission president, Ursula von der Leyen, said the EU should now extend its sanctions on the Belarusian regime. She said: “Belarus must stop putting people’s lives at risk. The instrumentalisation of migrants for political purposes by Belarus is unacceptable.”

      Von der Leyen also pledged greater support for Poland, Lithuania and Latvia to deal with the crisis and said the EU would explore “how to sanction, including through blacklisting, third-country airlines that are active in human trafficking”.

      The crisis along the European Union’s eastern border has been simmering for months but escalated in the last 24 hours. Poland’s deputy foreign minister, Piotr Wawrzyk, told Polish public radio on Monday that Belarus was trying to cause a “major incident, preferably with shots fired and casualties”, and the defence minister, Mariusz Błaszczak, said 12,000 soldiers were “prepared to defend the Polish border”. Piotr Mueller, the Polish government spokesperson, said there were 3,000 to 4,000 people next to the Polish border.

      Those attempting to cross from Belarus into the EU have become trapped between the two since October, when Polish police were authorised to summarily expel migrants and ignore asylum applications. Belarusian border guards have refused to allow them to turn back, meaning that people from countries including Iraq, Syria and Afghanistan have been left in the inhospitable forests as temperatures drop below freezing.

      Anton Bychkovsky, a spokesman for Belarus’s border guards, told the Associated Press those at the border were seeking to “exercise their right to apply for refugee status in the EU”. He said they had gathered into such a large group in order to avoid “forcible ousting by the Polish side”.

      Crystal van Leeuwen, a medical emergency manager with Médecins Sans Frontières, told the Guardian last week that NGOs must urgently gain access to the secure zone for migrants’ claims and international protection to be respected.

      Poland has reported nearly 30,000 illegal border crossings this year, with more than 17,000 coming in October. Many are attempting to flee to Germany, which said it had received more than 6,100 refugees via Poland from Belarus since the beginning of the year.

      Yet those efforts rarely looked so organised as the mass column on Belarus’s M6 highway on Monday, which critics saw as a dramatic attempt by Lukashenko to increase pressure on his neighbour. Tensions soared between the two countries with the sharp rise in border crossings in October. In one case, Polish officials accused Belarusian troops of firing across the border.

      Belarus has denied it has any hand in directing the flow of migrants. “The indifference and inhumane attitude of the Polish authorities has prompted the refugees to take such a step of despair,” the Belarusian border guard said in a statement on Monday.

      https://www.theguardian.com/world/2021/nov/08/belarus-escorts-hundreds-of-migrants-towards-polish-border?CMP=Share_iO

  • From Sea To Prison. The Criminalization of Boat Drivers in Italy

    Freedom of movement is a right, not a crime. But over the past decade, Italy has arrested thousands of people in connection with driving migrant boats across the Mediterranean Sea. Our report describes their journeys from sea to prison, examining and taking a stand against the criminalization of migration.

    Italy has spent decades pursuing people who have done nothing other than drive a boat of migrants towards its shores, utilizing criminal law, undercover police operations and emergency anti-Mafia powers to re-enforce Europe’s border regime.

    We have spoken to hundreds of people involved – persons accused of boat driving, ex-prisoners, lawyers, researchers, activists, judges and members of the police and Coast Guard – and studied dozens of court sentences to reveal the full extent of Italy’s process of criminalizing migration.
    Life sentences

    The prison sentences that have been issued range from 2 years to 20 years – and sometimes even more. Of the nearly 1,000 cases we have discovered through a systematic media review, we have found 24 people with prison sentences of over 10 years, and 6 people who have received life sentences.
    Imprisoning refugees

    Boat drivers come from many countries, and are often migrants and refugees too. In 2018 and 2019, the police arrested around one person for every hundred migrants who arrived.

    From a review of nearly one thousand cases, we estimate that over a third of the arrestees are from North Africa, 20% from Eastern Europe and 20% from West Africa. Many of the West and North African citizens arrested and imprisoned in Italy were forced to drive boats from Libya, a country they were fleeing from. In the case of the Eastern European boat drivers, many recount that they were tricked into people smuggling.
    Criminalization causes deaths

    Italy, the EU and the UN have consistently claimed that arresting boat drivers is a way of cracking down on human smuggling, in order to prevent deaths at sea. But our report demonstrates that criminalizing boat drivers has actually contributed to some of the worst maritime disasters in recent history.
    Our report examines:

    – available official data on the arrest and imprisonment of boat drivers
    - nearly 1,000 cases reported by the Italian media over the last 10 years
    - how the Italian law has been consistently modified over the last 25 years to criminalize and persecute boat drivers
    - the different kinds of boat drivers punished under the law, including those forced to drive boats under threats and violence
    - how all the sea routes into Italy have been criminalized: from Egypt, Tunisia, Algeria, Libya, Greece and Albania
    - how boat drivers are identified at sea on the basis of faulty photography and unreliable witnesses
    - court cases that fail to protect the rights of arrestees, sentencing people on flimsy evidence with little access to defense
    - how the Italian prison system fails to protect the rights of foreign prisoners, and how boat drivers are prevented from accessing house arrest
    – the social and economic consequences for boat drivers after leaving prison – even if they are found innocent

    Our report demonstrates that:

    – criminalization of migrant boat drivers in Italy has consistently increased over the last 25 years, especially since 2015.
    - criminalizing boat drivers does not prevent deaths at sea – it contributes to shipwrecks and maritime disasters
    - the consequences of being arrested as a boat driver has a serious impact on people’s lives – even if the charges are dropped
    - the rights of imprisoned boat drivers are being overlooked: contact with families is often non-existent, there are almost no translators in the Italian prison system, and access to adequate defense is not protected.

    https://fromseatoprison.info
    #Italie #scafisti #criminalisation #asile #migrations #réfugiés #frontières #Méditerranée #Mer_Méditerranée #criminalisation_de_la_migration
    #rapport #ARCI_Porco_Rosso

    • Migrants: thousands of boat drivers arrested in Italy, new report shows

      Exclusive new report by activists and NGOs reveals scale of Europe’s attack on migration.

      More than 2,500 people have been arrested in Italy for people smuggling over the last 10 years, even when they have done nothing more than drive a boat across the Mediterranean Sea. Hundreds of them are languishing in prisons across Italy, a report released today by ARCI Porco Rosso and Alarm Phone demonstrates.

