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  • How Putin Played the Far Left - The Daily Beast
    http://www.thedailybeast.com/articles/2017/01/13/how-putin-played-the-far-left.html

    At times, the substance and style of what has been dubbed the “alt-left” is indistinguishable from its counterpart on the other end of the political spectrum. And Moscow’s info-warriors appear to appreciate the resemblance, as the American arm of Sputnik exhorted supporters of Bernie Sanders to vote for Trump (as did Trump himself, repeatedly).
    […]
    What remains of the internationalist wing of the Republican party is understandably unnerved by how much of the American right has happily aligned with Putin’s spymasters and arms-length purveyors of “active measures” and provided cover for a foreign government’s interference in a U.S. election.

    But the American left has just as much reason to take stock. Ideologically promiscuous and unbound by the orthodoxies of a single party or historical narrative, Putin has cultivated dupes, fellow travelers, and purblind fools among plenty of American progressives who, whether by accident or design, have facilitated the rise of the most extremist and reactionary president this country has ever elected.

  • La principale référence sur les massacres de civils à Alep avant-hier, c’était l’article de The Daily Beast, désormais titré Women in Aleppo Choose Suicide Over Rape, Rebels Report
    http://www.thedailybeast.com/articles/2016/12/12/last-rebels-in-aleppo-say-assad-forces-are-burning-people-alive.html

    Sa plus sensationnelle affirmation, présentée sur une ligne sortie du paragraphe, ce qui en renforce l’impact :

    “This morning 20 women committed suicide in order not to be raped.”

    Phrase attribuée à « Abdullah Othman, the head of the Consultative Council in the Levant Front ».

    Personne ne semble avoir relevé que l’un des auteurs de l’article est Michael Weiss.

    Lequel était présenté par Richard Silverstein, en janvier 2012, comme « Pro-Israel neocon hawk Michael Weiss » et « a Perle-Wolfowitz-type ». Rien que ça. L’article réagissait à un article dans Foreign Affairs Magazine dans lequel Weiss se vantait d’avoir écrit un « plan » pour appeler à une « intervention militaire étrangère » en Syrie, plan adopté par le SNC. Article explicitement titré What it Will Take to Intervene in Syria :
    https://www.foreignaffairs.com/articles/syria/2012-01-06/what-it-will-take-intervene-syria

    …The SNC [Syrian National Council] launched its official Web site [which], drawing on a blueprint I prepared…[made an] aggressive call for foreign military intervention…

    Moon of Alabama avait tracé (10 janvier 2012) le portait de ce Michael Weiss au sein de la Henry Jackson Society :
    http://www.moonofalabama.org/2012/01/neocon-israel-mouthpiece-writes-syrian-opposition-policy-paper.html

    En juillet 2012, un billet de Charlie Skelton dans le Guardian complétait un portrait tout à fait édifiant :
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2012/jul/12/syrian-opposition-doing-the-talking
    Traduit en français par Djazaïri sur le blog Mounadil :
    https://mounadil.wordpress.com/2012/07/16/syrie-et-propagande-guerriere-un-article-essentiel-de-charlie-sk

    Un des experts de la Syrie les plus cités dans les médias occidentaux – et un enthousiaste d’une intervention occidentale – Michael Weiss fait écho à l’ambassadeur Ross quand il dit : Une intervention militaire en Syrie n’est pas tant une question de préférence que d’inévitabilité. »

    Certains écrits interventionnistes de Weiss peuvent être trouvés sur le site web beyrouthin pro-Washington appelé ‘NOW Lebanon’ – dont la section ‘NOW Syria’ est une source importante d’actualités syriennes. NOW Lebanon a été créé en 2007 par Eli Khoury, un cadre de Saatchi & Saatchi. Khoury est présenté dans l’industrie publicitaire comme « un spécialiste de la communication stratégique, spécialisé dans le développement de l’image de marque des entreprises et des gouvernements. »

    En mai dernier, Weiss avait déclaré à NOW Lebanon que grâce à la fourniture d’armes aux rebelles Syriens, « nous avons déjà commencé à voir quelques résultats. » Il avait montré une approbation semblable pour les développements militaires quelques mois auparavant dans un article pour le New Republic : « Au cours des dernières semaines, l’Armée Syrienne Libre et d’autres unités rebelles indépendantesont fait de gros progrès – à la suite de quoi, comme tout blogueur peut le faire, il avait présenté son « Plan d’action pour une intervention militaire en Syrie. »

    Mais Weiss n’est pas seulement un blogueur. Il est aussi le directeur de la communication et des relations publiques de la Henry Jackson Society, un thinktank de politique étrangère ultra-ultra-belliciste.