      It is the first time that public data on arrests of boat drivers has been pulled together and analyzed. Over the past year, Italian police have arrested as many as one migrant for every 100 people who have arrived in Italy by sea, accusing them of ‘facilitating illegal immigration’, a crime that can lead to 15 years imprisonment and millions of Euros in fines. In some cases – when migrants have died during the dangerous journey across the Mediterranean Sea – prison sentences have reached 30 years or even life
      imprisonment.

      The report reviews around 1,000 cases of migrants who have been arrested for people smuggling. Italian law says that anyone who helps migrants enter the country irregularly can face years in prison – even if the accused have done nothing more than drive a boat, and even if they too are migrants.

      Cheikh Sene, a community organizer with ‘Porco Rosso’, who worked on the report, said:
      “I did two years in prison for driving a boat. I saved those people’s lives, we had no choice. Now we want to fight for the freedom and human rights of
      other migrants unjustly in prison."

      “Migrants come to Europe because Europeans are in our countries, everyone should have the right to move where they want to, we’re all humans”, Sene continued.
      The authors spoke to a hundred people for the research - including dozens of criminalized boat drivers, as well as lawyers, judges, members of the Italian Coast
      Guard and prison workers.

      Many migrants are found guilty even when court evidence is extremely weak, the report details. Maria Giulia Fava, a paralegal who co-wrote the report, said:
      “These are politically charged trials. In the man-hunt for a scapegoat, someone to blame for the death and disaster, normal guarantees of a fair
      trial are set aside. The very principles that should be the foundation of criminal law are simply forgotten.”

      The imprisoned migrants come from many different countries. Today’s report estimates that 35% come from North Africa, 20% from West African countries, and
      another 20% from Eastern Europe. These include people from Afghanistan, Bangladesh, Libya, Senegal, Syria and Ukraine.

      The criminalization of migrant boat drivers is part of an increasingly worrying trend in Italy as well as the rest of Europe, where both migrants and those in solidarity with them, including NGO rescue ships, have been subjected to criminal investigations.

      Sara Traylor, an activist from ‘Alarm Phone’ commented:
      “Criminalizing migration is simply part of a violent border system that we need to abolish. Europe needs to acknowledge and take responsibility for its unjust and deadly migration policies, and the consequences these have on the lives of the people they affect. Sending people to jail isn’t going to stop migration or make it any safer.”

      Read the report online: fromseatoprison.info

      For questions on the report or a comment on the findings, contact Richard at
      arciporcorosso@gmail.com or on +393245820120.

      ARCI Porco Rosso is a cultural center and migrant solidarity project in Palermo, Italy.
      Alarm Phone is a transnational network of activists that run a hotline to support people in distress in the Mediterranean Sea.

    • The African migrants who Italy accuses of people smuggling

      In our series of letters from African journalists, Ismail Einashe meets a young Senegalese man who was accused of people smuggling soon after he survived crossing the Mediterranean Sea.

      The 16-year-old from Senegal was relieved to have landed safely in Sicily - staying in what he thought was a migrant reception centre.

      This was in 2015, after he had survived a perilous boat journey from Libya. But two days into his stay he became concerned that the doors to his room were locked shut.

      Unwittingly, in fact, Moussa - whose name has been changed to protect his identity - found himself in prison in Trapani, a port city in the west of the Italian island.

      “This can’t be, I got to Italy and ended up straight in prison. I am 16,” he thought to himself.

      He could not believe what had happened to him - this was not the Europe he had dreamt about before he embarked on the arduous journey from Senegal in search of a better life.

      Moussa would go on to spend almost two years in an adult prison on charges of people smuggling even though he was a minor.

      His case is far from unique.

      In the last decade more than 2,500 people have been arrested in Italy on the same charges, according to a recent report by Palermo-based non-governmental organisation Arci Porco Rosso.

      Those arrested in Italy are accused of aiding and abetting illegal migration, a crime that can result in up to 20 years imprisonment and huge fines.
      ’Used as scapegoats’

      Hundreds of innocent migrants are currently locked up waiting for the legal process to be concluded, according to Maria Giulia Fava, a paralegal who co-authored the report.

      She says that Italy is using people-smuggling laws to criminalise migrants and refugees in an attempt to scapegoat them over immigration levels.

      Migrants are charged on extremely weak evidence, she adds, court hearings are rarely open, there is a lack of adequate access to legal defence, evidence can be based on unreliable witnesses and minors can end up in the adult prison system.

      Cheikh Sene knows the system well.

      He is now a Senegalese community organiser in Sicily’s main city, Palermo, but spent two years in prison after being found guilty of aiding people smuggling and says that many migrants are unjustly kept in prison simply for saving lives at sea. He says that is what happened to him.

      Arci Porco Rosso also states in its report that it came across cases in which Italian police officers offered migrants documents in exchange for their testimony against alleged boat drivers.

      The Italian Ministry of Justice told the BBC that it could not provide information on trials or arrests, but it did provide data on those currently held in prisons on people-smuggling charges. As of 22 March, it said, there were 952 inmates, of which 562 were convicted in Italy for people smuggling

      However, the ministry did not respond to the allegations made in the Arci Porco Rosso report.
      ’Minors in adults prisons’

      In Moussa’s case when his boat landed in Trapani, he was left to disembark and waited with others who arrived at the port for a bus to take them into town.

      But as he stood there he was called over by an Italian official.

      "They asked me to follow them inside. They gave me a paper, and took a picture.

      “Then they made me get in a big car and drove me away. The trip lasted more than two hours, and then they took me to an office.”

      It turned out to be a police station where he was interviewed through a French-speaking Moroccan translator.

      She explained to him that two fellow passengers on the boat had accused him of having steered the vessel.

      He pleaded to know who these two people were, as he could not understand the allegation, but she told him she was a translator and not a lawyer.

      The next morning he was put in a police car.

      “I didn’t know I was being taken to prison. I thought it was a reception centre.”

      He tried to explain that he was a minor. In the prison, he says he had two scans to determine his age. One assessment found that he was a minor, while the other did not.

      Because the results were inconclusive he was placed in an adult prison.

      And he says he was not alone in this. He remembers other young African migrants his age and younger in prison with him.

      He recalls meeting plenty of Gambians, Tunisians, Nigerians and Malians.
      Missed father’s death

      It was nine months before he was able to call his family in Senegal who had presumed he was dead.

      A few months later, on a second call, he found out that his father had passed away.

      In prison he was at least able to study for his Italian middle school qualifications and dreamt of escaping prison.

      Finally, in spring 2017, Moussa got an appeal court hearing date in Palermo.

      But when he walked into the courtroom the judge stood up and said he could not preside over the case of a minor.

      Then, three days later, in the small hours of the morning, guards came to his cell and told him to pack up as he was being released.

      “They walked me to the door and closed it behind me. I was standing there, with a plastic bin bag full of my clothes.”

      He had no idea where to go and one of the guards suggested he take the road and wait until he found other Africans to ask for advice on what he should do.

      That night he arrived at the Piazza Vittoria square in Trapani. There he met some Senegalese who told him to head to Volpita, a migrant camp.

      Eventually Moussa left Volpita after hearing he could make money by picking olives somewhere else.

      After spending many months working there he settled in the popular tourist town of Cefalù, near Palermo, where he now works as a chef in a hotel.

      But his case has not been addressed yet and he remains in a distressing legal limbo.

      His documents have also expired and he is waiting for a new court date.

      As Moussa explains his predicament six years after arriving in Italy he becomes overwhelmed - traumatised by what he had been through. He simply wants the nightmare to end.

      https://www.bbc.com/news/world-africa-60492918

    • Quand les migrants victimes de passeurs sont jugés et condamnés à leur place

      En Grèce, en Italie et au Royaume-Uni, « Libération » a documenté des cas où sur des motifs futiles, la justice a traité de simples migrants comme les agents des réseaux qui les exploitent en monnayant leur passage vers l’Europe. Ils seraient près de 10 000 à être emprisonnés pour cette raison.

      Plus fort que blâmer les victimes : criminaliser les victimes. De nombreux demandeurs d’asile, à peine arrivés aux portes de l’Europe, ont été emprisonnés et accusés d’être des passeurs, leur retirant ainsi toute possibilité de se faire entendre. Notre enquête dans trois pays européens fait état de l’étendue de cette mascarade officielle : 9 862 personnes sont détenues sous cette accusation à travers l’Europe, selon Empact, la plateforme pluridisciplinaire européenne contre les menaces criminelles. Des arrestations qui sont comptabilisées pour tenter de démontrer l’efficacité de la lutte contre les réseaux de passeurs, et qui envoient des migrants innocents en prison pour des années. Dans certains pays, comme la Grèce, les peines de cette justice expéditive peuvent atteindre des dizaines d’années. Ces boucs émissaires sont choisis un peu au hasard – parce qu’ils avaient accepté de tenir une boussole, ou de conduire un canot de fortune jusqu’aux rives européennes. Dans certains cas que Libération a documentés, même appeler les secours peut suffire pour être interpellé, inculpé puis condamné. Au Royaume-Uni, où les traversées clandestines battent tous les records – près de 42 000 migrants ont atteint les côtes anglaises cette année, contre 28 500 en 2021 – le gouvernement conservateur a trouvé le modèle grec assez à son goût pour en faire sa principale arme pour gonfler les statistiques de démantèlement des réseaux, et peu importe si de nombreux demandeurs d’asile sont pris dans les filets tendus pour combattre les réseaux dont ils sont eux-mêmes victimes. Nos révélations interviennent moins de 24 heures après une enquête du journal le Monde démontrant le cynisme révoltant des préposés aux secours pendant le naufrage d’un canot dans la Manche la nuit du 24 novembre 2021, tandis que les gouvernements français et britannique ont signé un nouvel accord pour renforcer les moyens de patrouille et de contrôle. Au mépris du besoin urgent de renforcer l’accès au droit d’asile et aux secours d’urgence.

      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/editorial/quand-les-migrants-victimes-de-passeurs-sont-juges-et-condamnes-a-leur-pl

    • Aux frontières de l’Europe, des migrants devenus boucs émissaires de la « guerre aux passeurs »

      Au Royaume-Uni, en Italie et en Grèce, des demandeurs d’asiles sont régulièrement accusés d’être membres des réseaux criminels dont ils sont eux-mêmes victimes pour avoir piloté un bateau, tenu un GPS ou même appelé les autorités à l’aide. Certains sont emprisonnés après des procès entachés d’irrégularités.

      Lina (1) n’a plus confiance en personne. Assise très droite dans un appartement sur une terrasse d’Athènes, les rideaux tirés, elle n’accepte de parler qu’à la condition que rien ne soit enregistré. La Syrienne de 25 ans, cheveux couverts par un voile noir et maquillage soigné, est venue en bus depuis un camp de réfugiés. Depuis deux ans et demi, elle y élève seule ses enfants de 4, 5 et 6 ans. Leur père, Bassem (1), purge en prison une peine de cinquante-deux ans.

      Ses lèvres tremblent lorsqu’elle relate leurs derniers jours en tant que famille réunie. C’était en mars 2020 : la traversée terrifiante en canot pneumatique depuis la Turquie, pour rejoindre l’île grecque de Chios. L’engrenage se résume en quelques souvenirs. Le passeur turc saute du bateau peu de temps après le début de la navigation et donne la barre à Bassem avec une menace : « Si tu fais demi-tour, on te tue. » Le moteur en panne, les passagers rament avec leurs mains pour enfin atteindre la terre ferme. Son mari sera interpellé par la police grecque pour avoir conduit le rafiot. « Mes enfants demandent chaque jour quand leur père sortira de prison », dit Lina. Ils ne l’ont plus vu depuis son procès, à la cour d’assises de Chios, en avril 2021. Pour avoir « facilité une immigration illégale », l’homme a écopé de dix ans d’emprisonnement, plus une année par personne sur le rafiot, soit cinquante-deux ans, dont vingt ferme. La durée maximale d’emprisonnement en Grèce.

      Depuis, la famille survit dans un camp proche d’Athènes. Lina a appris à coudre pour tenter de gagner un peu d’argent. La survie quotidienne est presque insurmontable : de ses mains, elle mime le geste de se taillader les poignets. Un avocat privé a convaincu le couple de faire appel, mais au prix fort : 10 000 euros. Pour Lina, la seule porte de sortie consiste en un entretien pour bénéficier du droit d’asile, prévu en 2023. Mais si elle reçoit une réponse positive, elle tentera de quitter la Grèce pour un autre pays d’Europe. Quitte à laisser son mari derrière elle. « On ne sait pas quand Bassem sortira, je dois penser d’abord à mes enfants », dit-elle.