    Parmi les parrains de la Henry Jackson Society à l’international, figurent : James « ex-CIA boss » Woolsey, Michael « secrétaire à la sécurité intérieure » Chertoff, William « PNAC » [Project for a New American Century] Kristol, Robert « PNAC » Kagan’, Joshua « Bomb Iran » Muravchick, et Richard « Prince des Ténèbres » Perle. La société est dirigé par Alan Mendoza, conseiller en chef du groupe parlementaire interpartis sur la sécurité internationale et transatlantique.

    La Henry Jackson Society est intransigeante sur sa « stratégie avancée » pour la démocratie. Et Weiss est chargé du message. La Henry Jackson Society est fière de la grande influence de son chef des relations publiques : « Il est l’auteur de l’influent rapport « Intervention en Syrie ? Une évaluation de la légalité, de la logistique et des risques, » qui a été repris et approuvé par le Conseil national Syrien. »

    Le rapport original de Weiss a été rebaptisé « Safe Area for Syria » – et a fini sur le site web officiel syriancouncil.org, comme pièce de la littérature stratégique de leur bureau militaire. La reprise du rapport de la Hery Jackson Society a été orchestrée par le fondateur et directeur exécutif du Strategic Research and Communication Centre (SRCC) – un certain Ausama Monajed.

    Je ne sais pas comment on peut citer un type aussi toxique de manière aussi unanime. Vraiment, ça me dépasse.

    Accessoirement, en fin de page, on nous informe qu’il y a du « additional reporting by Musab Al-Hamadee ». Sans préciser que Musab al-Hamadee n’est un pas simple journaliste, mais un activiste qui, dès août 2012, réclamait déjà une intervention militaire étrangère :
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/08/08/comment-s-organise-l-opposition-interieure-en-syrie_1743592_3232.html

    Contrairement à la CGRS, les CLC comptent dix représentants au Conseil national syrien (CNS) : Omar Idlibi, Leïla Al-Safadi, Suzanne Al-’Ilmi, Yasser Al-Najar, Humam Hadad, Jawan Yousef, Khalil Al-Haj Saleh, Rami Nakhla, Muhammad Al-Abdallah et Yasmine Barazi. Interrogé sur sa position vis-à-vis du CNS, Musab Al-Hamadee, 30 ans, professeur d’anglais, responsable du bureau médiatique de Hama, répond : « Notre Comité fait partie du Conseil national syrien. […] Nous savons que certains opposants ne peuvent pas travailler sur le terrain car ils seraient immédiatement emprisonnés ou tués. Pour ces raisons, j’accepte personnellement qu’ils parlent en notre nom et je voudrais que la communauté internationale les intègre et les soutienne mieux ».

    Tout comme la CGRS, les CLC travaillent en étroite coopération avec l’Armée syrienne libre (ASL) et sont pour une intervention internationale limitée. « Nous voulons que la communauté internationale réalise que le régime de Bachar Al-Assad ne comprend que le langage de la violence, des meurtres et des bombardements, et qu’il n’a rien à nous offrir sur le plan politique. Nous voulons qu’elle aide le peuple syrien à se débarrasser de ce régime en fournissant des armes et un soutien militaire à l’ASL, en mettant en place une zone d’exclusion aérienne et en lançant des frappes aériennes ciblées », explique Musab.

    La seconde très importante source, ce jour-là, utilisée pour affirmer qu’il y a des massacres de civils était attribuée à l’« ONU ». Mais en pratique, documente Moon of Alabama, il s’agissait du Haut commissaire aux droits humains, le prince Zeid Ra‘ad al Hussein, qui était auparavant le représentant de la Jordanie auprès de l’ONU :
    http://www.moonofalabama.org/2016/12/-msm-create-fakenews-storm-as-rebel-aleppo-vanishes.html

    La troisième « source » incontournable a été un « message vidéo » de Lina Shamy posté sur Twitter. C’est le message qui a lancé le terme « génocide » ce jour-là :
    https://twitter.com/Linashamy/status/808422105809387520

    • La représentante de « Médecins du Monde » a affirmé avoir recueilli les témoignages de gens qui sont sortis d’Alep : des femmes et des enfants ont été séparés des hommes de leur famille et ne les ont plus revus depuis.
      Médecins du Monde travaille avec plusieurs organisations/groupes humanitaires sur place.