      Bassem est l’un des milliers de détenus arrêtés aux portes de l’Europe et accusés d’avoir facilité l’immigration illégale ou pris part au trafic de migrants. Ils étaient 2 282 personnes dans les seules prisons de Grèce début 2022 ; et 9 862 arrêtées à travers l’Europe entre 2018 et 2021, selon Empact, la plateforme pluridisciplinaire européenne contre les menaces criminelles. Des arrestations comptabilisées par les agences européennes pour tenter de démontrer l’efficacité de la lutte contre les réseaux de passeurs.

      Mais parmi ces détenus se trouvent en réalité de nombreux demandeurs d’asile, pris dans les filets tendus pour combattre les réseaux dont ils sont eux-mêmes victimes. Conduire un canot de fortune jusqu’aux rives européennes, tenir un GPS, une boussole ou même appeler les secours peut suffire pour être interpellé, inculpé puis condamné. S’il est difficile d’estimer leur proportion parmi les passeurs arrêtés, les associations de défense des migrants les considèrent comme des boucs émissaires. Ils seraient très nombreux : en Italie, l’ONG sicilienne Arci Porco Rosso estime que plus de 2 500 pilotes de bateaux de migrants, appelés scafisti,ont été arrêtés depuis 2013.

      « Si tu conduis, tu ne paies pas »

      L’atmosphère est souvent tendue dans le tribunal d’Agrigente, dans le sud de la Sicile. Comme ce 15 décembre 2021 où, devant une jeune juge débordée, 36 comparutions se succèdent en une seule journée. Derrière la porte de la salle, une dizaine d’avocats s’impatientent. Certains prévenus sont jugés depuis le centre de détention où ils attendent leur jugement. Ainsi, c’est depuis la prison de Trapani qu’Ahmed Godze rejoint la salle d’audience par visioconférence, l’écran tourné vers la juge.

      De l’Italie, le Tchadien, 26 ans, n’a connu que la distante silhouette des côtes siciliennes et la prison. Un an plus tôt, il était arraché à la mer in extremis par des sauveteurs du navire humanitaire Open Arms, alors que son bateau pneumatique coulait et lâchait ses 111 passagers dans les vagues. Les charges retenues contre lui : facilitation d’immigration clandestine, provocation d’un naufrage, et « décès comme conséquence d’un autre crime ». Six personnes, dont un bébé de 6 mois, ont péri dans le naufrage.

      Lors des audiences précédentes, son avocate italienne a insisté : Ahmed Godze n’a rien d’un passeur. Séquestré par des trafiquants armés dans une maison de transit en Libye, trop pauvre pour pouvoir acheter sa liberté ou fuir la torture, le jeune homme d’alors 20 ans n’avait aucune alternative. Sinon la Méditerranée. « Si tu conduis, tu ne paies pas », lui proposent les passeurs libyens. L’homme qui n’a jamais vu la mer est alors formé pendant une quinzaine de jours à piloter le bateau. Puis « il se retrouve sur cette plage, où des Libyens armés organisent l’embarquement, désignent qui doit monter et où ils doivent se mettre », plaide l’avocate.

      En vain. Pour la procureure italienne à l’audience, « les motivations qui ont poussé Ahmed Godze à partir sont sans importance sur le plan judiciaire ». Le jeune homme a bien reconnu avoir tenu la barre. « Il a également confirmé qu’ils avaient un téléphone satellite pour appeler à l’aide », ajoute-t-elle. « Je suis désolée, nous devons ajourner la séance », annonce la juge, juste avant que les avocats impatients ne fassent irruption dans la pièce. C’est la troisième fois que le procès d’Ahmed Godze est reporté, et la cour a déjà pris plusieurs heures de retard. La procureure requiert une peine de six ans de prison et plus de 2 millions d’euros d’amende. « Considérant le nombre de passagers, c’est une obligation. Je sais que c’est paradoxal, mais c’est ainsi », adresse-t-elle à l’avocate avec un sourire gêné. Deux mois plus tard, il sera finalement condamné à six ans et huit mois d’emprisonnement.

      « Criminaliser des actes sans aucune intention criminelle »

      Selon la loi européenne, le simple fait de tenir la barre du bateau fait d’Ahmed Godze un passeur. Même s’il n’en a tiré aucun profit. Le Parlement européen a mandaté en 2018 une étude pour évaluer la directive européenne sur l’aide à l’immigration illégale, adoptée en 2002. Leur conclusion ? « En l’état, le train de mesures relatives aux passeurs donne aux Etats membres la liberté d’étirer la définition du trafic de migrants jusqu’à criminaliser des actes sans aucune intention criminelle. » Dans de nombreux Etats membres, les lois antipasseurs, qui se sont multipliées, exercent ainsi une pression sur les migrants et les ONG qui les soutiennent. A commencer par les équipages des navires humanitaires qui opèrent en Méditerranée.

      En 2023, un rapport examinera « si le cadre juridique établi en 2002 reste adéquat pour relever les défis actuels ou s’il nécessite une révision », précise une porte-parole de la Commission européenne. Mais jusqu’ici, les autorités se sont penchées uniquement sur les cas d’acteurs humanitaires, sans mentionner les migrants eux-mêmes criminalisés.« Ces outils de justice pénale sont-ils réellement utilisés pour traduire des criminels en justice, ou bien comme un instrument de gestion des migrations et de recul de l’Etat de droit ? » interroge l’un des auteurs de l’étude, Sergio Carrera.

      Qui sont donc ces personnes arrêtées pour avoir piloté un bateau de migrants ? « Il fut un temps où les pilotes faisaient bien partie du réseau de passeurs », rappelle Gil Arias-Fernández, ex-directeur adjoint de Frontex, l’agence de gardes-frontières européenne. Mais au fur et à mesure que les arrestations se sont multipliées, « les réseaux criminels ont commencé à les remplacer par un ou deux migrants ayant quelques notions de navigation ». Face au risque, aussi, que le conducteur périsse dans un naufrage. Une traversée à prix réduit peut parfois convaincre un migrant de tenir la barre. Mais les menaces et violences sont aussi monnaie courante.

      Frontex, de son côté, rejette toute responsabilité dans les arrestations, déclarant qu’elle ne joue qu’un rôle de soutien aux autorités nationales dans la gestion des frontières. Les poursuites et enquêtes criminelles sont « du ressort exclusif des organes de répression et des autorités judiciaires nationales », assure-t-elle. Gil Arias réfute une telle analyse. Et fustige aujourd’hui son ex-agence, accusée de multiples violations des droits de l’homme en Méditerranée. Il doute également de l’efficacité de la « guerre aux passeurs » : ce sont les « lampistes qui tombent », déplore-t-il, alors que les vrais trafiquants et les « chefs de réseaux » ne montent jamais sur un rafiot pour venir en Europe. Ils « restent évidemment en sécurité dans leur pays, et dans la plupart des cas n’ont probablement aucun contact avec les migrants ».

      Pourtant, les enquêtes policières et les efforts pour démanteler ces réseaux se déploient le plus généralement dans les zones de passage. « Les personnes arrêtées sont souvent tout en bas de la chaîne et facilement remplaçables », dénonce Maddie Harris, fondatrice de l’ONG britannique Humans for Rights qui documente les violations des droits des migrants et réfugiés à travers l’Europe. Sur les plages françaises, elle raconte avoir souvent vu des jeunes hommes ou mineurs isolés « contraints de conduire les bateaux ou de fermer les portes des camions. Il est absolument évident que ceux qui conduisent les bateaux ne sont pas des passeurs ».

      Médecins sans frontières, qui opère un navire humanitaire en Méditerranée, ne dit pas autre chose. « Notre longue expérience de sauvetage en Méditerranée nous a montré que certains survivants sont contraints de conduire des bateaux, souvent sous la menace ou à la suite d’actes de violence, assure l’ONG. Le comportement agressif des gouvernements et de la justice est donc injustifié. » Un migrant secouru par l’association en novembre 2021 encourt actuellement trente ans de prison en Italie, pour un naufrage qui a fait dix victimes. « Nous appelons à davantage d’efforts pour réduire les dangers des parcours de migration en créant des voies d’entrée légales, plutôt que de criminaliser ceux qui, en conduisant un bateau, tentent d’assurer leur propre sécurité et celle des autres », résume MSF. « Les efforts pour dissuader les passeurs peuvent et doivent être faits de manière à éviter que des personnes fuyant des persécutions ou des conflits dans leur pays d’origine ne soient doublement pénalisées », confie de son côté Stella Nanou, du Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU en Grèce.

      « Je suis un réfugié, pas un passeur »

      Moins d’une semaine après le procès d’Ahmed Godze, à l’autre bout de l’Europe, une scène désormais familière se joue dans l’imposante salle d’audience de la cour d’appel de Londres. Quatre hommes ont fait appel de leur condamnation pour « facilitation d’immigration clandestine ». Au Royaume-Uni, où les traversées clandestines battent tous les records – plus de 40 000 migrants ont atteint les côtes anglaises cette année, contre 28 500 en 2021 –, le gouvernement conservateur ne cache pas s’être inspiré des modèles grec et italien. Selon des chiffres que Libération a pu obtenir, plus de 900 personnes ont été arrêtées depuis 2015 pour ce chef d’inculpation dans le seul comté anglais de Kent, où accostent la plupart des « small boats ».

      Mais en août 2021, la chambre criminelle de la cour d’appel a jugé qu’une traversée de la Manche n’était pas une entrée clandestine si les passagers se présentaient aux autorités maritimes ou portuaires pour demander l’asile. Un conducteur de bateau de migrants ne peut donc pas être condamné pour cette traversée. Une jurisprudence qui bouleverse les poursuites judiciaires survenues jusqu’alors. Depuis cette décision, une douzaine de personnes ont vu leur condamnation annulée, et des poursuites ont été abandonnées pour au moins dix cas. Sollicité, le ministère de l’Intérieur britannique n’a pas répondu.

      Ce jour-là, sur le dernier banc de la salle d’audience numéro 14, Samyar Ahmadi Bani est assis, bracelet électronique à la cheville et le visage cerné. Après deux ans et demi de détention, cet Iranien de 38 ans est en liberté conditionnelle depuis peu. A la rue, il n’a nulle part où dormir à la sortie de l’audience. « Quand je dors, je fais des cauchemars où la police anglaise vient m’arrêter et me renvoie en Iran », souffle-t-il dans un anglais balbutiant. Même s’il a déjà purgé sa peine, Samyar Bani entend restaurer sa réputation, qu’il estime entachée par sa condamnation et la couverture médiatique qui a suivi. « Je l’ai dit à la police britannique : je suis un réfugié, pas un passeur, explique-t-il. Mais ils m’ont quand même mis en prison. »

      « Restaurer ma dignité »

      Samyar Bani dit avoir fui l’Iran après s’être converti au christianisme et avoir subi une flagellation publique pour avoir consommé de l’alcool. Débouté de l’asile en Allemagne, il a d’abord payé 700 euros pour une première traversée de la Manche, qui n’a pas abouti. Il a alors organisé une deuxième tentative avec cinq autres Iraniens. Dans son smartphone, des preuves retenues contre lui lors de son procès : l’achat de deux canots pneumatiques en avril et en mai 2019, et des recherches sur les conditions météorologiques la veille de leur départ. Selon le dossier judiciaire, Samyar Bani aurait également tenu la barre « pendant approximativement deux minutes », pour se diriger vers un navire de la Border Force britannique qui a intercepté le bateau en mer. Il s’interroge : « Si je retourne en Iran, je serai tué. Mais en venant ici, j’ai été condamné à cinq ans de prison. Est-ce que le monde entier sera contre moi ? » Quelques jours après sa comparution devant la cour d’appel, il est finalement acquitté. Victoire au goût amer. « J’essaie de déposer une plainte pour mon emprisonnement injustifié et pour restaurer ma dignité », nous a-t-il écrit récemment.