      Il y a plusieurs témoignages de gens qui amènent à penser qu’il y a eu des exactions sexuelles sur des femmes. Difficiles d’avoir des preuves dans les conditions actuelles. Mais n’importe quelle armée, on le sait, abuse des femmes quand il n’y a pas de témoins.

      L’ONU semble avoir des témoignages sérieux que des gens aient été exécutés à l’arme blanche, en dehors des combats.

      Ni Poutine ni Assad ne laissent accéder des observateurs témoins, journalistes ou autres.

      Il y a un grand nombre de forces diverses milices, armées, individus, et pas d’observateurs. Les crimes sont nombreux dans ces conditions. Ceux qui sont en position de force risquent bien évidemment de faire les crimes les plus grands.

      Je trouve que dans la période actuelle ou tant de gens meurent et risquent leur vie (Assad et Poutine ont déjà fait la preuve de leur absence totale d’humanité, et leur société bouclée le leur permet), c’est vraiment ignoble de mettre en doute le fait qu’une masse de gens est en très grand danger.

      C’est la même chose quand la télé occidentale euphémise les massacres à Gaza et les meurtres réguliers d’enfants par l’armée ou les colons israéliens (avec du matériel américain). C’est ignoble.

      Peut importe que ceux qui sont menacés soient 100, 1000, 10 000, ou 100 000, il faut appuyer les pressions pour qu’ils soient épargnés.
      Tout comme il faut faire pression quand le matériel militaire ou le renseignement, américain et/ou français, sert à des crimes de guerre.

      Il n’y a pas à choisir son camps en dehors de celui de l’opposition aux guerres contre des gens qui ne nous agressent pas.

    • Par contre ce commentaire là est parfaitement bienvenu :

      https://twitter.com/HaddadScarlett/status/808932778645536768

      Ce qui se passe à Alep est il pire que atrocités commises au Yémen ? On dirait que le plus choquant pour certains c la victoire pas les crimes

      https://twitter.com/CouPichu/status/808968918006112256
      @HaddadScarlett @JGleizes ou plutôt il faut une pression immédiate sur l’Arabie saoudite pour faire cesser la famine

    • Je n’ai pas la prétention de savoir qui a « construit » ISIS. Je sais juste que ISIS utilise du matériel irakien chipé à l’armée irakienne, que les soldats d’ISIS à l’origine sont essentiellement des irakiens sunnites issus de feu l’état irakien...
      Qu’à un moment, la Syrie puisse avoir décidé d’assister l’un ou l’autre des rebelles irakiens pour compliquer la vie aux américains, c’est tout à fait possible. Mais je trouve amusant que la littérature au sujet de « Assad créant avec ses petites mains la créature ISIS » ait autant de possibilité d’être publiée, quand les informations au sujet des milliards américains et saoudiens (et autres) ont tant de mal à être le sujet d’une enquête de la presse qui compte (la vraie, celle qui ne traite jamais les « fake news »).

    • Oui, il est certainement abusif de tout mettre sur le dos d’Assad - de nombreux autres facteurs ont été à l’œuvre. Cependant, le traitement particulier en détention des opposants extrémistes religieux au début du soulèvement populaire me semble être un élément intéressant.

    • Assad allant voir les gens que ses militaires avaient torturés en leur disant : allez fonder ISIS et taillez nous ensuite des croupières sur notre territoire... C’est de plus tellement simultané avec les troubles sur le territoire syrien, troubles qui venaient clôturer 10 ans de pressions continues des occidentaux suite à la mort d’Hariri... Le billard à 25 bandes est donc la spécialité de Assad, et comme c’est un méchant, il a pas su prévoir que sa création allait se retourner contre lui. D’un côté, il est machiavélique et capable de prévoir que ISIS en Irak va lui permettre de résoudre ses soucis à domicile, mais de l’autre, il est incapable de prévoir que ISIS va lui créer un nouveau front.

      En fait, c’est juste délirant. Mais c’est l’Orient compliqué...

    • On peut traiter Al-Asad de tous les maux de la terre sauf celui d’avoir contribué à la création d’ISIS. Moi qui ne savais pas ce qu’est un article désinformant me voilà fonfronté justement à un article plus que désinformant.

    • @BigGrizzly : perso, je ne suis pas certain de ces deux affirmations ( Je sais juste que ISIS utilise du matériel irakien chipé à l’armée irakienne, que les soldats d’ISIS à l’origine sont essentiellement des irakiens sunnites issus de feu l’état irakien..). 1) Ok, du matos a été récupéré, mais de là à faire la guerre avec pendant 5 ans il y a juste un problème (de formation à ces équipements, de maintenance, de munitions, etc.) 2) des Irakiens sunnites : à supposer qu’il soit utile de rappeler l’origine confessionnelle (ce que je ne pense pas), le plus important resterait de comprendre les motivations des combattants : la part des étrangers est-elle aussi importante en Irak qu’en Syrie ? Si non, ce qui semble être le cas, pourquoi ? Combattent-ils parce qu’ils sont sunnites ? Ou « Irakiens » (et contre le système de fait pro-chiite mis en place par les USA ? Pauvres et sans autre solution économique ? Membres d’une tribu engagée dans les tractations locales ?...

    • @gonzo : je souscris à tout ce que tu dis (origine sunnite, etc), je suis informé par les mêmes sources que tu partages largement et avide de lectures de ce type.
      Je ne faisais « que » réfléchir à voix haute à l’hypothèse : « Assad est le primo-créateur et le chef caché de ISIS ».
      ISIS me semble une création irakienne... avant d’être syrienne. Après, tout le reste... d’où ils sortent, pourquoi, comment... c’est une autre histoire... de l’Histoire, un de ces jours, quand on connaîtra les vainqueurs ( :-) ).

  • « Black friday » aux USA : fréquentation en hausse, montant des achats en baisse RTBF - AFP - 28 Novembre 2016

    http://www.rtbf.be/info/economie/detail_black-friday-aux-usa-frequentation-en-hausse-montant-des-achats-en-baiss

    La fréquentation pour le « vendredi noir » (Black Friday), la période de soldes qui accompagne la fête de Thanksgiving aux Etats-Unis, est en hausse mais le montant moyen des achats a baissé, a indiqué la Fédération nationale des détaillants (NRF).

    Plus de 154 millions de personnes ont effectué des achats entre jeudi et dimanche, selon la NRF, pour 151 millions l’année dernière. Mais le montant moyen dépensé par personne s’établit à 289,19 dollars pour 299,60 en 2015.

    . . . . .

  • AT&T Is Spying on Americans for Profit, New Documents Reveal
    http://www.thedailybeast.com/articles/2016/10/25/at-t-is-spying-on-americans-for-profit.html

    The telecom giant is doing NSA-style work for law enforcement—without a warrant—and earning millions of dollars a year from taxpayers. On Nov. 11, 2013, Victorville, California, sheriff’s deputies and a coroner responded to a motorcyclist’s report of human remains outside of town. They identified the partially bleached skull of a child, and later discovered the remains of the McStay family who had been missing for the past three years. Joseph, 40, his wife Summer, 43, Gianni, 4, and Joseph (...)

    #AT&T #écoutes #métadonnées #web #surveillance #Hemisphere

    ##AT&T

  • First State Legalizes Taser Drones for Cops, Thanks to a Lobbyist
    http://www.thedailybeast.com/articles/2015/08/26/first-state-legalizes-armed-drones-for-cops-thanks-to-a-lobbyist.html

    It is now legal for law enforcement in North Dakota to fly drones armed with everything from Tasers to tear gas thanks to a last-minute push by a pro-police lobbyist. With all the concern over the militarization of police in the past year, no one noticed that the state became the first in the union to allow police to equip drones with “less than lethal” weapons. House Bill 1328 wasn’t drafted that way, but then a lobbyist representing law enforcement—tight with a booming drone industry—got his (...)

    #CCTV #drone #vidéo-surveillance #surveillance

  • Je constate un manque dans l’incroyable somme de références que fait vivre Seenthis, tout un ensemble d’articles critiques, en particulier ceux de #Daniel_Tanuro, portant sur #Jared_Diamond et ses livres :
    - Guns, Germs, and Steel : The Fates of Human Societies (1997) traduit en français par De l’inégalité parmi les sociétés : Essai sur l’homme et l’environnement dans l’histoire
    - #Collapse : How Societies Choose to Fail or Survive (2005) traduit en français sous le titre Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie

    et la réponse universitaire pour les déconstruire :

    Questioning Collapse - Human Resilience, Ecological Vulnerability, and the Aftermath of Empire (2010) http://www.cambridge.org/fr/academic/subjects/archaeology/archaeological-science/questioning-collapse-human-resilience-ecological-vulnerability-and-afterm