      Si Samyar Bani avait été arrêté cette année, il aurait pu écoper d’une peine de prison à vie. En effet, malgré les évolutions de la jurisprudence, les arrestations n’ont pas cessé pour autant au Royaume-Uni, dans le sillage d’un durcissement des politiques migratoires en cours depuis le Brexit. En avril, le Parlement a approuvé un « plan immigration » censé combattre les « infâmes passeurs de migrants ». L’une des mesures phares : les conducteurs des rafiots qui traversent la Manche encourent désormais la réclusion à perpétuité. Les migrants « ont tellement de raisons d’avoir peur quand ils arrivent ici, assure Maddie Harris, de Humans for Rights.Ces mesures ne font que les pousser encore plus dans les mains des passeurs et des gangs criminels. Et continuer à détruire leurs vies. »

      « Nous attendons sa libération depuis quatre ans »

      Ce raidissement des politiques n’épargne aucun des pays européens. Surtout ceux qui sont les principales portes d’entrée du supposé eldorado continental. Des accusés ont ainsi récemment défilé devant la cour d’assises de l’île de Samos, en Grèce. Parmi les 26 cas jugés sur deux jours, la moitié est alors liée au trafic de migrants. Jeunes et amaigris, les accusés ont la tête baissée, le regard éteint. Comme Dimitris Choulis, qui attend dans un café voisin. Son téléphone ne cesse de vibrer : des messages Facebook de clients en prison qui lui demandent de l’argent, du crédit téléphonique ou des nouvelles de leurs proches. Cet avocat natif de Samos est devenu une référence pour les passeurs boucs émissaires.

      Depuis près de deux ans, au sein du collectif Human Rights Legal Project et avec l’association allemande Borderline Europe, il s’efforce de repérer des pilotes de bateaux dans les prisons grecques et leur propose une représentation bénévole. Huit de leurs clients ont ainsi pu être acquittés. Quelques-uns ont été relâchés en liberté conditionnelle ou ont vu leurs peines réduites. « Toutes ces personnes devraient être acquittées parce qu’elles ont dû commettre cet acte illégal pour pouvoir demander l’asile,explique Dimitris Choulis. Mais ils ne les acquittent jamais. Alors nous supplions le tribunal d’au moins leur accorder la peine la moins sévère possible. »

      « Si ce procès est encore reporté, je suis presque sûr que mon frère se donnera la mort. »

      -- Hamza Gawish, frère d’un migrant accusé d’être passeur
      Jassim Gawish, 30 ans, lui, ne s’est pas déplacé pour l’audience. Depuis cinq ans, il croupit en cellule : son appel a été reporté à trois reprises. En février, il attend fiévreusement, depuis la prison de Domokós dans le centre de la Grèce, un appel de Dimitris Choulis. En Syrie, dans une ville près de la frontière turque, son frère Hamza Gawish n’a pas non plus dormi de la nuit. « Nous attendons sa libération depuis quatre ans, nous sommes très inquiets », écrit-il par SMS. Jassim a déserté l’armée syrienne« parce qu’il refusait de tuer des innocents », explique Hamza. Il l’assure : s’il a finalement accepté de conduire le canot pneumatique, c’est parce qu’il n’avait pas de quoi payer la traversée. Depuis, pour soutenir Jassim en prison, la famille s’est lourdement endettée. « Si ce procès est encore reporté, je suis presque sûr que mon frère se donnera la mort », s’inquiète Hamza.

      La salle d’audience est inhabituellement calme : le président de la cour maintient l’ordre d’une main de fer, n’hésitant pas à crier sur les perturbateurs. « Ces personnes sont accusées de crimes très graves, personne ne devrait avoir à passer ne serait-ce qu’un jour en prison s’il est innocent », annonce le magistrat. Une neutralité qui surprend les avocats présents, habitués à des procès expéditifs. Une étude publiée en Grèce en 2020, menée par trois ONG sur 48 cas dans les îles égéennes, évalue la durée moyenne des audiences à trente-huit minutes. Pour des condamnations extrêmement lourdes : quarante-neuf ans de prison en moyenne, dont dix-neuf ferme.

      Cette fois-ci, la requête de Jassim Gawish est acceptée : en attendant son appel, il va retrouver une liberté (conditionnelle). Huit mois plus tard, le 19 octobre, la cour d’appel de Samos commue finalement sa peine à seulement trois ans avec sursis. Enfin, Jassim ressort libre du tribunal. Mais « il a perdu cinq années de sa vie qu’il ne récupérera pas, même si le système judiciaire a reconnu son erreur », déclare Dimitris Choulis. Si Jassim ne regrette pas le geste qui l’a mené ici, il en veut toujours à la justice grecque et son avocat commis d’office. « Je n’ai même pas pu parler avec mon premier conseil. Il est juste venu une fois à l’audience, a parlé en mon nom, et a disparu. » Son procès en première instance a duré « cinq minutes » à l’issue desquelles il a écopé de cinquante-cinq ans de prison.

      « On m’a dit de signer, alors j’ai signé »

      En Grèce comme en Italie, les associations dénoncent des procès à la chaîne. Rares sont les magistrats qui prennent le temps nécessaire pour étudier les conditions particulières de chaque individu et les potentielles circonstances atténuantes. « Si la justice est ainsi, nous n’avons pas besoin de juges, seulement de calculatrices », ironise l’avocat des migrants Dimitris Choulis. Loin des préceptes de la Convention européenne des droits de l’homme qui énoncent qu’un « accusé doit également disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense ». « Vous avez un avocat que vous n’avez jamais rencontré, et votre procès durera dix minutes. Il y aura un officier de la police portuaire qui dira “oui, il conduisait le bateau”, ils liront le témoignage d’un passager du bateau qui dit vous reconnaître. Le juge calculera le nombre de passagers et vous irez en prison », résume Dimitris Choulis.

      Les interpellations reposent souvent sur des preuves très minces. Un manuel interne à l’ancienne mission militaire de l’Union européenne en Méditerranée, Opération Sophia, que nous avons pu consulter via une demande d’accès à des documents administratifs, établit ainsi une liste de critères très discutable pour identifier un passeur de migrants. Avoir une « meilleure apparence physique que les autres », être « plus âgé » ou « plus jeune », « excessivement poli ou coopératif » ou encore « d’une extrême nervosité » sont autant d’indices qui, selon le manuel, doivent piquer l’intérêt des forces de police et justifieraient des arrestations et une enquête plus approfondie.