    L’inquiétante pensée du mentor écologiste de M. Sarkozy - par Daniel Tanuro ; décembre 2007
    https://www.monde-diplomatique.fr/2007/12/TANURO/15400

    Quand il passe à l’analyse de la crise contemporaine, l’ouvrage dresse une liste de problèmes environnementaux (destruction des écosystèmes naturels, prélèvement excessif sur les ressources, déclin de la biodiversité, érosion et dégradation des sols, exploitation inconsidérée des stocks d’énergies fossiles, surexploitation des ressources en eau douce, empoisonnement chimique, propagation d’espèces invasives, réchauffement dû à l’effet de serre) qui, curieusement, inclut aussi la croissance de la population humaine et la croissance de l’impact de cette population sur l’environnement. Cette croissance « affecte tous les autres problèmes », dit Diamond. Une démarche contestable. En effet, puisque la crise écologique est due au mode social d’activité, composer une liste de « problèmes écologiques » incluant une seule dimension de cette activité ne peut que désigner automatiquement cette dimension-là comme « le » superproblème déterminant tous les autres.

    [...]

    S’agissant de l’état de l’environnement dans son pays, l’auteur croit pouvoir affirmer que « les plaintes exprimées par quasiment tout le monde à Los Angeles sont celles qui sont liées directement à notre population déjà élevée et qui continue de croître : nos embouteillages incurables ; le prix très élevé des logements, résultat du fait que des millions de gens travaillent dans quelques centres d’emploi alors qu’il n’y a qu’un espace résidentiel limité autour de ces centres ».

    [...]

    Dans chaque cas, la méthode suivie consiste à dépouiller le problème étudié de tout ce qu’il a de social, de politique et d’économique, pour ne laisser subsister que de prétendues causes environnementales. Celles-ci sont ensuite ramenées au fait que la population trop élevée continue malgré tout à croître.

    [...]

    Voici par exemple ce qu’on peut lire en conclusion d’un paragraphe décrivant les ravages causés aux forêts américaines par diverses espèces invasives de champignons et d’insectes originaires de Chine : « Une autre espèce dont la Chine a une population abondante, qui a de grands impacts écologiques et économiques, et qu’elle exporte en nombres croissants, est Homo sapiens. Par exemple, la Chine est passée à la troisième place en tant que source d’immigration légale en Australie, et des nombres significatifs d’immigrants, illégaux aussi bien que légaux, traversant l’océan Pacifique, atteignent même les Etats-Unis. »

    [...]

    Pour bien saisir ce point, il nous faut attirer l’attention sur un autre tour de passe-passe de notre auteur à succès. La liste des problèmes environnementaux qu’il dresse comporte non seulement la croissance de la population mais aussi la croissance de l’impact environnemental de la population, par habitant. A première vue, on s’attend à ce que ce concept d’impact soit introduit pour relativiser l’importance des effectifs absolus, puisqu’un même nombre d’êtres humains peut avoir des effets environnementaux fort différents en fonction du mode social de production et de consommation. #Effondrement, en fait, ne s’intéresse pas, en priorité, à l’impact écologique par personne, mais à la croissance de cet impact. Or, comme cette croissance est aujourd’hui plus grande dans certains pays en voie de développement que dans les pays développés, l’attention est détournée de l’injustice des rapports Nord-Sud pour être focalisée sur la menace écologique consécutive au développement des pays pauvres. Ainsi, par un déplacement d’accent à peine perceptible, Diamond parvient à modifier complètement la perception de la situation environnementale au niveau mondial.

    [...]

    Discutant de la sécurité alimentaire, l’auteur d’Effondrement prétend répondre à l’argument suivant : « Il n’y a pas vraiment un problème alimentaire ; il y a assez de nourriture ; on doit seulement résoudre le problème du transport et de la distribution de cette nourriture vers les endroits où elle est nécessaire. » Il faut noter que Diamond, ici, formule lui-même l’objection à laquelle il veut répliquer. Ce faisant, il réduit le problème social de la production et de la distribution de nourriture à une simple question de transport, c’est-à-dire qu’il met dans la bouche de ses adversaires l’idée qu’il suffirait, pour éradiquer la famine, d’acheminer systématiquement la nourriture des lieux où elle peut être produite en surabondance vers les lieux où elle fait défaut.

    Cette caricature lui permet d’escamoter la manière dont l’agrobusiness, par la concurrence, détruit l’agriculture paysanne dans les pays en voie de développement. Or, une fois ce facteur socio-économique écarté de l’analyse, on peut se borner à constater que « certains pays développés, comme les Etats-Unis, produisent ou peuvent produire plus de nourriture que ce que leurs citoyens consomment » et que certains pays du tiers-monde n’y arrivent pas, et on peut faire comme s’il s’agissait dans les deux cas du résultat de conditions naturelles, telles que la pluviosité ou la qualité des sols. Si on ne dit rien du processus au terme duquel on en est arrivé là, alors on peut propager l’idée que la faim découle du refus de certains peuples de s’autolimiter pour respecter ces conditions physiques, alors que celles-ci leur sont imposées par la nature.

    Cet article de Tanuro publié dans Le Monde Diplomatique a fait l’objet de critiques qui ont été publiées et auxquelles Tanuro a répondu de manière convaincante :

    « Effondrement », de Jared Diamond ; janvier 2008
    http://blog.mondediplo.net/2008-01-18-Effondrement-de-Jared-Diamond

    Je retiens surtout des nouveaux apports de Tanuro ces deux passages :

    S’agissant de la protection des forêts en Europe à la fin du Moyen Age, par exemple, il s’appuie sur la très discutable théorie de la « tragédie des communs » de Garrett Hardin (qui veut qu’un bien commun soit inévitablement pillé et saccagé) pour présenter la suppression des droits coutumiers et l’appropriation violente des forêts par les hobereaux allemands, au XVIe siècle (Guerre des Paysans), comme une sage décision et un exemple à suivre dans la protection de l’environnement (p. 523).

    Ce qui me permet de taguer #propriétarien

    et :

    Jared Diamond a un talent de conteur et il brasse une masse de faits souvent captivants. Pour autant, Effondrement n’est pas un modèle de rigueur : la description du mécanisme du changement climatique est fausse (les gaz à effet de serre « n’absorbent » pas la lumière du soleil, au contraire ils la laissent passer !) (p. 493) ; la formule de l’impact humain sur l’environnement (l’impact = la population multipliée par le taux d’impact individuel, I = P x i) (p. 524) est abandonnée depuis 30 ans au profit d’une formule qui reste discutable, mais qui prend au moins en compte la richesse et les technologies d’une société (l’impact = la population multipliée par la richesse multipliée par la technologie, I = P x A x T (3)) ; l’affirmation fantaisiste que l’humanité est en passe d’utiliser la presque totalité du potentiel de conversion de l’énergie solaire par les plantes vertes, de sorte que les communautés végétales naturelles ne disposeront bientôt plus que d’une part infime du rayonnement (théorie du « plafond photosynthétique », p. 491 (4)), amalgame abusivement la part utilisée et la part influencée de la capacité photosynthétique globale.

    La deuxième partie des réponses est aussi intéressante, elle porte sur "la théorie de l’effondrement environnemental" dont le débat est plus scientifique que politique. Deux passages intéressants :

    M. Bernard Thierry résume ainsi le message d’Effondrement : « Par le passé des sociétés humaines ont probablement disparu parce qu’elles avaient détruit leur milieu naturel en exploitant ses ressources au-delà de ce qu’il pouvait supporter. Méditons leur sort pour ne pas répéter leurs erreurs. » Ce résumé me semble exact, à condition d’y inclure le rôle clé de la croissance démographique. L’ensemble constitue ce que Diamond appelle un « écocide ». Or, l’histoire du Groenland telle qu’il la reconstitue ne constitue pas un cas d’écocide, mais un exemple d’incapacité d’une société à s’adapter à un changement de conditions naturelles. Ce n’est pas la même chose.

    [...]

    La théorie de l’écocide élucide-t-elle l’énigme de l’île de Pâques ? Telle est la question. Il me semble très probable que les Polynésiens aient dégradé gravement leur environnement. Mais je doute qu’ils aient provoqué un effondrement au sens où l’entend Diamond : une population qui atteint 15 000 habitants environ, puis sombre dans la barbarie parce qu’elle excède trois ou quatre fois les possibilités de l’écosystème, et chute brutalement à 3 000.

    Voici mon principal argument : il me semble impossible qu’une société néolithique qui ne connaissait pas la roue et n’élevait pas de bêtes de trait ait pu développer la productivité agricole au point de nourrir 15 000 êtres humains sur 165 km2, soit 90 habitants/km2. Selon la monumentale Histoire des agricultures du monde de Marcel Mazoyer et Laurence Roudart, une telle densité représenterait trois fois celles de la Grèce et de l’Italie antiques. Ainsi, l’agriculture pascuane se situerait presque au niveau de productivité du système agraire ultra-performant de l’Egypte pharaonique. Il me semble exclu que de tels résultats aient été atteints dans les conditions de l’île de Pâques, que Diamond décrit comme non-optimales.