      « Si pour une raison quelconque vous vous faites remarquer, qu’on voit votre visage, vous pouvez être accusé. »

      -- Dimitris Choulis, avocat
      « Dans ce genre de cas, vous devriez être invisible, résume Dimitris Choulis. Si pour une raison quelconque vous vous faites remarquer, qu’on voit votre visage, vous pouvez être accusé. » Des déclarations de témoins, recueillies dès leur arrivée sur la terre ferme, ou même parfois d’un unique agent de police ou des gardes-côtes, suffisent pour confondre un suspect. En Italie, les migrants prêts à désigner leurs passeurs se voient même promettre un titre de séjour. Avec les risques de délation que cela comporte. « Je n’ai jamais vu de témoins au tribunal : les seules personnes présentes, ce sont des policiers qui étaient là, jurent-ils, quand le bateau est arrivé en Grèce »,dénonce Maria, une traductrice grecque qui souhaite rester anonyme. Pendant plusieurs années, elle a officié pour la police et le procureur sur l’une des îles égéennes. Elle garde un souvenir brûlant du jour où elle a dû annoncer à un homme sa peine de cent seize années d’emprisonnement. De son côté, le porte-parole des gardes-côtes grecs assure que « toutes les poursuites criminelles ont été engagées à la suite de procédures d’enquête préliminaire détaillées et de témoignages des personnes secourues par les gardes-côtes, témoignages qui désignent clairement les facilitateurs ».

      « J’ai passé un mois en prison sans même me rendre compte que j’étais arrivé en Italie – ou même que j’étais en prison, raconte Osmane (1), trentenaire venu du Mali qui a purgé trois ans et trois mois dans une cellule italienne. J’ai reçu un papier du tribunal, en anglais. Je ne le comprenais pas, mais on m’a dit de signer, alors j’ai signé. » Ce n’est que plus tard, lorsqu’un codétenu gambien parvient à lui traduire le document, qu’il comprend qu’il a signé des aveux. « J’étais vraiment blessé, parce que c’est un mensonge, dit-il. Oui, j’ai conduit le bateau. Mais pas de mon plein gré. »

      Ils sont des centaines, « facilitateurs » ou passeurs lampistes, comme Osmane, Jassim ou Bassem, à croupir dans des cellules en Europe. Comme celles dans la prison de l’île grecque de Chios, juchée au sommet d’une colline, fait face à la mer Egée. A l’horizon, les rives de Turquie rappellent aux prisonniers la traversée périlleuse jusqu’en Grèce. Parmi les détenus : Ghazal Mohammad, un jeune Syrien condamné à trente-cinq ans en appel, un Somalien qui purge cent quarante-deux ans ou encore deux pères de famille afghans qui ont écopé de cinquante ans chacun pour avoir piloté un canot pneumatique.

      Ces jours-ci, l’ambiance y est plutôt à l’optimisme. Quelques récents procès en appel ont vu les accusés sortir libres des tribunaux des îles égéennes. Mais les avocats restent prudents. « Ce dont on rêve, c’est de changer cette législation, espère ainsi Alexandros Georgoulis, qui exerce à Chios. Mais il faudrait une initiative à l’échelle européenne : les autorités grecques ne le feront pas d’elles-mêmes. » Et les arrestations n’ont pas cessé pour autant. Récemment, deux voiliers en provenance de Turquie ont échoué sur les côtes rocheuses de l’île de Cythère, dans le sud de la Grèce, qu’ils entendaient contourner pour atteindre la Calabre. Trois Turcs ont été interpellés : le plus jeune avait 17 ans. Près de 16 000 personnes auraient ainsi accosté sur la pointe de la botte italienne depuis le début de l’année, espérant notamment échapper aux refoulements illégaux par les gardes-côtes grecs, que de nombreux migrants et associations dénoncent mais que le gouvernement nie catégoriquement. La seule issue humaine, selon Dimitris Choulis : offrir un passage sûr pour permettre aux réfugiés et aux migrants de demander l’asile. « Dans ce cas, alors, on combattrait les passeurs. Mais là, ce que l’on fait ici, c’est de voler la chose la plus précieuse que quelqu’un possède : le temps. Nous volons du temps à leurs vies. »

      (1) Les prénoms ont été modifiés pour éviter des répercussions sur les demandes d’asile en cours.

      https://www.liberation.fr/international/aux-frontieres-de-leurope-des-migrants-devenus-boucs-emissaires-de-la-gue

  • Le #Royaume-Uni va accorder 10.500 #visas post-Brexit face aux pénuries de #main-d'oeuvre

    Le Royaume-Uni va accorder jusqu’à 10.500 visas de travail provisoires en réponse à des pénuries de main-d’oeuvre, un virage inattendu en matière d’immigration après le Brexit, pris samedi par le gouvernement.

    Ces permis de trois mois, d’octobre à décembre, doivent pallier un manque criant de #chauffeurs routiers mais aussi de personnel dans des secteurs clés de l’#économie britannique, comme les #élevages de volailles.

    Ces derniers jours et malgré des appels du gouvernement à ne pas paniquer, les #stations-service ont été prises d’assaut en raison de ruptures de stocks qui touchent aussi les rayons de produits agroalimentaires.

    Pour l’instant, le gouvernement n’a pas donné suite aux appels l’exhortant à déployer des soldats pour aider à la distribution du #carburant.

    Cette décision de rouvrir les vannes de l’#immigration_professionnelle va à l’encontre de la ligne défendue par le Premier ministre Boris Johnson, dont le gouvernement ne cesse d’insister pour que le Royaume-Uni ne dépende plus de la #main-d'oeuvre_étrangère.

    Pendant des mois, le gouvernement a essayé d’éviter d’en arriver là, malgré les avertissements de nombreux secteurs économiques et le manque estimé de 100.000 #chauffeurs_routiers.

    Outre ces #visas_de_travail, d’autres mesures exceptionnelles doivent permettre d’assurer l’approvisionnement avant les fêtes de #Noël, a mis en avant le secrétaire aux Transports, Grant Shapps.

    Les examinateurs du ministère de la Défense seront mobilisés pour faire passer des milliers de #permis_poids-lourds dans les semaines qui viennent.

    – « Insuffisant » -

    Le ministère de l’Education et ses agences partenaires vont débloquer des millions de livres sterling pour former 4.000 #camionneurs en mettant sur pied des camps de formation afin d’accélérer le rythme.

    M. Shapps a aussi appelé les employeurs à jouer le jeu « en continuant d’améliorer les #conditions_de_travail et les #salaires pour retenir de nouveaux chauffeurs ».

    Sous pression, le gouvernement va battre le rappel de tous les détenteurs du permis #poids-lourds : un million de lettres doivent partir pour demander à ceux qui ne conduisent pas de retourner au travail.