    Et sa conclusion :

    En tant qu’environnementaliste, je suis très conscient du fait que le monde va au-devant de graves catastrophes écologiques entraînant de très sérieuses conséquences sociales. [...] Mais ce risque, selon moi, ne se place pas sous le signe de la continuité avec les sociétés du passé. Il se place au contraire sous le signe de la nouveauté radicale. Aucune société dans l’histoire n’a été guidée par la soif inextinguible de profit qui pousse les propriétaires de capitaux à accumuler toujours plus pour produire toujours plus et vendre toujours plus en créant toujours plus de besoins. Aucune société du passé n’a développé une technologie aussi terrible que le nucléaire. Cette situation est sans précédent et elle fait peser une menace sans précédent.

    Ce ne sont donc pas « les problèmes des anciens Mayas, des Anasazis et des Pascuans qui se reproduisent dans le monde moderne », comme l’écrit Diamond : ce sont les problèmes de la société capitaliste moderne qui deviennent de plus en plus aigus. Les « pénuries alimentaires, les famines, les guerres » d’aujourd’hui ne sont pas « dues au fait que trop de gens luttent pour trop peu de ressources » : elles sont dues au fait que les nantis s’approprient les ressources et se donnent les moyens militaires de continuer à les piller pour leur profit. « Les révolutions, les changements de régime violents, l’effondrement de l’autorité, le génocide, la mortalité infantile élevée » ne sont pas « des mesures de la pression environnementale et démographique » : ce sont des mesures de l’injustice, de l’oppression, de l’exploitation et de la barbarie montante, etc.

    S’agissant du monde d’aujourd’hui, c’est peu dire qu’Effondrement détourne l’attention des questions sociales [...] Les bons points environnementaux que Diamond décerne à Chevron, groupe privé, et les mauvais points qu’il attribue à la Compagnie nationale indonésienne du pétrole (pp. 442-443), prennent ici tout leur sens [...]

    « Questioning Collapse » : des historiens et des anthropologues réfutent la thèse de « l’écocide » Par Daniel Tanuro ; 17 Mars 2012
    http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?option=com_content&view=article&Itemid=53&id=2431

    Dont le passage le plus important est cette explication des liens entre les deux livres de Jared Diamond :

    Signé par Frederick Errington et Deborah Gewertz, ce dernier article démonte remarquablement le « système Diamond ». Comme le notent les auteurs, ce système présente un paradoxe : « ‘De l’ #inégalité parmi les sociétés’ est bâti sur la thèse d’un déterminisme géographique rigide (ceux qui avaient « les armes, les germes – de maladie inconnues sous d’autres cieux - et l’acier » devaient dominer le monde), tandis que le second best seller de Diamond, ‘Effondrement’, avance au contraire l’idée que ‘les sociétés’ ont le choix entre ‘échouer et réussir ». Le mérite de Frederick Errington et de Deborah Gewertz est de mettre en évidence la « continuité entre les arguments des deux ouvrages ». Citons-les :

    « Dans aucun des deux ouvrages, (Diamond) ne considère adéquatement le contexte pour penser la façon dont les buts et les choix sont façonnés et contraints historiquement et culturellement. En effet, dans aucun des deux, (il) ne met en question les hypothèses reflétant le point de vue des puissants (that echo the perspectives of the powerful) : ceux qui contrôlent d’autres, ceux dont les choix dépassent – contraignent- les choix des autres. Donc, dans ‘De l’inégalité’, il considère que chacun choisirait inévitablement de dominer ; dans ‘Effondrement’, il suppose que chacun aurait une égale capacité de choisir. Dans ‘De l’inégalité’ personne n’est tenu pour responsable du cours de l’histoire, dans ‘Effondrement’ tout le monde l’est. Et dans les deux cas, ce sont, pensons-nous, les démunis (the have nots) qui supportent le blâme de l’histoire quand leurs existences et les circonstances sont mésinterprétées. ‘Effondrement’, à notre avis, est typique d’un genre d’histoire qui, en ignorant le contexte, brouille notre compréhension des processus qui affectent réellement le monde aujourd’hui – y compris les sérieux problèmes environnementaux auxquels il doit faire face. »

  • السويد تصادق على زواج 132 طفلاً لاجئاً | رأي اليوم
    http://www.raialyoum.com/?p=502493

    En Suède, où le mariage n’est pas possible avant l’âge de 18 ans, les autorités autorisent le mariage de 132 réfugiés apparemment mariés dans leur pays avant cet âge.