    Toutefois, la présidente de la Chambre de commerce britannique Ruby McGregor-Smith a estimé que le nombre de visas était « insuffisant » et « pas assez pour régler un problème d’une telle ampleur ».

    « Cette annonce équivaut à vouloir éteindre un feu de camp avec un verre d’eau », a-t-elle déclaré.

    Boris Johnson faisait face à une pression croissante. La crise du Covid-19 et les conséquences du Brexit ont accentué les #pénuries, qui se conjuguent à une envolée des #prix de l’énergie.

    Des usines, des restaurants, des supermarchés sont affectés par le manque de chauffeurs routiers depuis des semaines, voire des mois.

    Le groupe de produits surgelés Iceland et la compagnie de vente au détail Tesco ont mis en garde contre des pénuries à l’approche de Noël.

    La chaîne de restauration rapide McDonald’s s’est trouvée en rupture de milkshakes et de boissons le mois dernier. Son concurrent KFC a été contraint de retirer des articles de son menu, tandis que la chaîne Nando’s a fermé provisoirement des douzaines de restaurants faute de poulets.

    https://www.courrierinternational.com/depeche/le-royaume-uni-va-accorder-10500-visas-post-brexit-face-aux-p
    #post-brexit #Brexit #travail #pénurie_de_main-d'oeuvre #travailleurs_étrangers #UK #Angleterre #transport_routier

    ping @karine4

    • Hauliers and poultry workers to get temporary visas

      Up to 10,500 lorry drivers and poultry workers can receive temporary UK visas as the government seeks to limit disruption in the run-up to Christmas.

      The government confirmed that 5,000 fuel tanker and food lorry drivers will be eligible to work in the UK for three months, until Christmas Eve.

      The scheme is also being extended to 5,500 poultry workers.

      The transport secretary said he did not want to “undercut” British workers but could not stand by while queues formed.

      But the British Chambers of Commerce said the measures were the equivalent of “throwing a thimble of water on a bonfire”.

      And the Road Haulage Association said the announcement “barely scratches the surface”, adding that only offering visas until Christmas Eve “will not be enough for companies or the drivers themselves to be attractive”.

      Marc Fels, director of the HGV Recruitment Centre, said visas for lorry drivers were “too little” and “too late”.

      However, the news was welcomed by freight industry group Logistics UK, which called the policy “a huge step forward in solving the disruption to supply chains”.

      A shortage of lorry drivers has caused problems for a range of industries in recent months, from supermarkets to fast food chains.

      In recent days, some fuel deliveries have been affected, leading to lengthy queues at petrol stations - despite ministers insisting the UK has plenty of fuel.

      There are reports of dozens of cars queuing in London by 07:00 BST on Sunday morning, while many filling stations had signs up saying they had no fuel.

      Transport Secretary Grant Shapps told the BBC’s Andrew Marr that there was enough fuel in the country and that if people were “sensible” and only filled up when they needed to there would not be shortages.

      As well as allowing more foreign workers, other measures include using Ministry of Defence examiners to increase HGV (heavy goods vehicle) testing capacity, and sending nearly one million letters to drivers who hold an HGV licence, encouraging them back into the industry.

      Officials said the loan of MoD examiners would help put on “thousands of extra tests” over the next 12 weeks.

      Recruitment for additional short-term HGV drivers and poultry workers will begin in October.

      Mr Shapps said: “We are acting now, but the industries must also play their part with working conditions continuing to improve and the deserved salary increases continuing to be maintained in order for companies to retain new drivers.”
      Survey findings about why there are driver shortages

      Logistics UK estimates that the UK is in need of about 90,000 HGV drivers - with existing shortages made worse by the pandemic, tax changes, Brexit, an ageing workforce, and low wages and poor working conditions.

      The British Poultry Council has previously warned it may not have the workforce to process as many turkeys as normal this Christmas because it has historically relied on EU labour - but after Brexit it is now more difficult and expensive to use non-UK workers.

      The Department for Transport said it recognised that importing foreign labour “will not be the long-term solution” to the problem and that it wanted to see employers invest to build a “high-wage, high-skill economy”.

      It said up to 4,000 people would soon be able to take advantage of training courses to become HGV drivers.

      This includes free, short, intensive courses, funded by the Department for Education, to train up to 3,000 new HGV drivers.

      These new “skills bootcamps” will train drivers to be road ready and gain a Cat C or Cat C&E license, helping to tackle the current HGV driver shortage.

      The remaining 1,000 drivers will be trained through courses accessed locally and funded by the government’s adult education budget, the DfT said.

      Fuel tanker drivers need additional safety qualifications and the government said it was working with the industry to ensure drivers can access these as quickly as possible.

      Mr Fels said many young people were “desperate” to get into the industry but couldn’t afford the thousands of pounds it costs to get a HGV license.

      He called for the government to recognise the industry as a “vocation” and offer student loans to help fund training.

      Sue Terpilowski, from the Chartered Institute of Logistics and Transport, said conditions for drivers also needed to improve, pointing out that facilities such as overnight lorry parks were much better on the continent.

      Richard Walker, managing director at supermarket Iceland, said it was “about time” ministers relaxed immigration rules in a bid to solve the HGV driver shortage and called for key workers, including food retail workers, to be prioritised at the pumps.

      On Saturday the BBC spoke to a number of drivers who had queued or struggled to get fuel.

      Jennifer Ward, a student paramedic of three years for Medicare EMS, which provides 999 frontline support to the East of England Ambulance Service, said she had to travel to five stations to get diesel for her ambulance.

      Matt McDonnell, chief executive of Medicare EMS, said a member of staff cancelled their shift because they had been unable to get fuel and said he was waiting to see if the government would introduce measures to prioritise key workers, like they had for shopping during the pandemic.
      ’Thimble of water on a bonfire’

      Industry groups the Food and Drink Federation and Logistics UK both welcomed the visa changes, with federation chief Ian Wright calling the measures “pragmatic”.

      But the British Retail Consortium said the number of visas being offered would “do little to alleviate the current shortfall”.

      It said supermarkets alone needed an additional 15,000 HGV drivers to operate at full capacity ahead of Christmas.

      Labour’s shadow foreign secretary Lisa Nandy said the changes were needed but described them as “a sticking plaster at the eleventh hour”.

      “Once again the government has been caught asleep at the wheel when they should have been planning for months for this scenario,” she told the BBC.

      https://www.bbc.com/news/business-58694004