    Apparemment, c’est aussi lié, signale l’article, à des trafics sexuels.

    Une rapide recherche sur Google m’a donné cela aussi, dès janvier : “It was only after becoming engulfed in scandal that the municipality vowed to re-evaluate this decision, when reports emerged of a pregnant 14-year-old Syrian girl living at a reception center with her 23-year-old “husband.” But across Europe —in the name of multiculturalism—startling patterns are emerging” (http://www.thedailybeast.com/articles/2016/03/01/there-s-no-excuse-for-child-brides-in-europe.html)

    #réfugiés #mariage #mineurs #exploitation_sexuelle

  • ISIS Intel Was Cooked, House Panel Finds - The Daily Beast
    http://www.thedailybeast.com/articles/2016/08/09/isis-intel-was-cooked-house-panel-finds.html

    A leading U.S. general pressured his intelligence analysts into playing down the ISIS and al Qaeda threats, according to a congressional task force.

    A House Republican task force has found that officials from the U.S. military’s Central Command altered intelligence reports to portray the U.S. fight against ISIS and al Qaeda in a more positive light than lower-level analysts believed was warranted by the facts on the ground, three officials familiar with the task force’s findings told The Daily Beast.

    A roughly 10-page report on the controversy is expected to be released by the end of next week, two officials said. While it contains no definitive evidence that senior Obama administration officials ordered the reports to be doctored, the five-month investigation did corroborate earlier reports that analysts felt the leaders of CENTCOM’s intelligence directorate pressured them to conclude that the threat from ISIS was not as ominous as the analysts believed, the officials said.

  • Russia Is Building a Nuclear Space Bomber - The Daily Beast
    http://www.thedailybeast.com/articles/2016/07/14/russia-is-building-a-nuclear-space-bomber.html

    the military space plane could give Russia a potentially history-altering nuclear first-strike capability.
    “The idea is that the bomber will take off from a normal home airfield to patrol Russian airspace,” Solodovnikov said, according to Sputnik, a government-owned news site. “Upon command, it will ascend into outer space, strike a target with nuclear warheads and then return to its home base.”
    Thanks to its orbital capability, the bomber would be able to nuke any target on Earth no longer than two hours after taking off, Solodovnikov claimed.

    (...) In 1967, the United States and Russia and 102 other countries signed the Outer Space Treaty, which bans the explicit militarization of space.

    #espace #militarisation #armes_nucléaires #russie

  • Mastermind of Istanbul Airport Attack Had Been Georgian Informant, Official Says
    http://www.thedailybeast.com/articles/2016/07/01/mastermind-of-istanbul-airport-attack-had-been-georgian-informant-off

    On Sept. 8, 2012, the general commanded the Georgian counter-terrorist division that arrested Chatayev. But by then, the Chechen had learned how to game the system.

    The alleged mastermind of the Istanbul massacre was a Russian citizen who had applied for refugee status in Austria. There, for several years, Chatayev was a representative in Europe for Doku Umarov, the leader of the Caucasus Emirate terrorist organization, according to the general.

    Russia tried for years to extradite Chatayev. In 2010 he was briefly under arrest in Ukraine but neither Ukraine nor Georgia—long hostile to Russia’s secret services—would give him back to his home country.

    International human rights defenders insisted that the Chatayev, a veteran of the Chechen wars, was protected by the Geneva Convention.

  • The Soft Bigotry Of The American Left When It Comes To The Middle East
    http://www.thedailybeast.com/articles/2016/06/10/the-soft-bigotry-of-the-american-left-when-it-comes-to-the-middle-eas

    ("Left" Il faut très vite le dire, et « soft » est un doux euphémisme)

    Sur le tribalisme et l’"éternel" conflit sunnite/chiite comme grille de lecture de la « gauche » étasunienne des malheurs du Moyen-Orient et sur le fait que sans les tares en question les « interventions » des Obama auraient depuis très longtemps transformé la région en paradis sur terre (les histoires sanglantes du Vietnam et de l’Amerique latine, pour ne citer que celles-ci, n’étant probablement que des incidents de parcours tellement insignifiants qu’elles n’ont aucune valeur d’exemple.)

    #farce #narrative #Etats-Unis